Fresque de FRA ANGELICO au couvent de San Marco à Florence
Transcription
Fresque de FRA ANGELICO au couvent de San Marco à Florence
Fresque de FRA ANGELICO au couvent de San Marco à Florence (cellule 23) Jésus au jardin des oliviers / Marthe et Marie dans leur maison (Mc 14,32-38 ; Mt 26, 36-46 ; Lc 22, 39-46) // (Mc 14, 32-42 ; Jn 11, 1-54 ) ECOUTE MUSICALE… Pour « entrer » dans la matinée … et découvrir « l’œuvre proposée »… Un extrait du Stabat Mater de Pergolèse. (Plage n° 12. Duet. 4’ 30’’) Andreas Scholl, Barbara Bonney, Chriotophe Rousset. 1999. Quando corpus morietur, (Ô Mère, quand mon corps mourra,) fac ut animae donetur (Par toi mon âme s’en ira,) paradisi gloria. Amen. (Dans le bonheur éternel. Amen.) Cum sancto Spiritu in gloria Dei patris. Amen - La gloire elle-même, la gloire en Personnes nous prendra dans ses bras comme un fleuve, comme une foule énorme. Alors, mise en commun, notre âme ne sera plus qu’amen. F C-T L’ARTISTE Jésus + Marthe-Marie L’artiste ? Qui es-t-il ? Guido di Pietro est né à Florence vers 1395. (mort en 1455) La fresque appartient au couvent San Marco, à Florence, peinte vers 1436. Couvent San Marco (vue générale) Apres le concile de 1419, c’est la fin du schisme Rome-Byzance. Cette période est propice aux arts. L’architecte Michellozzo travaille à l’agrandissement et à la rénovation du couvent. Cloître On va confier la décoration à Fra Giovanni. Ce jeune peintre a travaillé dans l’atelier du peintre Lorenzo Monaco. Il reçoit une formation d’enlumineur et peint des livres liturgiques. Il y a rencontré un moine bénédictin avec qui il échange beaucoup, il prend ensuite l’habit des dominicains au couvent de Fiesole. (influence de la pensée de St Thomas d’Aquin) et prend le nom de Fra Giovanni, vers 1407. Christ sur la croix adoré par St Dominique Première fresque à découvrir à l’entrée du cloître suivie d’une cinquantaine d’autres. Il va peindre pour ses frères les murs de leurs cellules des visions d’amour et de foi qui racontent les épisodes de la vie du Christ. Il est surnommé alors « l’Angélique » Fra Angelico. Le pape JeanPaul II choisit de le béatifier et le nomme saint patron des peintres, Bienheureux Fra Angelico. Sur sa tombe on peut lire cet épitaphe : Ci-gît le vénérable peintre Frère Giovanni de Florence qui a œuvré pour la terre autant que pour le ciel. La main (détail) La légende raconte que Fra Giovanni ne saisit le pinceau que s’il a prié et il peint le Christ en croix les joues baignées de larmes. L’Annonciation (et corridor) Pour accéder à l’étage des cellules, il y a un escalier ! En haut de cet escalier, le peintre choisit de représenter le thème de l’Annonciation ! Les dominicains sont spécialistes en théologie. Fra Giovanni cherche à traduire les concepts théologiques en les développant visuellement. Il invite chacun des moines à réciter un « Je vous salue Marie » à chaque montée ! L’Annonciation Avec l’aide de la perspective il invite à passer d’un regard… à la contemplation. Fra Angelico n’a qu’un seul but : aider ses frères à prier et à contempler. Nolli me tangere (pour avoir une idée dimensions cellules) Il cherche à rendre la lumière par la couleur, sa palette s’est éclaircie. La lumière est le lieu de la Révélation. La Nativité Pour avoir une idée des grands thèmes iconographiques… ces fresques peintes sur les murs du dortoir. Il ne faut pas oublier que Fra Angelico a peint durant 30 ans des panneaux de bois avec un important usage de l’or. Le baptême du Christ Au loin la nuée et les ténèbres qui évoquent les premiers versets du texte de la Genèse : « L’Esprit planait sur les eaux … » La Cène Le peintre représente la Cène, l’institution de l’Eucharistie. On ne peut pas peindre le Christ … sans vivre comme le Christ. La Crucifixion Fra Angelico restreint paysages et décors à leur plus simple expression, pour éviter tout ce qui peut distraire de l’essentiel. (gros plan) La Crucifixion avec Marthe et Marie DEUX EVANGILES, UNE IMAGE ! Apres cette brève promenade au couvent de San Marco, retour à la cellule 23 ! Jésus au jardin des Oliviers + Marthe et Marie dans leur maison La résurrection de Lazare est en étroite relation avec le récit de la passion sur la Résurrection du Christ lui-même. Evangile de Lazare : pièce en 4 actes dont voici un bref résumé. ACTE I : Lazare est malade, ses sœurs appellent Jésus au secours parce qu’il est son ami ! Jésus est menacé d’arrestation par les autorités juives. Il s’est replié au-delà du Jourdain et n’est pas pressé de revenir à Jérusalem. ACTE II : Jésus se rend à Béthanie, non loin de Jérusalem. Lazare est mort. Marthe : « Seigneur si … ». Marie pleure. Ont-elles une confiance aveugle en Jésus ? Est-ce un reproche ? Jésus pleure. « Je suis la Résurrection et la Vie… » Marthe est invitée à un acte de foi ! ACTE III : Jésus ressuscite Lazare. ACTE IV : Les autorités juives décident de faire périr Jésus. C’est le dernier acte public de Jésus avant sa passion. Cherche-t-il à fortifier la foi des disciples ? Leur foi va être mise à rude épreuve ! Jésus veut donner en Lazare des marques de sa puissance. Irénée le commente ainsi : Lazare est le symbole de l’homme enlacé par les péchés. Il faut imaginer les bandelettes lui enserrant le corps. C’est pourquoi le Seigneur lui dit : « Déliez-le et laissez-le aller ! » Lazare marche … mais ligoté !!! St Augustin affirme que : « Lazare ne trouve pas la force en lui-même mais dans la seule grâce de Dieu . « Quiconque pèche meurt … et quiconque croit ressuscite ! D’où vient la mort de l’âme ? De ce que la foi ne s’y trouve pas ! » La résurrection de Lazare ? C’est une foi qui, de morte devient vivante. Jésus s’occupe de Marthe … avant d’en venir à son frère. La résurrection de Lazare DANS L’ICONOGRAPHIE. Au début du III et IVe siècles, la résurrection de Lazare est l’épisode le plus représenté sur les parois des catacombes ou les cuves des sarcophages. Lazare ressuscité marche sur l’ordre du Christ. Cet Evangile célèbre la puissance de la Parole divine, et le pouvoir du Christ sur la mort. C’est par la foi en la résurrection que le défunt espère obtenir la vie éternelle. On voit souvent des représentations avec un face à face de Jésus et de Lazare, sans personnages annexes. Il y a de rares représentations des sœurs de Lazare, de façon isolée, la représentation des deux femmes est très rare. Il ne s’agit pas ici de s’amuser à une fausse interprétation de féministe à outrance en train de constater les apôtres, les hommes, en train de dormir d’un côté et les femmes de l’autre côté en train de prier ! Marthe et Marie sont dans la maison : Le peintre a divisé le tableau en 2 : scène extérieure au jardin des Oliviers, et scène intérieure. Observer la porte qui s’ouvre sur un fond obscur en opposition avec la clarté qui rayonne dans la maison… Si l’une des deux femmes est l’image de l’Eglise, elle évoque la prière de l’Eglise, la foi de l’Eglise en la Résurrection, et pas seulement celle du défunt. Il y a une complémentarité entre la lumière extérieure que Jésus apporte « si quelqu’un marche dans la nuit, il trébuche » et la lumière intérieure « parce que Jésus est en lui » (Is 59, 9 ; Pr 13, 9 ; Jb 18, 58 ; Jn 11, 10). La révélation n’est perçue que par les enfants de lumière. ( Ps 119, 105 ; Lc 16,8 ; Jn 3, 21 ; Jn 12, 36 ) Le Christ et l’ange Le Christ est agenouillé (Lc 22, 41), ses mains et son visage se tournent vers l’ange, vers le haut du tableau. Le Christ se tourne vers son Père du Ciel. Détresse du Christ qui entrevoit les souffrances de sa passion, les souffrances qui submergent l’homme en général. L’ange L’ange apporte le calice pour recueillir le sang du Christ. Il arrive souvent que des anges figurent sur les images de la Crucifixion, ils sont placés sous les mains ou sous les pieds du Christ. La coupe est dans l’Ancien Testament un symbole de souffrance (Ps 75, 9 ; Jr 25, 15) . Pour Jésus, c’est l’heure de l’accomplissement du dessein de Dieu. Les apôtres Les disciples Pierre, Jacques et Jean se sont endormis. La vie sans foi, la vie coupée de Dieu conduit à la mort…Le sommeil, élément nécessaire et mystérieux offre un double aspect : il régénère l’homme, il est source de vie et figure de la mort. Jésus va apporter une nouvelle compréhension de la mort. (Lc 8, 52) La Vie (Lettre V soulignée par les deux arbres) Jésus est bien celui qui nous conduit à LA VIE. « Je suis la Résurrection et la Vie ! » Les 3 arbres (en haut du tableau) La perspective est une réalité théologique : toutes les lignes de la fresque conduisent aux 3 arbres qui figurent les trois croix. Passage de la Mort à la Résurrection. Fenêtre de la cellule Les cellules des moines possèdent une fenêtre de même dimension. Cette fenêtre évoque la vie quotidienne du moine axée sur la prière, et qui conduit à la vie avec le Christ. De nombreux peintres ont stimulé la contemplation et déclenché la vénération par la puissance de l’image. Marthe et Marie (gros plan) Les deux femmes sontelles enfermées dans leur maison ? Elles prient et ouvrent leurs cœurs à L’Evangile, par la prière personnelle et la prière liturgique axées sur les Ecritures et ouvertes sur le monde. St Augustin nous dit : « Nos pensées ne seront pas tenues enfermées dans l’étroit espace du corps mais elles sortiront vers le Christ et se trouveront dans la lumière… » Celui qui songe au péché s’emprisonne lui-même. Il faut ressusciter avec Lazare DANS L’EGLISE pour avoir part à la résurrection finale. Marthe et Marie dans leur maison Marthe est allée au-devant de Jésus. Marie est restée dans la maison. Marthe a posé un acte de foi ! Jésus est la source de toute résurrection. Marthe devient libre ! Visages (détail) Jésus appelle Marie : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ! » (Jn 11, 40) Mains (détail) Fra Angelico est Bienheureux, il a sut transfigurer l’art en prière, ainsi l’a célébré Pie XII. Cellule 23 (fresque entière…) « L’histoire de Lazare prouve qu’autrefois et maintenant, avec l’ardeur de son amour pour les hommes, le Christ nous sauve contrairement à toute espérance, celle des autres ou la nôtre ! » (Eusèbe) Marie-Pascale Saison service ART et FOI EXPO Fra Angelico au Musée Jacquemart-André, Paris, du 23 sept 2011 au 16 janv 2012 Fra Angelico et la lumière fut. Hors-série Le Figaro. 03 657 (7,90 €) Fra Angelico. Arts Magazine. Sept 2011. N° 59 (4, 90 €) Les fresques de San Marco. Magniola Scuderi. Ms de Florence. Ed Giunti, 2009 Florence et la Renaissance. A-J Lemaître et Erich Lessing. Ed Terrail, 1992 Les symboles des Evangiles. (Ie au IVe s) Martine Dulaey. Le livre de Poche, 2007 Histoires de peintures. Daniel Arasse. Ed Folio essais-Gallimard, 2004