Naturhome, la maison haute couture

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Naturhome, la maison haute couture
PORTRAIT
Naturhome,
la maison haute couture
À la découverte de l’entreprise de construction bois Naturhome, on ne peut s’empêcher à chaque détour de phrase de faire
un parallèle avec le monde de la couture.
De l’homme qui a donné naissance à cette
entreprise à ceux qui la gèrent actuellement, on retrouve une philosophie demeurée intacte, ce que les critiques de mode
appellent “les codes de la maison”, comme
le trench-coat si cher à Yves Saint-Laurent
ou le tailleur en tweed de Coco Chanel.
Ici, ces codes sont au nombre de quatre :
qualité, durabilité, excellence, respect des
engagements. Des valeurs simples à énoncer mais qui, partagées par tous les collaborateurs de cette entreprise, l’ont irrémédiablement amenée à se consacrer à une
clientèle haut de gamme.
Rencontrer Naturhome, c’est entrevoir la
perfection et en même temps mesurer ses
propres limites : effectivement, je ne suis
pas habillé par la maison Dior !
Naturhome, c’est d’abord le parcours de
Robert Belhomme. En 1969, ce jeune menuisier de Gouvy, à peine âgé de 22 ans, se lance
dans le bâtiment et la couverture.
Passionné par la construction bois, il prend
contact en 1972 avec un Norvégien dont il
importe les chalets en rondins massifs. Le succès escompté n’est pas au rendez-vous : problèmes avec l’urbanisme et produit éloigné du
goût des clients belges. Mais le concept séduit
la clientèle allemande ! Pendant dix ans, Robert
Une des tâches d’Olivier Louis est de maintenir le haut niveau de prestation, en quête permanente du meilleur matériau.
Belhomme va y travailler, construisant chalet
après chalet.
Profitant de l’avance de ce pays en matière de
construction bois, il emmagasine beaucoup de
savoirs et décide d’importer en Belgique la
technique du madrier empilé. Progressivement,
il élargit la palette de ses compétences en s’ouvrant au poteau-poutre et à l’ossature bois.
Nous sommes mi-nonante.
En 2000, une unité de fabrication de cloisons
voit le jour à Troisvierges, au Grand-Duché de
Luxembourg, à deux pas du site historique de
Gouvy. Quelques années plus tard, à partir de
2003, Robert Belhomme se retire progressive-
Dans ses ateliers de Troisvierges, les machines à commandes numériques autorisent un haut niveau de préfabrication.
ment des opérations et décide de confier alors
le développement futur de Naturhome à Pierre
Solheid, son bras droit depuis vingt ans.
L’entreprise prend alors un autre tournant en
investissant fortement dans des machines
numériques. En 2006, son parc matériel dépasse ce qui s’est vu jusque-là dans le Benelux.
Avec cette industrialisation de pointe,
Naturhome aborde des chantiers de plus en
plus audacieux et complexes.
Ces dernières années, pour répondre aux nombreux défis imposés par une clientèle d’élite, le
bureau d’études s’est étoffé et un Directeur
général adjoint, issu du monde du négoce
bois, a été recruté. Il s’agit d’Olivier Louis qui a
accepté de nous accueillir et de nous parler très
librement de son entreprise.
Haut de gamme revendiqué
Toute l’histoire de Naturhome s’inscrit dans
une quête très bien résumée par Olivier Louis :
« Pierre Solheid, le directeur et propriétaire de
l’entreprise, a imposé à ses réalisations des exigences toujours plus draconiennes en matière
de durabilité, de performances et de santé ;
c’est donc très naturellement que nos prix ont
augmenté. Ce choix sans compromis de la qualité nous a poussés vers le haut de gamme.
Heureusement pour nous, la clientèle a été
sensible à notre démarche, a reconnu notre
savoir-faire et a décidé de travailler avec
nous ».
Depuis, année après année, « Naturhome a
renforcé sa vocation de créateur d’architectures innovantes pour des clients exigeants.
Spécialisée dans la maison unifamiliale, notre
entreprise apporte une prestation complète,
du terrassement aux peintures ».
Active principalement sur la Belgique et le
Grand-Duché, « Naturhome réalise assez souvent des projets beaucoup plus lointains,
comme très récemment la plus grande maison
passive de France, en Vendée. Nous sommes
également sollicités en Espagne, en Italie, en
Allemagne, en Suisse… Mais nous essayons de
ne pas trop souvent sortir du territoire wallon
pour préserver la qualité de vie de notre personnel. Ce sont des hommes hautement qualifiés que nous ne voulons pas perdre ». Une
approche très humaine qui explique la récente
création d’une filiale française, où le personnel
local est formé pour l’amener au niveau d’exigence de la maison mère.
« Aujourd’hui, le groupe Naturhome compte
50 salariés, 15 employés et 35 ouvriers. En proportion, cela représente beaucoup d’employés
par rapport aux autres entreprises du secteur.
Mais ce que le client attend de Naturhome,
c’est une haute technicité. Nous avons donc 4
personnes à temps plein simplement pour la
partie dessin. Sur une année, chacun prend en
charge environ 12 réalisations. Cela représente
1 mois de travail par dessinateur et par projet !
C’est ce qu’il faut, tant les projets qui nous
sont confiés sont uniques ».
Pour illustrer son propos, Olivier Louis évoque
« le bâtiment multi-étages passif de 28 appartements récemment achevé sur les hauteurs de
Namur ». Visiblement une fierté.
Ou des réalisations d’une grande complexité
faisant référence à l’ « architecture organique,
où tout n’est que courbe. On nous donne carte
blanche sur des projets très difficiles à concrétiser avec le bois : des volutes, des courbes…
bref quand rien n’est droit ! ».
re que les panneaux massifs contrecollés. Nous
adoptons la meilleure technique en fonction
de ce qu’il convient de faire, parfois en combinaison avec l’acier ou le béton afin de respecter les souhaits architecturaux ».
Créateur recherche expert
« Ça se passe bien avec Naturhome quand l’architecte est un créateur et qu’il recherche des
experts pour résoudre les problèmes techniques ». Et ils sont nombreux, et plutôt
renommés, les architectes qui ont confié leurs
idées à Naturhome.
Pour Olivier Louis, « ces architectes ont souvent
en commun d’être des gens passionnés par
leur métier. Ils nouent un partenariat avec nous
pour que nous les aidions à dépasser les écueils
techniques. Notre mission est de donner corps
à leurs rêves ! ».
Pour qui a pris goût à cette manière de travailler, il est évident que Naturhome s’est constitué un solide réseau d’architectes partenaires.
« Mais cela n’exclut pas nombre de clients
venus vers nous par sensibilité à nos valeurs,
sans architecte à leurs côtés. On leur donne
des noms par rapport à l’orientation de leur
projet. Mais dans tous les cas, il faut que naisse une vraie collaboration entre l’architecte et
Naturhome ».
D’ailleurs, il est une question qui titille rapidement la curiosité. Pourquoi cette clientèle haut
de gamme fait-elle le choix du bois ? « Nos
clients sont sensibles à la performance acoustique et thermique qu’apporte le bois.
L’environnement n’est pas leur préoccupation
centrale ».
« Nous-même, nous ne sommes pas arrêtés sur
une technique ou un matériau. Nous proposons aussi bien l’ossature bois, le poteau-pout-
Une production jugulée
« Nous sommes une entreprise de 50 personnes et nous réalisons 50 projets par an. Pas un
de plus ! » nous confie Olivier Louis, insistant
sur le fait que « Naturhome joue sur la qualité,
pas le nombre ». Pourtant l’atelier est capable
de sortir trois fois plus de maisons que ce qui
est produit actuellement… « Il faut bien voir
que chaque réalisation demande énormément
d’heures de travail. Notre bouchon, c’est la
réalisation des finitions sur chantier : planchers,
portes, fenêtres… ».
Pour se développer, encore faudrait-il trouver
le personnel compétent mais « on a beaucoup
de mal à trouver des menuisiers mobiles, expérimentés et capables. On a peu de turn-over
mais on ne parvient pas à augmenter leur
nombre. C’est très difficile de trouver des gens
ayant la maîtrise technique et qui cultivent l’amour du travail bien fait ».
Conséquence, Naturhome privilégie très logiquement la composante valeur. « On ne mise
que sur ce qui demande de gros efforts techniques ou sur des produits de haut standing ».
Une orientation réaffirmée en cette période de
crise car « on observe sur nos marchés la
même tendance que dans le secteur automobile. Avant, il y avait les généralistes et le haut de
gamme. On voit aujourd’hui le low-cost, le
haut de gamme et, au milieu, ceux qui en
bavent ! Naturhome a choisi une voie claire, le
haut de gamme, nous maintenons le cap ! ». ■
Conçue par le bureau d’architecture Artau, Naturhome a réalisé cette maison unifamiliale à Izel (Chiny). Cet exemple témoigne aussi de sa capacité à s’adapter à des budgets contenus.

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