Les soins pallaitifs à domicile

Transcription

Les soins pallaitifs à domicile
Quand les derniers jours
se vivent à domicile
Guide d’intervention pratique
Édition
Centre de santé et de services sociaux de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent
Mise en page, production et impression
Robert Julien, Service des communications
Dépôt légal
Bibliothèque nationale du Québec
ISBN : 978-2-9809808-3-1
978-2-9809808 (format pdf )
www.csssbordeauxcartiervillesaintlaurent.ca
Sous l’onglet : Publications du CSSS
Quand les derniers jours se vivent à domicile
Guide d’intervention pratique
Par
Lorie Lord Fontaine, Infirmière B.Sc., CSIO
Francine Lajeunesse, Infirmière B.Sc.
En collaboration avec Karine Girard, agente de projets
dans le cadre du service de soutien aux programmes
Mai 2007
« Dans le frais clair-obscur du soir qui tombe,
la vie chemine vers le jour qui vient… »
Quand les derniers jours se vivent à domicile
Guide d’intervention pratique
Un cheminement vers la mort
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Les soins physiques
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1. Soins de bouche et hydratation
8
2. Soins des yeux
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3. Soins de peau
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a. Positionnement b. Incontinence urinaire/fécale
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13
4. Médication injectable
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Le décès et la suite
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Les références
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Quand les derniers jours se vivent à domicile
Guide d’intervention pratique
Après avoir vécu toute une gamme d’émotions amenées par la vie,
vient le temps de vivre l’étape ultime qu’est la mort. Cette étape
représente un point tournant pour les proches et l’accompagnement
d’un mourant peut se révéler fort exigeant.
Tout comme les flocons de neige, chaque personne est unique avec
un bagage qui lui est propre. Ainsi, chaque décès sera unique.
Ce guide d’intervention pratique souhaite épauler les proches aidants
qui veulent respecter le désir de mourir à domicile de leur être cher.
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Un cheminement vers la mort
Au cours de ce cheminement vers la mort, voici quelques signes ou
manifestations physiques qui peuvent se présenter lorsque le décès
est imminent:
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▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
▶
yeux mi-ouverts ou vitreux
changement de coloration du visage
mâchoire tombante
écoulement de sécrétions par la bouche
respiration irrégulière et difficile accompagnée de bruits de
gargouillis dans la gorge ou la poitrine (appelés râles), car la
faiblesse empêche la toux
pouls faible ou rapide
baisse de la tension artérielle
agitation et anxiété augmentées
regain d’énergie
froideur progressive du corps
coloration rosacée aux coudes, aux genoux et aux chevilles
pouvant s’étendre à la face interne des jambes, des fesses et
du dos
mains et pieds violacés
urine rare
état semi-comateux ou comateux ne répondant plus aux
stimulations
Même lorsque la personne chère ne semble pas
consciente, votre présence pendant cette étape
de vie est un réconfort. L’ouïe étant le dernier
sens perdu, il faut continuer à lui parler.
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Les soins physiques
1. Soins de bouche et hydratation
Tant que l’être cher est conscient et a le réflexe d’avaler, il est possible de lui
proposer des glaçons, de l’eau ou des boissons pétillantes en autant qu’il soit
en position la plus assise possible. De plus, il importe de l’aider à procéder au
brossage des dents ou au nettoyage des prothèses dentaires une à deux fois
par jour.
Si la personne est agitée, inconsciente ou semi-consciente, il est préférable
de lui retirer ses prothèses dentaires. Lorsque le réflexe d’avaler n’est plus
présent, il ne faut pas forcer la personne à boire, car cela risquerait d’entraîner
certaines complications comme l’aspiration de nourriture ou de liquide dans
les poumons.
Il faut savoir que la déshydration n’est pas douloureuse. Si la bouche est
maintenue humide, la sensation de soif ne sera pas présente. Une personne
en fin de vie respire souvent par la bouche ce qui entraîne une sécheresse
de celle-ci. Il est recommandé à ce moment de faire les soins de bouche
approximativement aux 2 heures ou lors des changements de position.
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Voici quelques recettes à appliquer avec des toothettes (tiges avec
éponge), une brosse à dents souple ou une débarbouillette :
La recette de base
1 tasse d’eau
½ cuillère à thé de bicarbonate de soude
une pincée de sel
▶
▶
commencer par frotter délicatement les dents, la langue, l’intérieur des
joues puis les gencives.
dans le cas où de la nystatine ou du rince-bouche magique avaient été
prescrits, vous pouvez continuer à les utiliser avec une toothette.
Si les muqueuses sont très sèches :
 ajouter un peu d’huile minérale à la recette de base
Si des croûtes ou dépôts sont présents :
 ajouter 1/3 tasse de peroxyde d’hydrogène 3% à la recette de base,
appliquer dans la bouche et laisser l’effet effervescent agir quelques
minutes puis rincer avec une toothette imbibée d’eau
Si les lèvres sont sèches :
 utiliser une crème base glaxal (également bonne pour tout le corps)
et/ou vitamine E
Éviter les tiges de glycérine et citronnées ainsi que
les rince-bouches commerciaux contenant de l’alcool
qui assèchent la bouche.
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2. Soins des yeux
Nettoyer les yeux avec une débarbouillette du nez vers l’extérieur et changer
de coin de débarbouillette pour l’autre oeil. Si des sécrétions sont présentes,
appliquer des compresses tièdes pendant quelques minutes puis frotter très
doucement pour les retirer. Il est aussi possible d’utiliser du shampoing/
savon pour bébé sans larmes.
Il arrive souvent qu’en fin de vie le malade dorme les yeux entrouverts par
faiblesse ou simplement parce que les paupières ne ferment plus complètement. Il est alors important de maintenir les yeux humides avec des larmes
artificielles à mettre toutes les 2 heures.
3. Soins de peau
Figure A
a. Positionnement
Il est important de faire des changements de
position aux 2 heures durant le jour et aux 4
Éviter les couvertures
heures durant la nuit. Le changement de positrop lourdes et trop
tion permet d’éviter les plaies et de diminuer
serrées au niveau des
l’encombrement respiratoire. Si la mobilisapieds.
tion semble douloureuse, prévoir un antidouleur environ 30 minutes avant le changement
de position.
De plus, il importe de surveiller les points de pression aux saillies osseuses (voir figure A). Il est d’ailleurs suggéré de masser doucement le dos et
les points de pression avec une lotion ou crème hydratante de votre choix
environ 3 fois par jour lors d’un changement de position.
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Rappel pour le positionnement au lit :
▶
▶
▶
Aligner la tête et le tronc
Donner une légère flexion au niveau du coude, du poignet et des
doigts
Éviter de tourner les jambes vers l’extérieur lorsque la personne est
sur le dos
Voici deux exemples de position :
Position demi-assise au lit
Position demi-latérale dorsale
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Deux méthodes pour le changement de position au lit
Méthode pour remonter
1. Se placer à la tête du lit, un genou contre le lit, dos non voûté et
2.
3.
sans torsion
Tendre vos bras, prendre l’alèse et l’enrouler jusqu’au tronc
Bien saisir l’alèse avec les deux mains et pousser sur votre pied au sol
en transférant votre poids vers l’arrière comme pour vous asseoir sur
votre talon. La personne glisse alors vers la tête du lit.
Méthode pour tourner
1. Replier les jambes de votre être cher
2. Ramener son bras le plus éloigné de vous sur son abdomen
3. Tourner sa tête vers le côté où l’on tourne
4. Rouler le côté de l’alèse pour favoriser une bonne prise
5. Tourner la personne vers soi en faisant un transfert de poids d’une
jambe à l’autre.
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b. Incontinence urinaire/fécale
En fin de vie, l’utilisation de culottes d’incontinence est souvent nécessaire. Il
faut s’assurer de les changer dès que souillées. À chaque changement, bien
laver et assécher la peau.
Il est recommandé d’utiliser des crèmes protectrices comme la pâte d’ihle.
Lorsque cette pâte est souillée, il faut seulement enlever la surface qui n’est
plus propre et remettre une nouvelle couche de pâte. Éviter de nettoyer
jusqu’à la peau mais si nécessaire, utiliser de l’huile (végétale, minérale ou
de bébé).
S’il y a de la rétention urinaire ou parfois pour d’autres raisons, l’infirmière
doit installer une sonde urinaire, dans ce cas, voici les soins requis :
▶
▶
▶
▶
▶
se laver les mains avant et après toute manipulation
placer le sac plus bas que le niveau de la vessie pour empêcher
le reflux
s’assurer qu’il n’y a pas de nœud dans la tubulure pour que la
sonde draine bien
vider le sac collecteur en utilisant le robinet de vidange toutes
les 8 heures ou plus souvent si la quantité est plus importante.
un récipient destiné à recueillir les urines doit être réservé à
cette fin. Ne pas oublier de refermer le robinet pour éviter les
dégâts
si la sonde se détache de la tubulure, utiliser un tampon d’alcool pour désinfecter l’extérieur de la sonde et de la tubulure
puis rebrancher ensemble
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4. Médication injectable
Lorsque l’être cher ne peut plus prendre de médication par la bouche, certains médicaments pourront être administrés par injections sous-cutanées
c’est-à-dire sous la peau. Il est possible de le faire par un dispositif installé par
l’infirmière appelé papillon.
Voici la méthode d’utilisation :
1. Nettoyer le bouchon avec de l’alcool
2. Piquer l’aiguille ou l’embout de plastique de la seringue au
3.
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centre du bouchon (parfois la seringue doit être vissée sur
le bouchon)
Pousser le piston lentement (certaines médications peuvent
piquer ou brûler) jusqu’à ce que la seringue soit vide.
Lorsque certains symptômes sont présents, des médicaments peuvent
être prescrits par le médecin pour soulager votre être cher. Ils peuvent être
administrés seul ou en combinaison. Il est important de les noter à l’aide d’un
tableau comme le suivant.
Médicament
Date
Ex : Gravol 12/01/07
01
02
03
04
X
05
Heure
06 07
08
X
09
10
11
12
X
Voici une liste de certains symptômes et des médicaments qui sont
habituellement prescrits pour les soulager :
Si douleur :
▶ morphine, dilaudid (hydromorphone)
Si agitation/anxiété :
▶ ativan (lorazepam), versed (midazolam), nozinan
(méthotriméprazine), haldol (halopéridol)
Si râles (sécrétions) :
▶ scopolamine (hyoscine), atropine, robinul (glycopyrrolate)
Si difficultés respiratoires :
▶ donner un médicament antidouleur et/ou contre l’anxiété
Si nausées ou vomissements :
▶ gravol (dimenhydrinate), haldol (halopéridol), stémétil
(prochlorpérazine), décadron (dexamethasone)
Ne pas hésiter à communiquer avec l’infirmière pour
toutes questions ou incompréhensions.
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Le décès et la suite
Lorsque la personne cesse de respirer, il n’y a pas d’urgence.
Voici quelques suggestions et conseils :
Prendre le temps nécessaire en famille. Contacter les personnes
souhaitant être présentes. Il est acceptable de garder la dépouille
pendant quelques heures.
Faire une toilette si nécessaire ou souhaitée.
Positionner le corps dans une attitude de repos sur le dos.
S’assurer d’avoir le formulaire d’attestation de maladie terminale ou
de non-réanimation à portée de main.
Rejoindre le médecin pour qu’il signe le constat de décès. Si le
médecin est non disponible à domicile, appeler le 911 en spécifiant
qu’il s’agit d’un décès attendu.
Communiquer avec le salon funéraire choisi une fois le constat de
décès signé.
Ne pas oublier d’aviser du décès les intervenants du centre de santé
et de services sociaux (CLSC).
Retourner les médicaments non utilisés à la pharmacie.
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Afin de faciliter les diverses démarches à entreprendre auprès des
institutions gouvernementales et financières, le gouvernement du
Québec met à votre disposition une brochure nommée « Que faire
lors d’un décès » disponible via votre centre de santé et de services
sociaux (CLSC), le site Internet « www.gouv.qc.ca » ou en téléphonant
à Communication-Québec au numéro de téléphone suivant
1-800-363-1363.
Traverser un deuil est une expérience unique à chacun. Cela peut
vous paraître pénible car votre quotidien est parsemé d’émotions et
de réactions variant d’intensité qui vont et viennent. Si vous vous
sentez dépassé par la situation ou si vous ressentez le besoin d’être
accompagné dans ce processus de deuil, n’hésitez pas à communiquer avec des personnes significatives. Des professionnels de la
santé et des services sociaux sont aussi disponibles pour vous
aider ; votre médecin de famille, une infirmière, un psychologue ou
un travailleur social. Pour connaître ces ressources, S.V.P. contacter
votre centre de santé et de
services sociaux (CLSC).
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Les références
Référence principale
Mainville, M-C., (2005), Mourir à domicile, Éditions Ressources, Bibliothèque nationale du
Canada, ISBN 2-923215-03-6, 130 pages.
Autres sources d’inspiration (par ordre alphabétique)
Association canadienne des infirmières en oncologie (1997), Le manuel de la douleur :
Principes et problèmes de la gestion de la douleur causée par le cancer, S. Lawrence Librach,
Bruce P. Squires. Pegasus Healthcare international et S. Lawrence Librach, 134 pages.
Cloutier, C., Landry, G., (1995), Soins palliatifs à domicile : Guide pratique d’intervention,
CLSC Verdun/Côte St-Paul, 34 pages.
CLSC Beauce-Sartigan (2001), Guide d’intervention en soins palliatifs à domicile : maintien à
domicile, 399 pages.
Fontaine, L. (1992), Alors qu’une vie s’achève : Guide pratique d’accompagnement des
mourants de troisième âge, Les Éditions JML Inc., Bibliothèque nationale du Québec.
ISBN : 2-89234-039-X, 96 pages.
Foucault, C. et Chapados, C., (1996) L’art de soigner en soins palliatifs : Perspectives infirmières,
2e édition, Les Presses de l’Université de Montréal, Bibliothèque nationale du Canada,
ISBN 2-7606-1626-6, 215 pages.
Léveillé, G., (2000), Guide d’intervention clinique en soins palliatifs : à l’intention des infirmières
et des infirmiers, La Maison Michel Sarrazin, Éditions Anne Sigier, Québec, 197 pages.
Regroupement des pharmaciens en établissement de santé ayant un intérêt pour les soins
palliatifs, (2002), Guide pratique des soins palliatifs : gestion de la douleur et autres symptômes,
3e édition, Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec, Montréal,
336 pages.
Smeltzer, S. et Bare, B., (1994), Soins Infirmiers, Médecine et Chirurgie, Fonction Génito-urinaire,
p.1037.
18
Remerciements
Ce guide a été réalisé grâce au soutien de la Direction des services
aux personnes en perte d’autonomie, sans qui ce projet n’aurait pu
voir le jour. Un soutien financier a été accordé par la Direction de la
qualité et de la mission universitaire de notre CSSS, dans le cadre des
Projets qualité qui ont pour objectif l’amélioration de la qualité des
services dispensés à la clientèle.
Un merci sincère à toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont
collaboré à l’élaboration de ce guide.
19
Nos
sites
Centre d’hébergement Notre-Dame-de-la Merci
(Centre administratif)
555, boulevard Gouin Ouest, Montréal, H3L 1K5 (514.331.3020)
Centre d’hébergement Saint-Joseph-de-la-Providence
11810, avenue du Bois-de-Boulogne, Montréal, H3M 2X7 (514.334.3120)
Pavillon des Bâtisseurs
11844, avenue du Bois-de-Boulogne, Montréal, H3M 2X6 (514.334.4817)
Centre d’hébergement de Saint-Laurent
1275, boulevard de la Côte-Vertu, Saint-Laurent, H4L 4V2 (514.744.4981)
CLSC de Bordeaux-Cartierville
11822, avenue du Bois-de-Boulogne, Montréal, H3M 2X6 (514.331.2572)
CLSC de Saint-Laurent
1055, avenue Sainte-Croix, Saint-Laurent, H4L 3Z2 (514.748.6381)
Centre d’hébergement de Cartierville
12235, rue Grenet, Montréal, H4J 2N9 (514.337.7300)
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