Les Chèvres Noires venues de loin
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Les Chèvres Noires venues de loin
Filière Ovine et Caprine n°18, octobre 2006 29 HISTOIRE D’AUTREFOIS « Les Chèvres Noires venues de loin … » Henri Haidon, éleveur Nous allons tout d’abord essayer de mieux connaître cet animal qu’est la chèvre. Elles sont apprivoisées dès le néolithique (3000-2000 av.JC). Ce sont des ruminants aux cornes arquées généralement en arrière, aux nombreuses races sauvages et domestiques, grimpeuses et sauteuses. Elles représentent cependant une menace pour la végétation car elles broutent aussi bien les jeunes pousses et les feuilles des arbustes que l’herbe. Jadis elles ont dévasté plus d’un flanc de montagne, en particulier dans les Alpes. La facilité de nourrir ces chèvres qui mangent presque tout a permis aux familles les plus pauvres, ne possédant pas de terre, de se procurer un complément de nourriture. Il suffisait d’emmener le troupeau le long des chemins afin qu’il trouve de quoi se nourrir. Vu le nombre croissant de chèvres, il fallu se déplacer toujours plus loin. Certains chevriers pyrénéens, les moins nantis, cherchent le moyen d’assurer leur pain quotidien. Ils y arrivèrent mais au prix de grands sacrifices. Ils ont une vie de bohème et parcoururent des très nombreuses régions. Un beau soir d’été, ils sont arrivés cher nous avec leurs roulottes. A l’arrière de celle-ci se trouvait un râtelier assez haut contenant la réserve de fourrage fauché en cours de route. Le troupeau, bien encadré, par des chiens fermaient la marche. Ces chèvres donnaient peu de problème. Elles étaient habituées au public, certaines étaient cependant plus têtues. Le passage de cette caravane se reproduisit chaque année à Saint-Georges. En provenance d’Andenne, quand les chevriers arrivaient dans la commune de Saint-Georges, ils jouaient à la flûte des airs de chez eux. Tout le monde sortait de sa maison. On criait à la voisine « dépêche toi, voici les chèvres noires, elles sont magnifiques ». Les bêtes avides de nourriture et de caresses entouraient femmes et enfants. La vente de lait commençait. On versait le liquide dans des poêlons ou pots en terre cuite. La tasse coûtait environ 5 vents. Les chevriers nouèrent même des liens d’amitié avec la population du village. Tout le monde n’était pas du même avis. Il arrivait qu’une personne, armée d’un balai, monte la garde devant sa haie, car l’année précédente quelques chèvres étaient entrées dans son jardin et y avaient causé des dégâts. Ces gens étaient cependant minoritaires. Dans la commune, la halte des nomades de tous métiers se faisait sur les terre-pleins aux lieux dits : « li bwè dè gattes et lès grands fayas.». (Fayas est le nom donné aux frênes et hêtres : arbres pouvant atteindre 40 mètres). Le surlendemain, tout ce beau monde reprenait le chemin. Ce n’était pas un adieu mais un simple au revoir, presque un rendez-vous. Le troupeau reprenait le chemin du halage, le long de la Meuse, où la nourriture abondante et n’appartenait à personne, en direction de Liège. Bibliographie : recherche sur les archives du Musée de la Vie Wallonne, « Berger pyrénéen avec ses chèvres noires, boulevard de la Sauvenière à Liège ».