Prestataires logistiques
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Prestataires logistiques
JUIN 2010 Prestataires logistiques : le plus dur est passé, place aux stratégies post-crise XERFI vient de publier une étude approfondie, après plusieurs semaines d’enquêtes et d’analyses, sous le titre : « Les prestataires logistiques en France : quelles mutations de la chaîne logistique externalisée à l’horizon 2012 ? ». Auteur de l’étude : Alexandre Boulègue. Voici quelques-uns des principaux enseignements de cette analyse de 340 pages : Une reprise fragile pour 2010 Les perspectives de moyen terme restent positives Un an et demi après le début de la crise financière internationale, les signes de reprise économique restent incertains. Et pour les transporteurs et logisticiens, il faudra attendre de longs mois avant de retrouver les niveaux de trafics enregistrés en 2007 ou 2008. À l’horizon 2012, le développement du marché de la logistique contractuelle restera porté par deux éléments majeurs : l’externalisation de la fonction logistique de la part des chargeurs et le développement du commerce international, intra-européen notamment. Après le coup d’arrêt historique de 2009, le chiffre d’affaires des prestataires logistiques leaders renouera toutefois avec la croissance. En hausse de 4% en 2010 (prévision Xerfi), il profitera notamment du regain des échanges interentreprises, consécutifs au rebond technique de la production industrielle (+3%) et du commerce de gros (+2,4%). Aux vues du point bas atteint en 2009, cette reprise apparaît néanmoins bien modérée. La production manufacturière restera inférieure de 13% à ce qu’elle était en 2007 et la consommation des ménages sera largement menacée par les tensions sur le pouvoir d’achat et les difficultés sur le marché de l’emploi. Plus sensibles à la conjoncture, les activités de transport repartiront plus vite et plus fortement que celles liées à la logistique contractuelle qui ont mieux résisté à la crise mais qui retrouveront plus lentement le chemin de la croissance. La remontée attendue des cours du pétrole se traduira inévitablement par une hausse des prix du gazole à la pompe et incitera les opérateurs à réajuster leurs tarifs à la hausse. Un réajustement tarifaire d’autant plus important que les baisses de prix consenties en 2009 ont été grandes. Chiffre d'affaires des prestataires logistiques leaders : le pire est passé ! Estimation et prévisions exclusives XERFI 12% 7,9% 8% 6,3% 6,4% 7,0% 5,8% 4,0% 4% 3,0% 3,0% 0% -4% -6,0% -8% 2004 2005 2006 2007 2008 2009e 2010p 2011p 2012p unité : % des variations annuelles Traitement et prévision Xerfi (source primaire: Greffes des Tribunaux de Commerce) Si la tendance à l’externalisation n’est pas nouvelle, la crise aura eu le mérite d’accélérer la réflexion des entreprises quant à l’efficacité de leur chaîne logistique. Bien pilotée, cette dernière est une source d’économies substantielles pour des entreprises cherchant constamment à juguler 1 JUIN 2010 opérateurs, à commencer par une meilleure maîtrise de la logistique urbaine et par l’utilisation et le perfectionnement des systèmes d’information. l’inflation de leurs coûts. Dans ce contexte, le rôle des prestataires logistiques sera crucial, ceux-ci pouvant aider les chargeurs dans la réalisation de leurs objectifs. Dans ce contexte, les grands groupes de logistique semblent les mieux armés pour profiter de la reprise graduelle du marché. Les donneurs d’ordres chercheront de plus en plus à s’adresser à des prestataires présents sur l’ensemble des métiers de la supply chain et sur un territoire aussi étendu que possible. Pour répondre aux besoins des chargeurs, de lourds investissements seront encore nécessaires, un positionnement que seuls quelques groupes leaders pourront tenir. Ce contexte sera favorable à la poursuite du mouvement de concentration à l’œuvre dans le secteur depuis quelques années. Au-delà de la crise, quels modèles de développement pour les grands groupes ? Si les grands groupes sont en position de force pour tirer parti d’un mouvement d’externalisation des fonctions logistiques, ils devront néanmoins continuer d’adapter leur modèle et notamment répondre à trois enjeux majeurs : Optimiser les coûts et gagner en flexibilité. Le transport et la logistique sont des activités caractérisées par de fortes pressions tarifaires et par un « point mort » particulièrement élevé du fait de la lourdeur des installations mises en œuvre (parc de véhicules, entrepôts, machines de tri, etc.). Gagner en flexibilité, mieux gérer l’entreposage et massifier les flux seront donc des passages obligés pour consolider et améliorer la rentabilité des prestataires. Dans cette optique, la mutualisation apparaît comme une solution centrale. C’est notamment le modèle adopté par Carrefour au sein d’entrepôts pilotés par des prestataires comme ID Logistics ou DHL, qui mutualisent les flux des petits fournisseurs de l’enseigne. L’avantage : optimiser le remplissage des camions, tout en assurant une haute fréquence de livraison et en limitant les stocks. De nombreux autres leviers pourront être sollicités par les Etendre les services vers plus de valeur ajoutée. Pour s’imposer comme des prestataires experts et globaux, les opérateurs devront répondre aux exigences variées des clients en leur proposant un niveau maximum de personnalisation et une offre adaptée à leurs spécificités sectorielles. Cela passera notamment par une meilleure connaissance des secteurs clients (offres dédiées) et par la multiplication de services étendus : comanufacturing, co-packing, reverse logistic, e-logistique, etc. Proposer des solutions mondiales de pilotage et de distribution des flux pour accompagner l’internationalisation de leurs clients. Norbert Dentressangle ou Wincanton ont ainsi récemment complété leurs offres par un service d’organisation de transport international. D’autres opérateurs suivent une stratégie d’implantation, à l’image de Gefco qui a adapté la localisation de ses sites au déplacement vers l’Est du centre de gravité de la production automobile européenne. Pour relever ces différents défis, les logisticiens leaders devront choisir entre deux options décisives : poursuivre une intégration totale des métiers ou s’imposer comme un chef d’orchestre de la prestation logistique en jonglant avec des sous-traitants et des partenaires. Pour les acteurs de taille plus modestes, il leur restera le choix de se positionner comme des « généralistes spécialisés » (savoir faire spécifique ou axe géographique prioritaire comme FM Logistics en Europe de l’Est), ou de devenir incontournables sur un marché de niche (hyperspécialisation comme Daher dans l’aéronautique ou Orium et Morin dans la e-logistique). *** 2