La Truffe-champignon. — N`existant pas, les excrétions radicales ne

Transcription

La Truffe-champignon. — N`existant pas, les excrétions radicales ne
6« A N N É E ,
№
24.
REVUE NtYCOLOGIQUE
1" OCTOBRE
1884.
RÉDACTION : R U E RÎQUET, 3 7 , TOULOUSE.
G é n é r a t i o n e t c u l t u r e d e l'a t r u f f e
Par
(1).
M. Henri BONNET.
La Truffe-champignon. — N'existant pas, les excrétions radicales
ne peuvent fournir cette goutte de sève douée de la faculté de s'organiser, de vivre en se changeant en truffe. La truffe n'étant pas non
plus une galle, qu'est-ce donc? Un champignon ; le plus sain, le plus
parfumé, le plus apprécié des champignons; je l'avais déjà fait p r e s sentir. Comme tous ses congénères, elle est le fruit d'un mycélium.
M. Grimblot ne l'a pas vu. Cependant, au dire de Ronconi ( 2 ) , on
avait déjà, en 1804, remarqué en Italie « de petits fils qui, sortant
des truffes, pénétraient dans le sol, et l'on croyait que ces fils r e m plissaient les fonctions de racines : Sono state osservate ancora alcune
picciole fibre che da tartufi si pai tono, e penetrano nel terreno, e si
crede che queste possino fare l'uffizio di radici. » Ce mycélium, découvert d'abord par M. Tulasne dans les truffières du Poitou, j e l'ai
trouvé dans les miennes, comme plus tard M. Chatin l'a fait au
Grand-Poncé, chez M. Foucauld.
Ainsi que M. Tulasne, j'ai été à même d'étudier ce mycélium e n veloppant plusieurs truffes parfaitement saines, pénétrant leur p e r i dium et se confondant avec leurs veines nourricières. Ce n'est point
chose rare d'ailleurs, quand on soumet les tubéracêes comestibles à
l'analyse microscopique, d'apercevoir des filaments isolés ou réunis
en touffe, simples ou ramifiés, implantés sur leur écorce. Ils existent
en très grand nombre sur celle de toutes les variétés de truffes rousses, particulièrement de la variété Bonneti (3), dont ils remplissent
les dépressions et surtout les gerçures d'un duvet roux perceptible à
l'œil nu. Le T. panniferun Tul., et une variété de ce champignon
dépourvue de fossette basilaire, que j ' a i déterminée, demeurent
constamment enveloppés de ces filaments comme d'une croûte veloutée. Ces filaments, cette croûte, ne sont autre chose que les vestiges
dû mycélium, plante dont la truffe est issue ou cette plante ellemême. Sa couleur varie suivant l'espèce ; blanc et jaunâtre chez les
espèces comestibles, il est verdâtre ou violet chez les Elaphomyces
et roux chez les T. rufum, panniferum et autres.
La durée du mycélium est-elle aussi courte qu'on veut bien le
dire ? Sur ce point, il serait bon de s'entendre. M. Rey de Saumanes, si je ne me trompe, a parlé de truffières existant de temps i m mémorial ; beaucoup d'autres sont, à ma connaissance, exploitées
depuis trente, quarante ans et plus. La plante dont on recueille le
fruit depuis une époque aussi reculée a le droit, ce me semble, d'être
appelée vivace. D'un autre côté, la plupart des truffes récoltées sont,
en apparence au moins, séparées du mycélium qui les a produites ;
à ce point de vue, sa durée est courte, elle dépend de circonstances
jusqu'à présent inconnues. Au reste, la brièveté de cette adhérence
(1) Voir Revue mycologique n° 2 3 .
(2) Dizionario d'agricoltura,
ossia la coltivazione
Italiana, da Ignazio Ronconi, Quinta edizione, Venezia MDCCCIV (T. 5. T.)
(3) T. Bonneli, Variété du T. rufum. Je l'avais envoyée à M. Roumeguère, d i recteur de la Revue mycologique,
qui a bien voulu la décrire et me faire l'honneur de lui donner mon nom.