Guide des professions juridiques Tribune de Lyon 2014-2015
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Guide des professions juridiques Tribune de Lyon 2014-2015
© Yann Foray DROIT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES L’ÉCLAIRAGE DE… MAÎTRE KARINE ETIENNE, avocate spécialisée en droit des nouvelles technologies Extension de la commission du droit de la propriété intellectuelle, le droit des nouvelles technologies est devenu de fait une sous-commission du barreau de Lyon. Le développement des activités marketing ou commerciales des entreprises sur Internet implique de nouvelles problématiques, sur lesquelles la législation doit s’appliquer ou s’adapter. Cette commission travaille sur les enjeux de la révolution numérique, comme sur les questions de traitement ou transfert de données personnelles par exemple. « Les demandes des clients ont changé depuis une dizaine d’années », explique Me Karine Etienne. Avec « Beaucoup de gens ont l’impression d’être totalement libres sur le Web alors que la règle de droit doit tout autant être respectée. » 62 GUIDE DES PROFESSIONS JURIDIQUES 2014-2015 les bouleversements engendrés par Internet, de nombreux avocats spécialistes en droit de la propriété intellectuelle ont dû se spécialiser en droit des nouvelles technologies. Les entreprises ont besoin de conseils pour encadrer légalement leurs activités sur le Web. D’autant plus que le droit des nouvelles technologies s’applique à l’ensemble de l’économie et de l’industrie. D’une part, les entreprises doivent être encadrées pour créer leur site Internet. « Les entreprises font appel à notre expertise pour rédiger les conditions générales d’utilisation (CGU) ou de vente (CGV). L’avocat spécialisé apporte aussi un conseil en matière de référencement sur Internet, notamment pour ne pas porter atteinte à des droits de tiers », précise Me Etienne. D’autre part, Internet a engendré la création de nombreux métiers, comme ceux de développeur, webmaster ou de community manager. Les acteurs de ce secteur ont besoin désormais de bien préparer leurs activités en amont. « Beaucoup de gens ont l’impression d’être totalement libres sur le Web alors que la règle de droit doit tout autant être respectée », conclut Me Etienne. DROIT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES CAS PRATIQUE À qui appartient le site Internet d’une entreprise ? Madame V. a fait appel à un prestataire pour créer un site internet. Ses relations avec cette agence Web, qui assure aussi la maintenance du site, se sont dégradées et elle souhaiterait s’en séparer. Quelles conséquences pour l’exploitation de son site ? LE TITULAIRE DU SITE Le contrat de conception ne doit donc négliger aucun aspect de propriété intellectuelle. Et contrairement aux idées reçues, le client qui paie pour la création d’un site n’en devient pas propriétaire automatiquement. Car un site Web est considéré comme une œuvre de l’esprit, susceptible d’être protégé par le droit d’auteur s’il revêt une certaine originalité selon le code de la propriété intellectuelle. Dès lors, l’auteur (ou développeur) du site est, par principe, titulaire des droits patrimoniaux et moraux sur le site. Sans la rédaction contractuelle de la cession des droits d’exploitation, l’entreprise cliente ne peut pas exploiter et donc utiliser le site. Le prestataire reste titulaire des droits d’auteur sur le site qu’il a créé et pourrait interdire son exploitation dans le cadre d’une action en contrefaçon et solliciter une indemnisation. DEVENIR TITULAIRE DES DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE En amont, l’entreprise de madame V. doit s’assurer que le contrat de conception comporte une clause de cession des droits d’auteur à son profit. Ce contrat entre l’agence de site Internet et l’entreprise doit mentionner distinctement le domaine d’exploitation des droits cédés, délimité quant à son étendue et à sa destination, au lieu et à la durée. Il faut par exemple déterminer sur quel(s) territoire(s) sera exploité le site. Si le contrat stipule une exploitation uniquement en France, le prestataire peut être en droit d’utiliser le site ailleurs. La rédaction de ce contrat nécessite précision et rigueur, car la jurisprudence considère que « l’auteur est supposé s’être réservé tout droit ou mode d’exploitation non expressément inclus dans un contrat de cession ». Dans tous les cas, la clause de cession des droits d’exploitation du site ne pourra concerner que les seuls droits patrimoniaux. C’est-à-dire les droits de représentation, de reproduction, d’exploitation ou de diffusion. Mais l’auteur gardera sur son œuvre, en l’occurrence le site Web, le droit moral (paternité). CARNET D’ADRESSES La Cnil La Commission nationale de l’informatique et des libertés propose sur son site de nombreux conseils pour la création de site Internet, son encadrement légal quant à l’utilisation des données personnelles, leur traitement et les obligations à respecter en matière de déclaration. 01 53 73 22 22. www.cnil.fr L’INPI L’Institut national de la propriété industrielle délivre les brevets, marques, dessins et modèles. Cet organisme public participe à la lutte contre la contrefaçon. Des renseignements sur le dépôt légal de marque sont consultables en ligne. www.inpi.fr Who.is Ce site Internet permet de vérifier la disponibilité des noms de domaines de sites Internet. Il peut s’avérer utile pour éviter une atteinte à un autre nom déjà réservé et une réclamation éventuelle à ce titre. www.who.is GUIDE DES PROFESSIONS JURIDIQUES 2014-2015 63