candide – voltaire - Geert

Transcription

candide – voltaire - Geert
TEXTE 4 – CHAPITRE III – CANDIDE – VOLTAIRE – XVIII°
SIECLE
En quoi peut-on dire que ce passage est une remise en question de la guerre ?
INTRODUCTION
Voltaire, écrivain et philosophe du XVIIIeme, siècle des Lumières, participa au développement des
idées de son époque grâce à ses prises de position et ses nombreux écrits de genres très différents
(romans, contes, théâtre, …).
Candide ou l'Optimisme est un conte philosophique présenté comme traduit de l'allemand par M.
Le Docteur Ralph. Dans cet ouvrage, Voltaire dénonce et critique la philosophie de l'allemand
Leibniz pour qui tout est bien.
Après avoir été chassé du château, Candide se retrouve enrôlé dans l'armée bulgare. Le texte
proposé est le début du chapitre III intitulé « Comment Candide se sauva d'entre les Bulgares et ce
qu'il devint. »
LECTURE
ANNONCE
Le récit est soumis au regard de Candide qui évolue. Au début, il voit la guerre avec ses préjugés
philosophiques comme un jeu séduisant mais très vite il en découvre la réalité absurde et brutale.
Je répondrai à la question « en quoi peut-on dire que ce passage est une remise en question de la
guerre ? » en étudiant les trois axes suivants :
1. La valorisation de la guerre
2. La réalité de la guerre
3. La critique de la guerre
EXPOSÉ
I – La valorisation de la guerre
Sous le regard naïf de Candide, la guerre apparaît comme un spectacle. Il semble émerveillé.
La plaisir des yeux intervient dès la 1ere phrase (l. 1-2). On remarque notamment une gradation
avec l'utilisation de l'intensif « si » qui donne un rythme sautillant. La guerre est belle, c'est une
véritable parade avec l'harmonie visuelle de l'ensemble. Le vocabulaire est peu approprié à une
armée sur un champ de bataille . Cette phrase a donc une valeur d'antiphrase.
Le plaisir auditif intervient pour sa part à la 2eme phrase (l. 2-4). L'auteur décrit un concert
d'instruments de musique (l. 2) mais inclut une première note discordante avec l'utilisation du mot
« canons ». On ne peut pas parler d' « harmonie » (l. 3) mais plutôt de cacophonie. En effet, on
parle de canons, et d'enfers au lieu du Ciel. Cette phrase constitue une intervention de Voltaire.
La négation « ne jamais » (l. 3) associée à l'hyperbole de l'enfer insiste sur le caractère violent de la
bataille.
Le personnages sont développés sur les trois phrases des lignes 4 à 9. On ne peut relever aucune
individualité, les hommes sont considérés comme des quilles ou des pions sur un jeu d'échecs. Le
nombre du tués est considérable pour l'époque : « une trentaine de mille » (l. 9). On remarque
également l'utilisation de pluriels et d'hyperboles chiffrées.
Cette description se déroule en trois temps, du plus éloigné au plus rapproché : « canons »,
« mousqueterie », « baïonnette ».
Si la première vision de Candide est idéalisé, tout change car il réalise la dure réalité de la guerre et
il en est effaré.
II – La réalité de la guerre
On retrouve la notion du spectacle : « théâtre » (l. 27). Mais c'est un spectacle d'épouvante et
Candide découvre l'envers du décor.
Il se produit un changement total de syntaxe des lignes 14 à 29 : cinq longues phrases, rythme
lent.
Voltaire insiste sur l'horreur et l'absurdité de la guerre en en dressant un tableau réaliste et cruel
avec la représentation macabre des victimes et l'horreur détaillée.
Les massacres sont effroyables des deux côtés (village abare / village bulgare). Les victimes sont
des innocents : « vieillards » (l. 17), « femmes » (l. 18), « enfants » (l. 18), « filles » (l. 19).
Il y a entre les lignes 14 et 15 un hyperbole pour décrire le nombre de victimes, et une
énumération entre les lignes 17 et 22.
Le rythme ternaire donne un effet théâtral et les deux allitérations accentuent le climat
d'épouvante : en « r » → dureté, horreur ; en « s » → souffrance.
Les champs lexicaux de la violence et de la mort montrent la cruauté des sévices infligés à la
population, avec de nombreux détails anatomiques.
Dans sa description de la guerre, Voltaire
insiste lourdement avec un crescendo dans
l'horreur mais il n'y a pas encore de
dénonciation ou d'indignation explicites,
même si en réalité ce discours est accusateur.
Le réalisme du tableau suffirait à rendre la
guerre insupportable et condamnable mais
OU en plus de cela Voltaire utilise les différents
moyens à sa disposition pour la critiquer.
III – La critique de Voltaire
Les cibles de Voltaire sont nombreuses dans le texte et sa dénonciation est efficace grâce à
l'utilisation de son arme favorite, l'ironie.
La première critique est la philosophie et en particulier celle de l'Optimisme. Il la réalise grâce à :
•
La satire de la lâcheté de Candide : « comme un philosophe » (l. 10)
•
Une parodie de la philosophie de Leibniz : « le meilleur des mondes » (l. 6), « la raison
suffisante » (l. 7), « les effets et les causes » (l. 14)
Une autre critique faite par Candide est celle des peureux : « se cacha du mieux qu'il put» (l. 10)
Ensuite, il critique le pouvoir politique et religieux.
En ce qui concerne la critique du pouvoir politique (des lignes 12 à 14), l'opinion de Voltaire est
que les rois n’œuvrent pas dans l'intérêt du bien commun et du peuple mais simplement pour eux.
Ils ordonnent la guerre comme s'ils jouaient aux échecs. Chacun de leur côté agissent de la même
manière. Ils n'ont aucune considération pour le peuple ni pour les soldats, comme le montre la
minimisation de la gravité de la guerre avec des approximations liées aux pertes humaines.
Une satire du pouvoir religieux est accomplie tout d'abord avec, à la ligne 12, la complicité de
l’Église et de la monarchie ( avec les « Te Deum » ) et donc la légitimation par la religion de l'acte
guerrier. De plus, la référence « on y était chrétien » (l. 31) laisse entendre que les préceptes de la
religion devraient être appliqués.
La dernière critique est celle de la guerre et de l'armée. L'oxymore « boucherie héroïque » (l. 11),
qui renforce l'ironie, montre bien le dégoût que porte Voltaire à la guerre. La légitimation des
horreurs est dénoncée par la référence, là encore ironique, mais cette fois par rapport au droit
« selon les lois du droit public » (l. 17). Les « héros » constituent un emploi détourné du registre
épique et rappellent les « coquins » de la ligne 6.
CONCLUSION
La guerre, qu'elle soit spectacle léger ou effroyable, est dénoncée par Voltaire à travers le regard
de son héros. C'est une barbarie destructrice qui n'apporte que le mal quel que soit le camp et qui
se croit justifiée par l'Eglise et le Pouvoir.
Cette description permet à l'auteur de critiquer non seulement son époque mais également la
philosophie de Leibniz du « tout est bien ».
Candide, toujours habité par l'image de Mademoiselle Cunégonde, a commencé son évolution. Le
monde n'est pas à l'image du château, protecteur. Pour vivre, il faut l'affronter et savoir prendre
des décisions. L'apprentissage du héros se continuera tout au long de l'ouvrage.

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