Séquence n° 2 : La conscience du mal

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Étude des comportements et apports de l'enseignement du fait religieux
en milieu scolaire, Roger Guizonne, juin 2006
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SÉQUENCE N° 2 : LA CONSCIENCE DU MAL
1 - PRÉAMBULE
Notre deuxième proposition de séquence s'appuie sur ce texte de Victor Hugo tiré de la Légende des
siècles : La conscience.
À travers l'étude du poème du V. Hugo "La conscience", qui relate un épisode de la relation entre le divin
et l'humain, il s'agit de guider la réflexion des élèves sur une situation de violence révélée, sur ses
conséquences dramatiques lorsque l'homme s'obstine dans l'erreur. Ce travail est une invitation à se
regarder de l'intérieur.
Le récit de Victor Hugo ; "La conscience", inspiré du chapitre 4, du livre de la Genèse raconte l'histoire
de Caïn, premier fils d'Adam et d'Eve, qui, jaloux de la faveur que Dieu accorda à son frère Abel, le tua,
fut maudit par Dieu et condamné à être "fugitif et vagabond sur la terre".
Nous rappelons qu'il s'agit là d'un récit mythologique transporté par des siècles de traditions orales. Ce
n'est pas une description historique au sens moderne du terme du premier crime, et nul ne sait les
paroles que Dieu a réellement prononcées.
La vérité de ce récit réside essentiellement dans le "pourquoi" posé, la question du sens qui structure le
sujet humain comme "autre" que l'animalité. Croyants ou non, ce récit a pour tous, quelque chose à dire,
qui à la fois donne à réfléchir mais aussi donne un sens à la vie.
"La conscience", est une mise en scène dramatique de la suite de l'acte fratricide de Caïn, où le poète
nous présente un homme aux abois, qui mène une lutte désespérée contre une entité qui le dépasse. A
la tempête qui se déchaîne sous son crâne, et qui l'entraîne dans une fuite éperdue, s'oppose la force
tranquille de l'œil qui le poursuit impitoyablement jusque dans la tombe !
Victor Hugo a écrit : "C'est au dedans de soi qu'il faut regarder le dehors".
Au dessous de la surface du moi, surface agitée par les désirs, les angoisses, les préoccupations
quotidiennes, se trouve le sanctuaire de la Conscience intégrale, calme, paisible, sereine, ce principe qui
fait de nous des humains.
Par l'intermédiaire de Caïn, le poète nous entraîne dans un face à face avec cet hôte qui est au plus
profond de nous-mêmes. L'affaire Caïn Abel est une des plus connues de l'histoire biblique. Son impact
sur l'imaginaire nous semble assez puissant pour ouvrir les élèves à la pensée symbolique, pour les
éduquer de l'intérieur tout en leur faisant découvrir la richesse des faits religieux.
Le travail régulier de ce genre littéraire, artistique, historique, ou autre loin de chercher à donner
mauvaise conscience aux élèves, à les effrayer ou à leur faire de la morale, permet de briser la
carapace d'agressivité générée par des causes multiples, pour atteindre l'essence même de leur être. Et
pour cause, ce travail anthropologique contribue à la construction de l'éthique ; une éthique comprise,
voulue et appliquée par chacun pour le mieux être de tous, aussi bien dans l'environnement immédiat,
qu'au sein de la communauté humaine.
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Avant tout apprentissage, il est absolument nécessaire de pacifier l'esprit spécifiquement humaine, n'a
jamais été prise en compte officiellement dans l'acte d'enseigner.
Peut-on obtenir une bonne récolte sur une terre non préparée ? Ou encore, peut-on espérer des
résultats optimums d'un élève qui arrive à l'école avec la peur au ventre ? A ces questions, on peut
répondre par la négative sans risque de se tromper.
Les stratégies d'apprentissage qui peuvent être développées dans chaque discipline par un
enseignement intégré du fait religieux sont de nature à résoudre ces problèmes. Ce récit peut servir de
support aussi bien en collège qu'en lycée, seuls le travail demandé et les objectifs sont alors adaptés au
niveau des élèves.
2 - DÉROULEMENT DE LA SÉQUENCE
Destinataire : Classe de sixième
Partie du programme de sixième
En français : le récit
En histoire : les hébreux en 6eme
En art plastique : réaliser un dessin inspiré par un vers du poème.
3 - OBJECTIFS
Savoir
- Saisir la notion de récit fondateur.
Savoir faire
- Identifier un texte d'inspiration religieuse
- Reconnaître le vocabulaire biblique.
Savoir être
- Agir selon sa conscience.
- Répondre de ses actes.
- Pacifier la relation avec autrui.
- Créer le besoin de lire la Bible.
4 - CONDUITE DE LA SÉQUENCE
La chasse aux représentations : deux démarches possibles
1) Demander à un élève volontaire de raconter de mémoire l'histoire de Caïn et Abel ; les autres élèves
complètent ou rectifient ce que dit le conteur.
2) Procéder par un questionnement.
- Qui étaient Caïn et Abel ? Qui est l'aîné ? Leur métier ?
- Quelle offrande firent-ils respectivement à Dieu ?
- Pourquoi Caïn fut-il irrité ?
- Pourquoi Caïn a-t-il tué son frère Abel ?
- Quelle a été l'attitude de Caïn lorsque Dieu lui demanda : "Où est ton frère ?"
- Quelle punition Dieu infligea-t-il à Caïn ?
- Quelle déclaration fit Dieu à Caïn pour adoucir sa peine ?
On écoute les réponses des élèves, on les laisse s'auto corriger. Lorsqu'un élève donne la bonne
réponse, le professeur confirme. On laisse en suspens les questions qui n'ont pas eu de bonnes
réponses.
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5 - COMPRENDRE ET EXPLIQUER LE TEXTE
Le schéma narratif
1) Les élèves procèdent à la numération des vers et font le plan du récit.
2) La situation initiale (vers l à7) ; l'élément déclencheur avec l'apparition d'un tiers : l'œil (vers 8 à 11) ;
les actions progressives pour y échapper (vers 12 à 60) ; la résolution (vers 61à 65) ; la situation
finale avec le dénouement fantastique du dernier vers.
3) Rechercher les détails qui recréent l'atmosphère du temps biblique.
4) Trouver les mots qui caractérisent Caïn (personnage maudit) : livide, sombre, sinistre...
5) Dire comment le poète a-t-il symbolisé le remords ? Et expliquer la signification de ce symbole.
6) Quel vocabulaire montre la présence inéluctable de "l'œil"? (Nœuds de fer, poids de plomb, tour de
pierre, blocs de granit, mur de bronze...)
7) Expliquer la description de la ville et de la défense gravée sur la porte (Vers 50-55).
8) Quelle explication concrète peut-on donner au dénouement fantastique du dernier vers : "L'œil était
dans la tombe et regardait Caïn ?"
6 - ÉVALUATION
En évaluation globale, nous proposons en fin de séquences un test aux élèves à partir d'un choix à faire
sur les différentes manières de répondre à la violence.
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