ART MODE DESiGN SHOPPING GASTRONOMIE EVASION

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ART MODE DESiGN SHOPPING GASTRONOMIE EVASION
FOCUS
ART MODE DESiGN SHOPPING GASTRONOMIE
EVASION MUSIQUE SORTIES GUIDE URBAIN
AVRIL 2015
MODE
Breves
de mode
Dingues de Daim
P
as coutume de le voir en été et
pourtant le daim s’impose dans
notre vestiaire estival. Comme
une seconde peau, le veau
velours
prend
différents aspects, se
colore, se pare de
motifs et autres
ornementations.
Gucci en a fait la
matière phare de
son dernier défilé.
Orné de gros boutons dorés, agrémenté
de franges, de liens, pour
un esprit hippie chic ou
perforé,avecdes empiècements
métalliques, il devient plus
rock et se couple avec d’autres matières.
Retravaillé, allégé, modernisé par
les créateurs, le daim redécouvre une nouvelle
jeunesse.
Tous les basiques
de la garde-robe
s’emparent de
cette matière,
qui se porte
comme une
seconde peau
pour une silhouette urbaine
et sportive. Pas de
doute, le daim, vous
fera la peau douce cet été.
L’enseigne COACH s’installe à Paris !
Cette année, Coach célèbre ses 75 ans. A cette
occasion, la maison créée en 1941, ouvre son
tout premier flagship au coeur de la célèbre rue
Saint Honoré à Paris (au 373). Une superficie
d’environ 2000 m², magnifiée par la conception
de William Sofield, fondateur et designer du Studio Sofield, qui a notamment participé à la création des boutiques Gucci, Yves Saint Laurent ou
encore Boucheron. Allée centrale en acier noir,
escalier en acajou, tapis tissés à la main... Des
pièces maîtresses qui inviteront les clients à la
découverte des différents modèles de la maison.
Chaleureusement éclairés, ces derniers seront
exposés dans un mobilier fin et élégant, grâce à
des meubles vintages ou fabriqués sur mesure.
Un espace où l’on pourra retrouver les collections
modernes et sophistiquées homme et femme,
ainsi que les collections accessoires. Un flagship
à découvrir cet automne.
Gar(d)e à vous !
Débarqué sur les podiums il y a quarante ans, le kaki ne les avait jamais vraiment
quittés, mais opère cette saison un come-back de choc. Evidemment, la couleur
joue sur toutes les gammes: vu en veau velours lors de la manifestation féministe de
Chanel, Marc Jacobs lui offre des accents aussi militaires que sexy, tandis que Ralph
Lauren le travaille en mode Out of Africa, pour un glamour safari.
Petite Terre
Swimwear
P
etite Terre Swimwear est une ligne de maillots chics et colorés ! Guadeloupéenne d’origine, ce n’est pas un secret pour la créatrice, les femmes
qui vivent dans les Caraïbes passent beaucoup de temps en maillot et sont donc très exigeantes : forme, qualité, confort… Tout est important
! Pour répondre aux attentes de sa clientèle, l’assemblage est réalisé à la main dans une petite usine de Denpasar et le tissu provient d’un fournisseur italien. Et parce que l’on peut être une fashionista tout en respectant la planète, ce dernier est composé à 88% de matières recyclées. Le
plus de cette collection, c’est que les créations Petite Terre sont personnalisables et qu’un seul maillot de bain peut se porter de diverses façons.
Un site Internet devrait quant à lui bientôt voir le jour et permettre de commander son maillot directement en ligne dès fin juin.
1
MODE
Portrait
d’un jour
A seulement 28 ans, Olivier Rousteing, directeur
artistique de Balmain, a su redorer à coups de strass
et de stars le blason de cette maison parisienne.
C
inq minutes seulement après qu’on ai été
annoncé, Olivier Rousteing nous reçoit,
assis derrière son grand bureau du VIIe
arrondissement. Un cube blanc haussmannien
posé au coeur même du triangle d’or. Chez Balmain, tout est rapide. Sa journée et son agenda
explosent. Il vient de finir la collection homme
et présente dans quelques jours sa croisière. Le jeune Bordelais trône au milieu de cet espace, entouré des dernières parutions presse de
la marque. Au regard de la multitude de pages
découpées, il fait bon être chez Balmain en
ce moment. «C’est une manière de voir comment les journaux interprètent ma mode», explique Olivier. Et celle-ci se vend comme des
petits pains. On imagine la lourde charge qui
pèse sur les épaules de ce jeune homme de 28
ans. Devant son bureau, il semble plus poupin, alors que certaines photos de son compte
Instagram laissent entrevoir un visage émacié, souvent pris de profil. Olivier se lève, Olivier se couche, Olivier s’amuse: Olivier & the
Selfies comme autant d’autoportraits rapides
et informatifs sur l’état d’un jeune garçon. La jalousie ou le dédain peuvent pointer à chaque instant, soyons franc!
Qui est ce garçon avec ce col de tee-shirt ouvert
comme une faille sur un corps très juvénile?
«J’essaie d’être à la hauteur»
Il quitte Bordeaux à 19 ans, après avoir essayé Esmod Bordeaux durant quatre mois.
Déjà, il regrette de ne pas avoir vu le monde
entier, mais tente quelques semaines de droit
pour faire plaisir à ses parents. «Pas la peine,
je rêvais déjà de Paris!» Enfant adopté d’un
père directeur du port autonome de Bordeaux
et d’une mère assistante sociale, voilà ce qu’est
le pedigree original et touchant du garçon.
L’enfance en province? «Tendre, rassurante avec
une famille adoptive qui m’a toujours soutenu. Ma
mère a eu un cancer il y a longtemps. Je l’entendais au bord
de mon lit dire que j’étais tout
pour elle. Alors, depuis, j’essaie
d’être à la hauteur», confie-t-il. Olivier Rousteing a été très
bon élève: «J’étais déjà compétiteur. Je n’aimais pas perdre.»
Et la ville? N’est-elle pas trop
sclérosante quand on veut dévorer le reste du monde? «J’ai
un très bon souvenir de Bordeaux, une ville aussi élégante
que Paris avec ses constructions
napoléoniennes. Il y persiste
une certaine idée du luxe de province et l’on peut
encore y croiser une aristocratie en trench Burberry et sac Chanel... C’est peut-être là ma seule
part de classicisme.» Car dans le sac des références du nouveau Balmain s’agite un luxe des
années 1990 qui s’affiche entre le clinquant
des chaînes dorées de Chanel, les top-modèles
blonds qui arpentaient les podiums et une vision pas si naïve des années fric de Tom Ford. En résumé, tout ce que sous-tend le dernier défilé
hiver de la maison: des amazones en cuir
kaki ou chocolat, repassées à l’autel du porno
chic, mais couvertes de pied en cap, avec, en
prime, une certaine idée de l’exotisme. Une retranscription quasi fantomatique du top-modèle Katoucha défilant pour Yves Saint Laurent.
C’est ici le point d’ancrage de la mode d’Olivier
Rousteing, une sorte de moulinette de clichés
où le premier degré n’a pas peur de pointer le
bout de son nez, une recette sincère et directe
que certains dédaignent. Trop franc du collier.
«Je ne serais pas tout à fait franc si j’oubliais
des influences aussi toxiques et amusantes pour
moi que Britney Spears, Beyoncé. Ma culture
musicale, est constituée de standards pop.»
Mais Balmain années 2010 s’est écarté des influences rock de son prédécesseur, Christophe
Olivier & Friends
330 000
Descarnin. «Il était plus rock, plus Bowie,
plus années 1980 et pantalon alors que j’aime
les robes courtes avec des références 2000.» Avant les années Balmain, O.R. s’est formé
en passant par l’Italie chez Cavalli. Dossier
et quelques dessins en main, il commence
une semaine après. La leçon de mode va durer plus de cinq ans auprès de Peter Dundas,
et de la maîtresse des lieux, Eva Cavalli. «Cette
marque est une bottega où tout semble possible:
si vous dessinez un imprimé, vous pouvez l’avoir
quelques heures après. Rien à voir avec les possibilités que j’ai aujourd’hui. C’est une maison aux
capacités énormes où la culture du luxe passe
par la qualité du cuir, embossé, patiné. J’y ai
appris cette notion du sexy, même si la mienne
est plus guerrière que femme vamp sylphide.» Derrière le jeune Olivier Rousteing se cache
donc un apprentissage en béton où le vêtement
est avant tout une histoire de coupe. La jolie
madame des origines, celle de Pierre Balmain, a
laissé tomber son tailleur noir strict et préfère au
charme du bruit des perles le genre jolie bombe.
«J’aime l’héritage de cette maison qui se permet
autant la vision architecturée d’un tailleur que
celle d’une robe longue à paillettes pour Dalida.»
abonnés instagram,une moyenne de 6000 likes par image sur les réseaux sociaux? Agaçant. «C’est un moyen de ne pas m’enfermer, tel un créateur qui aurait peur de son ombre, dans une tour d’ivoire. C’est une manière d’exister, quand tout ce que vous
avez à faire vous empêche de profiter d’une jeunesse, disons, plus normale. Je travaille beaucoup, mais je ne veux pas me délester de mon époque»,
confie Olivier Rousteing.
Ici, le couturier avec la chanteuse
Rihanna, le champion Lewis
Hamilton, Kim Kardashian et le
mannequin et actice Rosie
Huntington-Whiteley.
2
CULTURE
culture
club»
Selah Sue
est de retour avec son nouvel
album Reason. La chanteuse
belge avait été découverte en
2011 avec son titre Raggamuffin. 400.000 albums vendus à
l’époque en France. Quatre ans
plus tard, un verre de vin blanc
à la main, sa guitare près du canapé, son fameux chignon fait à
la va-vite, Selah Sue est de retour
avec treize chansons inédites. Un
album bourré d’énergie et saupoudré de rythmes électroniques
qui s’ouvre sur le morceau Alone.
Reason est plus produit donc plus
efficace, au détriment de l’émotion parfois. Selah Sue n’a rien perdu de sa
voix rauque. Elle chante ses doutes, ses fêlures, rend hommage à son père
et parle beaucoup d’amour. Elle se l’était interdit sur le premier album. La
jeune blonde de presque 26 ans
picore dans plusieurs genres, flirtant avec le RnB, la soul et même
la pop dans Fear Nothing.
La chanteuse parle «d’équation
variable». Elle a refusé de s’enfermer dans un seul genre. «Ce
n’est pas mon truc» explique la
jeune femme. «J’adore la soul à
l’ancienne mais pour une chanson,
pas pour tout le disque. J’adore
les sons électroniques mais pas
partout. Chaque chanson mérite son écrin et sa production. Je
n’ai pas pu faire de concessions
pour que toutes les chansons
sonnent de la même manière».
Il y a chez Selah Sue cette puissance vocale terriblement euphorisante. Mais ce deuxième disque cède
parfois un peu trop à la facilité. En concert le 30 mars en concert à l’Olympia à
Paris et en tournée partout en France dès le 23 avril.
BUREN
Marbre, pierre, granit et graphite sont les matériaux et les couleurs de
la quatrième exposition personnelle de Daniel Buren à la galerie Kamel
Mennour. « Au fur et à mesure, travaux in situ et
situés », tel est le titre de cette nouvelle intervention de l’artiste français mondialement connu pour
ses interprétations poétiques et ses subversions
architecturales – éphémères ou durables – de
lieux aussi bien publics que privés allant du centre
Pompidou à Paris au musée Guggenheim de New
York. Ici, Buren apprécie, géométrise et arpente un
lieu, l’espace de la rue du Pont de Lodi, où, en
1983, il avait déjà réalisé une exposition. Jusqu’au
14 avril 2015.
VE MIN
A
T
C
O
DS
«L’enfant terrible de la mode» expose
(enfin) au Grand Palais.
L’exposition Jean Paul Gaultier est un véritable phénomène ayant conquis plus d’un million et demi
de visiteurs au cours d’une tournée internationale.
Elle, qui en sera à sa dixième étape après notamment
Montréal, ou Melbourne, marquera un moment fort
dans la carrière du couturier. Ce créateur unique, à
l’imagination débridée, est en effet depuis toujours
inspiré par toutes les différences, quelles soient
physiques ou culturelles. Une édition spéciale pour
le Grand Palais dévoile des pièces inédites de haute
couture et de prêt-à-porter créées entre 1970 et 2013.
Cette exposition multimédia rassemble également
croquis, archives, costumes de scène, extraits de
films, de défilés, de concerts et émissions télévisées.
Exposition du 1er avril au 3 août 2015 dans les Galeries Nationales du Grand Palais
Quelques accords de piano ouvrent une ballade troublante où la mélodie
peine à s’imposer, Morceau asymétrique que contrarie le titre Symmetry Slice. Peu
à peu on sent les basses, lourdes, qui invitent un bouquet de sons électroniques,
et des synthés en premier lieu. On en frissonne. Chilly Gonzales ne cessera finalement jamais de nous surprendre.
Cette fois, le compositeur canadien a collaboré avec Boys Noize, DJ allemand qui a
remixé son titre Working Together en 2008, la période plus pop de l’artiste.
Leur groupe s’appelle Octave Minds, et leur musique est une pépite surprenante,
prolongement aérien d’Ivory Tower, L’univers, romantique à souhait, repose sur
une succession de sons synthétiques, qui forment un mariage des plus troublants
avec le piano, arme de prédilection de Gonzales. Mais rien n’est arrêté. Le duo ne
cesse de nous étonner tout au long du disque, composant, le temps d’un titre follement romanesque, un concert de choeurss synthétiques (Initials KK). Un peu
après ,Chance The Rapper, tout jeune rappeur américain, déclame son texte sur
une musique foncièrement baroque (Tap Dance). Octave Minds parvient à passer
d’un genre à l’autre, pour retourner vers des contrées plus pop ou folk, moins inquiétantes (In Silence). Mais on ne cessera d’écouter en ouverture le majestueux Symmetry Slice, repris en clôture d’album, un régal.
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