Roland-Garros
Transcription
Roland-Garros
histoire Roland Garros en quelques dates 6 octobre 1888 Naissance à Saint-Denis de la Réunion 1906 Champion de France de cyclisme 1908 Prend conscience de sa passion : l’avion 19 juillet 1909 Obtient son brevet de pilote à l’Aéro-Club de France juillet 1911 Grand Prix de l’Aéro-Club de France mai 1913 Reçoit le prix de l’Académie des sports © Musée de l’Air et de l’espace 23 septembre 1913 Traversée en avion de SaintRaphaël à Bizerte en Tunisie 1914 Remporte le rallye de Monaco 19 avril 1915 Est fait prisonnier par les Allemands 15 février 1918 Parvient à s’évader Admirable aviateur aux nombreux exploits, c’est aujourd’hui pourtant grâce au stade de tennis parisien que Roland Garros est immortalisé. 25 octobre 1918 Meurt au combat à bord de son avion dans les Ardennes Roland Garros ou une postérité rebondissante R oland Garros naît le 6 octobre 1888 à Saint-Denis de la Réunion. Atteint très jeune par une pneumonie, les médecins l’encouragent à faire du sport. Il décide de surmonter ce handicap et durant ses années de lycée, de retour à la métropole à Nice, il organise une équipe scolaire de football et en devient vite le capitaine. Il parvient à mener son équipe à la victoire au championnat interscolaire. Mais Roland Garros ne se limite pas au football. Course, saut et cyclisme sont ses activités quotidiennes. À 18 ans, il devient champion de France de cyclisme et quelque temps plus tard, en Angleterre, il découvre les joies du tennis. C’est un jeune homme plein d’allant, prêt à toutes les aventures. Son goût du risque l’embarque bientôt vers une autre passion : l’aviation. À 20 ans, lors d’un meeting aéronautique à Reims, il prend conscience de sa passion : sa vie sera désormais consacrée aux avions. Avec ses économies, il parvient à s’offrir une Demoiselle. Ce petit appareil lui permet d’apprendre à piloter tout seul. Ses premières tentatives de vol se soldent souvent par des échecs. Mais il obtient quand même son brevet de pilote à l’Aéro-Club de France et part pour une tournée de représentation en France et en Amérique. On le retrouve dans de nombreuses démonstrations tant aux ÉtatsUnis qu’au Mexique ou encore à Cuba. Roland Garros devient un aviateur hors pair mâtiné d’un mécanicien remarquable. Téméraire, il aime se frotter à des situations limites. Il adore également la compétition et participe à des courses prestigieuses comme le Paris-Londres, le Paris-Madrid ou le Paris-Rome. Bien que son appareil soit quelque peu fragile, il termine fréquemment aux places d’honneur, mais éternel second. À Dinard, il s’attaque au record de hauteur et parvient à le battre en s’envolant jusqu’à 3 910 mètres. Il part de nouveau en tournée de démonstration au Brésil et en Angleterre, ce qui lui permet de se faire connaître. Son adresse et son élégance en vol forcent l’admiration de toute la profession. Il profite de ses sorties pour faire les premières prises de vues aériennes de l’histoire de la photographie. En juillet 1911, il remporte le Grand Prix de l’Aéro-Club de France, puis deux ans plus tard le Prix de l’Académie des Sports. Malgré ses exploits, il est toujours en attente d’une proposition de contrat sérieux. Pour tenter d’obtenir un engagement, il décide de participer à un circuit européen. octobre • novembre • décembre 2006 25 entre voisins histoire © Musée de l’Air et de l’espace Mais la grande aventure qui lui tient à cœur, le défi qu’il s’est fixé, c’est la traversée de la Méditerranée. Le 23 septembre 1913, Roland Garros part de SaintRaphaël dans son monoplan MoraneSaulnier de 60 chevaux. Il arrive à Bizerte en Tunisie 7 heures 53 minutes plus tard ; il a parcouru 390 miles nautiques soit 730 km. Le monde entier salue l’exploit de ce jeune pilote de 25 ans. En 1914, la guerre éclate. Natif de la Réunion qui est encore une colonie, Roland Garros n’est pas mobilisé. Il décide de se porter volontaire et s’engage dans l’armée. Il est affecté dans l’artillerie comme deuxième classe. Les autorités militaires, relevant vite ses capacités d’aviateur, ne tardent pas à lui confier des missions spéciales. Lors de ses sorties, Roland Garros réfléchit à un système de tir à la mitrailleuse à travers l’hélice ; des plaquettes en acier formant déflecteurs protègent les pales de l'hélice des impacts des balles. Quelques mois plus tard, la technique est au point et le pilote français l’expérimente lors d’une mission contre les avions ennemis. Grâce à ce système ingénieux, le pilote se charge seul de ses tirs, sans l’aide d’un passager chasseur. À l’occasion d’une mission de bombardement entre voisins 26 octobre • novembre • décembre 2006 aux commandes de son Morane, il est touché par les forces allemandes et doit faire un atterrissage forcé. Le 19 avril 1915, il est fait prisonnier. Le système de tir à travers l’hélice équipant son avion est soigneusement étudié. Les allemands découvrent alors le secret de son appareil. Le constructeur Anthony Fokker en Allemagne perfectionne le procédé imaginé par Roland Garros. Le monoplan de chasse allemand Fokker E1, premier avion à être équipé de mitrailleuses synchronisées lui permettant de tirer à travers le disque de l’hélice sans protection, est lancé le 1er juillet 1915. Roland Garros est d’abord enfermé à Küstrin, maintenant Kostrzyn, en Pologne, pendant deux ans. Puis il est transféré à Magdebourg, grand port fluvial sur l’Elbe, où il est étroitement surveillé. Pour passer le temps, Roland Garros commence à rédiger ses mémoires. Le 15 février 1918, déguisé en officier allemand, il réussit à s’enfuir du camp de Magdebourg avec un autre prisonnier. Il gagne la Hollande, l’Angleterre puis la France. Cette évasion redonne un coup d’éclat à sa renommée et contribue à sa légende. Il reçoit les insignes d’officier de la Légion d’honneur et Georges Clémenceau, alors ministre de la Guerre, lui propose un poste de conseiller technique. Roland Garros refuse, préférant être sur le front. Mais ses trois années de captivité l’ont mis à l’écart de l’actualité. L’aviation a connu durant cette période un essor considérable. Il doit alors très vite s’adapter et apprendre à se servir des appareils modernes. Il rejoint la 26e escadrille du 12e groupe des Cigognes. Le 4 octobre 1918, après avoir abattu un Fokker, il retrouve confiance et demande à faire partie du barrage offensif. Il met en fuite une escadrille de chasseurs allemands et très vite les ennemis récidivent. Le combat est acharné. Le chasseur Spad XIII de Roland Garros se désintègre en vol au cours d’un combat aérien au-dessus de Vouziers dans les Ardennes. Il meurt au combat le 25 octobre 1918, au lendemain de ses 30 ans. Il avait adhéré au Stade Français en 1906 avec le parrainage de son condisciple d'HEC Émile Lesieur, et c’est ce dernier qui en 1927, devenu président de la prestigieuse association, exige que l’on donne le nom de son ami Garros au stade de tennis parisien qu’il fallait construire pour accueillir les épreuves de la coupe Davis ramenée en France par les “Mousquetaires”.