CHAPITRE 1.cours
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CHAPITRE 1.cours
Hypokhâgne – Approfondissement – 2014-2015 28 Chapitre 1 – Evaluer le développement L’indice de Gini permet une mesure de ces inégalités. L’étude de son évolution à différentes échelles permet de mettre en évidence une aggravation ou un maintient des inégalités, malgré les progrès en matière de développement. e Créé à la fin du XIX siècle par le statisticien italien Corrado Gini, l’indice de Gini mesure les inégalités dans la répartition des revenus d’une population déterminée. Document 27 – Graphique : Courbe de Lorenz et coefficient de Gini ! la courbe de Lorenz (en vert) représente la part de patrimoine détenue par les ménages lorsqu’on les classe par ordre de patrimoine croissant. Plus la courbe s’éloigne de la diagonale (en noir), plus la distribution est inégalitaire. La courbe de Lorenz permet de calculer l’indice de Gini qui mesure le degré d’inégalité. L’indice de Gini correspond en fait au rapport entre la surface hachurée (a) et la surface blanche inférieure à la diagonale (b). Il est de deux fois l’aire de a si on part du principe que le triangle b est égal à 1 (indice). L’indice de Gini varie donc entre 0 et 1. Si l’indice est de 0, cela signifie que la courbe de Lorenz est la diagonale, l’égalité est parfaite (a=0). Si l’indice est de 1, cela signifie qu’une seule personne détient tout le revenu, c’est l’inégalité maximale (a=b). Plus les inégalités de revenus sont importantes, plus la courbe de Lorenz s’éloigne de la diagonale, plus l’indice de Gini est élevé. A partir de cette observation, on peut utiliser l’indice de Gini pour comprendre les inégalités à l’échelle mondiale de différentes façon : Document 33 – Trois indicateurs d’inégalités mondiales (1952-2007) • L’indice Gini 1 mesure les inégalités entre pays à partir de leur PIB par habitant. Chaque pays compte comme un individu. Cet indice est donc un indicateur de répartition dans lequel le poids démographique des Etats n’est pas pris en compte : le Luxembourg (pays peu peuplé riche) compte autant que le Pakistan (Pays peuplé pauvre). On observe néanmoins que depuis 1950, les inégalités entre pays augmentent mais qu’elles se stabilisent depuis 2000. Il y a donc ici une corrélation entre hausse du développement et stabilisation des inégalités. • L’indice Gini 2 intègre la population dans le calcul : la répartition des revenus (ici toujours le PIB/hab.) est faite selon le nombre d’habitant de chaque pays. La répartition est plus fidèle aux équilibres démographiques mondiaux mais chaque individu est identifié à la moyenne de son pays. On observe d’ailleurs sur le graphique que la hausse du PIB/hab. en Chine suffit à fausser le calcul. Gini 2, sans la Chine, suit en fait une dynamique atténuée mais proche de Gini 1. • L’indice Gini 3 est le plus intéressant, mais le plus complexe à calculer, puisqu’il intègre chaque individu en tant que revenu propre. C’est donc un indicateur d’inégalité globale. Celui-ci nous indique que depuis 2000, les inégalités ont cessé d’augmenter mais qu’elles se sont stabilisées à un niveau exceptionnellement élevé (0,70). Cela s’explique par le cumul des inégalités entre pays (pays avancés, pays les moins avancés par exemple) et dans les pays. L’indice de Gini est soumis à de nombreux biais dont la complexité de la collecte des informations est le plus important : les données affichées comme donnant un état des lieux en 2012 sont en fait une compilation d’une collecte sur 15 ans. Néanmoins, il faut remarquer que ni l’insertion grandissante dans le processus de mondialisation, ni les progrès en matière de développement n’ont fait diminuer significativement les inégalités à l’échelle mondiale. Cette observation est encore plus évidente aux échelles nationales : ⌦ Document 34 – Evolution des inégalités de revenus à l’échelle nationale selon le coefficient de Gini • L’insertion dans le processus de mondialisation provoque une forte hausse des inégalités de revenus. On l’observe d’abord dans les PDEM dans les années 1990 et notamment dans les pays qui ont appliqué la révolution néolibérale (Royaume-Uni, Etats-Unis). Ensuite, les émergents ont connu cette hausse de façon décalée. Les nouveaux émergents comme l’Indonésie connaissent cette poussée des inégalités actuellement. • Chaque pays présente néanmoins de fortes spécificités nationales : les pays d’Amérique latine ont connu cette forte hausse au moment de la crise de la dette (ajustements structurels), et l’insertion plus récente ne se traduit donc pas par une accentuation d’inégalités déjà très hautes ; la Russie a connu une forte hausse des inégalités à la chute de l’URSS, puis une baisse et son insertion dans les années 2000 entraine une reprise. • Si le développement, apporté par la mondialisation, entraine une hausse des inégalités mesurée dans un premier temps, on observe néanmoins que les inégalités sont moins fortes dans les PDEM que dans les PMA. Cela s’explique par la présence de classes moyennes garantes d’un indice de Gini inférieur à 0,30. ⌦ Document 35 – Carte : Indice de Gini en 2012 Hypokhâgne – Approfondissement – 2014-2015 29 Chapitre 1 – Evaluer le développement Il ne faut donc pas établir de relation systématique entre inégalités et développement, ce que confirme la carte de l’indice de Gini à l’échelle mondiale en 2012 : • Des PMA tels que le Niger présentent un indice au niveau de celui de la France. • A l’inverse la Chine, les Etats-Unis et le Mozambique sont au même niveau. Il faut en effet prendre en compte qu’un indice de Gini peut être faible lorsque toute la population est pauvre car l’indice de Gini mesure la répartition de la richesse et non le développement. La mesure de l’indice de Gini nous permet donc surtout de comprendre comment la richesse se répartit lorsque le processus de développement est enclenché. Elle sous-entend donc le déclenchement de ce processus pour avoir un intérêt… L’Afghanistan présente ainsi un indice faible ! La prise en compte des inégalités dans la mesure du développement reste mal mesurée (séries incomplètes pour les PDEM depuis 30 ans). C’est pourtant nécessaire pour mesurer le développement dans sa nouvelle définition : le développement durable. La complexité de la mesure du développement, qui nécessite le croisement de multiples indicateurs, répond à la complexité de cette notion évolutive.
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