Exemple d`un outil d`aide à la définition d`une
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Exemple d`un outil d`aide à la définition d`une
Séminaire sur la Stratégie de ville Marrakech, Hôtel Kenzi Semiramis les 7-8 et 9 décembre 2004 Exemple d’un outil d’aide à la définition d’une stratégie et d’un positionnement économiques d’une ville au Maroc Il n’y a pas de stratégie de ville sans une bonne dose de volontarisme et d’ambition, mais à condition de ne pas franchir les limites du réalisme économique. L’outil présenté ici peut servir de cadre d’analyse traçant de telles limites. Fruit d’une réflexion menée pour le compte du département marocain de l’aménagement du territoire, il permet, notamment : • d’identifier et apprécier l’importance des sources de la croissance ; • connaître ses atouts et faiblesses économiques ; • de comparer les performances économiques de sa ville/province à celles des autres et, donc, de pouvoir se positionner ; Cette présentation résume d’une manière très succincte une démarche qui, partant d’une analyse des dynamiques économiques provinciales, conduit à une typologie des espaces selon le potentiel de croissance. Pour de plus amples développements sur les dynamiques économiques provinciales, le lecteur trouvera en annexe le texte intitulé « Dynamiques démoéconomiques provinciales » de messieurs Larabi Jaidi et Mekki Zouaoui, fruit, rappelons le, de la réflexion menée dans le cadre de la préparation du SNAT (schéma national de l’aménagement du territoire). 1. Dynamiques économiques et espaces de croissance Il s’agit de la combinaison de deux approches complémentaires, ave pour point de départ, la typologie des provinces pour aboutir aux espaces de croissance. 1. Dynamiques démo-économiques et typologie des provinces La typologie retenue dans cet exercice a été établie sur la base de trois indicateurs clefs : i) le taux annuel moyen de variation (TAMV) du PIB par habitant ; ii) le TAMV du PIB ; iii) le TAMV de la population totale. La combinaison de ces trois indicateurs démo-économiques a permis d’identifier six catégories de provinces, celles dont : 1) les trois indicateurs ont des niveaux supérieurs à ceux de la moyenne nationale. Il s’agit de provinces qui connaissent une dynamique globale ; 2) les TAMV du PIB par habitant et du PIB ont un niveau supérieur à la moyenne nationale, tandis que le TAMV de la population a un niveau inférieur à celui de la moyenne nationale. Il s’agit de provinces qui, malgré leurs performances, ne sont pas suffisamment attractives pour retenir ou attirer les populations ; 3) le TAMV du PIB par habitant est supérieur à celui de la moyenne nationale, tandis que les TAMV du PIB et de la population sont inférieurs à ceux de la moyenne nationale. Il s’agit de provinces qui, du fait que leur croissance démographique a été plus faible que leur croissance économique, arrivent paradoxalement à améliorer le niveau de vie de leurs populations à un rythme supérieur à celui du pays ; 4) le TAMV du PIB par habitant est inférieur à celui de la moyenne nationale tandis que les TAMV du PIB et de la population sont supérieurs à ceux de la moyenne nationale. Il s’agit de provinces dont la forte croissance démographique a conduit, en dépit d’une croissance économique élevée, à une faible amélioration du niveau de vie des populations ; 5) les TAMV du PIB par habitant et du PIB sont inférieurs à ceux de la moyenne nationale tandis que le TAMV de la population est supérieur à celui de la moyenne nationale. Il s’agit de provinces dont la forte croissance démographique, combinée à une faible croissance économique, a conduit à une détérioration du niveau de vie ; 6) les trois indicateurs ont des niveaux inférieurs à ceux des moyennes nationales. Il s’agit de provinces à dynamique pouvant être qualifiée de régressive totale ; 7) Le Grand Casablanca, de par son poids et son rôle central dans la dynamique économique du pays, a été examiné à part. Typologie des provinces selon la dynamique économique Les trois indicateurs retenus A, B et C (supérieur > ou inférieur < à la moyenne nationale) A : TAMV (taux annuel moyen de variation) du PIB par habitant B : TAMV du PIB C : TAMV de la population Catégorie 1 : Agadir, Rabat et provinces sahariennes Catégorie 2 : Chtouka, Taroudant, Ben Slimane, Settat, Khémisset, El Jadida, Béni-Mellal, Ifrane, Boulemane, Sefrou, Ifrane, Taounate et Taza Catégorie 3 : Marrakech, Tiznit, Nador, Safi Catégorie 4 : Ouarzazate, Kénitra, Chefchaouen et Fès Catégorie 5 : Tanger, Tétouan et Larache Catégorie 6 : Sidi Kacem, Khouribga, Al Haouz, Chichaoua, Kalaâ Sraghna, Essaouira, Figuig, Oujda-Berkane-Jerada, Azilal, Errachidia, Khénifra, Meknès et Al Hoceima Casablanca A B C > > > > > < > < < < < > < < < > > < < < > Ces tendances sont révélatrices de la capacité des provinces à attirer tant les hommes que les investissements. Elles rendent compte, d’une certaine manière, de leur potentiel de développement. De ce fait, elles constituent un excellent indicateur pour les pouvoirs publics en ce sens qu’elles suggèrent des types de traitements pour, selon les cas, renforcer, accompagner, atténuer ou renverser ces tendances. 2. Typologie des espaces selon le potentiel de croissance La croissance la plus importante et la plus significative est assurément celle de l’emploi. L’emploi ne pouvant être suivi avec précision, il a été opté pour un indicateur synthétique mais très significatif de la croissance, les déplacements migratoires des jeunes adultes masculins, dans la tranche de 20 à 40 ans. Cette tranche de la population est directement motivée par l’emploi et ses déplacements sont très significatifs de l’état du marché du travail. La population est la mieux placée pour apprécier où sont ces espaces de croissance. Analyse des espaces de croissance sur la base des données migratoires au niveau territorial des cercles (164 cercles). Exploitation de la question du recensement de 94 : « où habitiez vous il y a quinze mois ? » Espaces de croissance : Existence de quinze lieux attractifs, qui sont à des degrés divers les pôles d’emploi du pays ; ils se rangent selon un classement à trois niveaux : a - métropoles nationales : Casablanca ; Rabat b - capitales régionales : Agadir ; Fès ; Marrakech ; Meknès ; Oujda ; Tanger ; Tétouan c - centres intermédiaires : Tan-Tan ; Kenitra ; Safi ; Nador ; Taza : Au total, sont retenus une dizaine d’espaces de croissance, espaces de croissance population 94 ratio migratoire poids relatif d’attractivité Solde migratoire 1 Rabat- Salé- Kenitra 2 064 112 16 440 8,0 21,6 2 Casablanca 3 443 750 15 102 4,4 19,9 3 Fès-Meknès 1 486 460 11 225 7,6 14,8 4 Agadir 835 575 7 668 9,2 10,1 5 Tanger-Tétouen 1 069 042 6 984 6,5 9,2 6 Marrakech 754 401 5 594 7,4 7,4 7 Oujda 669 778 4 251 6,3 5,6 8 Région Goulmim 227 049 3 205 14,1 4,2 9 Nador 445 325 1 597 3,6 2,1 10 Tadla 947 138 114 0,1 0,1 11 942 630 72 180 6,0 95,0 Aires de départ : deux grands types Les espaces éloignés, de caractère oasien, en milieu désertique. Cela va de Beni Tadjite à Tata, en passant par Errachidia, le Tafilalet, la vallée du Drâa et Ouarzazate. Les espaces polarisés, directement soumis à l’influence d’un grand centre ou d’une métropole, dont ils constituent les zones privilégiées de recrutement. Les modèles sont Settat, Ben Ahmed, Rommani, Souk el Arba, Sidi Kacem, Tissa, Taounate, Aknoul, etc… Entre ces deux grands types, il y a des zones intermédiaires, où l’on peut distinguer deux catégories : les espaces partagés et les espaces indifférenciés Les espaces partagés se situent logiquement dans les interstices qui séparent les espaces polarisés : Had Kourt et Sidi Kacem, entre Meknès d’un côté et Rabat-Kénitra de l’autre. Rhamna entre Casablanca et Marrakech Les espaces indifférenciés concernent une vaste zone, centrée sur le Moyen Atlas, prolongé à l’est vers les steppes arides du Rekkam et à l’ouest, vers le plateau central. Cela va de Midelt à Khenifra et Guercif. Au total, on est conduit à traiter l’espace selon cinq catégories : – espaces de croissance – espaces polarisés ou périphéries des espaces de croissance – espaces partagés, à la marge des précédents. – espaces indifférenciés – espaces éloignés • Les trois premiers types forment un ensemble placé sous le signe de la polarisation, alors que les deux derniers sont de vastes espaces homogènes et non-polarisés. Cette distinction est fondamentale pour l’aménagement du territoire. • Il y a forcément deux approches différentes selon que l’on se situe dans le domaine polarisé par des espaces de croissance ou dans la partie qui en est dépourvue (problématique efficacité – équité). Dans le premier, il faut concevoir les espaces régionaux autour des villes majeures avec pour objectif d’entraîner le monde rural et les petites villes ; Dans le second, les problèmes sont plus complexes et les conditions beaucoup plus difficiles. Il s’agit ici de promouvoir des centres capables d’assurer les services sur de vastes espaces peu peuplés et susceptibles d’acquérir progressivement une certaine consistance économique, en associant intelligemment le tourisme avec les activités de base (agriculture – artisanat) et surtout en respectant le milieu et ses traditions culturelles. Mekki Zouaoui Economiste Faculté des sciences économiques de Rabat/ Agdal