Le mot du Vinothécaire La bonne parole de l`été à Bordeaux : Jean

Le mot du Vinothécaire
La bonne parole de l’été à Bordeaux :
Jean-Bernard Delmas, illustrissime vinificateur qui conseille Montrose, pour occuper sa retraite, après
avoir dirigé Haut Brion durant plusieurs décennies :
«Toutes les parcelles de ce merveilleux domaine sont maintenant en culture, alors que les herses et les charrues
avaient disparu des paysages de Montrose. Il y a, à Montrose, un terroir très exceptionnel pour le Cabernet ; je n’en
connais pas de meilleur. Les parcelles entre le château et la rivière sont fabuleuses pour les Cabernet-Sauvignon. A
croire que c’est là son berceau d’origine ! Il a été fait pour ce sol et peut-être par ce sol… !
On fait à Montrose du vin de Montrose, de Saint-Estèphe, de Bordeaux et nul ne peut penser que ce qu’il goûte
puisse venir de Californie ou d’ailleurs. Je crois que les grands vins qui expriment un terroir, se font dans la vigne et
non dans le chai ».
La campagne des Primeurs 2009 continue, doucettement, en Juillet, et va sans doute se poursuivre plus
longtemps. Les professionnels n’ont pu mettre en vente leurs catalogues 2009 que bien tard, en Juillet, à
cause de la sortie beaucoup trop tardive de plusieurs châteaux ; On se moque bien chez les stars des
nécessités du commerce et des impératifs de leurs revendeurs. Il est étrange et incongru de faire déguster
les vins Primeurs en mars et de les mettre en vente fin Juin !!
Cette campagne aura été celle de tous les excès, avec une demande formidable, conséquence d’une qualité
exceptionnelle. On a pu voir les prix de quelques crus atteindre des niveaux inconnus à ce jour, ce qui n’a
pas empêché leur vente, bien au contraire. Du moins, pour la plupart d’entre eux, car quelques-uns uns
ont sans doute placé la barre un peu trop haut, et ont du mal à se vendre (un courtier m’a dit, joliment :
« ça patine, ça patine »). Les propriétaires de ces crus vont avoir, suivant le titre de François Sagan ’’ des
bleus à l’âme’’ ou plutôt à l’ego…
Les observateurs ont noté, pourtant, que la grande majorité des crus vendus en Primeurs 2009 a su raison
garder, et que, globalement, leurs vins ont été offerts, en cette année d’exception, à des tarifs respectant
un bon rapport entre la qualité et le plaisir attendu.
Seules quelques marques, suivant en cela la simple loi du marché, se sont trouvées hissées dans le
créneau du grand luxe.
Attention, c’est l’arbre qui cache la forêt. Car, comme toujours, on va entendre dire que « les Bordeaux »
sont chers, ce qui me hérisse à chaque fois….Des milliers de vignerons de Gironde (et d’ailleurs) font des
vins de Bordeaux de grande qualité, à des niveaux de prix insuffisants pour assurer leur simple
quotidien. On parle souvent -à juste titre semble-t-il- du problème des producteurs de lait, mais, je peux
en témoigner, celui de la viticulture est aussi grave.
Et voilà que déjà le millésime 2010 pointe son nez… les cycles de la nature sont immuables, les raisins
bien visibles désormais sur les ceps nous rappellent que dans 6 à 8 semaines un vin nouveau va naître.
En cette fin d’août, on peut avoir une vision sereine et plutôt confiante sur ces 2010, si le temps se
maintient au beau, comme tout le mois passé. Les volumes sont normaux, l’état sanitaire est très bon,
pourvu que cela dure…
Votre dévoué, Christophe