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Séquence 4
Comment les arts dénonce-t-il la société de consommation ?
Histoire des arts
1. Des chansons engagées qui critiquent la société de consommation :
En 2010, Damien Saez écrit « J’accuse ».

La pochette de l’album est une métaphore du propos : une femme nue dans un caddie ; tout s’achète et tout se jette, même l’amour. La
pochette a fait scandale et l’affiche fut interdite. Le ton est celui de la révolte contestataire, les vérités justes et assommantes dénoncent
la mondialisation. Musique rock, rythme entraînant, « Faut » faire ce que la société nous commande…
« Faut dépenser les p’tits sous
Faut du réseau pour les enfants
Faut ressembler à des guignols
Faut que tu passes à la télé
Pour rentrer dans les farandoles de ceux qui ont le blé »
Chacun est acteur malgré lui de la grande farce tragique…
« J’me ballade dans les grandes surfaces
J’ai pas assez mais faut payer
Je cours au gré des accessoires et des conneries illimitées »
De conclure :
« Oh l’homme ne descend pas du singe il descend plutôt du mouton ».

En 2001, Jean-Jacques Goldman écrit « Les choses », ces produits de consommation dont nous sommes dépendants.
« Si j’avais si j’avais ça
Je serais ceci je serais cela
Sans chose je n’existe pas
Les regards glissent sur moi
J’envie ce que les autres ont
Je crève de ce que je n’ai pas
Le bonheur est possession
Les supermarchés mes temples à moi »
Jean-Jacques Goldman explique ainsi sa chanson : « Les choses », c’est un portrait.
Tous ces gamins qui pensent que s’ils n’ont pas un survêtement de telle marque, s’ils
n’ont pas une montre de telle marque, une casquette de telle marque, ils n’existent pas.
S’ils ne sont pas habillés comme ça, ils ne vont pas plaire aux filles, s’ils ne sont pas
dans une grosse voiture, ils ne valent rien. Je trouve ça super triste. C’est comme s’ils
étaient des porte-manteaux. Comme si on ne les jugeait que par rapport aux choses et
plus par rapport à ce qu’ils valent.
2. Un film : Mon oncle de Jacques Tati
Le clip
de J.J. Goldman reprend l’esthétique « Pop Art » des tableaux américains ; on se croirait également dans la maison
« idéale » de Mon Oncle de Jacques Tati en 1958.
« A une époque où triomphent les Arts ménagers et le confort moderne, où l’on assiste
aux débuts de la domotique, Jacques Tati a imaginé, inventé, avec son complice Lagrange,
l’inoubliable Villa Arpel très vite devenue mythique. Passé le jardin rectiligne rose et bleu,
son plan d’eau et ses nénuphars de plastique, son poisson fontaine qui gargouille, ses
poiriers en espalier, son garage et la Chevrolet bel Air 1956 de Monsieur Arpel, vous
pourrez découvrir la cuisine robotisée, high tech, immaculée de Madame Arpel, la
chambre très fonctionnelle du petit Gérard qui s’y ennuie, le vaste salon et son canapé
haricot, le vase Dubroc, les baies vitrées et les fauteuils coquetiers du couple… » Macha
Makeïeff
La Villa Arpel, «vedette» du film Mon Oncle
Mythe pour de nombreux artistes, la Villa Arpel est encore perçue par certains comme le symbole de l’architecture contemporaine. Elle s’est
imposée dans la mémoire collective comme l’élément emblématique de Mon Oncle. Alors, pourquoi une telle importance, au point de devenir
«la vedette du film»?
1. la Villa Arpel, symbole de la modernité et des préoccupations de Tati
Les films de Jacques Tati regardent avec fascination et non sans une certaine critique la
transformation de la société française après la Seconde guerre mondiale. La
modernisation des foyers est en marche, l’aspect fonctionnel des habitations est mis en
avant, grâce notamment au développement de la production industrielle, au détriment
d’une certaine douceur de vivre et d’une belle nonchalance. Le design envahit les maisons,
associant l’esthétique au pratique. La Villa concentre alors en elle tous ces nouveaux
objets sensés améliorer le quotidien. Elle est le symbole de la modernité que Tati ne cesse
de filmer.
2. Le décor, personnage principal du film
Chez Tati, le décor est un personnage comme les autres ou plutôt le personnage
principal du film: « Quand on fait toute une histoire sur le budget d’un film, je
réponds que ce décor qui avait l’air d’être énorme, ne coûtait pas plus cher que Mlle
Sofia Loren... Alors qu’il n’y avait pas de vedette dans le film ou plutôt, c’est le décor
qui a la vedette. »
Cette mise en avant du décor est à mettre en relation avec la présence en arrière
plan du personnage que joue Tati: « le film idéal serait sans Hulot ! Ce que je
voudrais, c’est qu’on le voie de moins en moins, et qu’on voie de plus en plus les
autres». Contrairement à d’autres personnages burlesques, Hulot s’efface pour faire
naître le rire. Il est le témoin plutôt que l’acteur du spectacle de la modernité. Elle
révèle aussi une certaine façon «d’habiter» de M. et Mme Arpel, si satisfaits de leur
réussite sociale.
3. Une personnification de la Villa
La villa Arpel, dans ses formes, prend l’allure d’un personnage vivant.
Les hublots se transforment en œil, et elle guette de nuit comme de
jour. Les bruits qui s’en échappent se substituent aux dialogues des
personnages. En ce sens, Jacques Tati réussit son pari, avec malice
et humour, en mettant en avant l’action des machines et mécaniques
au profit des actions humaines et critique ainsi une modernité
déshumanisée.
3. Des œuvres plastiques
Sculpture hyperréaliste (plâtre, polyester et fibres de
verre peinte).
Duane Hanson, « Supermarket lady » 1969, Ludwig
forum, Aix la Chapelle.
Auteur : Américain. Sculpteur. Chef de file de l’Art hyperréaliste (année 60) :
modèle grandeur nature en résine et fibre de verre. Il porte un regard critique sur
«l’américan way of life ». Il dit : « Mes motifs préférés sont les américains de la
classe inférieure et moyenne. Pour moi la résignation, le vide et la solitude de leur
existence rendent bien la véritable réalité de la vie de ces gens ».
Analyse de l’œuvre : Représente la société de consommation américaine des années
60 : consommation de masse avec l’apparition des supermarchés (en // à
l’urbanisation). La ménagère peut presque tout acheter au même endroit, elle remplit
son caddy de produits de l’industrie agroalimentaire. Celui-ci regorge de produit qui
montre l’opulence de l’Amérique de ces années. On imagine la voiture qui l’attend sur
le parking (un des produits symbolique de cette société) qui permet de transporter
toutes ses provisions.
De même l’embonpoint de cette femme fait référence à l’opulence de cette société.
Pourtant, sortie de son contexte : côté ridicule et esseulée. Elle porte des bigoudis
et des chaussons, improbable en Europe mais elle peut faire partie du quotidien aux
USA.
Auteur : Barbara Kruger. Née après la 2°guerre mondiale (1945). Américaine. Travail
comme désigner dans des agences de pub, elle en connaît donc parfaitement les codes. Son
but est de montrer comment la pression des sociétés nous conduit à avoir un comportement
normalisé.
Analyse de l’œuvre : A la manière d’une affiche publicitaire (pilier de la société de
consommation). Le slogan « J’achète donc je suis » en référence ou opposition à Descartes
« je pense donc je suis ». Pas de visage, nous (s’adresse directement au spectateur) ne
sommes qu’une main qui achète (slogan sur une carte comme une carte de crédit). Couleur :
rouge, noir et blanc sont minimales et inquiétantes. Le rouge signal le danger : Cherche à
intimider, à faire réagir. = Critique de la société de consommation et surtout de notre
consumérisme (on achète pour l’image que nous donne le produit et non par besoin).
Photomontage. Chris Jordan, « baby dolls » 1989
Photomontage - Barbara Kruger, Sans titre
(I shop therefore I am), 1987. 281,90cm X 287cm.
Auteur: Chris Jordan. Américain. Dans sa série « running the numbers », il veut illustrer les
statistiques américaines de la surconsommation.
Analyse de l’œuvre : Illustre cette statistique : chaque mois 32 000 opérations
chirurgicales (implants mammaires) aux USA. 32 000 poupées barbies sont donc
rassemblées pour former le buste d’une femme. Ces poupées représentent la femme au
corps parfait, c’est aussi un objet de consommation de masse très courant (peu de petites
filles n’en ont pas). Il dénonce ainsi la normalisation des corps imposée par la société de
consommation et la culture du paraître qui prime sur les autres aspects de l’être humain.

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