par Feu Professeur Serge Renaud, père du paradoxe français

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par Feu Professeur Serge Renaud, père du paradoxe français
«Les miracles du régime crétois». Il accroît l'espérance de vie, affirme le cherc...
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VOUS Le 4 novembre 1995 à 10h35
«Les miracles du régime crétois». Il accroît l'espérance
de vie, affirme le chercheur Serge Renaud.
Par BANTMAN BÉATRICE
Ancien directeur de recherches à l'Inserm (Institut national de la
santé et de la recherche médicale), Serge Renaud est un découvreur de paradoxes. Malgré une alimentation
riche en graisses, en principe dangereuses pour les artères, les Français, et plus encore les Crétois, meurent
relativement peu de maladies cardiaques. Dans le Régime santé, qu'il vient de publier, Serge Renaud revient
sur ces paradoxes français et crétois (1). Qu'est-ce que le «paradoxe crétois»? C'est plutôt le miracle crétois.
Les Crétois ont en effet une mortalité coronarienne (par infarctus du myocarde) incroyablement basse,
comparée aux autres pays, même aussi proches ou semblables que la Grèce et l'Italie. Cette constatation a
été faite pour la première fois en 1965. Mais, à l'époque, personne n'y a cru. Sinon, les chercheurs auraient
essayé de reproduire dans d'autres pays les habitudes alimentaires des Crétois et de vérifier leurs effets, ce
que j'ai fait. Vous affirmez que cette longévité, la plus élevée du monde, est bien due à l'alimentation et non
à un style de vie, dans un pays agréable et ensoleillé? Je ne prétends pas qu'il s'agit de l'unique cause. Mais
il est clair qu'en reproduisant, dans des pays complètement différents, une alimentation de type crétois, on
obtient des résultats impressionnants. Dans les années 80, nous avons modifié les habitudes alimentaires
d'un groupe de sujets en Moselle. Nous avons rapidement constaté une baisse légère du cholestérol et une
diminution de la réactivité des plaquettes, ces petites cellules qui sont à l'origine de la formation du caillot
sanguin et de la thrombose. D'ailleurs, les Crétois n'ont pas un taux de cholestérol plus bas que les autres.
Quelle est donc leur «recette»?
On a longtemps cru qu'une alimentation riche en huile de tournesol et de maïs (les acides gras
polyinsaturés) faisait baisser le cholestérol et, donc, la fréquence des accidents cardiaques. Les Crétois ont,
au contraire, une alimentation riche en acides gras monoinsaturés et surtout en acide linoléique qu'on
trouve dans l'huile d'olive, les noix, l'huile de colza. Les Crétois consomment aussi beaucoup de pain,
d'olives, de noix et de légumes, secs ou frais. Une alimentation simple et délicieuse qui n'a pas varié depuis
deux mille ans. Le résultat en est la plus longue espérance de vie du monde. A Lyon, nous avons suivi
pendant plus de deux ans 600 patients qui avaient déjà fait un infarctus du myocarde. La moitié a été
soumise au régime habituellement préconisé pour éviter les récidives d'infarctus. Le deuxième groupe a été
mis au régime crétois. Les résultats ont été si impressionnants que l'étude a été interrompue au 27e mois:
dans le groupe «crétois», la mortalité, toutes causes confondues, était diminuée de 70% par rapport à l'autre
groupe. Le chiffre grimpait même à 76% pour les seuls décès d'origine coronarienne (infarctus et morts
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subites). Aucun médicament n'a jamais approché cette efficacité.
Comment expliquez-vous qu'un régime aussi miraculeux n'ait pas encore été adopté par tous les
cardiologues?
Tous ceux qui ont participé à cette étude sont convaincus. Pour les autres, ça viendra, je suppose.
Vos travaux vous ont amené à un autre paradoxe, connu sous le nom de «French Paradox». Vous affirmez
que la consommation de vin protège les Français des accidents cardiovasculaires.
Nous allons bientôt publier une étude portant sur 36.000 hommes suivis pendant dix à quinze ans. Elle
montre que la consommation quotidienne de deux à quatre verres de vin réduit de 40% la mortalité
coronarienne. Un effet bénéfique essentiellement dû au tanin. En revanche, la mortalité par cancer est alors
plus élevée. Après la découverte du paradoxe français, qui a fait monter en flèche les ventes de vin, certains
vous ont soupçonné de liens avec les lobbies vinicoles.
Quand, sur CBS News, j'ai évoqué pour la première fois ce paradoxe en indiquant qu'à mon avis il était dû au
vin, l'Office américain des alcools et des armes à feu m'a demandé des explications. J'ai donc publié dans la
revue scientifique The Lancet les études qui montraient, en France, une diminution de 15% de la mortalité
générale chez les buveurs modérés de vin (rouge essentiellement). (1) Le Régime santé, S. Renaud, éd.
Odile Jacob, 208 pp., 100 F.
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