Paul Klee : L`ironie à l`oeuvre

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Paul Klee : L`ironie à l`oeuvre
Actualités culturelles - thème du 17 mai 2016
Paul Klee : L’ironie à l’oeuvre
(Rétrospective thématique au Centre Pompidou, 5° étage, Galerie 2 du 6 avril au 1er août 2016)
47 ans après la dernière grande rétrospective française au MAM en 1969 (thème : musique ), Angela Lampe,
commissaire de l’exposition, propose une relecture de l’œuvre de Paul Klee vue sous l’angle de l’ironie : une remise en
question de notre perception du monde, une distance critique. Klee est un des plus prodigieux inventeurs de l’art
moderne, contemporain de ceux qui ont irrémédiablement révolutionnés l’art du 20° siècle : Picasso, Kandinsky,
Delaunay, Duchamp, les Dada, Mondrian, Malevitch. On découvre un Klee inconnu, inattendu, insolite présenté en 7
chapitres thématiques et 250 oeuvres sélectionnées entre les près de dix milles répertoriées : peintures, sculptures,
dessins, gravures et peintures vous verre dont la moitié n’a jamais été montrée en France.
Paul Klee est né le 18 décembre 1879 à Münchenbuchsee près de Berne en Suisse …quoiqu’allemand. Il grandit dans
une famille de musiciens. Excellent violoniste, il hésitera longtemps entre les deux arts. En 1900, il a juste 21 ans, il fuit
sa formation académique aux Beaux-Arts de Munich. Les prochaines années sont marquées par des voyages. A Paris, il
voit les tableaux de Matisse, les recherches chromatiques de Delaunay, le cubisme de Braque et de Picasso.
« LES DEBUTS SATIRIQUES « raconte en détail la lente éclosion de son talent. Il veut devenir un dessinateur mordant.
Son projet d’intégrer une des illustres périodiques satiriques édités à l’époque à Munich échoue. En 1911, avec les
illustrations de Candide ou l’optimisme, sa plume devient tonique, drôle, tout en, il capte l’esprit ironique de Voltaire.
A Munich, il rejoint le cercle d’avant-garde autour de Vassili Kandinsky et exposera en 1912, avec le groupe du Blaue
Reiter. En 1914 voyage en Tunisie.…,il s’est produit un déclic. Il note dans son journal : La couleur me possède. Je suis
peintre. Klee peint des aquarelles débordantes d’une luminosité vibrante. Tout est rythme multicolore jusqu’à la limite
de l’abstraction : une interprétation radieuse du cubisme. 1916 : Dada naît au Cabaret Voltaire à Zurich et escorte les
avant-gardes vers une nouvelle mobilité des formes. Paul Klee expérimente, met tout à plat, superpose couleurs,
traits, carrés, explore toutes les combinaisons possibles. Des créations essaiment vers le surréalisme.
Ses expositions à Berlin ( 1917 ) et à Munich ( 1920 ) sont des grands succès. Paul Klee estreconnu, vend bien ses
œuvres, il est au seuil de la célébrité. Dès septembre 1920, Walter Gropius l’appelle à enseigner au Bauhaus à Weimar,
école d’art et d’architecture d’avant-garde côté de Vassili Kandinsky. Klee poursuit sa plongée dans la couleur. Il peint
des damiers ondulants gorgés de couleurs éclatantes. Il peint des Fugues telles des polyphonies visuelles. Il note la
croissance des plantes, comme une partition biodynamique. L’œil est charmé. Mais Paul Klee ne se borne pas à offrir
seulement une imagerie poétique. Sans cesse en quête de l’essence du monde, de ce que l’oeil ne perçoit pas, son art
est profondément réfléchi. Le visible chez Klee est toujours en charge d’invisible. Ses travaux théoriques fixent sa
conception cosmologique de l’art.
Dès 1923, l’école est bouillonnante de théories constructivistes. Alors, cet homme réservé que ses étudiants
surnomment le Bauhaus-Bouddha, adopte la posture du funambule : signe du conflit avec la nouvelle orientation du
Bauhaus. En 1931 Klee part pour l’académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Une salle entière est réservée à Klee et
PICASSO. En 1932, Klee reprend son dialogue par peintures interposées avec l’oeuvre de cette figure dominante de
l’art moderne qui le titille depuis 1910. Quand Picasso en personne lui rendra visite en 1937, le courant ne passe pas.
Face à l’inquiétante montée du nazisme, Paul Klee se met à l’abri derrière son art, garde sadistance. L’histoire le
rattrape. En 1933 Klee est suspendu des ses fonctions de professeur à l’académie des Beaux Art de Düsseldorf, son art
déclaré dégénéré. Il s’exile à Berne. En 1935 apparaissent les premières symptômes d’une maladie dégénérative de la
peau. Paul Klee défie l’emprisonnement physique progressif par une créativité intense et atteint une liberté
d’expression inouïe. Pour Klee le monde matériel n’est que l’un des mondes parmi de nombreux autres existants
sur des plans différents. Alors, il peint des anges. Il meurt le 29 juin 1940 ( 61 ans ) dans un hôpital de Locarno.
Une citation de Marcel Duchamp ( 1949 ) conclut l’exposition : « Il avait tellement à dire queKlee ne ressemble jamais
à un autre Klee. »