Vol. 3 N°8 - Eurosurveillance
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Vol. 3 N°8/9 AOÛT-SEPT / AUGUST-SEPT 1998 BULLETIN EUROPÉEN SUR LES MALADIES TRANSMISSIBLES / EUROPEAN COMMUNICABLE DISEASE BULLETIN FUNDED BY DGV OF THE COMMISSION OF THE EUROPEAN COMMUNITIES FINANCÉ PAR LA DGV DE LA COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES RAPPORT D’INVESTIGATION OUTBREAK REPORT Épidémie de trichinellose en région midi-Pyrénées, France, janvier - mars 1998 Outbreak of trichinellosis in the Midi-Pyrénées region of France, January - March 1998 S. Haeghebaert 1, M. Servat 2, C. Duchen 3, J.C. Minet 4, A.E Agrech 4, I. Thièse 4, C. Leclerc 7, V. Vaillant 1, C. Hemery 3 , E. Maillot 1, C. Soulé 5, E. Pozio 6, P. Massip 7, J.F. Magnaval 7, J.C. Desenclos 1 1 Réseau National de Santé Publique, Saint-Maurice, France 2 Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales du Tarn et Garonne, France 3 Cellule Interrégionale d’Epidémiologie d’Intervention du Sud-Ouest, France 4 Services Vétérinaires du Tarn et Garonne, France 5 Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires, Maisons Alfort, France 6 Centre International de Référence des Trichinelloses, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italie, 7 Centre Hospitalier Régional Universitaire, Purpan, Toulouse, France S. Haeghebaert 1, M. Servat 2, C. Duchen 3, J.C. Minet 4, A.E Agrech 4, I. Thièse 4, C. Leclerc 7, V. Vaillant 1, C. Hemery 3 , E. Maillot 1, C. Soulé 5, E. Pozio 6, P. Massip 7, J.F. Magnaval 7, J.C. Desenclos 1 1 Réseau National de Santé Publique, Saint-Maurice, France 2 Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales du Tarn et Garonne, France 3 Cellule Interrégionale d’Epidémiologie d’Intervention du Sud-Ouest, France 4 Services Vétérinaires du Tarn et Garonne, France 5 Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires, Maisons Alfort, France 6 Trichinella International Reference Centre, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italy, 7 Centre Hospitalier Régional Universitaire, Purpan, Toulouse, France Alerte Alert Le 2 mars 1998, le Réseau National de Santé Publique (RNSP) était informé par les autorités sanitaires du département du Tarn et Garonne de la survenue de deux foyers de trichinellose, en février dans ce département. Une enquête épidémiologique a été mise en œuvre le 3 mars afin de mesurer l’importance de l’épidémie, d’identifier la source et le véhicule alimentaire et de proposer des mesures de contrôle. Two outbreaks of trichinellosis in the Tarn et Garonne, département, France were reported by the departmental health autorities on 2 March 1998, to the Réseau National de Santé Publique (RNSP). An epidemiological investigation began on 3 March in order to determine the extent of the outbreak, identify its source and food vector, and to propose control measures. Methods Méthodes A case was defined as a resident of the Tarn, Tarn et Garonne or Haute-Garonne départements of the Midi-Pyrénées region who had presented with the following features since 1 January 1998: confirmed case: fever (>38°C) with myalgia or facial oedema associated with a trichinella positive serology or muscle biopsy probable case: at least three out of the following four criteria: fever, myalgia, facial oedema, hypereosinophilia >1000/mm3 suspected case: - hypereosinophilia >1000/mm3 alone or associated with fever or myalgia - hypereosinophilia > 300/mm3 and < 1000/mm3 or an increase in creatinine phosphokinase (CPK), occurring in a family context of confirmed or probable trichinosis. An active search for cases was conducted by the Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) and Cellule Interrégionale d’Epidémiologie d’Intervention du Sud-Ouest (CIREI) among medical laboratories, general practitioners, and hospital physicians in the Tarn, Tarn et Garonne, and Haute-Garonne départements. They were asked to report hypereosinophilia screening tests >1000/mm3 ➤ Un cas a été défini comme une personne, résidant dans les départements du Tarn, Tarn et Garonne et Haute-Garonne, ayant manifesté depuis 1er janvier 1998 les symptômes suivants : cas certain : fièvre (> 38°) avec myalgies ou œdème de la face, associés soit à une sérologie soit à une biopsie musculaire, positives à Trichinella cas probable : au moins trois des quatre critères suivants : fièvre, myalgies, œdème de la face, hyperéosinophilie >1000/mm3 cas suspect : - hyperéosinophilie > 1000/mm3 isolée ou associée à une fièvre ou des myalgies, - hyperéosinophilie > 300/mm3 et < 1000/mm3 ou augmentation de la créatinine phospho-kinase (CPK), survenue dans un contexte familial de trichinellose confirmée ou probable. Une recherche active des cas a été effectuée, par les Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) et la Cellule Interrégionale d’Epidémiologie d’Intervention (CIREI) du sud-ouest, auprès des laboratoires et des médecins généralistes et hospitaliers des départements du Tarn, Tarn et Garonne et Haute-Garonne, leur ➤ S Rapports d’investigation/ Outbreak reports Eurosynthèses/ Euroroundups O M M A I R E / C O N T E N T S • Epidémie de trichinellose en région midi-Pyrénées, France, janvier - mars 1998 Outbreak of trichinellosis in the Midi-Pyrénées region of France, January - March 1998 • Epidémie de trichinellose humaine liée à la consommation de viande chevaline en Italie Human outbreak of trichinellosis associated with the consumption of horsemeat in Italy • Historique des épidémies de trichinellose liées à la consommation de viande chevaline, 1975-1998 History of trichinellosis outbreaks linked to horse meat consumption, 1975-1998 • Trichinellose liée à la consommation de viande de cheval : règlementation européenne et gestion de risque Trichinellosis associated with horse meat consumption: European regulations and risk management Dans les bulletins nationaux... / In the national bulletins... Contacts / Contacts “Ni la Commission Européenne, ni aucune personne agissant en son nom n’est responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations ci-après.” “Neither the European Commission nor any person acting on behalf of the Commission is responsible for the use which might be made of the following information.” EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 83 ➤ demandant de signaler les hyperéosinophilies >1000/mm3 dépistées et les patients ➤ and patients who had consulted for symptoms suggestive of trichinellosis since ayant consulté pour une symptomatologie évocatrice de trichinellose, depuis début janvier. 1 January. Les sérodiagnostics de trichinellose ont été réalisés, dans plusieurs laboratoires spéSerodiagnostic tests for trichinellosis were performed by several specialised cialisés, par la technique Elisa (Trichinella Serology Microtiter Elisa Kit, LMD Laboratories, laboratories using enzyme-linked immunosorbant assay (ELISA) (Trichinella Serology Inc.). Aucune biopsie musculaire n’a été effectuée. Microtiter Elisa Kit, LMD Laboratories, Inc.). No muscle biopsy was performed. Une enquête descriptive a été réalisée le 5 mars. Un questionnaire standardisé porA descriptive study was conducted on 5 March. A standardised questionnaire tant sur les signes cliniques, la date de début des symptômes, les examens biologiques on the clinical features, date of onset of symptoms, laboratory tests performed, effectués, la consommation alimentaire de produits carnés et leurs dates et lieux d’achat consumption of meat products, and dates and places of meat purchase during durant les mois de janvier et février a été administré par téléphone aux cas identifiés, joiJanuary and February was administered by telephone to the identified cases who gnables au moment de l’enquête. could be contacted at the time of the study. Une enquête cas-témoin a été réalisée le 6 mars, afin de tester les hypothèses généA case control study was conducted on 6 March to test the hypotheses generated rées par l’enquête descriptive. Seuls les by the descriptive study. Only confirmed cas confirmés et probables ont été inclus. or probable cases were included. When Quand plusieurs personnes étaient malades several members of the same family dans la même famille, un seul cas a été tiré were sick, only one case was selected Figure 1 au sort. Deux témoins par cas ont été sélecat random. Two controls per case were Courbe épidémique selon la semaine de début des signes. Epidémie tionnés de façon aléatoire dans la même selected at random from telephone de trichinellose, région Midi-Pyrénées, janvier-mars 1998. commune de résidence que le cas corresdirectories for the districts of residence Epidemic curve by week of onset of symptoms. Trichinellosis outbreak, pondant, à partir de l’annuaire téléphonique. of cases. Midi-Pyrénées region, January-March 1998. L’analyse a été réalisée avec le logiciel The data were analysed with Epi Info Nombre de cas / Number of cases 35 Epi Info version 6.02 (CDC Atlanta). La force software, version 6.02 (CDC, Atlanta). suspect / suspected de l’association entre le facteur étudié et The strength of the association between 30 probable la maladie est donnée par l’odds-ratio (OR ; the factor studied and the disease was certain / confirmed 25 méthode du maximum de vraisemblance). determined by the odds ratio (OR; La stabilité de l’association est testée par maximum likelihood method). The stability 20 le test de Mantel-Haenszel. La précision de of the association was tested using the l’odds-ratio est donnée par l’intervalle de Mantel-Haenszel test. The precision of 15 période confiance à 95% (IC ; méthode du maxithe odds ratio was expressed by the d'exposition 10 exposure period mum de vraisemblance). 95% confidence interval (CI; maximum L’enquête vétérinaire a été réalisée par likelihood method). 5 les services vétérinaires départementaux, A veterinary investigation was conducparallèlement au recensement des cas et ted by the departmental veterinary 0 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 à l’enquête descriptive. Les prélèvements services, in parallel with the case finding janvier / January février / February mars / March alimentaires ont été orientés par l’enquête and descriptive studies. Food sampling Semaine de début des signes / Week of onset of symptoms épidémiologique qui demandait aux cas was performed according to findings of interrogés s’ils avaient conservé au congéthe epidemiological study in which cases lateur de la viande achetée en janvier et au début du mois de février. Les circuits de diswere asked whether they had kept meat bought in January or early February in the tribution ont été identifiés à partir des lieux d’achats signalés par les malades. freezer. The distribution channels were identified from the purchasing sites reporLes prélèvements alimentaires ont été analysés par la technique de digestion enzyted by the cases. matique, au Laboratoire Vétérinaire Départemental (LVD) de Montauban et au laboratoire The food samples were tested using the enzymatic digestion method at the du Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires (CNEVA) de Maisons Alfort. Le Laboratoire Vétérinaire Départemental (LVD, departmental veterinary laboratory), typage des larves isolées par digestion trypsique a été effectué au Centre International Montauban, and at the Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires (CNEVA, de Référence des Trichinelloses à Rome (Dr Pozio), par des techniques d’analyse génonational centre for veterinary and food studies), Maisons Alfort, France. Larvae isolated mique (polymerase chain reaction et random amplified polymorphism DNA). by trypsin digestion were typed by the Trichinella International Reference Centre in Rome, Italy (Dr Pozio), using genomic analysis methods (polymerase chain reaction Résultats and ramdom amplified polymorphism DNA). Au total, 128 cas ont été recensés dans trois départements de la région Midi-Pyrénées répartis en 79 cas certains (62%), 32 cas probables (25%) et 17 cas suspects (13%). Aucune forme sévère n’a été rapportée. Six cas ont été hospitalisés pour mise en œuvre du traitement anti-parasitaire. La courbe épidémique (figure 1) suggérait une source commune et ponctuelle de contamination, correspondant à la 4ème semaine du mois de janvier. Results A total of 128 cases were identified in three départements of the Midi-Pyrénées region, France, 79 of whom were confirmed cases (62%), 32 probable cases (25%), and 17 suspected cases (13%). No severe cases were reported. Six cases were admitted to hospital for antiparasitic treatment. Tableau 1 / Table 1 Fréquences d’exposition et mesures d’association. Epidémie de trichinellose, région Midi-Pyrénées, janvier - mars 1998 Frequency of exposure and strength of association. Trichinellosis outbreak, Midi-Pyrénées Region, January-March 1998 Aliments / Food Porc / Pork Sanglier / Wild boar Bœuf / Beef Mouton ou agneau Mutton or lamb Cheval / Horse Charcuteries / Delicatessen meats 84 Fréquences de consommation / Frequency of consumption Cas / Cases Témoins / Controls N = 17 N = 34 N % N % 13 81% 28 85% 2 12.5% 4 12% 14 93% 32 94% 9 56% 13 39% 12 12 76.5% 86% EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 5 28 17.6% 85% OR IC 95% / 95% CI p 0.8 1.1 0.9 1.9 0.1 - 5.8 0.1 - 8.5 0.04 - 55.3 0.5 - 7.9 NS NS NS NS 14.1 1.1 3.1 - 82.5 0.1 - 12.7 P < 0.01 NS L’enquête cas-témoins, réalisée sur 17 cas et 34 témoins, montrait que le risque d’infection à Trichinella était significativement plus élevé chez les consommateurs de viande de cheval que chez les non consommateurs (OR = 14 ; IC 95% 3,1- 82,5 ; p < 0,01) (tableau 1). Des larves de Trichinella spiralis ont été retrouvées dans un rôti de cheval, acheté par un cas et conservé au congélateur. Les analyses effectuées par le LVD et le CNEVA indiquaient une contamination faible de la viande (< 1 larve pour 5 grammes de viande du rôti). L’enquête sur les circuits d’approvisionnement et de distribution a permis d’incriminer la carcasse d’un cheval, faisant partie d’un lot de chevaux importés le 19 janvier de la République Fédérale de Yougoslavie et abattus en France. La viande avait été commercialisée dans la semaine du 19 au 25 janvier. La distribution géographique des cas correspondait exactement aux lieux de vente de cette carcasse, dans les trois départements du Tarn et Garonne, de Haute-Garonne et du Tarn. The epidemic curve (figure 1) suggests a common and point source of contamination in the 4th week of January. The case control study conducted on 17 cases and 34 controls showed that the risk of trichinella infection was significantly higher in those who ate horse meat than in those who did not (OR = 14; 95% CI 3.1-82.5; p <0.01) (table 1). Larvae of Trichinella spiralis were found in a joint of horse meat bought by a case and kept in the freezer. Analyses by the LVD and CNEVA showed a low level of contamination (< 1 larva per 5 g of horse meat). The inquiry into the supply and distribution channels identified a horse carcass from a batch of horses imported from the Federal Republic of Yugoslavia on 19 January and slaughtered in France. The meat was marketed in the week 19 to 25 January. Cases were distributed geographically over the same area as the sites in the three départements of Tarn et Garonne, Haute-Garonne, and Tarn where meat from the carcass was sold. Conclusions Conclusions Les résultats des investigations épidémiologiques, parasitologiques et vétérinaires, suggèrent que cette épidémie est attribuable à la consommation de viande d’un cheval importé de la République Fédérale de Yougoslavie. Le faible nombre de cas recensés pour une carcasse entière (264 kg de viande) et l’absence de formes cliniques sévères sont probablement en rapport avec le faible degré d’infestation de la viande consommée par les cas. En France, il s’agit de la septième épidémie communautaire décrite depuis 1976, attribuable à la consommation de viande de chevaux d’importation. L’identification des larves de Trichinella dans la viande de cheval incriminée par l’enquête épidémiologique a permis, pour la première fois, de conforter les arguments épidémiologiques avancés lors des épidémies précédentes (1,2). Par ailleurs, cette épidémie a montré les limites des protocoles utilisés actuellement lors du contrôle systématique des carcasses de chevaux après abattage (3) et suggère la nécessité d’un renforcement de la vigilance en matière de viande équine, notamment en provenance d’Europe de l’Est. Les bulletins épidémiologiques récents de l’Institut National de Santé Publique de Croatie (4), font état d’une incidence élevée de trichinellose humaine aux mois de janvier et février 1998, bien supérieure à celle observée les années précédentes. Par ailleurs, une épidémie de trichinellose, concomitante à l’épidémie française, est survenue en Italie du Nord à Piacenza et a été attribuée à la consommation d’une tête de cheval importé d’un pays d’Europe de l’Est, commercialisée par erreur après un contrôle positif (5). ■ References The results of the epidemiological, parasitological, and veterinary investigations suggested that this outbreak was linked to the consumption of horse meat imported from the Federal Republic of Yugoslavia. The small number of cases associated with a whole carcass (264 kg of meat) and the absence of severe clinical illness are probably related to low levels of parasite contamination in the meat eaten by the cases. This outbreak is the seventh community epidemic in France reported since 1976 and linked to the consumption of imported horse meat. The identification of trichinella larvae in the meat of the horse implicated by the epidemiological study enabled the epidemiological hypothesis suggested in the previous outbreaks to be confirmed, for the first time (1,2). This epidemic shows the limits of the protocols currently used in the systematic control of horse carcasses after slaughtering (3), and suggests that increased vigilance is required with respect to horse meat, particularly when imported from eastern Europe. Recent epidemiological bulletins from the Croatian National Institute of Public Health (4) showed a much higher incidence of human trichinellosis in January and February 1998 than in previous years. Moreover, an outbreak of trichinellosis occurred in Piacenza, in Northern Italy at the same time as the French outbreak. This outbreak was shown to be associated with the consumption of the head of a horse imported from eastern Europe, which was mistakenly released on the market despite a trichinella-positive control (5). ■ 1. Ancelle T, Dupouy-Camet J, Desenclos JC, Maillot E, Charlet F, Gravelat-Desclaux C et al. Epidémie de trichinellose (France, 1993). Bilan des investigations. Bulletin Epidemiologique Hebdomadaire 1994; 29: 127-129. 2. Ancelle T. History of trichinellosis outbreaks linked to horse meat consumption, 1975-1998. EuroSurveillance 1998; 3: 86-9 3. Maillot E. Trichinellosis associated with horse meat consumption: European regulations and risk management. EuroSurveillance 1998; 3: 98 4. Epidemiological News. Croatian National Institute of Public Health, 1998 (1,2) 5. Pozio E. Human outbreak of trichinellosis associated with the consumption of horsemeat in Italy. EuroSurveillance 1998; 3: 85-6 RAPPORT D’INVESTIGATION OUTBREAK REPORT Epidémie de trichinellose humaine liée à la consommation de viande chevaline en Italie Human outbreak of trichinellosis associated with the consumption of horsemeat in Italy E. Pozio 1, D. Sacchini 2, P. Boni 3, A. Tamburrini 1, F. Alberici 2, F. Paterlini 3 1 Centre de Référence des Trichinella, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italie 2 U.O. Malattie Infettive, AUSL Piacenza, Italie 3 Istituto Zooprofilattico Sperimentale of Lombardy and Emilia, Brescia, Italie E. Pozio 1, D. Sacchini 2, P. Boni 3, A. Tamburrini 1, F. Alberici 2, F. Paterlini 3 1 Trichinella Reference Center, Istituto Superiore di Sanità, Rome, Italy 2 U.O. Malattie Infettive, AUSL Piacenza, Italy 3 Istituto Zooprofilattico Sperimentale of Lombardy and Emilia, Brescia, Italy L a trichinellose sauvage est endémique en Italie ; bien qu’elle ne cause que peu d’infections chez l’homme, elle est généralement liée à la consommation de viande provenant de porcs en pâturage dans des régions sauvages ou de sangliers (1). En Italie, la plupart des cas de trichinellose humaine sont dus à la consommation de viande de cheval (902 cas dans quatre épidémies de 1975 à 1990) (2). Le 22 janvier 1998, 27 chevaux étaient importés de Pologne pour être tués dans l’abattoir d’une entreprise privée à Brescia, au nord de l’Italie. L’examen de routine pour la trichinellose, effectué le 26 janvier à l’Istituto Zooprofilattico Sperimentale (IZS) de Brescia, a détecté un cheval infecté parmi ce stock. Plusieurs tissus musculaires prélevés à différents sites de la carcasse du cheval ont été examinés. Généralement, les muscles de la tête des chevaux infectés sont les sites les plus parasités (3), mais, dans le cas présent, les échantillons provenant de la tête étaient négatifs alors que les muscles du corps présentaient un niveau élevé d’infection ➤ T richinellosis is endemic among sylvatic mammals in Italy, though it causes only few infections in humans, usually due to the consumption of pork from pigs grazing in wild areas or from wild boars (1). Most cases of human trichinellosis in Italy are due to the consumption of horsemeat (902 cases in four outbreaks from 1975 to 1990) (2). Twenty-seven horses were imported from Poland on 22 January 1998 to be slaughtered at the abattoir of a private company in Brescia, in Northern Italy. Routine examination for trichinellosis carried out at the Istituto Zooprofilattico Sperimentale (IZS) of Brescia on 26 January showed that one of the horses was infected. Several muscle tissues collected from different sites of the horse carcass were examined. Generally, muscles from the heads of infected horses are the most infected sites (3), but in this case samples from the head were negative and muscles from the body showed a high level of infection (225 larvae/gram in the diaphragm) (4). ➤ EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 85 ➤ (225 larves/g dans le diaphragme) (4). Les larves trouvées dans le muscle du cheval infecté ont été identifiées comme étant de l’espèce Trichinella spiralis. Les vétérinaires de l’IZS ont immédiatement alerté leurs collègues de l’abattoir les informant qu’ils suspectaient qu’une tête d’un cheval non-infecté avait été échangée avec celle du cheval infecté. Les vétérinaires de l’abattoir n’ont pas tenu compte de cette alerte. Toutes les carcasses provenant de Pologne ont été commercialisées, exceptée celle qui était infectée (carcasse positive avec une tête négative au Trichinella) et qui a été par la suite détruite. Le 28 janvier, le propriétaire d’une boucherie à Piacenza, au nord de l’Italie, a reçu quatre têtes de cheval de l’entreprise de Brescia. Les documents qui les accompagnaient indiquaient qu’elles provenaient du stock des 27 chevaux importés de Pologne le 22 janvier. Après la mi-février, 24 personnes résidant à Piacenza ont été admises à l’hôpital local dans plusieurs services pour des symptômes dont l’étiologie était inconnue. Les principaux symptômes étaient : fièvre, myalgie sévère, arthralgie, diarrhée, oedème périorbital, taux élevés en créatine phosphokinase, lactate dehydrogénase, immunoglobuline E, et hypereosinophilie et leucocytose (5). Le diagnostic a pu être fait quand une enquête épidémiologique a montré que toutes les personnes présentant des signes cliniques et biologiques de trichinellose avaient mangé de la viande chevaline achetée dans la boucherie mentionnée ci-dessus. Les biopsies, réalisées à partir des muscles deltoïdes de trois patients présentant des symptômes sévères, se sont révélées infectées par les larves de Trichinella qui ont été identifiées comme T. spiralis. Les 92 personnes qui ont présenté des signes cliniques et biologiques caractéristiques de la trichinellose étaient toutes positives pour les IgM et/ou IgG spécifiques, trois mois après avoir consommé la viande infectée. Toutes les personnes infectées ont été traitées par corticostéroïdes et mébendazole et se sont vite rétablies. References Cet épisode confirmait que la tête du cheval infecté était entrée dans la chaine alimentaire. Le grand nombre de personnes touchées par une seule tête de cheval infectée peut s’expliquer par la concentration élevée des larves détectées dans la carcasse du cheval et par le fait que le boucher a l’habitude de mélanger la viande de plusieurs têtes de cheval pour préparer la viande hachée qui est ensuite mangée crue selon les recettes locales. Les autorités en Pologne ont été informées immédiatement de la présence d’un cheval infecté afin d’identifier la ferme d’évelage de ce cheval et d’étudier le mode de contamination du cheval. Malheureusement, le nom du fermier indiqué sur les documents officiels était inconnu dans la région où le cheval était supposé être originaire. Ces dernières années, on a observé une augmentation très importante de la trichinellose domestique dans les pays de l’ex-Yougoslavie, l’ex-URSS et la Roumanie. Dans certains villages, tous les porcs domestiques sont infectés par T. spiralis et les habitants de ces régions sont traités à titre préventif par mébendazole sachant qu’ils contracteront une trichinellose durant l’hiver. Cette situation rend les chevaux plus susceptibles d’être infectés. En moins de 16 mois, six chevaux infectés par T. spiralis ont été détectés en Italie et en France (trois provenant de Pologne, deux de Serbie et un de Roumanie). La pratique du commerce triangulaire, par lequel un animal peut être élevé dans un pays différent de celui de son origine mentionné sur ses documents, implique que nous ne pouvons exclure la possibilité d’une même origine pour tous les chevaux infectés, même s’ils ont été importés dans l’Union Européenne à partir de différents pays tiers. Cet épisode regrettable, la première épidémie associée à la viande chevaline dont la source ait été identifiée sans ambiguïté, montre l’importance d’une gestion correcte aux abattoirs de telle sorte que toutes les étapes de l’abattage soient contrôlées et que la viande présentant un risque sanitaire soit convenablement identifiée et détruite. ■ ➤ Larvae in muscle from the infected horse were identified as Trichinella spiralis. Veterinarians from the IZS immediately warned their colleagues at the abattoir that they suspected the head from an uninfected horse to have been exchanged with the head from the infected animal. Veterinarians at the abattoir ignored this warning. All the carcasses from Poland except the infected one (a trichinella positive carcass with a trichinella negative head), which was afterwards destroyed, were placed on the market. On 28 January, the owner of a butcher’s shop in Piacenza, Northern Italy, received four horse heads from the company in Brescia, and the documents that accompanied the four heads showed that they were from the stock of 27 horses imported from Poland on 22 January. After mid-February, 24 people who lived in Piacenza were admitted to several departments of the local hospital for a symptomatology of unknown aetiology. The main clinical signs and symptoms were fever, severe myalgia, arthralgia, diarrhoea, periorbital oedema, elevated levels of creatine phosphokinase, lactate dehydrogenase, and immunoglobulin E, hypereosinophilia, and leukocytosis (5). The diagnosis was made when an epidemiological investigation showed that all individuals with clinical and biological signs of trichinellosis had eaten raw horsemeat bought in the butcher’s shop mentioned above. Biopsies from the deltoid muscles of three patients with severe symptoms contained trichinella larvae, which were identified as T. spiralis. All the 92 people who showed clinical and laboratory signs pathognomonic for trichinellosis, were positive for specific IgM and/or IgG three months after eating the horsemeat. All infected individuals were treated with corticosteroids and mebendazole and promptly recovered. This episode confirmed that the infected horse head had entered the food chain. The large number of people infected by one infected horse head can be explained by the high concentration of larvae detected in the horse’s carcass and by the butcher’s practice of mixing meat from several horse heads to prepare minced meat, which is eaten raw in local recipes. Authorities in Poland were informed immediately about the infected horse, in order to identify the farm on which the horse was bred and how this horse became infected. Unfortunately, the name of the farmer reported on official documents was unknown in the area from which the horse was said to originate. In recent years, there has been a dramatic increase of domestic trichinellosis in countries of the former Yugoslavia, the former Soviet Union, and Romania. In some villages, all domestic pigs are infected with T. spiralis, and people who live in these regions are treated with prophylactic mebendazole at beginning of December, because they know that they will acquire trichinellosis during the winter. This situation puts horses at risk of this infection. In a period of less than 16 months, six horses infected with T. spiralis were detected in Italy and France (three from Poland, two from Serbia, and one from Romania). The practice of triangular trading, in which the animal may not be reared in the country of origin shown in its documents, means that we cannot exclude the possibility that all infected horses originated from the same area, even if they arrived in the European Union from different countries. This unfortunate episode, the first outbreak associated with horsemeat in which the source of infection has been unambiguously identified, stresses the importance of correct management at abattoirs so that all stages of slaughtering are controlled and that meat carrying a risk to health is properly identified and destroyed. ■ 1. Pozio E. Trichinellosis in the European Union: Epidemiology, ecology and economic impact. Parasitology Today 1998; 14:35-38. 2. Pozio E, Tamburrini A, Sacchi L, Gomez Morales MA, Corona S, Goffredo E, et al. Detection of Trichinella spiralis in a horse during routine examination in Italy. Int J Parasitol 1997; 27:1613-21. 3. Pozio E, Celano GV, Sacchi L, Pavia C, Rossi P, Tamburrini A, et al. Distribution of Trichinella spiralis larvae in muscles from naturally infected horse. Vet Parasitol 1998; 74:19-27. 4. Boni P, Paterlini F, Pozio E, Bonometti E. Rilevazione di larve di Trichinella spiralis in un equino di importazione: valutazione della distribuzione nelle masse muscolari. Parassitologia 1998; 40 (S1):15. 5. Sacchini D, Donisi A, Paolillo F, Ruggeri A, Biagini M, Alberici F. Aspetti clinici ed epidemiologici di una epidemia da Trichinella spiralis occorsa in Piacenza nel febbraio ‘98. Parassitologia 1998; 40 (S1):161. EUROSYNTHÈSE EUROROUNDUP Historique des épidémies de trichinellose liées à la consommation de viande chevaline, 1975-1998 History of trichinellosis outbreaks linked to horse meat consumption, 1975-1998 T. Ancelle Laboratoire de Parasitologie. UFR Cochin-Port Royal. Université René Descartes, Paris, France. T. Ancelle Laboratory of Parasitology, UFR Cochin-Port Royal, Université René Descartes, Paris, France L a trichinellose se transmet à l’homme par la consommation de viande, crue ou peu cuite, d’animaux eux-mêmes contaminés par le parasite du genre Trichinella. Dans la nature, le cycle implique la plupart des animaux carnivores, omnivores et de nombreux rongeurs. Les animaux domestiques peuvent être infectés, notamment le porc (1). Depuis la découverte du parasite au XIXème siècle (James Paget et Richard Owen, 1835) 86 EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 T richinellosis is a parasitic disease transmitted to humans by consumption of raw or undercooked meat from animals contaminated by worms of the Trichinella genus. In nature, the life cycle involves most carnivores, omnivores, and numerous rodents. Domestic animals can also be infected, particularly pigs (1). Since the parasite was discovered in the 19th century (James Paget and Richard et jusqu’en 1975, la majorité des cas humains de trichinellose a été attribuée à la consommation de porc et de sanglier. Une réglementation internationale imposant le contrôle en abattoir des viandes porcines a fait régresser cette maladie dans le monde occidental. Mais elle persiste à un taux élevé dans les populations rurales d’Europe orientale. Les premiers cas de trichinellose humaine attribués à la consommation de viande chevaline ont été décrits en 1975 (2). Entre cette date et 1998, douze épidémies furent rattachées à cette cause (tableau 1). Chacune d’elles a constitué un événement dans l’évolution des connaissances et des pratiques, dont les principales étapes furent : la reconnaissance du cheval comme hôte naturel possible de Trichinella, son rôle désormais prépondérant dans la survenue de vastes épidémies et la mise en place de mesures de contrôle internationales dans les abattoirs. Owen, 1835), and until 1975, most human cases of trichinellosis were attributed to the consumption of pork and wild boar. International regulations for the control of porcine carcasses in slaughterhouses have resulted in a marked regression of the disease in western countries, but rates remain high in rural populations in eastern Europe. The first cases of human trichinellosis considered to be related to eating horse meat were reported in 1975 (2). Between 1975 and 1998, 12 outbreaks were attributed thus (table1). Each outbreak has added understanding of the development of and practices related to this infection. The main stages were: recognition of the horse as a possible natural host of trichinella, its current preponderance in the occurrence of widespread epidemics, and the setting up of international control measures in slaughterhouses. Description des épidémies Description of the outbreaks 1) La première épidémie survint en Italie en octobre 1975 (2). Elle a affecté 89 sujets, dans la région de Bagnolo in Piano. La mise en cause de la viande chevaline a été fondée sur l’exposition élevée parmi les cas à la consommation d’une carcasse de cheval provenant du même lieu de vente. L’investigation des services vétérinaires a abouti à incriminer un animal provenant soit de Yougoslavie, soit de Pologne. L’événement, accueilli avec scepticisme par les spécialistes, n’entraîna aucune réponse opérationnelle de la part des autorités sanitaires. 2) Une deuxième épidémie survint à la fin de la même année en France. Elle fut responsable de 125 cas dans la région de Chatenay-Malabry en banlieue parisienne (3). Comme dans l’épidémie précédente, l’incrimination de la viande chevaline a été fondée sur la simple exposition des cas à la consommation d’une carcasse de cheval. L’animal avait été importé vivant d’Europe de l’Est et abattu en France. Cet épisode, publié au début de l’année 1976, fut encore considéré comme anecdotique et ne donna lieu à aucune mesure prophylactique spécifique. Plusieurs ouvrages de parasitologie générale publiés après cette époque omettent encore de signaler le cheval comme véhicule possible de la contamination humaine. 3) Un troisième épisode de 13 cas survint en 1984 en Italie, dans la région de Varèse. Il passa inaperçu à l’époque et ne fut publié qu’en 1986 (4). La carcasse de cheval incriminée provenait de Yougoslavie. C’est en 1985 que deux séries de cas exceptionnelles marquèrent un tournant dans la prise en compte de cette étiologie. 4) Une épidémie de 431 cas débuta en France, en Août 1985 (5). Elle se répartit en deux foyers d’égale importance, l’un à Melun dans la région d’Ile de France, l’autre dans le 14ème arrondissement de Paris. L’enquête épidémiologique, associant plusieurs études cas-témoins, permit de recueillir un faisceau d’arguments montrant de façon indubitable, malgré l’absence de preuve parasitologique, la responsabilité de la viande de cheval. Elle aboutit à identifier deux demi-carcasses provenant d’un même animal et distribuées ➤ 1) The first outbreak, in Italy in October 1975 (2), affected 89 people in the Bagnolo in Piano area. The association with horse meat was suggested by the high rates of exposure among cases to meat from a horse carcass from the same sales outlet. Investigation by the veterinary departments identified an animal, which came from either Yugoslavia or Poland. This event met with a sceptical response from specialists, did not result in any operational response from the health authorities. 2) A second outbreak occurred at the end of 1975 in France. One hundred and twenty-five cases arose in the Chatenay-Malabry, suburb of Paris (3). As in the previous outbreak, horse meat was implicated on the basis of the sole exposure of the cases to meat from a single carcass. The animal had been imported live from eastern Europe and slaughtered in France. This episode, a report of which was published early in 1976, was also considered as a simple anecdote and gave rise to no specific prophylactic measures. Several handbooks on general parasitology published subsequently still did not indicate that the horse was a possible vehicle of human infection. 3) A third episode of 13 cases occurred in the Varese region of Italy in 1984. The outbreak attracted little attention at the time and a report was published in 1986 (4). The horse carcass responsible came from Yugoslavia. In 1985, two exceptional series of cases marked the turning point in recognition of the aetiology. 4) An outbreak of 431 cases began in France in August 1985 (5) with two clusters of equal size, one in Melun in the Ile de France region, and the other in the 14th arrondissement (district) of Paris. The epidemiological investigation included several case control studies, which demonstrated without doubt that horse meat was responsible for the epidemic, despite a lack of parasitological confirmation. Two half-carcasses from the same animal were identified and shown to have ➤ Tableau 1 / Table 1 Epidémies de trichinellose dues à la consommation de viande chevaline. Italie et France, 1975-1998 Trichinellosis outbreaks linked to horse meat consumption. Italy and France, 1975-1998 N° Date de début Date of onset 1 Octobre 1975 October 1975 2 Décembre 1975 December 1975 3 1984 4 Août 1985 August 1985 5 Octobre 1985 October 1985 6 1986 7 1990 8 Février 1991 February 1991 9 Décembre 1993 December 1993 10 Septembre 1994 September 1994 11 Février 1998 February 1998 12 Mars 1998 March 1998 Pays Country Foyer Cluster Nombre de cas Number of cases Italie / Italy Bagnolo in Piano France Italie / Italy Etude cas-témoins Case control study Provenance du cheval Origin of horse 1er Auteur 1st Author Réf. publication Bibliographical ref. 89 Europe Est / Eastern Europe Mantovani 1980 (2) Chatenay-Malabry Varèse 125 13 Europe Est / Eastern Europe Europe Est / Eastern Europe Bourée Parravicini 1979 (3) 1986 (4) France Paris 14 et Melun 431 oui / yes USA Ancelle 1988 (5) France Italie / Italy Italie / Italy 13 foyers / 13 clusters Salsomaggiore Terme Barletta 642 >300 >500 oui / yes Europe Est / Eastern Europe Europe Est / Eastern Europe ? Ancelle Pozio Pozio 1988 (5) 1987 (6) 1991 (7) France Clermont-Ferrand 21 oui / yes USA Laurichesse 1997 (9) France 5 foyers / 5 clusters 538 oui / yes Canada Ancelle 1994 (10) France Seine et Marne 7 Mexique / Mexico Maillot 1994 (11) Italie / Italy Piacenza 92 Pologne/ Poland Pozio 1998 (13) France Région Midi-Pyrénées 128 R F Yougoslavie / F R Yougoslavia Haeghebaert 1998 (14) oui / yes EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 87 ➤ chez un unique boucher dans chaque foyer. La carcasse avait été importée par avion d’un abattoir des Etats-Unis. Malgré deux décès et un nombre important de formes compliquées (neurotrichinellose), cet épisode faillit encore ne susciter qu’un intérêt limité à la communauté scientifique. 5) Mais, en Octobre 1985, alors que l’enquête précédente venait à peine d’être achevée, une nouvelle épidémie éclata en France (5). Elle totalisa 642 cas, dont trois décès, et se répartit en 13 foyers dispersés sur tout le territoire. L’enquête épidémiologique et vétérinaire permit d’identifier une carcasse unique de cheval, importée par le même grossiste que la précédente, mais provenant cette fois d’un abattoir d’Allemagne de l’Ouest. Les conséquences de ce second épisode furent très importantes. Une vaste campagne de presse fut déclenchée. Une cascade d’actions judiciaires fut entreprise entre malades, détaillants et grossistes-importateurs. Mais surtout, les autorités sanitaires françaises exigèrent dès le 9 octobre 1985 qu’un contrôle parasitologique soit effectué sur toutes les carcasses des chevaux abattus en France et dans les pays exportateurs. Dans les mois qui suivirent, une réglementation internationale fut imposée par la Commission Européenne. Cette réglementation précise, qu’à l’instar de la viande porcine, toute carcasse de cheval destinée à la consommation soit examinée par trichinoscopie ou digestion enzymatique sur un échantillon d’au moins un gramme de viande. Les carcasses contrôlées doivent être estampillées d’une marque les identifiant comme indemnes de larves de trichine. On pouvait donc s’attendre à ce que ces mesures empêchent la survenue d’épisodes semblables. 6) Or en 1986, une nouvelle épidémie de 300 cas survint à nouveau en Italie, dans la région de Salsomaggiore Terme (6). Tous les cas avaient consommé de la viande de cheval achetée dans une unique boucherie. La carcasse incriminée provenait soit de Yougoslavie, soit de Pologne. 7) Un nouvel épisode de plus de 500 cas survient en 1990 en Italie, à Barletta (7). Pour la première fois, des larves de trichine auraient été identifiées dans de la viande chevaline, mais elles n’ont pas pu être typées et la souche n’a pas été maintenue (8). L’origine du cheval n’a pas été précisée. 8) En février 1991, un nouvel épisode de 21 cas est survenu en France, dans deux foyers, Clermont-Ferrand et Montluçon (9). La viande incriminée provenait d’un lot de viande de cheval conditionné dans un établissement français à partir d’une carcasse importée des Etats-Unis. Cette épidémie suscite quelques questions en raison du faible nombre de cas identifiés. La source de ces deux foyers provenait de deux fragments de carcasse de 89 kg et 63 kg. En outre, d’autres parties de cette carcasse ont sans doute été distribuées. Or aucun autre épisode n’a été signalé ailleurs. D’autre part, cet épisode n’a été révélé qu’à l’occasion de l’hospitalisation d’un cas sévère. Si cet événement n’avait pas eu lieu, l’épisode serait passé inaperçu, d’autant plus qu’à cette époque sévissait une épidémie de grippe dont la symptomatologie est proche d’une trichinellose bénigne. Il est donc fort probable que des épisodes de trichinellose modérée puissent être ignorés. 9) En décembre 1993, un épisode de 538 cas survint en France dans cinq foyers (10). Cet épisode était dû à la consommation d’une carcasse de cheval, importée du Canada et certifiée indemne de trichine. La sensibilité des méthodes de contrôle en abattoir, et notamment la quantité minimale de l’échantillon à examiner (1g), a été alors remise en question. 10) L’année suivante, en septembre 1994, un nouvel épisode de sept cas a été décrit en France dans l’est de la région parisienne (11). Le quartier de viande chevaline incriminé avait été importé de Belgique. L’animal avait été abattu au Mexique. Aucun autre épisode n’a été décrit à cette époque. La Commission d’experts vétérinaires des Communautés européennes a alors préconisé de faire porter l’examen parasitologique sur des échantillons de 5 g par carcasse. Pendant cette même année, la présence de larves de trichine a été observée dans les carcasses de quatre chevaux provenant d’un abattoir de Mexico (12). En 1996, un cheval naturellement infecté, provenant de Roumanie et abattu à Barletta en Italie, a été rapporté (8). L’identification de Trichinella a été réalisée à partir d’un échantillon de viande de 5 grammes. 11-12) Enfin, deux épisodes, survenus au début de l’année 1998 en Italie et en France, sont décrits dans le présent numéro d’Eurosurveillance (13,14). Discussion L’analyse de l’ensemble de ces épidémies permet de formuler un certain nombre de remarques : La consommation de viande chevaline est devenue depuis 1975, la première cause de trichinellose humaine en Europe occidentale. Plus de 2800 cas ont été décrits entre 1975 et 1998. Cette pathologie n’a jusqu’à maintenant touché que deux pays, l’Italie et la France. 88 EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 ➤ been distributed by a single butcher in each cluster area. The carcass had been imported by air from a slaughterhouse in the United States. Despite the fact that two cases died and a large number of cases had complicated forms of trichinellosis (neurotrichinellosis), this outbreak attracted limited attention in the scientific community. 5) In October 1985, however, when the previous inquiry had only just been completed, a new outbreak occurred in France (5). Six hundred and forty-two cases, including three who died, were distributed among 13 clusters throughout the country. Epidemiological and veterinary surveys identified a single horse carcass imported by the same wholesaler as in the previous outbreak, but this time the horse had come from a West German slaughterhouse. The second episode resulted in a vast press campaign and a cascade of law suits between the consumers, retailers, and wholesaler-importers. Above all, the French health authorities requested on 9 October 1985, that the carcasses of all horses slaughtered in France and in exporting countries should be examined for parasites. In the following months, the European Commission imposed international regulations. The regulations require, as is the case with pork, that all horse carcasses for human consumption undergo an investigation by ‘trichinoscopy’ or enzymatic digestion of a sample of at least 1 g of meat. The controlled carcasses are to be stamped with a mark identifying them as free from trichinella larvae. It was reasonable to expect that these measures would prevent the occurrence of similar episodes. 6) In 1986, however, a new outbreak of 300 cases occurred in the Salsomaggiore Terme region of Italy (6). All the cases had eaten horse meat purchased from a single butcher’s shop. The implicated carcass came from either Yugoslavia or Poland. 7) Another outbreak of more than 500 cases occurred in Barletta, Italy, in 1990 (7). For the first time, trichinella larvae were identified in horse meat but could not be typed and the strain was not stored (8). The origin of the horse was not specified. 8) In February 1991, 21 cases occurred in France, with two clusters in ClermontFerrand and Montluçon (9). A batch of horse meat from a carcass imported from the United States, processed in a French establishment was implicated. This outbreak raised questions because of the small number of cases identified. Two parts of the carcass, weighing 89 and 63 kg were detected as the source of the two clusters. In addition, other parts of the carcass were probably distributed, but no further episode was reported elsewhere. Moreover, this episode was detected only when a severe case was admitted to hospital. Had it not been for that case, the episode would have remained undetected, because an influenza epidemic was occurring at the same time, whose symptoms were similar to those of benign trichinellosis. It is highly likely that episodes of moderate trichinellosis may go unnoticed. 9) In December 1993, an outbreak of 538 cases in five clusters occurred in France (10). The outbreak was due to the consumption of meat from a horse carcass imported from Canada and certified trichinella-free. The sensitivity of the control methods used in slaughter houses and, particularly, the minimum amount of specimen to be examined (1 g), were called into question. 10) The next year, in September 1994, a new outbreak of seven cases was reported in France in the east of the Paris area (11). The quarter of horse meat implicated had been imported from Belgium. The horse had been slaughtered in Mexico. No other episode was reported at that time. The Commission of Veterinary Experts of the European Communities then recommended conducting the parasitological testing on specimens of 5 g per carcass. The same year several trichinella larvae were observed in the carcasses of four horses from a Mexican slaughterhouse (12). In 1996, a naturally infected horse from Romania, which was slaughtered in Barletta, in Italy, was reported (8). Trichinella was found in 5 g meat specimen. 11-12) Finally, two outbreaks in early 1998 in Italy and France are described in this issue of Eurosurveillance (13,14). Discussion Analysis of these outbreaks enables a number of remarks to be formulated: Since 1975, consumption of horse meat has become the main cause of human trichinellosis in western Europe, although only two countries, Italy and France, have been affected so far. Over 2800 cases were reported between 1975 and 1998. These outbreaks, unlike those related to consumption of game meat, usually affect large numbers of people. A horse carcass weighs between 200 and 300 kg and the meat can be eaten by several hundred people. The consequences of these outbreaks are important in public health, economic, legal, and administrative terms: Ces épidémies, contrairement à celles qui sont dues à la consommation de gibier, affectent le plus souvent un grand nombre de sujets. Une carcasse de cheval de 200 à 300 kg peut en effet être consommée par plusieurs centaines d’individus. Leurs conséquences sont importantes : - en termes de Santé Publique : un nombre non négligeable de cas sévères, voire de décès, sont observés. En France, l’hippophagie est fréquente chez les personnes âgées, et ce terrain est plus propice à la survenue de complications. - sur le plan économique : en se fondant sur une estimation du coût médical moyen d’un cas de trichinellose à 10 000 FF en 1985 (1500 Ecus) (15), on peut estimer le coût médical total de l’ensemble de ces cas à près de 27 millions de FF (4 millions d’Ecus) . En outre, chaque épidémie a été suivie d’un retentissement néfaste pour la filière commerciale de la viande chevaline. - sur le plan judiciaire, en raison des lourdes procédures engagées pour déterminer les responsabilités. - sur le plan administratif, avec la mise en œuvre des mesures de contrôle aux échelons nationaux, européens (Commission Vétérinaire de l’Union Européenne) et internationaux (Office International des Epizooties). Dans chaque épisode, la carcasse consommée a été importée d’un pays tiers, soit d’Europe de l’est, soit d’Amérique du nord. Dans ces deux régions, la trichinellose sauvage sévit à l’état endémique. Il est à noter qu’aucune épidémie de trichinellose n’a été décrite à partir d’un cheval autochtone. Cette observation n’a pas encore été assez prise en compte dans les mesures de prévention. L’incitation à ne consommer que de la viande de cheval élevé dans les pays de faible endémie ferait sans doute diminuer le risque d’épidémies. Lors de chaque épisode, il a été noté la difficulté de retrouver la viande contaminée et donc de limiter l’étendue de l’épidémie. Ceci provient à la fois de la longue durée d’incubation qui est en moyenne de trois semaines, et de la rapidité de débit de la vente des carcasses. Les mesures de prophylaxie (cuisson à cœur à plus de 63°C, congélation plus de 5 jours à -18°C) sont en général peu suivies. Les traditions des consommateurs de viande chevaline les portent à la consommer fraîche et peu cuite, voire crue le plus souvent : steak tartare en France, saucisse de cheval en Italie A l’heure actuelle, les seules méthodes pratiques de contrôle des carcasses reposent sur la recherche de larves de trichine dans les muscles. En raison de l’absence de publication des rapports vétérinaires concernant les examens systématiques pratiqués dans les abattoirs, il est impossible de juger de l’efficacité de ces mesures. On constate qu’elles ont été mises en défaut au moins six fois depuis 1985. Il apparaît néanmoins que les nouvelles techniques d’examen portant sur des échantillons de 5 g des muscles les plus fortement infectés (langue, masséter) ont permis d’améliorer le dépistage, en évitant au moins une fois la mise sur le marché d’une carcasse infectée (8). On peut espérer également que si le dépistage sur 5 g se trouve pris en défaut, il ne laisse néanmoins passer que des carcasses faiblement infectées, entraînant des formes cliniques modérées de la maladie. C’est ce qui a été observé en 1998 en France (14). Enfin la preuve parasitologique de l’infection naturelle des chevaux a maintenant été rapportée à plusieurs reprises (8). Leur mode de contamination exact reste toujours inconnu. L’hypothèse la plus probable est la consommation de rongeurs broyés dans le fourrage de chevaux élevés dans les zones de forte endémie de trichinellose sauvage. La défaillance des systèmes de défense physiologique des animaux (stress, corticothérapie) peut être un facteur favorisant. Il apparaît donc souhaitable que des études épidémiologiques soient effectuées sur la trichinellose des chevaux dans les grandes régions d’endémie, afin de mieux connaître l’histoire naturelle de la trichinellose équine. Outre son intérêt fondamental, cela permettrait d’améliorer la prévention de ces épidémies. ■ References - In terms of public health, a not inconsiderable number of severe cases and even deaths have been observed. In France, horse meat consumption is common among elderly people, who are likely to suffer complications. - The mean medical cost of a case of trichinellosis was estimated at FRF 10 000 in 1985 (1500 Ecus) (15). Thus the total medical cost of all the cases can be estimated at FRF 27 million (4 million Ecus). In addition, each outbreak has an adverse effect on the horse meat trade. - In legal terms, heavy judicial procedures are required to determine liability. - The implementation of control measures at the national, European (Veterinary Commission of the European Union), and international (International Office of Epizootic Diseases) levels has required considerable administrative labour. In each episode, the meat eaten came from a carcass imported from a third country, either eastern Europe or North America. In both regions, trichinellosis is endemic in sylvatic mammals. No trichinellosis outbreak associated with an indigenous horse has been reported. So far, this observation has not been taken into account sufficiently as regards preventive measures. Encouraging people to restrict their consumption of horse meat to that from horses bred in countries where the prevalence of trichinellosis is low would probably decrease the risk of outbreaks. In each episode, difficulties have been experienced in tracing the contaminated meat and thus restricting spread of the outbreak. This is related to the long incubation period, on average three weeks, and the quick turnover of horse carcass sales. Prophylactic measures (core cooking temperature of more than 63°C, freezing at -18°C for over five days) are not generally followed. The traditions of those who eat horse meat lead them to eat it fresh and little cooked, or even raw in most cases: steak tartare in France, horse meat sausage in Italy. Currently, the only practical methods for control of carcasses are based on searching for trichinella larvae in the muscles. In the absence of published veterinary reports on the systematic controls conducted in slaughterhouses, it is impossible to determine the efficacy of these measures, but the measures have been proved defective at least six times since 1985. It nonetheless appears that the new methods of testing - using 5 g of the most highly infected muscle (tongue, masseter muscle) - have improved the sensitivity of screening by preventing, at least once, the sale of an infected carcass (8). We may also hope that if screening of a 5 g specimen fails to detect larvae, it will at least allow only weakly infected carcasses to reach the market place, attenuating the clinical form of the disease, as was observed in France in 1998 (14). Finally, parasitological evidence of natural infection of horses has now been obtained on several occasions (8). The method of contamination remains unknown. The most probable hypothesis is that horses bred where sylvatic trichinellosis is highly endemic eat infected rodents inadvertently milled in their fodder. The weaknesses of animal physiological defence systems (stress, corticosteroids) may also be a promoting factor. Epidemiological studies should be conducted on trichinellosis in horses in the main endemic regions in order to improve understanding of the natural history of equine trichinellosis. Besides its fundamental interest, this research would provide evidence with which to improve prevention of these outbreaks. ■ 1. Soulé C. Epidémiologie. In: Soulé C and Dupouy-Camet J, editors. La trichinellose: une zoonose en évolution. Paris, France: CNEVA/OIE, 1991: 43-110. 2. Mantovani A, Filippini I, Bergomi S. Indagini su un epidemia di trichinellosi umana verificatasi in Italia. Parassitologia 1980; 22: 107-34. 3. Bourée P, Bouvier JB, Passeron J, Galanaud P, Dormont J. Outbreak of trichinosis near Paris. BMJ 1979; 1: 1047-9. 4. Parravicini M, Grampa A, Salmini G, Parravicini U, Dietz A, Montanari M. Focolaio epidemico di trichinosi da carne di cavallo. Giornale di Malattie Infettive e Parasitarie 1986; 38: 482-7. 5. Ancelle T, Dupouy-Camet J, Bougnoux ME, Fourestié V, Petit H, Mougeot G et all. 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Maillot E, Desenclos JC, Dupouy-Camet J, Aubert P et al. Une épidémie de trichinellose limitée liée à la consommation de viande chevaline importée du Mexique, septembre 1994. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire 1997; 49: 217-8. 12. Arriaga C, Yépez-Mulia L, Viveros N, Adame LA, Zarlenga DS, Lichtenfels JR et al. Detection of Trichinella spiralis muscle larvae in naturally infected horses. J Parasitol 1995; 81: 781-3. 13. Pozio E, Sacchini D, Boni P, Tamburrini A, Alberici F, Paterlini F. Human outbreak of trichinellosis associated with the consumption of horsemeat in Italy. Eurosurveillance 1998; 3: 85-6 14. Haeghebaert S, Servat M, Duchen C, Minet JC, Agrech AE, Thièse I et al. Outbreak of trichinellosis in the Midi-Pyrénées region of France, January - March 1998. Eurosurveillance 1998; 3: 83-5 15. Ancelle T, Renaud G, Dupouy-Camet J, Foulon G. Cost evaluation of two trichinosis outbreaks in France in 1985. Rev Epidém et Santé Publ 1990; 38: 179-6. EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 89 EUROROUNDUP Trichinellose liée à la consommation de viande de cheval : règlementation européenne et gestion de risque Trichinellosis associated with the consumption of horse meat: European regulations and risk management E. Maillot Réseau National de Santé Publique, Saint-Maurice, France E. Maillot Réseau National de Santé Publique, Saint-Maurice, France L es épidémies de trichinellose survenues en Italie et en France fin 1975 mettaient en cause une espèce animale, le cheval, qui n’était pas auparavant considérée comme un risque vis-à-vis de cette pathologie. La règlementation européenne ne concernait alors que le contrôle de la viande de porc. L’obligation de rechercher les trichines dans les viandes fraîches de cheval a été apportée par la directive 91/497/CEE (29.07.1991) du Conseil des Communautés Européennes modifiant et codifiant la directive 64/433/CEE relative à des problèmes sanitaires en matière d’échanges intra-communautaires de viandes fraîches et étendue à la production et la mise sur le marché européen de viandes fraîches (article 42 de la nouvelle directive 64/433/CEE). Des mesures sanitaires nationales avaient pu être prises auparavant en France ou en Italie après la survenue de nouvelles épidémies. La gestion du risque de trichinellose lié à la consommation de viande fraîche de cheval est actuellement basée sur la recherche de trichines sur chaque carcasse d’équidé. Ce contrôle se fait à l’abattoir et la viande ne peut être commercialisée qu’au vu du résultat satisfaisant (absence de larve) de l’analyse. Lors d’importation dans l’Union Européenne de carcasse ou de viande fraîche, l’analyse doit avoir été effectuée dans le pays où a eu lieu l’abattage. L’abattoir doit être agréé pour pouvoir exporter vers l’Union Européenne (UE). Le contrôle est attesté sur un document d’accompagnement des viandes. Les équidés vivants importés pour la boucherie sont contrôlés après abattage dans le pays importateur. Il est à remarquer que l’objectif de la réglementation européenne actuelle est de n’importer ou de n’échanger dans l’UE que des viandes négatives au contrôle systématique des carcasses mais pas de signaler les éventuels résultats positifs. Lorsque les investigations d’un état membre de l’UE ont permis de cibler l’origine géographique d’une épidémie de trichinellose humaine, cet état peut prendre des mesures temporaires de contrôle renforcé ou d’interdiction à l’importation vis-à-vis du pays en cause. Ces mesures doivent ensuite être reprises par une décision communautaire. Les méthodes pour la recherche en laboratoire de Trichinella ont été définies par la directive 77/96/CEE du Conseil (21.12.1976), modifiée ultérieurement pour améliorer la sensibilité de la détection. Pour le cheval, le contrôle parasitaire porte sur un prélèvement d’un des muscles les plus susceptibles de révéler la contamination, masséters ou langue ou diaphragme. Le poids minimum de viande à analyser qui était dans un premier temps de 1g a été porté à 5 g par la directive 94/59/CEE. Les échantillons de plusieurs chevaux peuvent être groupés mais le poids total de viande à examiner ne doit pas dépasser 100g par analyse. Un maximum de 20 chevaux peuvent être ainsi contrôlés simultanément. La recherche de trichines se fait après digestion enzymatique de la viande pour libérer et mieux visualiser les larves. Concernant les viandes congelées, non soumises à cette obligation de contrôle, des couples temps - température à appliquer en fonction de l’épaisseur des morceaux sont définis dans les directives européennes. L’épidémie survenue en France en 1998, attribuée à une carcasse de cheval importé faiblement infestée, peut conduire à une modification du poids de l’échantillon de viande à analyser. La gestion du risque pourrait être améliorée par un élargissement de la réglementation à l’importation basée sur une analyse de risque. Le statut sanitaire des pays exportateurs vis-à-vis de la trichinellose du porc et du cheval serait aussi pris en compte. Les pays ou zones non indemnes pourraient alors faire l’objet de mesures particulières pour exporter telles que l’obligation de la congélation ou la mise en place de contrôles renforcés. Cela ne sera possible que si les trichinelloses animale et humaine font l’objet de systèmes nationaux de surveillance satisfaisants. ■ O utbreaks of trichinellosis in Italy and France at the end of 1975 implicated the horse, an animal not considered previously to be at risk of this disease. European regulations at that time concerned only the control of pork. The obligation to search for trichinella in fresh horse meat was introduced by the European Communities Council directive 91/497/EEC (29.07.1991), which modified and codified the directive 64/433/EEC relating to health problems regarding fresh meat exchanges within the Community, extended to the production and the release of fresh meat on the European market (article 42 of the new directive 64/433/EEC). National health measures were taken earlier in France and Italy, however, in response to further outbreaks. Risk management of trichinellosis linked to the consumption of fresh horse meat is currently based on the search for trichinella larvae in horse carcasses. This control is carried out at slaughterhouses, and the meat can be marketed only if the result of the laboratory test is satisfactory (absence of larvae). When carcasses or fresh meat are imported into the European Union (EU), laboratory testing must have been performed in the country where the animals were slaughtered. Slaughterhouses that export to the EU have to be registered, and the control is certified on a document that accompanies the meat. Live horses imported for ‘butchery’ are controlled after slaughter in the country to which they are imported. Current European regulations aim to ensure that only meat certified free of trichinella after systematic control of carcasses is imported or exchanged; not to report possible positive results. When investigations of an EU member state have traced the geographical origin of a human outbreak of trichinellosis, that state can temporarily reinforce control measures or ban imports from the implicated country. These measures then have to be confirmed by a Community decision. Laboratory methods for the detection of trichinella, defined by the Council directive 77/96/EEC (21.12.1976), have since been modified to improve their sensitivity. Tests undertaken to detect parasites in horses are performed on a sample of one of the muscles most likely to reveal contamination - masseter muscles, tongue, or diaphragm. The minimum weight of the meat sample to be tested was increased from 1g to 5 g by the directive 94/59/EEC. Samples from several horses can be pooled, but the total meat sample weight must not exceed 100 g per test, therefore a maximum of 20 horses can be controlled simultaneously. The search for trichinella is made after enzymatic digestion of the meat so as to release the larvae and make them easier to see. Concerning frozen meats, not subjected to this compulsory control, time and temperature combinations to be applied according to the thickness of pieces of meat, have been defined in European directives. The French outbreak in February 1998, attributed to a lightly infested carcass of an imported horse, may lead to a further modification in the weight of samples to be tested. Risk management could be improved by including risk analysis in importation regulations, taking into account the prevalence of pork or horse trichinellosis in exporting countries. Unsafe countries or areas could be subjected to special exporting measures, such as obligations to freeze the meat or to implement reinforced control measures. This would be possible only if animal and human trichinellosis were the subject of satisfactory national surveillance systems. ■ http://www.ceses.org/eurosurv 90 EUROSURVEILLANCE VOL. 3 - N°8/9 AOÛT/SEPT-AUGUST/SEPT 1998 RESPONSABLES SCIENTIFIQUES / SCIENTIFIC EDITORS • J.C. Desenclos Réseau National de Santé Publique - Saint-Maurice - France • J. Drucker Réseau National de Santé Publique - Saint-Maurice - France • N. Gill P.H.L.S - Communicable Disease Surveillance Centre - London United Kingdom • S. Handysides P.H.L.S - Communicable Disease Surveillance Centre - London United Kingdom • S. Salmaso Istituto Superiore di Sanitá - Italy • L. Wijgergangs Rijksinstituut Voor Volksgezondheid en Milieu - Netherlands COMITÉ DE RÉDACTION / EDITORIAL BOARD • P. Christie SCIEH Weekly Report - Scotland • G. Lima Saúde em Números - Portugal • S. Handysides Communicable Disease Report England and Wales • M. Le Quellec-Nathan Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire - France • A. Karaitianou-Velonaki Ministry of Health, Welfare and Social Security - Greece • J.P. Klein Bundesministerium für Gesundheit Austria • J. Carlson Smittskydd - Sweden • J. F. Martinez Navarro Boletín Epidemiológico Semanal Spain • H. Nohynek Kansanterveys - Finland • T. Rønne EPI-NEWS - Denmark • S. Salmaso Istituto Superiore di Sanità - Italy • M. Sprenger Infectieziekten Bulletin - Netherlands • W. Kiehl Epidemiologisches Bulletin Germany • L. Thornton Infectious Diseases Bulletin Ireland • F. Van Loock Epidemiologisch Bulletin van de Gezondheidsinspectie van de Vlaamse Gemeenschap Santé et communauté - Belgium DIRECTEUR DE LA PUBLICATION / MANAGING EDITOR • J. B. Brunet Centre Européen pour la Surveillance Epidémiologique du Sida - Saint-Maurice - France RÉDACTEURS ADJOINTS / DEPUTY EDITORS • C. Akehurst P.H.L.S - Communicable Disease Surveillance Centre - 61 Colindale Avenue London NW9 5EQ United Kingdom Tel. (44) (0) 181 200 6868 Fax. (44) (0) 181 200 7868 • F. 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