Fiche armillaire - Société Royale Forestière de Belgique
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Fiche armillaire - Société Royale Forestière de Belgique
Réussir sa forêt Maladies fiche technique n° 2 L’armillaire1 par H. Pauly, DSF2 Bordeaux L Les différentes espèces d’armillaires Photo C.F. Maugard, DSF Sept espèces d’armillaires peuvent être rencontrées en France et en Belgique. Les plus agressives sont Armillaria ostoyae (armillaire obscure), en général sur résineux, et Armillaria mellea (armillaire couleur de miel), plutôt trouvée sur feuillus. Les carpophores (fructifications) d’A. mellea apparaissent en touffes au collet des arbres et se distinguent par leur chapeau jaune couleur de miel. A. ostoyae a un chapeau brun Photo C. Van Meer, ONF es armillaires sont des champignons à lamelles capables d’infecter une large gamme d’hôtes essentiellement ligneux. Communément rencontrées dans nos forêts, elles contribuent à la décomposition du bois mort, mais elles peuvent aussi développer un caractère pathogène (capacité à provoquer des troubles chez un hôte) sur de nombreuses essences forestières. Dans ce cas la pénétration du champignon au niveau des racines de l’arbre peut provoquer sa mort. Apparition d’Armillaria mellea (couleur de miel) à l’automne au pied des arbres rougeâtre recouvert d’écailles foncées. Parmi les autres armillaires assez communes citons A. gallica et A. cepistipes. Si la seconde se développe sur bois mort, la première peut s’attaquer aux arbres affaiblis. Biologie et mécanismes d’infection Les spores, libérées au niveau des lamelles, sont disséminées au gré du vent. Leur germination donne naissance à des filaments mycéliens. Le mycélium des armillaires a la particularité de pouvoir se différencier en organes spécialisés, les rhizomorphes, sorte de cordons bruns, souterrains, qui sont des organes de conservation, de prospection (croissance d’un à deux mètres par an), de dissémination et parfois d’infection des racines des végétaux supérieurs. Le mycélium d’armillaire envahit le bois mort qu’il rencontre en développant une pourriture blanche caractéristique de la dégradation de la lignine, des hémicelluloses et de la cellulose. Armillaria ostoyae au collet d’un résineux Article extrait de Forêts de France (n° 527 – octobre 2009). C’est grâce à une étroite collaboration entre la Société Royale Forestière de Belgique et la Fédération des Forestiers privés de France que la rédaction de Silva Belgica reprend cet article. 2 Département de la Santé des Forêts. 1 Quand il s’exprime en tant que pathogène, le champignon pénètre dans le système racinaire de l’arbre vivant selon deux mécanismes d’infection possibles : • Le passage du champignon peut avoir lieu au niveau d’un contact racinaire entre un système racinaire mort contaminé vers la racine d’un arbre vivant. Société Royale Forestière de Belgique, Galerie du Centre, Bloc 2 - 6e étage à 1000 Bruxelles - Tél. : 02/223.07.66. Fiche réalisée grâce au soutien de la Région Wallonne. 117 - 4/2010 (1) I Maladies - fiche n° 2 Bonnes pratiques sylvicoles Photo L.M. Nageleisen, DSF • le mycélium du champignon différencié en rhizomorphes peut aussi pénétrer entre l’écorce et le bois des racines saines. Palmettes mycéliennes développées à la base de l’arbre Une fois la pénétration racinaire initiée, si la réaction de l’arbre ne stoppe pas l’agression, le mycélium se développe au niveau de l’assise génératrice (zone de croissance de la racine), formant un manchon mycélien autour de la racine. Il se différencie alors en palmettes blanches et plates caractéristiques, gagne le collet et de là se propage à l’ensemble du réseau racinaire et à la base du tronc. Dégâts forestiers des mortalités de proche en proche, d’où le nom de « maladie du rond » donnée à ces types d’attaques. En peuplements mélangés à dominante feuillue, l’armillaire provoque rarement des dégâts importants. Plusieurs espèces d’armillaires coexistent alors et le développement des espèces les plus agressives est limité par la concurrence des autres espèces. En peuplement mélangé les contacts racinaires sont moins fréquents, limitant d’autant le passage du pathogène d’un arbre à l’autre. Par contre, à la faveur d’un déséquilibre physiologique important (accident climatique, attaque d’insectes…), l’armillaire peut intervenir dans le développement de phénomènes de dépérissements multifactoriels. Dans ce cas, elle profite de l’affaiblissement de l’arbre induit par un stress pour envahir son système racinaire et entraîner sa mort. Méthodes de lutte En l’absence de fongicide homologué pour lutter contre ce pathogène en forêt et de technique curative en cas d’attaque, les méthodes de luttes se résument à des conseils préventifs de gestion sylvicole. Des décisions réfléchies doivent être prises lors d’un renouvellement de peuplement, suite à la coupe définitive d’un peuplement infesté : la présence de souches contaminées constitue en effet un facteur prédisposant à de nouvelles attaques. La meilleure solution consiste alors à effectuer une substitution d’essence, en remplaçant par exemple des résineux par des feuillus. A défaut un dessouchage soigné permet de réduire la présence du champignon. Par contre, un labour profond sur un terrain contaminé provoque l’extension de la maladie du fait de la dissémination des racines infectées. 117 - 4/2010 II Les observations de dégâts d’armillaires concernent majoritairement les essences résineuses et plus précisément les boisements d’essences introduites implantées hors stations optimales. L’armillaire s’attaque alors aux sujets les plus faibles. Mais elle peut aussi se comporter en parasite primaire, c’est à dire s’attaquer à des arbres parfaitement sains, notamment en peuplements résineux issus de plantation où l’intensification de la sylviculture génère un grand nombre de souches. Ces souches mortes envahies par le champignon constituent un réservoir de mycélium capable d’attaquer les arbres sains. La progression du mycélium dans le peuplement peut provoquer Photo FX. Saintonge DSF Compte tenu des différences de comportement des diverses espèces, on peut observer «l’armillaire» sur une grande gamme de milieux. Mycélium blanc sous cortical différencié en palmettes Société Royale Forestière de Belgique Maladies - fiche n° 2 Bonnes pratiques sylvicoles L’adaptation des essences à la station concernée et la mise en œuvre soignée de la plantation à une période optimale, permettront de réduire la crise de transplantation et favoriseront le boisement dans une confrontation éventuelle avec le champignon. Le choix des densités de plantation peut aussi permettre d’éviter des dégâts : de fortes densités génèrent, à la faveur des éclaircies, des quantités supérieures de souches qui constitueront des réserves de mycélium. De même, faire le choix d’un dépressage plutôt qu’une éclaircie tardive limite les quantités de bois mort dans le sol. Enfin le choix d’un mélange d’essences, propre à favoriser la diversité de la flore des armillaires, tendra à limiter l’expansion des espèces les plus virulentes. Conclusion L’armillaire fait partie de la flore naturelle de nos forêts tempérées. Si les dégâts qu’elle occasionne en forêts mélangées à dominante feuillue sont mineurs et s’apparentent au prélèvement des arbres les moins vigoureux, son comportement agressif vis à vis des arbres sains peut être redoutable notamment en plantations résineuses monospécifiques. Il convient de s’entourer d’un maximum de précautions, en particulier en phase de renouvellement des peuplements, pour éviter l’expression pathogène de ce champignon à la faveur d’un stress. Fiche publiée grâce au soutien du Ministre wallon de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme dans le cadre de la subvention « Information et formation à la gestion en forêt privée et sensibilisation du public à la forêt ». ASSEMBLEE GENERALE STATUTAIRE N.T.F. tiendra son Assemblée Générale annuelle le mercredi 23 juin 2010 en fin de journée au Moulin de Beez Monsieur DIDIER REYNDERS Vice-Premier Ministre et Ministre des Finances, Président du MR nous fait l’honneur de bien vouloir nous faire part de ses visions sur la ruralité Réservez cette date dans votre agenda, les informations complémentaires vous seront communiquées par courrier 117 - 4/2010 Société Royale Forestière de Belgique III