La jeunesse entre réalités du chômage et le rêve de l`émigration

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La jeunesse entre réalités du chômage et le rêve de l`émigration
La jeunesse entre réalités du chômage et le rêve de l'émigration
Prof. Abdelatif Kidai
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Université Chouaib Doukkali- Eljadida
Résumé
La jeunesse constitue une ressource humaine considérable lorsque les conditions
favorables pour en faire une locomotive de développement dans les sociétés modernes sont
réunies. Elle domine, comme il est constaté aujourd'hui, la pyramide des âges dans les pays en
développement. Ces pays sont d'ailleurs considérés, comme c'est le cas du Maroc, des
« sociétés jeunes ». Cette catégorie de la population est la plus fragile socialement, Elle doit
affronter les crises économiques et sociales et relever les défis de l'avenir.
Ce rapport, où nous avons essayé de définir les contours des principaux défis
qu’affronte la jeunesse marocaine dans le domaine de l'emploi et de l'émigration, a été divisé
en deux parties avec des conclusions.
Nous avons consacré la première partie à l'emploi, et plus particulièrement à la
problématique de la formation et sa relation avec l'emploi et les difficultés que rencontrent les
jeunes diplômés pour trouver des opportunités de travail.
Dans ce cadre, nous avons démontré que les jeunes vivent aujourd’hui la transition
dans toute son intensité. Les fonctions sociales de cette tranche d’âges (15-24) s’en trouvent
sensiblement bouleversées. Les jeunes ont vu leurs fonctions converger vers l’accumulation
de capital humain et de savoir-faire; option favorisée par l’offre du système éducatif et
consacrée par les difficultés d’insertion dans la vie active. Préconisée au début des années
1990, la « politique active d’emploi des jeunes » cède progressivement la place à une
politique active d’éducation–formation, récemment consolidée par la Charte Nationale
d'Education et de Formation.
Le rapport a exposé certains indicateurs concernant l’emploi et le chômage chez les
jeunes, au terme de l’année 2006. Selon les données, l’économie nationale a créé quelque 300
mille emplois nets et le taux de chômage a significativement baissé pour s’établir à 15,5% en
milieu urbain (contre 18,4% en 2005) et à 9,7% au niveau national (contre 11,1%). Ce sont les
jeunes de 25 à 34 ans, les citadins diplômés et les femmes qui en ont le plus profité.
Et pourtant, les données disponibles montrent qu'en général le taux de chômage des
jeunes 15-24 ans demeure très élevé, aussi bien pour les garçons que pour les filles et ce
quelque soit leurs niveaux de scolarisation. Cette situation tient du fait que cette catégorie de
population est constituée de personnes nouvellement arrivées sur le marché du travail et qui
sont en quête de leur premier emploi. À cela s'ajoute que ces jeunes travailleurs manquent de
qualification et d'expériences requises pour le marché du travail. D'un autre point de vue, les
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employeurs qualifient cette tranche d'âge d'immaturité et d’inexpérience et demandent sa
qualification et sa préparation aux demandes du marché de travail.
Le rapport s'est arrêté, aussi, sur les mesures prises par le gouvernement pour résoudre
cette problématique de chômage des jeunes. Ces mesures sont regroupées dans le programme
"Initiative Nationale pour l'Emploi 2006" qui a mis en exergue un certain nombre de
conclusions relatives à ce fléau et qui se résument en l'adéquation entre l'offre et la demande
sur le marché du travail. Cette dernière connaît depuis plusieurs années une augmentation
importante liée aux flux des nouveaux arrivés sur le marché de l'emploi. Cette augmentation
s’explique par le changement qu’a connu le marché d’emploi : demande de qualifications que
l’éducation et la formation ne garantissent pas, saturation du secteur public, fluctuations
économiques, etc.
Cette initiative nationale de l’emploi est axée sur quatre mesures à savoir :
- La promotion du travail rémunéré à travers l’insertion des personnes en quête d’un
premier emploi et surtout pour les jeunes diplômés chômeurs « programme
insertion »;
- Aide à la création des entreprises pour les porteurs de projets à travers le
programme « MOUKAWALATI » ;
Adéquation de la formation avec les besoins réels du marché de travail à travers
le programme « qualification- insertion » ;
- Une bonne gouvernance du marché de l’emploi susceptible d’améliorer les
structures est les mécanismes de régulation du marché de travail.
La deuxième partie du rapport s’est intéressée à la situation de l’émigration sous toutes
ses formes, et plus particulièrement l’émigration clandestine qui reste inquiétante pour la
coopération maroco-européenne. En effet, la situation géographique du Maroc fait de ce
dernier un point de transit privilégié même pour les migrants subsahariens.
Le rapport s’est attelé, ensuite, à décrire les mesures prises par le gouvernement
marocain ; afin de lutter contre l’émigration des jeunes et clandestine, et ce à travers le
programme de « l’initiative nationale pour la lutte contre l’émigration clandestine » comme
une approche globale qui intègre l’aspect juridique, institutionnel, sécuritaire, socioéconomique et communicationnel.
Le rapport s’est arrêté également sur l’émigration des compétences jeunes. Ceux qui
n’ont pas trouvé d’opportunité dans leurs pays d’origine et qui ont préférés renforcer leur
expérience dans les pays qui mettent à leur disposition des conditions meilleures dans les
domaines de la recherche scientifique et technique en cherchant les conditions propices pour
leur épanouissement.
En fait, les statistiques évoquent le nombre de plus d’un million d’africains ayant un
niveau d’instruction supérieur qui résident en Occident. Dans le même sens, le programme de
développement de l’ONU estime que le taux de ces migrants atteint dans les pays arabes et
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africains 54% des médecins, 26% des ingénieurs et 17% des cadres supérieurs lauréats des
universités et instituts arabes et africains, parmi ceux qui quittent leurs pays vers les EtatsUnis ou vers le Canada, et que plus de 50% d’étudiants arabes et africains qui poursuivent
leurs études à l’étranger ne retournent pas dans leurs pays d’origine.
Le rapport s’est ensuite intéressé aux facteurs de stimulation de toutes les formes
d’émigration des jeunes et qu’on peut résumer comme suit :
1- Les situations sécuritaires précaires de plusieurs pays surtout dans les pays
subsahariens qui connaissent plus de conflits militaires.
2- L’absence d’opportunités d’emploi adéquat pour les jeunes. En effet la majorité
des migrants sont des jeunes diplômés chômeurs qui n’arrivent pas à trouver un
emploi dans leurs pays d’origine et qui se trouvent obligés d’aller le chercher
ailleurs.
3- La situation économique précaire de la plupart des pays émetteurs de migrants et
le manque des perspectives de développement de ces pays ainsi que leur incapacité
de garantir à leurs populations l’accès aux services de bases ; surtout après les
hausses des prix des produits et services de première nécessité. Ceci oblige une
part importante des salariés de quitter leur emploi et tenter l’aventure.
4- La non intégration des jeunes dans la vie économique et sociale, ce qui provoque
une forte pression de leur milieu familial et les poussent à fuir ce calvaire.
5- Les facteurs attractifs dont jouissent les pays d’accueil : les situations d’ouverture,
amplifiées par l’explosion des médias, attirent beaucoup les jeunes qui considèrent
que ces pays constituent leur unique tremplin pour une vie meilleure.
6- A tous ces facteurs, il faut ajouter que plusieurs jeunes partent à la recherche d’une
formation suite à l’absence de certaines branches de formation dans leurs pays
d’origine.
En guise de conclusion, nous devons noter que, devant cette situation qui ne cesse de
s’empirer, il est urgent de développer une politique intégrée où les forces de tous les acteurs
convergent pour une nouvelle synergie.
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