Sardine, quelle est ton histoire - Parc naturel marin
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Sardine, quelle est ton histoire - Parc naturel marin
Histoire e n i d r a de s Un tout petit poisson d'une grande importance... > Douarnenez et sa baie sont liées à la sardine depuis très longtemps. A l’époque romaine, on la pêchait déjà activement. Les importants vestiges gallo-romains de l’usine à garum des Plomarc'h nous le prouvent. Ce sont les plus importants d’Europe. Le garum est une sauce épicée obtenue en pressant les sardines. Les romains en étaient friands. > C’est au XVI siècle que l’actie Le savais-tu ? Les premières ouvrières des conserveries de Douarnenez ont été obligées d’adapter leur tenue à leur métier. Ainsi, elles ont confectionné une coiffe assez simple qui s’attachait facilement tout en protégeant et en maintenant les cheveux en chignon. Les autres femmes des communes voisines, qui étaient habituées à porter le costume coutumier doté d’une grande coiffe à ruban, se moquaient de ces employées en les traitants de « tête de sardine» ! Ce sobriquet un peu dédaigneux devint vite une fierté pour les travailleuses. « Penn sardin », en breton, désigne toujours ce type de coiffe traditionnelle de la ville. Aujourd’hui, c’est même l’ensemble des habitants de la cité qui revendique le surnom… en référence au passé glorieux en lien avec le petit poisson d’argent. vité économique autour de la sardine prend beaucoup d’ampleur en Bretagne. A la belle saison, on pêche ces petits poissons avec des filets droits à partir de petites embarcations. On les attire en jetant dans l’eau de la « rogue » (œufs de morue importés de Norvège) car les sardines en raffolent ! > En 1829, Nicolas Appert invente un procédé pour conserver la nourriture. Il place des aliments dans des récipients en fer blanc étanches à l’air. Ces boîtes sont ensuite chauffées afin de détruire tous les germes mauvais pour la santé. C’est le principe des boîtes de conserve. Cette technique permet de mettre les sardines en boîte et connaît un énorme succès. L’importance économique du commerce de la sardine s’amplifie. Ce procédé est utilisé à Douarnenez en 1850. Trois ans après, la première conserverie de la ville est ouverte. > C’est à ce jour la plus ancienne usine de sardine du monde (Ets Chancerelle). Quelques années plus tard, la ville compte 42 usines et plus de 850 navires dans sa flottille de pêche. La structure familiale de l’époque est simple : le père est marin, la femme est ouvrière, le fils mousse et la fille apprentie d’usine. > A la fin du XIXe siècle, tous les ports bretons sont tournés vers l'industrie sardinière. > De graves crises surviennent entre 1902 et 1909. La sardine déserte périodiquement les côtes bretonnes. L’activité s’effondre régulièrement, plongeant les familles dans la misère. > Face à ces crises, de nouvelles pratiques de pêche permettent bientôt de diversifier cette activité. L’abandon de la voile pour le moteur, la possibilité de réfrigérer les cales lèvent les dernières entraves à l’exploitation d’autres ressources. Dans les années 1960, la pêche à la langouste en Mauritanie puis au thon sur les côtes africaines embauche beaucoup de jeunes bretons qui en tirent un niveau de vie plus élevé. On se désintéresse petit à petit des pêcheries saisonnières de la sardine. La flottille vieillit, les conserveries ferment, le métier n’attire plus les jeunes. en baie de La bolinche, une pêche active agne. Douarnenez et dans le sud Bret Aujourd’hui, la sardine est pêchée par des bolincheurs. Ce sont des petits navires de pêche d’une longueur généralement inférieure à 17 m. Ils sont équipés d’un filet appelé bolinche. Cette activité se pratique la nuit. Elle se poursuit toute l’année mais principalement de mai à octobre. Elle cherche les « poissons bleus » (sardine, maquereau…) et d’autres espèces comme les mulets, bars, chinchards et daurades. Grâce à l’expérience du patron et à l’utilisation de matériels électroniques perfectionnés (sondeur, sonar), le bolincheur traque le banc de sardine. Quand il est détecté, le bateau manœuvre rapidement pour l’encercler avec le filet. La conserverie de poissons représente encore un secteur économique important à Douarnenez. Le ballet des bolincheurs immatriculés à Douarnenez, au Guilvinec et à Concarneau rythme encore l’activité portuaire. Il reste quelques usines en ville qui emploient près de 800 personnes. La première flotte de navires sardiniers de France est basée à SaintGuénolé Penmarc’h. En Bretagne, l’industrie de la sardine a donc repris vigueur depuis quelques années. Malgré les difficultés de la filière, les pêcheurs du sud Bretagne ont su s’organiser pour obtenir le label de pêche durable (MSC) en 2010. Avec un peu de chance et beaucoup d’expérience, un seul coup de senne peut attraper plusieurs tonnes de sardines. Mais souvent, les poissons s’échappent et le coup est nul… Parfois, les sardines sont trop petites et elles sont remises à l’eau. En 2009, une vingtaine de bolincheurs naviguent en Bretagne. Ils ont capturé 24 000 tonnes de sardines dont 9 650 tonnes dans les eaux du Parc naturel marin d’Iroise. En tonnage, la sardine est la première espèce prélevée dans cet espace naturel protégé. La bibliographie ■ Sardiniers au travail, Gérard Fournier, éd. Babouji/MDV Maîtres du vent, 2006 ■ Penn sardin : deux siècles de pêche à la sardine, F. Bertin, éd. Ouest-France, coll. « Mémoires », 2001 ■ La sardine : de la mer à la boîte, Philippe Anginot, éd. Libris, coll. « Artisans de la mer », 2002 ■ La sardine, Philippe Anginot, éd. IFREMER, coll. « Pêches maritimes », 2003 > À bord du bolincheur, action la salabarde entre en ■ Guides des poissons de mer et de pêche, B.J Muus, J.G Nielsen, P.Dahlström, B.Olesen Nyström, éd. Delachaux & Niestlé, 2005 ■ Les poissons de mer des pêches françaises, J. C. Quéro, J. J. Vayne, éd. Delachaux et Niestlé, 1997 ■ Guide d’identification des poissons marins, Europe et Méditerranée, P. Louisy, éd. Ulmer, 2002, 2005 ■ Trois sardines sur un banc, Michaël Escoffier, Kris di Giacomo, éd. Atelier du Poisson soluble, 2008 (album jeunesse à partir de 5 ans) ■ Océan, film de Jacques Perrin, Jacques Cluzaud, Pathé Distribution, 2010 Crédit photos : Agence des aires marines protégées/Parc naturel marin d’Iroise/Y. Gladu/Y. Turpin/S. Pianalto/C. Laspougeas/A. Bonneron - Dessins : Armel Bonneron La bolinche se referme. Elle est hissée à bord avec un treuil. Les matelots transvasent avec une grande épuisette appelée salabarde le poisson capturé vers les cuves d’eau de mer réfrigérées du navire.