La lutte contre l`immigration et les relations Maroc –Espagne
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La lutte contre l`immigration et les relations Maroc –Espagne
La lutte contre l’immigration et les relations Maroc –Espagne par Mehdi Lahlou Les autorités marocaines et espagnoles ont affirmé, à la suite de la visite à Rabat (les 25 et 26 avril 2005) de la première vice présidente du gouvernement espagnol, María Teresa Fernández de la Vega, ‘’l’excellence de leurs relations bilatérales’’ sur l’ensemble des volets de ces relations - économique, social, politique, de sécurité et celui qui se rapporte aux migrations. S’agissant plus particulièrement des la responsable espagnole, estimant ‘’que le Maroc comme l'Espagne sont des pays d'entrées et de sorties de deux continents‘’, a considéré que, ‘’Pour cette raison, nous vivons de manière très intense le phénomène migratoire …Des efforts très importants sont en train d'être déployés, mais nous devons encore faire plus d'efforts pour que les résultats soient meilleurs‘’. Quant au Premier ministre marocain, il a considéré, à la même occasion que ‘’ les relations entre le Maroc et l’Espagne évoluent favorablement dans tous les domaines‘’. Dans le même sens, il s'est félicité ‘’du niveau de la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme et de lutte contre la migration clandestine, en soulignant que les deux parties doivent déployer plus d'efforts et de mobiliser davantage de moyens pour continuer dans cette voie‘’. Réagissant également sur le processus de régularisation de la situation des immigrés marocains en Espagne, il a indiqué ‘’le Maroc fait confiance à l'Espagne pour traiter ce problème sensible avec beaucoup d'ouverture et dans le cadre de l'amitié maroco-espagnole. Nous savons, a-t-il notamment déclaré, que c'est un processus difficile et qu'il y a des drames humains mais nous sommes confiants dans la générosité du peuple espagnol et dans la manière avec laquelle le gouvernement espagnol s'attache à traiter ce problème difficile et sensible", a-t-il poursuivi. Pour sa part, la responsable espagnole a indiqué qu'une évolution en matière de collaboration entre les services de sécurité a été enregistrée, suite à la visite dans le Royaume du ministre espagnol de l'Intérieur, une évolution non seulement dans le domaine de l'échange d'informations, mais également en matière de participation des différents corps de sécurité et de la police des deux pays dans des opérations de prévention conjointes ; elle a également estimé, concernant l'immigration, que ‘’cette question "sensible" revêt un intérêt commun pour les deux pays‘’. Ella soutenu, dans le même cadre, que ‘’le chemin est très long, mais le Maroc et l'Espagne le feront ensemble‘’. Et, de fait, le lendemain de la visite de la vice présidente du gouvernement espagnol, le mercredi 26 avril 2005, le ministre marocain de l'Intérieur a indiqué, en réponse à une question orale à la Chambre des représentants sur "la lutte contre l'émigration clandestine", que les autorités de sécurité marocaines avaient procédé en 2004 au démantèlement de plus de 425 réseaux spécialisés dans l'émigration clandestine, soit une augmentation de 60% par rapport à l'année 2003. Il a ajouté qu'au cours de la même période, il a été procédé à "l'arrestation de 26.000 émigrés clandestins, dont 9.000 Marocains et 17.000 étrangers en majorité des pays subsahariens". Le ministre de l'Intérieur a indiqué, dans la même réponse qu'au cours des trois premiers mois de l'année 2005, quelque 7.600 candidats à l'émigration clandestine, dont 6.000 subsahariens, ont été arrêtés, ajoutant que ‘’ces opérations ont été menées conformément aux procédures fixées dans la loi 02-03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers‘’. Il a également rappelé la mise en place ‘’d'une stratégie et la prise de mesures efficientes dans la lutte contre ce phénomène‘’ en resserrant l'étau autour des réseaux spécialisés dans l'immigration clandestine, évoquant à ce sujet l'équipement des plages et des frontières de moyens de détection et de surveillance et le renforcement des ressources humaines chargées de cette mission. Ce qui va dans le sens voulu par le gouvernement espagnol qui consiste à chercher à ‘’doter‘’ les côtes et les frontières terrestres marocaines d’un système de surveillance analogue au système intégré de vigilance extérieure (SIVE) dont l’Espagne est en train d’équiper ses côtes andalouses et canariennes depuis 2002. On voit bien qu’à travers ces échanges les plus récents entre responsables marocains et espagnols qu’il y a désormais un accord parfait pour résoudre la question des ‘’migrations irrégulières‘’ selon l’approche fondamentalement sécuritaire. Et, de fait, l’Espagne ‘’propose‘’ et le Maroc ‘’applique‘’. Et, et de fait aussi, cette application, parce que ‘’imposée dans une espèce de chantage migratoire‘’, dont les termes sont, in fine, ‘’la lutte contre le passage des migrants clandestins chez vous pour bénéficier de la «générosité» du peuple espagnol en matière de régularisation des migrants marocains se trouvant en Espagne‘’ ne peut se faire que dans un zèle qui outrepasse les règles de droit. Ainsi, alors que le ministre de l’intérieur marocain a déclaré, tel qu’indiqué ci-haut, que ‘’ces opérations (de lutte contre la migration irrégulière) ont été menées conformément aux procédures fixées dans la loi 02-03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers‘’, il semble bien que tel n’est pas le cas dans la réalité. Un exemple parmi beaucoup d’autres atteste cela: Selon une dépêche de l’AFP,en date du 1er février 2005, la police marocaine a arrêté (le même jour) à Rabat cent quatrevingt dix candidats à l'émigration clandestine, dont 50 femmes et deux enfants(de moins de 3 ans), ‘’dans le cadre de la lutte contre l'émigration illégale vers l'Europe ‘’. Une ressortissante du Bénin enceinte de cinq mois - dont l'époux a réussi à gagner au mois de décembre 2004 le sud de l'Espagne, via le détroit de Gibraltar - faisait partie de ces clandestins, tous interpellés à l'aube (à partir de 4 heures du matin, selon la télévision marocaine RTM, dans son édition d’information de 13heures, le 2 février 2005) dans un quartier populaire (Youssoufia-Nahda). Le coup de filet policier a visé des dizaines de maisons vétustes où étaient logés les clandestins venus d'Afrique sub-saharienne dans des conditions insalubres, a-t-on constaté. Ces illégaux sont originaires notamment du Mali, du Sénégal, du Bénin, de la Sierra Leone, du Liberia, du Congo (ex-zaïre), du Ghana et du Nigeria. Il s'agit d'une opération "de ratissage et d'assainissement" en vue d'un "refoulement collectif de ces clandestins vers l'Algérie d'où ils étaient venus au Maroc", a déclaré à l'AFP, un commissaire de police Abderrazak Rmichi, parmi les coordinateurs de cette descente policière. Et, mardi en début d'après-midi, quatre autocars transportant les 190 clandestins ont quitté Rabat en direction d'Oujda, la ville marocaine la plus proche de l'Algérie. Or, la Loi 02-03 est sans équivoque à ce sujet, qui indique ce qui suit dans son article 26. ARTICLE 26 de Loi 02-03 promulguée en novembre 2003 : Ne peuvent faire l'objet d'une décision d'expulsion : 1- l'étranger qui justifie par tous moyens résider au Maroc habituellement depuis qu'il a atteint au plus l'âge de six ans; 2- l'étranger qui justifie par tous moyens résider au Maroc habituellement depuis plus de quinze ans; 3- l'étranger qui réside régulièrement sur le territoire marocain depuis plus de dix ans, sauf s'il a été étudiant pendant toute cette période; 4- l'étranger, marié depuis au moins un an, avec un conjoint marocain; 5- l'étranger qui est père ou mère d'un enfant marocain résidant au Maroc, qui a acquis la nationalité marocaine par le bienfait de la loi, en application des dispositions de l'article 9 du dahir n° 1.58.250 du 21 Safar 1378 (6 septembre 1958) portant code de la nationalité marocaine, à condition qu'il exerce effectivement la tutelle légale à l'égard de cet enfant et qu'il subvienne à ses besoins; 6- l'étranger résidant régulièrement au Maroc sous couvert de l'un des titres de séjour prévus par la présente loi ou les conventions internationales, qui n'a pas été condamné définitivement à une peine au moins égale à un an d'emprisonnement sans sursis. 7- la femme étrangère enceinte 8- l’étranger mineur. Démantèlement de 425 réseaux d'émigration clandestine Le ministre de l'Intérieur, Al Mostapha Sahel, a indiqué, mercredi à Rabat, qu'il a été procédé en 2004 au démantèlement de plus de 425 réseaux spécialisés dans l'émigration clandestine, soit une augmentation de 60% par rapport à l'année 2003. Sahel qui répondait à une question orale à la Chambre des représentants sur "la lutte contre l'émigration clandestine", a ajouté qu'au cours de la même période, il a été procédé à "l'arrestation de 26.000 émigrés clandestins, dont 9.000 Marocains et 17.000 étrangers en majorité des pays subsahariens". Le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'au cours des trois premiers mois de l'année 2005, quelque 7.600 candidats à l'émigration clandestine, dont 6.000 subsahariens, ont été arrêtés, ajoutant que "ces opérations ont été menées conformément au procédures fixées dans la loi 02-03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers". Sahel a également rappelé la mise en place d'une stratégie et la prise de mesures efficientes dans la lutte contre ce phénomène en resserrant l'étau autour des réseaux spécialisés dans l'immigration clandestine, évoquant à ce sujet l'équipement des plages et des frontières de moyens de détection et de surveillance et le renforcement des ressources humaines chargées de cette mission. Synt de L'Economiste/Map - Jeudi 28 avril - 10h07