Maître David Fouchard.

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Maître David Fouchard.
David Fouchard, futur bâtonnier : « Rendre à la
profession un peu de ce qu’elle m’a donné »
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David Fouchard, nouveau bâtonnier du barreau de Dijon. Photo A. R.
C’est sans cérémonie, le 1er janvier, que la passation de
pouvoir symbolique entre l’ancien bâtonnier, Maître
Touraille, et son successeur, sera actée. Rencontre avec Maître David Fouchard.
Avocat, était-ce une vocation pour vous ?
« Mon père était professeur de Droit, je voulais travailler dans le monde judiciaire. J’hésitais
entre la magistrature et le barreau et il se trouve qu’au sortir de la maîtrise je n’ai passé que
l’examen du barreau avec une préparation très “light” et je l’ai eu du premier coup. J’ai vu ça
comme un signe du destin. »
Pourquoi avoir choisi la Bourgogne ?
« Originaire de Dijon, j’ai fait une partie de mes études à Paris, j’avais des contacts au barreau
de Paris, j’aurai pu être avocat là-bas, mais je ne voulais pas y pratiquer mon métier. Le
barreau à Dijon me convenait plus parce que c’est beaucoup plus varié. À Dijon on peut
trouver de vrais avocats généralistes, qui font beaucoup de choses et qui ont une activité très
variée. Ici on touche à beaucoup plus de choses, il y a une activité plaidante plus importante,
on a l’occasion de bouger. »
Que préférez-vous dans votre métier ?
« Aucune journée ne se ressemble, il n’y a pas de routine. Les clients ne se ressemblent pas, il
y a une partie du travail en cabinet et on bouge beaucoup, entre les réunions, les rendez-vous
d’expertises, les plaidoiries. »
Justement, qu’est-ce qui fait une bonne plaidoirie ?
« Il faut être convaincant plus qu’éloquent, même s’il est peut-être plus facile de convaincre
avec éloquence… »
La justice a été un peu bousculée ces dernières années…
« Elle est dans une phase où les réformes se succèdent à un rythme très soutenu. Depuis cinq
ans, la profession a dû encaisser énormément de choses. Un changement radical des règles de
procédures avec la suppression des avoués en cours d’appel. Ils se chargeaient de toute la
partie administrative et de représentation, il a donc fallu que les avocats s’approprient ce
nouveau métier. Il faut aussi s’adapter aux nouveaux modes de communication. Aujourd’hui,
beaucoup de procédures se font par voie électronique. Autre changement : l’intervention de
l’avocat dès la première heure de garde à vue. Nous avons dû repenser la liste des commis
d’office, lister les avocats disponibles. Et, avec la réforme Taubira, les changements vont
continuer (lire par ailleurs). »
Que signifie être bâtonnier pour vous ?
« C’est rendre à la profession un peu de ce qu’elle m’a donné. Il faudra chapeauter 330
avocats et le budget de l’ordre qui représente un million d’euros chaque année. Plus être
président de la Caisse des règlements, la Carpa qui gère les fonds de nos clients. Je vais aussi
gérer les conflits entre avocats. L’ADN de la profession, c’est la confrontation intellectuelle,
ce qui peut donner lieu à des accrochages entre confrères, il y a une notion de pré carré à
défendre. J’aurai également une mission disciplinaire à travers le conseil de l’ordre. »
Être adoubé par ses pairs, c’est plutôt flatteur, non ?
« Effectivement, j’ai été élu pour deux ans par les 330 avocats en exercice et les 30
honoraires, qui ont gardé le titre. Être choisi par ses pairs c’est la meilleure chose qui puisse
arriver. »
Votre prédécesseur, Maître Touraille, vous a-t-il donné un conseil ?
« Oui. De toujours garder ma porte ouverte pour que les avocats se sentent libres de rentrer
dans mon bureau et exposer les problèmes qu’ils rencontrent