Lettre aux pilotes de ligne d`Air France
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Lettre aux pilotes de ligne d`Air France
Roissy, le 27 septembre 2013 AF 130927131 Lettre aux pilotes de ligne d’Air France Cher(e)s collègues, La Direction vient d’annoncer un nouveau train de mesures visant à définir le futur du court moyen-courrier et du Cargo de la compagnie ; d’autres annonces sont prévues le 4 octobre prochain. A cette occasion, je souhaite partager avec vous mes premières impressions et réactions sur les évolutions annoncées pour le court moyen-courrier. Après avoir ignoré pendant plus de dix ans le développement des low cost, les directions des « majors » européennes semblent arriver aujourd’hui à la conclusion que réduire significativement les coûts de production des « mainlines » pour les combattre efficacement est hors de portée. Elles ont alors deux possibilités : • • Abandonner le marché point à point devenu un foyer de pertes durables, Trouver un “véhicule“ capable de concurrencer les low cost. Ainsi, nous observons aujourd’hui des mouvements stratégiques d'ampleur chez nos concurrents directs. Lufthansa a décidé de transférer trois A320 par mois chez Germanwings pour exploiter ses routes européennes et domestiques hors des hubs de Francfort et de Munich. IAG, qui utilise déjà Iberia Express pour alimenter Madrid, vient de prendre le contrôle de Vueling et souhaite la doter de 100 avions supplémentaires avec pour objectif affiché de concurrencer easyJet. La Direction d’Air France souhaite pour sa part développer Transavia France sur les marchés loisirs et low cost au départ d’Orly-Sud. Ce choix pose de nombreuses questions notamment sur la capacité de la marque actuelle à capter tout le spectre du marché point à point ainsi que sur la structure de coûts cible de cette compagnie. Je veux aujourd’hui être parfaitement clair avec vous concernant Transavia : soit un accord est trouvé avec les pilotes pour aller au-delà de 14 coques, soit Transavia France restera à ce seuil défini conjointement. Depuis plus de 50 ans, dans les bons et les mauvais moments, les pilotes de ligne d’Air France ont toujours activement recherché les solutions permettant de concilier les intérêts de la profession et le développement de l’activité aérienne. Les directions vont et viennent, mais Air France reste notre compagnie, et il est dans notre intérêt qu’elle soit en capacité de se développer. SNPL AF ALPA Le Dôme – Bât 5 – 5, rue de la Haye - BP 19955 - 95733 ROISSY CDG CEDEX Tél. : 01.49.89.24.31/22 - Fax : 01.49.89.24.39 - Email : [email protected] Lorsque les demandes ou les voies empruntées n’étaient pas acceptables, elles ont été rejetées sans équivoque. En janvier 2012, lorsque la Direction a tenté de dénoncer nos accords malgré la proposition faite par le SNPL Air France ALPA de négocier, je vous ai encouragés à vous mobiliser pour refuser la voie brutale qu’elle avait choisie. Nous avons eu raison. Aujourd’hui, c’est de nouveau l’heure des choix pour la Direction. Si la Direction rejette les bases d’un futur partagé avec ses pilotes, nous rejetterons le futur qu’elle impose. Je me suis exprimé à plusieurs reprises sur notre objectif, il n’a pas changé. Il reste de nous assurer que nous continuerons à exercer notre métier dans une compagnie aérienne sûre et rentable, capable sur le long terme de proposer aux pilotes d’Air France de solides carrières et de bonnes conditions d’emploi au sein du Groupe Air France. Cet objectif nécessite aujourd’hui la construction d’une riposte assumée et efficace sur le court moyen-courrier. Dans l’immédiat, cette question prioritaire n’est pas réglée par les annonces qui ont été faites. Le 5 septembre dernier, les 44 représentants syndicaux du SNPL Air France ALPA réunis en session ordinaire, ont donné mandat au Bureau pour organiser un référendum auprès des adhérents nous permettant de recourir si nécessaire, à un arrêt de travail supérieur à 144 heures ; une possibilité que je n’hésiterai pas à mettre en œuvre au moment le plus opportun pour nos intérêts si le syndicat acquiert la conviction qu’ils sont menacés. L’ensemble des efforts que réalisent depuis 2008 les pilotes d’Air France pour redresser la compagnie mérite respect et considération. Ils sont consentis à la condition qu’en retour, les opportunités de carrières supplémentaires sur les avions de plus 110 places du Groupe Air France soient préservées avec des conditions d’emploi satisfaisantes. A l’heure où notre compagnie s'apprête à fêter ses 80 ans, son avenir tout entier, celui de l’ensemble de ses salariés, de nos carrières, de nos conditions d’emploi et de nos retraites dépendent du virage stratégique qui va s’opérer sur le court moyen-courrier. Je vous tiendrai personnellement informés des actions de votre syndicat sur ce dossier fondamental. Quel que soit le chemin que nous choisirons collectivement d’emprunter, la clef est notre unité. J’espère que vous partagez avec moi ce point de vue. Je vous souhaite de bons vols en sécurité, Très amicalement à toutes et à tous, Jean-Louis BARBER, CDB A320 Président du SNPL Air France ALPA