Le stress est une réaction d`adaptation
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Le stress est une réaction d`adaptation
Le stress est une réaction d'adaptation Tiré de Isabelle Filliozat : utiliser le stress pour réussir sa vie, Dervy poche 2006 « Observez ce qui se passe dans votre organisme lorsque vous êtes « sous stress » : Le coeur bat plus vite, le sang afflue dans les veines. Quelquefois les mains picotent, elles deviennent moites. Vous sentez le besoin impérieux de bouger, si vous vous laissez aller, vous agitez vos jambes en cadence, allumez compulsivement une cigarette, mâchouillez le bout d'un crayon ou marchez de long en large. S'il vous est impossible de bouger, vous devez retenir votre énergie, retenir votre respiration... et c'est la paralysie. L'estomac s'en mêle, il gargouille, chut! Vous rentrez le ventre un peu plus, et puis... Vous avez envie d'uriner, c'est bien le moment! Vous avez la bouche sèche et une boule dans la gorge, pas très pratique pour parler! Mais, vous pâlissez. Non seulement vous transpirez mais vos poils se hérissent. Attention, ça va se voir... Ne tremblez pas comme ça! Devant la nécessité de « faire face » à une situation difficile, le cerveau déclenche l'alarme et la mobilisation des ressources. Tout d'abord, le carburant: il faut du glucose. Au début de la phase d'alarme, une décharge d'insuline fait brutalement baisser le taux de sucre dans le sang. Du sucre est stocké dans les graisses. Pour pallier à la demande de ressources énergétiques, la respiration s’accélère. L’oxygène inhalé brûle les graisses pour libérer le sucre dans le sang. Le cholestérol, combustible plus lent prendra la relève du glucose. Le sang oxygéné et transporteur de carburant doit circuler rapidement, le cœur s’active. Les cinq sens s'aiguisent: les yeux voient mieux et plus loin, le champ visuel est élargi. L'ouïe se fait plus fine. Même le toucher est plus sensible. Le goût et l'odorat sont exacerbés. L'estomac et tout le système digestif consomment d'ordinaire énormément d'énergie. En cas d'urgence, priorité est donnée aux muscles et au cerveau. La digestion s'interrompt. Les glandes salivaires freinent en conséquence leurs secrétions. Car la salive sert à tapisser l'estomac pour qu'il ne soit pas attaqué par les sucs digestifs. Accélération cardiaque, bouche sèche, picotements dans les muscles, toutes ces sensations qui nous perturbent et nous inquiètent sont normales. Et plus, elles sont utiles. « Il existe une chose permanente dans la vie: le changement », a dit Einstein. Nous devons perpétuellement nous adapter physiquement et psychologiquement à notre environnement. Heureux ou douloureux, tout événement nouveau modifie notre réalité et nécessite que nous nous adaptions. Le stress est le nom générique de tous ces efforts d'ajustement à un environnement en mouvement. Il est un des facteurs du vivant. La première description scientifique du stress physiologique est proposée aux alentours de 1920 par le physiologiste Walter Cannon: " tout corps d'animal complexe manifeste un modèle stéréotypé de réaction à n'importe quelle agression de l'environnement perturbant son équilibre ». Il nomme ce modèle « la réaction de lutte ou de fuite ». Un peu plus tard, en 1936, Hans Selye, spécialiste des glandes endocrines est à la recherche d'un" état de maladie " commun à toutes les maladies. Il met en évidence ce qu'il nommera le Syndrome Général d'Adaptation (S.G.A.) et introduit le concept de stress avec la définition suivante: le stress est la réponse de l'organisme à toute sollicitation, il est l'effort d'adaptation. Jürg Bichsel [email protected] - Marc Thiébaud [email protected] Le S.G.A. se déroule en trois phases. Les réactions physiologiques que nous venons de voir correspondent à la première phase, la phase d'alarme. Après cette mobilisation énergétique, si aucune action n'est possible pour modifier l'environnement ou résoudre le problème posé, si l'attaque ou la fuite sont interdits, l'organisme reste en tension. L'énergie reste mobilisée sans trouver d'objet sur lequel s'investir. Le système de défense immunitaire de l'organisme reste sollicité. On entre dans la phase de résistance. Les ressources de l'organisme ne sont ni éternelles ni infinies. Une résistance trop longue mène à l'épuisement. Epuisement des défenses, épuisement physique et moral. Le stress est donc non seulement une réaction à une agression mais une réaction à toute modification de notre équilibre. Jean-Pierre apprend que la femme qu'il aime est atteinte d'un cancer: douleur! Voyez-le: il ne tient pas en place, il a les nerfs à vif, ses mains sont moites, son coeur bat la chamade, ses pensées tournent en tous sens dans sa tête, il n'a pas envie de manger et aura bien du mal à s'endormir ce soir. On offre à Miléna un nouveau poste, une promotion importante: joie! Mais regardez la; son coeur bat la chamade, elle a les mains moites, elle ne tient pas en place, elle est toute excitée, énervée, ses pensées tournent dans tous les sens, elle n'a pas faim et elle aura bien du mal à s'endormir ce soir. Il n'y aurait donc pas de différence entre un stress heureux et un stress malheureux ? Hans Selye introduit tout de même une distinction entre ce qu'il nomme « l'eustress " (grec eu=bien), déclenché par un facteur heureux, et la détresse (en anglais: distress), qui, elle, est déclenchée par un événement malheureux. Nous trouvons des ressources dans l'eustress : plaisir, force, confiance en soi, fierté, chaleur... La détresse, elle, nous entraîne dans un cercle vicieux négatif: souffrance, faiblesse, dévalorisations, idées noires, angoisse, autant d'agents stresseurs internes qui s'ajoutent, nous menant promptement à l'épuisement. Si le stress est une réponse naturelle et saine de notre organisme, nécessaire à notre survie, comment se fait-il qu'il ait si mauvaise réputation ? Il est 8h40, Arthur est dans sa voiture, il a un rendez-vous important ce matin. Pour éviter les encombrements, il s'engage dans une petite rue... Le camion devant lui s'arrête et le livreur entreprend calmement de décharger... Le sang d'Arthur ne fait qu'un tour... Nos réactions sont souvent disproportionnées. Nous nous énervons dans les embouteillages. Nous bégayons devant le conseil d'administration. Même un innocent bouquet de fleurs offert par un charmant jeune homme est capable de déclencher un stress intense ! Nos ancêtres canalisaient immédiatement leur énergie dans l'action, ils fuyaient en courant ou attaquaient leur agresseur. Mais de nos jours que faire de ce remue-ménage physiologique dans nos corps ? On ne peut ni fuir ni attaquer un jury d'examen, un patron, une traite, ou un embouteillage. Nous déclenchons des réactions de stress dans des situations qui ne le nécessitent pas toujours. Nos agents stresseurs sont plus psychiques que physiques, et nous ne savons pas comment utiliser l'énergie mobilisée dans l'organisme. Lorsque nous sommes dans l'impossibilité de résoudre un problème, de faire un choix, ou de nous exprimer, l'énergie bloquée nous maintient en tension, nous paralyse, nous épuise. » Jürg Bichsel [email protected] - Marc Thiébaud [email protected]