Les Chèvres Noires venues de loin

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Les Chèvres Noires venues de loin
Filière Ovine et Caprine n°18, octobre 2006
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HISTOIRE D’AUTREFOIS
« Les Chèvres Noires venues de loin … »
Henri Haidon, éleveur
Nous allons tout d’abord essayer de mieux connaître cet
animal qu’est la chèvre.
Elles sont apprivoisées dès le néolithique (3000-2000
av.JC). Ce sont des ruminants aux cornes arquées
généralement en arrière, aux nombreuses races sauvages
et domestiques, grimpeuses et sauteuses. Elles
représentent cependant une menace pour la végétation
car elles broutent aussi bien les jeunes pousses et les
feuilles des arbustes que l’herbe. Jadis elles ont dévasté
plus d’un flanc de montagne, en particulier dans les
Alpes.
La facilité de nourrir ces chèvres qui mangent presque
tout a permis aux familles les plus pauvres, ne possédant
pas de terre, de se procurer un complément de
nourriture. Il suffisait d’emmener le troupeau le long
des chemins afin qu’il trouve de quoi se nourrir.
Vu le nombre croissant de chèvres, il fallu se déplacer
toujours plus loin. Certains chevriers pyrénéens, les
moins nantis, cherchent le moyen d’assurer leur pain
quotidien. Ils y arrivèrent mais au prix de grands
sacrifices. Ils ont une vie de bohème et parcoururent des
très nombreuses régions.
Un beau soir d’été, ils sont arrivés cher nous avec leurs
roulottes. A l’arrière de celle-ci se trouvait un râtelier
assez haut contenant la réserve de fourrage fauché en
cours de route. Le troupeau, bien encadré, par des
chiens fermaient la marche. Ces chèvres donnaient peu
de problème. Elles étaient habituées au public, certaines
étaient cependant plus têtues.
Le passage de cette caravane se reproduisit chaque
année à Saint-Georges. En provenance d’Andenne,
quand les chevriers arrivaient dans la commune de
Saint-Georges, ils jouaient à la flûte des airs de chez
eux. Tout le monde sortait de sa maison. On criait à la
voisine « dépêche toi, voici les chèvres noires, elles sont
magnifiques ». Les bêtes avides de nourriture et de
caresses entouraient femmes et enfants. La vente de lait
commençait. On versait le liquide dans des poêlons ou
pots en terre cuite. La tasse coûtait environ 5 vents.
Les chevriers nouèrent même des liens d’amitié avec la
population du village. Tout le monde n’était pas du
même avis. Il arrivait qu’une personne, armée d’un
balai, monte la garde devant sa haie, car l’année
précédente quelques chèvres étaient entrées dans son
jardin et y avaient causé des dégâts. Ces gens étaient
cependant minoritaires.
Dans la commune, la halte des nomades de tous métiers
se faisait sur les terre-pleins aux lieux dits : « li bwè dè
gattes et lès grands fayas.». (Fayas est le nom donné aux
frênes et hêtres : arbres pouvant atteindre 40 mètres). Le
surlendemain, tout ce beau monde reprenait le chemin.
Ce n’était pas un adieu mais un simple au revoir,
presque un rendez-vous. Le troupeau reprenait le
chemin du halage, le long de la Meuse, où la nourriture
abondante
et
n’appartenait
à
personne,
en
direction de Liège.
Bibliographie :
recherche sur les
archives du Musée de
la Vie Wallonne,
« Berger
pyrénéen
avec ses chèvres
noires, boulevard de
la
Sauvenière
à
Liège ».

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