Le quotidien des PHAR au CHG de Chartres

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Le quotidien des PHAR au CHG de Chartres
HÔPITAUX EN RÉGIONS
La Rédaction de PHAR ouvre une nouvelle rubrique. Régulièrement, vous y lirez la vie quotidienne de PHAR qui auront souhaité témoigner sur leur centre hospitalier. Conditions de travail,
mise en perspective dans l’environnement sanitaire, relations internes, vie institutionnelle, projets, regrets. N’hésitez pas à contacter la Rédaction si vous souhaitez faire part de votre expérience,
de vos satisfactions, comme de vos « coups de gueule ». Nous commençons ce tour des régions
par la Beauce …
Le quotidien des PHAR au
CHG de Chartres
UNE INTERVIEW DU DR DOMINIQUE WILLAUME
e Centre hospitalier général de Chartres draine près de 30 % de l’activité chirurgicale
de l’Eure-et-Loir. Le docteur Dominique Willaume, chef du service d’anesthésie, nous
présente son établissement et les conditions de travail au quotidien des anesthésistes
qui y travaillent.
L
PHAR : Quelle est la capacité chirurgicale de l’hôpital de Chartres ? Quelle est sa part comparativement aux établissements voisins publics et privés ?
Dominique Willaume : Le CHG de Chartres comporte 133
lits de chirurgie, 14 lits de gynécologie et 56 d’obstétrique,
auxquels s’ajoutent 15 lits de chirurgie ambulatoire ; nous
travaillons également avec l’unité de colonoscopie. De plus,
l’hôpital compte une maternité qui réalise un peu plus de 2
400 accouchements par an.
D’après les chiffres de la Fédération hospitalière de France,
cette activité chirurgicale représente environ 29 % de celle
du département. Le reste de l’activité se répartit entre le centre hospitalier de Dreux (18 %), deux cliniques privées de
Chartres (10 % chacune), les CH de Châteaudun (5 %) et
de Nogent-le-Rotrou et deux cliniques à Dreux. Une petite
fraction de l’activité est réalisée hors du département, au
CH de Rambouillet et au CHR d’Orléans. Enfin, on constate
une « fuite » de près de 18 % de l’activité vers la région parisienne (10 % vers le public et 8 % vers le privé).
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PHAR : Pouvez-vous nous décrire l’organisation
quotidienne de votre service ?
DW : Le service d’anesthésie dispose de 11 postes de PH
équivalents temps plein, mais seuls 9,5 sont à ce jour pourvus, faute de candidats. Nous avons recours à des vacataires réguliers, tout à fait intégrés à l’équipe, qui assurent chacun environ trois gardes par mois. Chaque jour, 6 médecins
doivent être présents : 3 au bloc, 1 en maternité, 1 en
consultation et 1 « extérieur bloc » qui prend en charge les
malades en salle ou vient aider au bloc selon l’activité.
Vingt IADE et une surveillante travaillent dans le service,
l’équipe subit relativement peu de turn-over de personnel,
probablement grâce au fait que nous avons encore des
gardes de 24 h ce qui représente un facteur d’attractivité pour
des personnels dont un bon nombre habitent assez loin de
l’hôpital.
L ES
GARDES DE
24
H SONT UN
FACTEUR D ’ ATTRACTIVITÉ POUR NOS
IADE.
Cette équipe a géré précisément 7 829 interventions au bloc
en 2006, dont 25 % d’actes en ambulatoire et 17 % sous
anesthésie locorégionale. Le bloc est constitué de 8 salles
7 sont ouvertes en même temps avec une IADE par salle et
habituellement un médecin pour deux salles, sauf en cas d’interventions particulièrement lourdes.
PHAR : Comment se passe la programmation quotidienne du bloc opératoire ? Existe-t-il un conseil
de bloc ?
DW : Chaque jour, 2 salles sont consacrées à la chirurgie
viscérale, 2 à l’orthopédie et 2 à la gynécologie, la dernière
à la colonoscopie ou l’ORL. Les chefs de services de chirurgie répartissent l’activité des chirurgiens. Le programme
froid est réalisé de 8 h à 16 h, 2 ou 3 salles restant ouvertes jusqu’à 18 h en cas de débordement. La garde commence
à 18 h, avec un médecin et une IADE sur une salle. Il y a,
par ailleurs une garde totalement indépendante pour la
maternité.
Nous essayons de programmer les ouvertures de salles au
moins un mois à l’avance en tenant compte, par exemple,
de notre participation aux congrès. Le conseil de bloc se
réunit une fois par an, mais les discussions opérationnelles
HÔPITAUX EN RÉGIONS
sont bien plus fréquentes et la salle de café remplace bien
souvent (et avantageusement ?) la salle de réunion…
LE «
MANAGEMENT- CAFÉ
ÇA MARCHE
»,
!
PHAR : Comment se structure l’organisation polaire
dans votre établissement ?
DW : Depuis un an, nous sommes regroupés au
niveau du pôle avec le service de réanimation (12 lits), ayant ses PH indépendants,
et les services de chirurgie. Ce pôle est
cohérent médicalement, ce qui n’est
pas le cas sur tout l’hôpital… Mais,
à mon regret, l’activité de chirurgie gynécologique fait partie,
avec l’obstétrique et la maternité
du pôle femme-enfant.
Le pôle est dirigé par le chef du
service de réanimation, titulaire
d’un master de management
médical, et qui était volontaire
pour le poste.
PHAR : Il y a quelques années
l’administration considérait le bloc
comme un poste dispendieux. Qu’en
est-il aujourd’hui ?
DW : La tarification à l’activité a radicalement fait changer cet avis. Dans le budget global, la pose d’une ou deux
prothèses de hanche par jour coûtait cher à l’hôpital ;
aujourd’hui, ces mêmes actes rapportent des points ISA.
Nous avons la chance d’avoir une grande part d’activité
programmée, qui est la plus rentable, même si nous avons
notre lot de malades âgés, de pathologies lourdes et de
patients en fin de vie.
PHAR : Comment s’organisent votre FMC et votre
EPP au sein de l’hôpital de Chartres ? Les congrès
sont-ils financés ?
DW : Depuis cette année, le budget de formation est géré par
le pôle et non plus, comme précédemment, par une commission au niveau de l’établissement. Chaque médecin a ainsi droit
à un ou deux congrès payés par an (frais d’inscription et de
déplacement). En anesthésie, nous participons à au moins un
des grands congrès nationaux et chacun choisit aussi, en
fonction de ses pôles d’intérêt, d’autres manifestations plus spécialisées.
PHAR : Avez-vous des plages additionnelles rémunérées et un contrat les concernant ? Comment ce
dossier a-t-il été géré ?
DW : Lors de la mise en place du temps additionnel, nous
avions été un peu rémunérés, puis ce budget a été supprimé.
Notre discours à la direction a alors été clair exprimant le refus
de la prise de temps additionnel, avec pour conséquence
logique la fermeture de salles si rien n’était fait. La direction
a, bien sûr, craint pour la baisse de l’activité et la T2A et a
proposé de faire travailler des intérimaires, ce qui fut fait.
Nous avons donc pris des personnels intérimaires, au tarif
des sociétés d‘intérim (plus de 900 euros nets par journée,
sans compter la rémunération de la société d’intérim et le
transport)… Il a fallu moins de trois mois à la direction pour revenir sur sa décision !
Environ une moitié du temps additionnel au-delà de 2 000 heures est
aujourd’hui payée, au minimum
tous les 4 mois, et souvent,
en pratique, en fin de chaque
mois, ce qui représente
pour nous une garantie
face aux « fins de budgets
difficiles ». La prise de
temps additionnel se fait
sur la base du volontariat,
sous mon contrôle. Il n’y a
pas de contrat écrit précis
concernant ces plages additionnelles.
PHAR : Pouvez-vous nous
citer trois segments forts d’activité de votre hôpital ? Et les points
qui restent à améliorer ?
DW : En orthopédie, tant en chirurgie programmée de pose
de prothèse qu’en traumatologie, nos chirurgiens ont une
notoriété locale certaine, accompagnée d’une bonne disponibilité. La maternité est un autre point fort de l’hôpital,
avec plus de 85 % d’accouchements sous péridurale, des
bâtiments relativement neufs et de bonnes conditions d’hôtellerie. Enfin, je citerai l’importante activité du service de cardiologie en coronarographie et en angioplastie.
À mon sens, le plus gros point faible de notre pôle est le suivi
au niveau des services d’hospitalisation, en raison de l’absence d’internes en chirurgie et en anesthésie. Les réanimateurs sont, bien sûr, là pour les cas les plus graves, mais
pour les patients intermédiaires, ce sont les anesthésistes
qui doivent assurer le suivi. Lorsque la charge de travail est
trop lourde au bloc et en consultation, c’est ce suivi qui souffre en premier…
En raison du numerus clausus, les anciens postes d’internes en chirurgie et en anesthésie n’ont plus été pourvus, ont
donc disparu et ont été transformés respectivement en
postes d’IBODE et d’IADE. Nous venons de refaire une
demande d’accréditation pour l’anesthésie cette année…
Propos recueillis par A. LE MASNE
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