Le coche et « l`effet de levier » de la mouche
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Le coche et « l`effet de levier » de la mouche
Edito Le coche et « l’effet de levier » de la mouche R éduire les subventions européennes à la recherche pour les remplacer par des prêts bancaires à l’innovation, voilà les pensées qui animent certains. Un débat que l’on croyait éteint resurgit. Sournoisement, une volonté de désengagement se fait jour, une sorte d’open get away. L’effet de levier fait florès dans les politiques publiques. Il permet d’afficher les efforts des autres comme étant les siens pour un coût très minime. A entendre ses thuriféraires, le plan Juncker serait une réussite. Ils pensent à tout moment que ce sont eux qui font aller la machine. Lorsqu’ils voient les gens marcher, ils s’en attribuent la gloire. Un banal prêt de la Banque européenne d’investissement (BEI) ne serait soudainement possible que grâce à eux. La prochaine étape consisterait à réviser le budget de l’UE et à revenir sur ce qui a été décidé en réduisant le budget des actions de recherche au sein d’Horizon 2020. Innov Fin et le Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI) prendraient le relais. Ils permettraient, grâce à l’effet de levier, d’afficher avec satisfaction des montants financiers très supérieurs aux amputations budgétaires réalisées. Les constructions financières prennent le pas sur la production de matière grise. En faisant d’Horizon 2020 un « programme de recherche et d’innovation », on a ouvert la porte à son démantèlement progressif. Le Parlement européen s’y oppose. Il appelle à restaurer les financements de la recherche, délibérément mis à mal par le plan Juncker. Horizon 2020 donne la priorité à la matière grise, tant dans les projets de recherche que sous des formes de transfert de compétences pour les PME (voir p. 10). Au plan institutionnel, le Campus européen des universités du Rhin supérieur donne vie à l’espace européen des acteurs de la recherche. Magnifique confédération transfrontalière d’universités, le campus respecte l’autonomie de chacune, il porte les demandes de financement communes auprès des financeurs nationaux et européens (voir p. 4). La révision à mi-parcours d’Horizon 2020 misera-t-elle sur l’économie de la connaissance portée par les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche ou sur un effet de levier financier porté par la BEI ? Un lourd choix de société avance masqué. Par Alain Quévreux Retrouvez la version numérique enrichie sur www.anrt.asso.fr 3