Edition du 5 Septembre 2014 - HomeCinema-FR
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#92 Edition du 5 Septembre 2014 Nos étoiles contraires Young Ones Interview de Robert Rodriguez L’Homme qu’on aimait trop La Nuit des morts-vivants Prisoners L’installation d’Adrien Souvenirs d’un pas grand chose La bête Beastie Boys - Ill Communication Coldplay - Ghost Stories [3D] Rio 2 [3D] 300 : La naissance d’un Empire Divergente Brick Mansions Edition du 5 Septembre 2014 Numéro 92 REDAC' CHEF Fabi REDACTEURS Djee Eloch Guyness IgoR Laric Lazein Le Loup Céleste Pravda SnipizZ Steph-Hifi Takeshi29 Ze Big Nowhere CONCEPTION ET MISE EN PAGE Laric Fabi SOUTIEN ET PUBLICATION Syntaxeror Pixelounge CORRECTIONS Fabi Frahlt Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029 www.homecinema-fr.com SOMMAIRE A l’affiche Takeshi29 - Josh Boone - Nos étoiles contraires 4 6 Guyness - Jake Paltrow - Young Ones Maintenant ou jamais, Délivre-nous du mal, Hippocrate Boys Like Us, Le Secret de Kanwar, Obvious Child Grand Nord 3D - Les ailes de Johnny May, Don Giovanni, Piège de cristal Métamorphoses, Mary Kom, Irina, la Mallette rouge 8 9 10 11 Nouve INTERVIEW au The Red Bulletin - Robert Rodriguez 12 7ème ART Eloch - André Téchiné - L’Homme qu’on aimait trop Djee - George A. Romero - La Nuit des morts-vivants Djee - Denis Villeneuve - Prisoners 14 16 18 Nouve INSTALLATION Laric, Snipizz, Steph Hifi - L’installation d’Adrien au 20 A LIRE Igor - Charles Bukowski - Souvenirs d’un pas grand-chose Pravda - Kenneth Cook - La bête 26 27 MUSIQUE Ze Big Nowhere - Beastie Boys - Ill Communication Lazein - The Who - My generation 28 29 BLU-RAY Le Loup céleste - Carlos Saldanha - Rio 2 [3D] Le Loup céleste - Noam Murro - 300 [3D] Le Loup céleste - Neil Burger - Divergente Le Loup céleste - Camille Delamarre - Brick Mansions 30 32 34 36 La présentation (dénominations ou appellations, maquette, mise en page, logos), est la propriété de l’association HCFR. Aucune exploitation commerciale, reproduction, utilisation, modification, traduction, partielle ou intégrale des éléments de cette revue ne pourra en être faite sans l’accord préalable et écrit de l’association HCFR. 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Je guette discrètement où se situe la sortie de secours et là, le piège se referme, les lumières s’éteignent et je suis parti pour deux heures de torture. Hein ? Quoi ? Comment ? C’est déjà fini ? Ça chouine sévère dans la salle, les boites de Kleenex volent de partout et j’en attrape une au passage afin de sécher mes larmes au plus vite. Je suis un mec, moi, et il n’est pas question que mon petit bijou s’aperçoive que son père n’est qu’une pleureuse qui s’est totalement fait avoir par ce mélo pour midinettes, qu’il a craqué pour Hazel Grace Lancaster et Augustus Waters, qu’il a par«Qui n’a jamais eu une ado me jette la première pierre...» tagé leurs rires et leurs larmes, qu’il s’est retrouvé l’espace de 120 minutes dans la tête de celui qu’il était il Oui je suis allé voir «Nos étoiles contraires» et je vais y a 25 ans. m’en expliquer. Ok, ces «étoiles contraires» sont filmées avec les pieds, Je n’y peux rien, j’ai une petite blonde sublime qui me les scénaristes mériteraient la peine capitale, à moins sert de fille, dont je suis fou et à qui je ne peux rien que le roman d’origine soit le responsable de ce récit refuser. Cette année, cette petite déesse a assuré comme une folle, elle a obtenu son brevet avec Mention Bien, fait podiums sur podiums lors de ses compétitions d’équitation, je ne pouvais donc que l’encourager à continuer ainsi et voici comment je me suis retrouvé à lui déclarer : «Ma puce, ce jeudi, on s’offre quelques heures en tête-à-tête, et c’est toi qui mènes la danse. Tu choisis ce que tu veux pour ta jument, le film que tu veux et pour finir cette journée en beauté, on se fait le resto que tu souhaites.» Donc direction le magasin spécialisé en équipement pour bourrins, petite balade, puis vient l’heure du ciné. Et là c’est le drame... Je me retrouve dans une salle obscure cernée par une horde de jeunes filles en fleurs. Oh p.... c’est quoi ce traquenard ? Je regarde le pitch du film: «Un jeune garçon et une jeune fille atteints d’un cancer en phase terminale tombent amoureux.» A ce moment-là, quelques gouttes de sueur font leur apparition le long de mes tempes. Non, ne me dites pas que qui part dans tous les sens, on peut par instants avoir l’impression d’être pris en otage, mais rien à foutre, c’était vachement bien, le duo de jeunes acteurs est absolument craquant, Laura Dern est toujours aussi merveilleuse, la bande-son est aux petits oignons. Et vous n’êtes pas sans savoir l’effet que provoquent ces fichus oignons lorsqu’on les épluche. Je sais, vous allez me jeter des pierres, vous moquer de moi comme vous l’avez fait lorsque j’ai tout avoué pour «Twilight» mais je vous emm...., vous n’êtes que des adultes blasés, incapables de comprendre ce qui se passe dans nos petites têtes et nos petits cœurs, à nous les filles de 14 ans. Et au fait, le restaurant était top... Numèro 91 - HCFR l’Hebdo 5 A l’affiche Guyness Young Ones (2014) Jake Paltrow D ans un futur proche, l’eau est devenue une denrée rare. Ernest et ses enfants vivent dans l’espoir de revoir leurs terres fertiles. Date de sortie : 06 août 2014 (1 h 40 min) Par : Jake Paltrow Avec : Michael Shannon, Elle Fanning, Nicholas Hoult Film américain Genre : Action, drame et science fiction 6 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 «Coup d’effet dans l’eau» Young ones est un film bien étrange. Situé au carrefour du film de SF, du western, du ciné indé et du blockbuster, il mixe les codes de ces différentes univers mais, hélas, emprunte en même temps une tripotée de leurs défauts respectifs. On aurait adoré l’aimer, on est contraint de (sérieusement) chipoter. -Temps bête dans un verre d’eau- s’étale avec une longueur d’autant plus inutile que L’impression que Jake Paltrow ne parvient jamais vrai- nous avons déjà assisté à la majorité des images proment à se définir est évidente dans sa façon même de jetées. réaliser. Des tas de figures de styles sont utilisées, mais sans réelle cohérence. A un générique de début aride Certaines idées farfelues ne sont pas suffisamment succèdera un générique de fin à la limite du kitsch. ancrées pour ne pas paraitre totalement gratuites, Certains cuts extrêmes brutaux sont contrebalancés comme ces policiers de la frontière juchés sur des échasses (quoi de plus facile à faire tomber ?). En creupar des fondus successifs parfois indigestes. Un plan résume parfaitement ce «cul-entre-deux- sant un peu, on peut d’ailleurs relever une foultitude chaises» permanent : d’un écran parfaitement noir, la de petites incohérences. Si on assiste au spectacle d’un caméra contre-zoome pour nous extraire de l’œil d’un âne, un robot et un bad guy qui se cassent tour à tour garçon et, toujours en reculant, nous montre le plan une jambe, on peut affirmer que l’ensemble ne casse d’ensemble d’une famille assistant à une cérémonie (je pas trois pattes à un ******. n’en dis pas trop) pour finir par être la scène qu’une infirme consulte sur l’équivalent d’une tablette. Ou est la (Et puis il y des choses qui ne passent pas, de notre cohérence dans tout ça ? Qui aurait pu filmer une telle côté de l’Atlantique: nommer un de ses personnages Flem Lever. Franchement. Ils voulaient pas ajouter « de séquence ? se » au milieu, tant qu’ils y étaient ?) -Orage, eau des espoirs-blanc-bec dans l’eauMalheureusement, la seule unité de ton se situe dans un scénario lui-même à la recherche d’un rythme que Tout ceci est fort dommage car le film avait beaucoup le découpage en chapitres ne parvient jamais à établir à proposer et ne rate pas toutes ses cibles. Sa relative (et donc raccord avec la réalisation erratique). Certains originalité, son ambiance spécifique, ses quelques moments clefs de l’histoire sont traités avec une rapi- plans saisissants, sa distribution agréable (même si les dité confondante, rendant le récit difficilement déchif- personnages féminins sont totalement inexistants et frable alors que d’autres, évidents, sont distendus avec inconsistants) pouvaient en faire une œuvre importante pour redonner de l’oxygène à une production à ostentation. Quand Jerome découvre, par l’équivalent d’une camé- court de tout sauf de budget. ra de surveillance, la vérité sur le destin tragique de C’est en partie raté, mais on ne peut qu’avoir envie l’un de ses proches (idem, je cherche à ne pas spoiler), d’encourager ce genre d’effort. la scène (outre une double perspective incongrue) Numèro 91 - HCFR l’Hebdo 7 Boys Like Us Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 30mn ) Réalisé par Patric Chiha Avec Florian Carove, Raphaël Bouvet, Jonathan Capdevielle, Inge Maux, Gisèle Vienne Film français Genre : Comédie Trois amis gays, trentenaires névrosés, parisiens agités, perdus dans les montagnes autrichiennes. Entre sommets vertigineux et gouffres abyssaux, il est peut-être temps de faire le point sur leurs vies, leurs amours et leur amitié… Le Secret de Kanwar Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 49mn ) Réalisé par Anup Singh Avec Irrfan Khan, Tilotama Shome, Tisca Chopra, Rasika Dugal, Faezeh Jalali Film indien Genre : Drame Inde post-coloniale. Umber Singh, un patriarche sikh, se voit contraint de fuir son village natal devant le nettoyage ethnique qui suit la partition de l’Inde et du Pakistan en 1947. Après avoir eu 4 filles, il est déterminé à élever comme un fils Kanwar son dernier enfant, et à cacher son véritable sexe à tout le monde. Mais quand Umber marie Kanwar à Nelli, une fille de plus basse caste, tous trois ont à faire face à la vérité de leur identité et des limites de leur volonté. Obvious Child Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 23mn ) Réalisé par Gillian Robespierre Avec Jenny Slate, Jake Lacy, Gaby Hoffmann, Gabe Liedman, David Cross Film américain Genre : Comédie La vie de la jeune Donna Stern n’a rien de particulier : un petit ami, un job dans une librairie, sa bande de potes, des parents divorcés... Mais, chaque soir, sur une scène de Brooklyn où elle interprète son numéro de stand-up, ce quotidien banal devient une source inépuisable de sketches. Avec un humour ravageur et souvent cru, Donna y déballe sa vie intime, ne prend rien au sérieux, se moque de tout et surtout d’elle-même. Mais, coup sur coup, Donna perd son travail, se fait larguer par son petit ami, déprime, a une aventure alcoolisée d’un soir et... tombe enceinte. Dès lors, Donna va devoir assumer ses choix et grandir un peu, mais peutêtre aussi rencontrer l’amour au moment où elle s’y attend le moins. 8 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Maintenant ou jamais Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 35mn ) Réalisé par Serge Frydman Avec Leïla Bekhti, Nicolas Duvauchelle, Arthur Dupont, Léo Lorléac’h, Orian Castano Film français Genre : Drame Quand on est une mère de famille, en principe, on ne braque pas les banques. Mais par les temps qui courent, ça peut être une solution pour assurer l’avenir de son foyer, et ne pas renoncer à ses rêves. Même si jouer les voleuses peut vite devenir dangereux, et les mauvaises rencontres se transformer en histoire d’amour… Délivre-nous du mal Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 59mn ) Réalisé par Scott Derrickson Avec Eric Bana, Edgar Ramírez, Olivia Munn, Chris Coy, Dorian Missick Film américain Genre : Thriller La violence et la noirceur, le sergent Ralph Sarchie connaît bien. Flic dans le Bronx, il est chaque jour témoin du pire de la nature humaine. Ce qu’il endure a même fini par affecter sa relation avec sa femme, Jen, et leur petite fille, Christina. Pourtant, rien ne l’avait préparé à l’affaire que lui et son partenaire Butler vont découvrir. Dépassé, Sarchie va devoir s’allier à un prêtre renégat dont la foi a souvent vacillé, qui tente de le convaincre que les horribles événements qui se multiplient sont liés à des possessions démoniaques… Ensemble, le policier et le prêtre accumulent les preuves que le Mal est à l’œuvre, et Sarchie est forcé de remettre en cause tout ce en quoi il a toujours cru pour combattre les puissances occultes qui menacent la ville et sa famille… Hippocrate Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 42mn ) Réalisé par Thomas Lilti Avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Félix Moati Film français Genre : Comédie dramatique Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence. Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 9 Grand Nord 3D - Les ailes de Johnny May Date de sortie3 septembre 2014 (1h23min) Réalisé par : Marc Fafard Avec : Lambert Wilson Film : canadien , français Genre : documentaire S’il est des «road movies», voici un «sky movie» qui nous fait survoler de grands espaces, mais aussi voyager dans le temps. Nous sommes en vol avec Johnny May, un pilote inuit de 64 ans. Il a été probablement le premier de son peuple à faire ce métier au Canada, du moins il l’a été au Nunavik. Don Giovanni Date de reprise : 3 septembre 2014 - Version restaurée Date de sortie : 21 septembre 1988 (2h6min) Réalisé par John McTiernan Avec Bruce Willis, Bonnie Bedelia, Reginald Veljohnson Film américain Genre : action , thriller Des terroristes investissent le siège social d’une multinationale à Los Angeles. Holly, l’ex-femme de John McClane, policier new-yorkais venu sur la côte Ouest pour Noël, est prise en otage. McLane, enfermé dans le bâtiment, passe à l’action... Piège de cristal Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 23mn ) Réalisé par Gillian Robespierre Avec Jenny Slate, Jake Lacy, Gaby Hoffmann, Gabe Liedman, David Cross Film américain Genre : Comédie La vie de la jeune Donna Stern n’a rien de particulier : un petit ami, un job dans une librairie, sa bande de potes, des parents divorcés... Mais, chaque soir, sur une scène de Brooklyn où elle interprète son numéro de stand-up, ce quotidien banal devient une source inépuisable de sketches. Avec un humour ravageur et souvent cru, Donna y déballe sa vie intime, ne prend rien au sérieux, se moque de tout et surtout d’elle-même. Mais, coup sur coup, Donna perd son travail, se fait larguer par son petit ami, déprime, a une aventure alcoolisée d’un soir et... tombe enceinte. Dès lors, Donna va devoir assumer ses choix et grandir un peu, mais peutêtre aussi rencontrer l’amour au moment où elle s’y attend le moins. 10 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Métamorphoses Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 42mn ) Réalisé par Christophe Honoré Avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Mélodie Richard, Damien Chapelle, George Babluani Film français Genre : Comédie dramatique Devant son lycée, une fille se fait aborder par un garçon très beau mais étrange. Elle se laisse séduire par ses histoires. Des histoires sensuelles et merveilleuses où les dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Le garçon propose à la fille de le suivre. Mary Kom Date de sortie : Vendredi 05 Septembre 2014 (2h 4mn ) Réalisé par Omung Kumar Avec Priyanka Chopra, Sunil Thapa, Danny Denzongpa Film indien Genre : Biopic Née dans une zone tribale de l’Est de l’Inde, Mary Kom finira championne internationale de boxe. Ce biopic retrace la vie incroyable d’une femme qui se servira des injustices pour nourrir sa rage de vaincre. Irina, la Mallette rouge Date de sortie : Mercredi 03 Septembre 2014 (1h 30mn ) Réalisé par Bernard Mazauric Avec Aman Bain, Anna Cottis, Axel Honounou, Chrystelle Labaude, Colin-David Reese Film français Genre : Drame 1995, la guerre de Bosnie se termine. Mais les violences entre ethnies ne disparaissent pas. Pourchassé par quelques miliciens, Irina 9 ans et son père s’enfuient. Son père touché par le tir d’un sniper laisse Irina seule et livrée à elle-même. Elle trouve refuge dans une ferme isolée d’une famille bosniaque et se lie d’amitié avec le jeune Malik. Mais les préjugés et les rancœurs viendront bientôt perturber la vie de cette famille sans histoire et menacer l’amitié naissante entre les deux enfants. Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 11 INTERVIEW The Red Bulletin Robert Rodriguez Robert Rodriguez aura marqué l’univers de la réalisation par sa vision originale. Plutôt que de travailler sous le regard attentif des majors dans les grands studios de Los Angeles, il a choisi de créer sa propre société, Troublemaker, dans les locaux abandonnés de l’ancien aéroport d’Austin, au Texas. C’est là qu’il a créé de A à Z son nouveau film, Sin City : J’ai tué pour elle : du casting à la réalisation, en passant par la création des costumes et des décors, la composition de la musique originale, les effets spéciaux et la conception des affiches. de Hollywood, où seuls les bénéfices comptent, d’autant plus que le premier volet de Sin City a récolté 158 millions de dollars au box- office international. Un tel degré d’indépendance surprend dans l’univers impitoyable « Je ne me reconnais pas dans l’univers de Hollywood, celui du business. Pour un créatif comme moi, ça n’a pas beaucoup de sens 12 », explique Robert Rodriguez. « J’ai besoin d’expérimenter de nouvelles idées, de me sentir libre de faire mes propres choix, quitte à me tromper. Si je sollicitais des propriétaires de studios en leur disant ‘Salut, j’ai peut-être une idée, mais je voudrais pouvoir faire des essais. Vous me prêtez vos décors ?’, ils m’enverraient bouler, c’est certain. » Les crédits au générique de fin d’un film de Rodriguez sont quelque peu répétitifs. Pour Sin City 2, par exemple, son nom apparaît comme coréalisateur, producteur, compositeur, directeur de la photographie et scénariste. « Enfant, j’ai toujours aimé la photo, le dessin, jouer de la musique et faire des films. J’ai choisi la réalisation parce qu’elle me permet de conjuguer tous ces loisirs à chaque projet de film. Sur mes tout www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 littéralement fan de cette BD et j’avais la certitude que personne ne pourrait jamais en faire un bon film. » premiers films, je faisais tout, alors quand j’ai découvert le système hollywoodien, je me suis dit ‘Pourquoi est-ce que je devrais abandonner certains rôles ? J’aime vraiment chacun d’entre eux. » Cette éthique professionnelle, Rodriguez la tient de son habitude de tourner des films à très petit budget. Son premier film, El Mariachi (1992), qui raconte l’histoire d’un musicien pris à tort pour un meurtrier en cavale, n’a coûté que 7 000 dollars. Columbia Pictures a acquis les droits de distribution et a investi 1 million de dollars dans le marketing et la promotion du film. Le film a rapporté deux fois la somme. C’est de là qu’est née la légende de Rodriguez : un réalisateur capable de tourner un long-métrage en moins d’un mois avec un tout petit budget. Mais c’est surtout depuis Spy Kids que Hollywood a une foi totale en Rodriguez. Les quatre opus de la saga, débutée en 2001, ont généré plus d’un demi-milliard de dollars de recettes mondiales. Ce succès lui a offert la liberté de donner vie à tous les projets qu’il pouvait avoir à cœur. Et ce dont il rêvait depuis longtemps était d’adapter en noir et blanc la bande dessinée de Frank Miller. « Il m’est déjà arrivé d’aller chez le libraire acheter un numéro de Sin City, pour me rendre compte, de retour chez moi, que je l’avais déjà en trois exemplaires, » raconte Rodriguez. « J’étais Numèro 92 - HCFR l’Hebdo Rodriguez est fasciné par l’univers graphique unique de l’œuvre de Miller, dont les dessins en noir et blanc, très contrastés, dépeignent des personnages taillés dans le brut : criminels défigurés, prostituées, flics vengeurs ou encore politiciens corrompus. Dans sa première adaptation de Sin City, Rodriguez explique qu’il est resté fidèle au style viscéral de Miller dans la mesure de ce qui lui semblait acceptable en 2005 : « Dans le premier film, je me suis retenu car je craignais que les gens ne comprennent pas ce qu’ils étaient en train de regarder. Que ce soit reçu comme trop dérangeant, trop étrange. Au final, les spectateurs ont trouvé ça innovant visuellement ! Je me suis dit, ‘Mince alors, j’aurais pu leur en donner encore plus. » Le tournage de Sin City 2 a débuté par un coup de fil : Rodriguez a téléphoné à l’actrice américaine Jessica Alba pour lui demander de rejoindre aussi vite que possible les studios Troublemaker. « Je lui ai dit ‘Euh, Robert, tu aurais dû me prévenir bien plus tôt !’ », raconte l’actrice, hilare. « Mais bon, c’est comme ça qu’il fonctionne. » Ayant incarné la danseuse exotique (Nancy Callahan) dans le premier Sin City, Jessica Alba n’a pas été réellement surprise d’être ainsi convoquée par Rodriguez. Le réalisateur lui a remis le script six mois avant le début du tournage, période durant laquelle elle s’est entraînée avec un chorégraphe pour exécuter à la perfection les danses de cette suite. Cette préparation a payé et lui a permis de tourner en quelques jours seulement à Austin. « Il fait ce qu’il a à faire, il est efficace, très calme et très gentil. » Rodriguez n’a pas fait passer d’essais aux autres acteurs avant de commencer le tournage. « Quand vous avez votre studio, vous n’avez pas besoin de demander d’autorisation pour faire quoi que ce soit », dit-il. « Le train démarre, les gens n’ont plus qu’à monter dedans. » Parmi les passagers, Eva Green, celle pour qui l’on tue, et Joseph Gordon-Levitt, un mystérieux joueur en mission. A l’époque du tournage du premier long métrage Sin City, Rodriguez a fait figure de précurseur en recourant au fond vert, une technique selon laquelle les acteurs jouent sans décor, devant un arrière-plan neutre qui est rempli numériquement en post-production. Le studio avec fond vert de Troublemaker fait penser à une immense caverne, de la taille d’une usine, le tout peint dans un vert fluo tropical. Ce peut être déstabilisant la première fois. « Quand Josh Brolin est arrivé sur le tournage, il m’a demandé, ‘Où est Mickey Rourke ?’ et je lui ai répondu, ‘Il a fini de tourner, il est déjà reparti’ Et lui : ‘Mais, j’ai toutes mes scènes avec Mickey ?! On se balade, on boit des coups ensemble, il me conduit en voiture !’ et moi de lui rétorquer, ‘Je sais. On verra bien quand on y sera, mais ça va marcher. J’ai déjà fait ça. » Sin City : Elle se base sur quatre récits de Frank Miller : deux préquels jamais publiés, celui de la BD éponyme et un autre chapitre, The Long Bad Night, créé spécialement pour le film. La structure en vignette de ce film reprend celle du premier long métrage, mais cette fois-ci Rodriguez a laissé libre-cours à sa volonté de fidélité à l’œuvre de Frank Miller avec un style plus franc, choquant et contrasté. En plus du noir et blanc sans compromis de l’original, Rodriguez propose aussi, au choix, une version en 3D. « Je voulais me rapprocher davantage de la proposition originale de la BD. Quand on vous apporte une merveille comme celle-là sur un plateau, vous voulez en conserver toute la magie », conclut-il. A suivre : sincity-2.com Retrouvez l’interview complète dans The Red Bulletin, et sur l’application tablette The Red Bulletin disponible sur App Store et Google Play. 13 7eme Art Eloch L’Homme qu’on aimait trop André Téchiné A gnès, fille de la propriétaire d’un casino, rencontre Maurice. Il la met en relation avec son principal concurrent afin d’obtenir le contrôle du casino. Date de sortie : 16 juillet 2014 (1H 56m) Par : André Téchiné Avec : Catherine Deneuve, Guillaume Canet, Adèle Haenel Film français Genre : Drame 14 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 « Les filles légères ont le cœur lourd « mais en mouvement. On débute sur un portrait, au crayon, de MauD’emblée, Agnès, de retour rice Agnelet au jour de son premier d’Afrique après un divorce, tente la procès dont le verdict ne cessera de légèreté. Dès son arrivée et sa ren- changer et qui ne permettra pas de contre avec Maurice Agnelet, elle donner une issue certaine à Agnès. se détache de ce qui lui pèse. Elle Et on quitte le film sur la mise en débarque sans bagage, veut à tout mouvement d’une photo qu’Agnès prix faire des voyages à moto, se a longtemps eu sous les yeux baigne dans l’eau fraîche, y flotte et semble comme échapper au monde qui l’entoure. Elle croit se faire un simple ami, de toute façon, elle n’est «pas son genre», refuse de s’en approcher trop près, au début, pour fuir celui qui «ne ressemble pas à un agneau» malgré son nom. Et pourtant, comme le chantait Catherine Deneuve dans «Les biens aimés» (et qui joue ici, Renée Leroux, la mère d’Agnès), «les filles légères ont le cœur lourd». Dès lors, quand Agnès plonge toute entière dans un amour (à sens unique) pour Maurice, c’est en faisant semblant de se détacher qu’elle se détruit. Elle accepte de le partager mais veut être tout le temps avec lui. Elle lui fait part de ses sentiments alors qu’il refuse d’être «pris dans les sentiments des autres» et surtout elle jette sur le papier sa douleur d’aimer. Elle se laisse happer, rejette sa mère, trahie, en larmes. Il y a tant de mystère et de liberté avortée chez Agnès Leroux, qu’André Téchiné et Adèle Haenel, au jeu habile et corporel, retranscrivent magnifiquement dans une danse africaine fascinante ou encore dans une photo d’enfant au regard perçant. Dès lors, Téchiné s’intéresse à ce couple instable pris entre détachement et attachement, la caméra joue le mystère, mouvante parfois jusqu’à l’excès, en suivant Agnès l’insaisissable qui flanche. Et Téchiné passe les plus beaux moments de son film à observer le déluge (parfois réel dans l’eau qui jaillit) d’une comme reflet de ce qu’elle était, et vie qui erre, par amour. de ce qu’elle est encore, prise, ellemême, dans les sentiments des Mais, comme Agnès, Téchiné se fait autres. Au milieu d’enjeux qui la rattraper, malheureusement, par la dépassent quand elle veut s’émanlourdeur du fait divers, et nous filme ciper de son héritage (le casino) un procès lourdingue avec un Guiltout en s’y attachant fermement laume Canet, jusque là bien dans (son argent) jusqu’à pourrir ses reson rôle, ridicule en acteur vieilli lations avec sa mère. La distance artificiellement. C’est un échec qui, grandit entre ces deux femmes et malgré la superbe dernière image c’est dans cette distance que se du film, casse le rythme fuyant du glisse Agnelet, le séducteur qui n’aifilm. La caméra se fige, les acteurs mait pas les sentiments. Téchiné ne jouent un simulacre de reconstitule juge pas en le présentant comme tion. un petit avocat ambitieux et très méticuleux, un peu arriviste sur les bords. Un homme comme trahi par sa cliente la plus importante à ses yeux, il lui donne beaucoup, Renée Leroux. C’est la seule fois où il saura vraiment ce que ressentent les femmes qu’il prend et jette par manque d’empathie. Il ne semble en avoir aucune, pas même quand il conte, avec froideur, la mort de son Comme si, après la pluie qui suit la frère. disparition d’Agnès, après l’histoire d’amour aux ailes coupées, Téchiné se désintéressait de son film avec la disparition de son héroïne. A croire, que comme les filles légères, les cinéastes, eux aussi, ont parfois le cœur lourd face à la réalité qui les encombre... Et c’est par là que le film commence et se termine, un portrait qui fige Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 15 7eme Art Djee La Nuit des morts-vivants (1970) George A. Romero V enus se recueillir sur la tombe d’un proche, Johnny et Barbara sont attaqués par un personnage inquiétant. Barbara voit Johnny se faire tuer. Date de sortie : 21 janvier 1970 (1 h 36 min) Par : George A. Romero Avec : Duane Jones, Judith O’Dea, Marilyn Eastman Film américain Genre : Epouvante-horreur 16 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 «Va manger tes morts !» http://youtu.be/J8Z549GKkeM «Nous les savons avides de notre pourriture, mieux que de la confiture à des cochons... » lore manouche et son fameux «Va manger tes morts », le film démocratise la « vie » éternelle. La mort pour tous ! Sa genèse débute dans un cimetière, là où tout finit pour l’Homme. Le berceau morbide d’une nouvelle espèce vouée à supplanter la précédente. Les Morts-vivants restent une ébauche, les maquillages et le gore sont discrets. Et on ne me fera pas croire qu’un noir qui met une blonde K.O, n’en profite pas ensuite pour la faire tourner comme une toupie. Romero se désintéresse un peu des causes, a des soucis avec le rythme et propose des archétypes pour personnages. Pourtant ça marche. Le huis clos se transforme en siège, le George pose une ambiance apocalyptique, invente la blaxploitation, prophétise Ébola, nimbe le tout d’un brouillard de pessimisme assumé jusque dans son refus d’un happy end. Non content d’inventer un (sous-) genre, Romero ne le laissera pas vivoter sans lui proposer d’autres variations sur le même thème. Profitant sans vergogne de l’intellectualisation de son film par la critique, il surfera sur la vague et réussira à créer un univers. Il flotte dans l’air une odeur pestilentielle, des relents de fin du monde. La vague mortelle amorce son roulis, un peu d’écume suffit à notre malheur. La gerbe. Les morts ont faim, ils se lèvent, rôdent et dévorent les vivants. La rumeur enfle, putride, charrie le bruit et l’odeur. La lutte vouée à l’échec débute. Putain ! Comment croire vaincre la mort ? Il va falloir se battre et jamais «tomber les yeux». La fin est proche. Bientôt, tituber sera la norme. Je le sens. « On tient jusqu’à demain, parce que demain c’est loin ». George A.Romero invente le zombie de la nouvelle ère et le film matrice du cinéma d’horreur moderne. Petite production indépendante (qui tombera dans le domaine public à tout berzingue, la faute à un copyright Mais ça, c’est pour demain. oublié sur les copies) influencée par la guerre du Vietnam, «The Twilight Zone », Richard Matheson, le folk- Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 17 7eme Art Djee Prisoners (2013) Denis Villeneuve U n père apprend que sa fille a été kidnappée avec celle de son meilleur ami. Il se met alors à suspecter une personne qu’il va traquer.. Date de sortie : 9 octobre 2013 (2 h 33 min) Par : Denis Villeneuve Avec : Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis Film américain Genre : Policier, drame et thriller 18 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 «À l’heure où sous l’écorce, jaillit la force» D’emblée, un frisson passe et pose un voile nauséeux. La caméra caresse au plus proche le quotidien, une banlieue pavillonnaire banale et lui donne l’allure d’un jardin de la terreur. L’atmosphère n’inspire rien qui vaille. Tout peut arriver et devine, c’est le pire qui se pointe. Prisonnier de sa douleur. Face à lui dans ce drame, alors qu’il s’obstine à vouloir être son allié, Jake Gyllenhaal (profite, j’ai le droit d’écrire son nom une fois par trimestre et c’est là. J’ai un mot Hugh Jackman habité de rage et de désespoir, tellement loin de son Wolverine de pacotille, se met à nu dans un rôle implacable et dévoile sa part d’ombre. Aveuglé, enragé, inhumain, terrifiant, il chevauche à flanc de certitudes, joue à LA ROULETTE RUSSE avec sa conscience. Et pourtant, malgré ses excès, on est avec lui, enfin moi, quoiqu’il fasse, dans les larmes comme dans son escalade de la folie et c’est la grande force du récit de Villeneuve. Cette empathie malsaine pour ce père au bout du bout, vomissant sa violence, sa seule alternative, comme un pansement illusoire posé sur sa profonde détresse. Monsieur Jolie se grattait la tête avec la constance du footballeur qui se mouche à l’africaine à l’endroit même où il va bientôt se vautrer. La comparaison avec l’autre film d’ambiance noire de noire qu’est le Fincher s’arrête là pour ma part. La mise en scène de Denis Villeneuve souligne sans artifice, te pose en satyre complaisant, sans abuser des ficelles propres aux thrillers. On pense évidemment au livre de Patrick Sénécal et au film de Daniel Grou, «Les Sept jours du Talion». Ici, si tu as un poil de jugeote, tu peux trouver que le mec prend son temps dans sa révélation finale. Mais est-ce que c’était le but ? du médecin.) s’en sort proprement avec un vrai rôle de *****, carrément ingrat. Le flic éclatant d’impuissance et qui patauge grave. Prisonnier de son incapacité à résoudre cette affaire. Comme ces gens qui ralentissent pour jeter un œil à l’amas de ferraille et de chair mélangés sur le bord de la route, on est pris à témoin d’une descente aux enfers. C’est marrant, en le voyant cligner des yeux avec la régularité du joueur de tennis qui se remet les roubignoles en place, j’ai pensé à Brad Pitt dans Se7en. Sauf que Numèro 92 - HCFR l’Hebdo J’aime à penser qu’on est prisonnier de notre voyeurisme morbide. Alors je le pense. 19 INSTALLATION Laric, Snipizz, Steph-Hifi On est vraiment au cinéma ! Cela fait longtemps qu’HCFR n’avait pas passé en revue d’installation Home-Cinema (ou Hifi). Depuis plusieurs mois, nous y réfléchissions et, avec une nouvelle équipe, nous sommes très heureux de reprendre enfin ce cycle. Nous avons quelques-unes en réserve, mais il nous a semblé logique de commencer par une installation un peu particulière et qui fait bien le lien entre les dernières publiées et des choses plus récentes notamment au niveau du matériel. 20 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 C’est donc par l’installation d’Adrien que commence cette série d’articles. Jeune homme originaire de Marseille, maintenant installé dans une maison de village dans le centre de l’Hérault, Adrien est bricoleur, patient et courageux. Et du courage, il en fallait ! Rendezvous donc dans ce petit village de l’arrière pays héraultais où Adrien nous attend de pied ferme. Dès l’entrée, Adrien nous dirige vers l’ancienne cave/garage/buanderie que ce dernier a largement transformée et aménagée, notamment grâce des membres HCFR locaux qui ont pu l’aider à couler dalles, plancher, monter les armatures bois, tendre le tissu, ...etc. C’est ça aussi, l’esprit HCFR ! Juste avant d’entrer dans la salle (cette partie n’est pas encore terminée), un grand rack avec l’ensemble des électroniques est disposé sur la droite. Nous sommes en présence d’une ancienne armoire informatique qu’Adrien, grâce à un autre membre HCFR, a pu récupérer dans un centre informatique qui déménageait! Nous reviendrons plus tard sur le matériel mais on peu déjà noter la présence d’appareil assez atypiques… Adrien, pourtant fringant jeune homme, possède une installation au matériel relativement «vintage»! Un lecteur de Laserdisc (il en a plus de 3700, et il n’y a pas d’erreur de zéro!), de MiniDisc Sony (en grand nombre), un Scaler (Crystalio), etc. Et pour couronner le tout un magnifique tri-tubes Barco 9 pouces… ! Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 21 On vous avait avertis, cette installation tout juste terminée fait vraiment le lien avec nos précédente revues en donnant la part belle aux anciennes technologies, Tri-Tubes, Scaler, DVD, rien de très courant de nos jours. Néanmoins Adrien n’est pas ancré dans le passé, il possède aussi une bonne collection de BluRay et le lecteur nécessaire. que les enceintes d’effet sont en nombre, deux arrières et quatre latérales ! Sachant en plus que ce sont de véritables enceintes de cinéma (KCS SR-15) équipées d’un 38 cm pour le canal grave et une chambre de compression 1’’ pour le reste de la bande passante, on comprend qu’Adrien n’a pas fait les choses à moitié ! Une fois franchie la porte d’entrée de la salle, au-dessus de laquelle trône le Barco 9’’, nous nous retrouvons dans une ambiance bien connue des home-cinéphiles : murs tapissés de velours noir, plafond en dalles rockfon, belle moquette au sol et un sentiment de sobriété, seul l’écran de 3m est visible ainsi que les enceintes d’effets, bref une salle dédiée dans sa plus pure expression. On remarque immédiatement Pendant que le tri-tubes est mis en route et monte en température, Adrien nous propose d’enlever l’écran pour dévoiler le système de haut parleur avant. L’écran est composé d’une toile trans-sonore «Chris24» bien connue sur HCFR (et chère au cœur de votre serviteur, étant à l’origine de sa découverte) tendue sur un solide cadre bois de demi chevrons. Cet écran est fixé sur des équerres en acier. Une fois mis sur le côté, l’ensemble avant se dévoile… Nous sommes là aussi en présence d’un ensemble de trois enceintes cinéma (KCS S-2000) équipées elles aussi d’un 38cm et d’une «petite» chambre de compression de 2 pouces! Le tout est complété par deux caissons 48cm équipés de HP JBL… Cet imposant ensemble est installé sur une série de parpaings. Depuis notre visite, notre hôte à revu cette partie, remonté les enceintes et caissons et harmonisé ces derniers en remplaçant le KCS C-118 par un second JBL. Vous l’aurez compris, il y a de quoi remuer les tripes ! Pour la petite histoire, Adrien a eu l’opportunité de racheter l’équipement complet d’une vraie salle de cinéma du côté de Construction Adrien à transformé la cave en un véritable home-cinéma au prix de gros travaux, nettoyage, ragréage du sole, nouvelle dalle béton, grattage des murs, doublage placo, faux plafond avec dalles acoustiques, puis intégration des enceintes cinéma derrière un ossature bois qui est ensuite remplie de laine acoustique et couvert de tissus tendu. 22 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Marseille pour une bouchée de pain (quelques centaines d’euros), c’est la raison de cet équipement un peu atypique en home-cinéma. Après une petite photo de l’équipe de reportage HCFR, nous aidons Adrien à remettre l’écran sur son support et place au spectacle… Nous enchainons différent extraits: Batman, L’odyssée de Pi, le pacte des Loups… Le tri-tubes Barco 9’’ nous enchante toujours autant. La précision est certes discutable, il est délicat de parfaitement régler les convergences et du fait de l’installation récente, Adrien n’a pas encore totalement optimisé ce point. En revanche, le rendu colorimétrique et, surtout, le niveau des noirs et le contraste sont bien présents et nous rappellent combien les tri-tubes étaient (sont ?) imbattables sur ce plan. Cette image chaleureuse est secondée par un environnement sonore bien présent et ciselé, les dialogues sont d’une clarté hallucinante… L’audio est confié au processeur YamahaDSP-AZ1. Si ce modèle est un peu ancien et ne prend pas en charge les nouveaux formats HD Audio, il reste une référence côté traitement audio. La partie amplification est, elle, prise en charge par une batterie d’ampli Materiel Home Cinema Sources : - laserdisc Pioneer DVL 909 - DVD oppo 971 modifié SDI - HD DVD Toshiba XE1 - bluray Panasonic BDM-60 Processeur HC : Yamaha DSP-AZ1 Amplis : - 2*Yamaha P5000s - 1*Yamaha P3500s - 1*Yamaha PC9500n Enceintes : - 3*KCS S-2000 - 6*KCS SR-15 - 1*KCS C-118 équipé en JBL 2241h - 1*JBL 3635 Scaler : crystalio VPS-3800 Projecteur : TT Barco 1209s Ecran : «Chris research» transonore 3m de base en 16/9 Télécommande : Harmony 900 Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 23 Yamaha « Pro », P3500, P5000 et PC9500, bref du lourd mais qui est tout à fait adapté au matériel utilisé ici et qui surprendrait plus d’un audiophile quant à leur rendu… Avec six enceintes, nous craignions que les effets soient un peu trop présents ; il n’en fut rien, les réglages audio sont optimisés aux petits oignons. Seules les compressions deux pouces avant apportent peut être un peu trop de présence au haut du spectre, mais rien de très gênant. mais que nenni, Adrien nous invite à prendre le verre de l’amitié à l’étage et là nous découvrons une installation HIFI de très belle facture ! Enceintes Jean Marie Reynaud Offrande Signature, Ampli Sim Audio, lesteur CD Cairn Fog 2, lecteur MiniDisc Tascam ( !) et superbe lecteur Integra Research… Sans oublier les milliers de disques, laserdisc, MiniDisc, DVD, Blu-ray… Et comme fan absolu du vintage, notre ami collectionne aussi les consoles. En particulier une Neo Geo AES avec un lot complet de Nous pensions en avoir terminé cartouches ! Vous l’avez compris nous avons été conquis par cette installation, certes un peu atypique mais Adrien à su composer entre matériel un peu ancien, particularité de son environnement (le sous-sol) et les réglages de l’ensemble, il a réussi à tirer le meilleur de tout cela ; ce jourlà, on était vraiment au cinéma ! L’installation d’Adrien sur HCFR : http:// w w w. h o m e c i n e m a - f r. c o m / f o r u m / installations-homecinema-dediees/le-ptitcine-d-adrien13-t30026046.html Ecran sur mesure Adrien a encore une fois fait appel au savoir faire des membres du forum w w w. h o m e c i n e ma-fr.com. Son écran utilise une toile « Chris24 » éminent membre de nos forums. Ce dernier, avec l’aide et les conseils d’Echobelly et Laric et après de très nombreux essais à trouvé un tissus très particulier qui permet d’obtenir une projection de grande qualité colorimétrique tout en laissant le son traverser l’écran, une toile de maitre ! 24 Materiel HIFI Sources : - laserdisc Pioneer CLD-925 - DVD Intera Research RDV.1 - Minidisc Tascam MD-301mk2 - CD Cairn Fog 2 (+soft) - LP Technics SL-1800 Pré-ampli : Sim Audio P5.3 rs Ampli : Sim Audio W3 Enceintes : JMR Offrande Signature www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 SnipizZ La première chose qui attire l’œil dans l’installation d’Adrien, c’est l’énorme tri-tubes trônant à l’entrée de la salle, suspendu au plafond. Ce vidéoprojecteur est tout simplement monstrueux et à l’heure des changements technologiques de plus en plus récurrents, on se demande comment un tel engin résiste au temps. Eh bien, croyez-moi, l’image délivrée par ce diffuseur datant de 1999 est relativement correcte. Compatible haute définition, l’image est douce, avec une belle profondeur des noirs. Certes, l’image est clairement délavée, les gris étant prédominants, mais il faut vraiment voir un tri-tubes en vrai pour se rendre compte de l’efficacité de cette technologie, vieille de plus de 15 ans. Le choix est donc totalement respectable, même si les vidéoprojecteurs d’aujourd’hui offrent une image bien supérieure à celle-ci. Côté son, le matériel est un poil surdimensionné par rapport à la salle. Mais vu l’affaire qu’a faite notre hôte, pourquoi s’en priver ? Les voix sont claires, les caissons nous offrent un impact certain. Cependant, un amplificateur audio HD permettrait de profiter au maxi- mum des pistes DTS HD MA et Dolby True HD des Blu-ray. Une bien belle installation, élaborée par un vrai passionné de cinéma et de rétro-technologie. L’équipe HCFR de cette visite, Laric, StephHifi et SnipizZ Steph-Hifi en laine de roche, mais sans cloison que nenni, nous avions là le beurre, dure) permettant a mon sens d’ex- l’argent du beurre et la crémière! Un Cela faisait un certain temps que je pliquer l’excellent rendu des graves grave capable de descendre très très n’avais pas visité d’installation HC. dénué de mode propre gênant a bas (le 16 hz est atteint sans proCe «trio» d’installations visitées en l’écoute. blème) provoquant des effets phyquelques jours m’a rappelé ce lien siques dignes d’un butkicker tout unique qui nous rallie autour d’une L’image, par sa taille, est immersive, en restant extrêmement rapide, très même passion et m’a aussi permis confirmant les contrastes, la douceur modulé et explosif en parfait raccord de me «benchmarker» quelque peu, et la fluidité qu’il est possible d’obte- avec les frontales. Ces dernières assun’étant pas a un spécialiste du HC. nir avec un tri-tubes 9 pouces. Cela rant un parfait relais en terme d’énernous a rappelé aussi a quel point les L’installation d’Adrien prouve une projecteurs récents sont accessibles gie avec ses pavillons chargés par des chose : quand la passion est là, on et ont fait des progrès. Commetant chambres de compressions 2 pouces peut «pousser les murs»! Vue d’exté- d’autres, les projecteurs Barco m’ont qui ne faisaient pas dans la dentelle : rieur, dans un très joli village, cette fait rêver et restaient pour beaucoup une super définition, très ouvert sans coquette maison de ville ne laisse pas inaccessibles, si la marque poursuit être projeté mais avec peut-être cerdouter un instant ce qu’elle peut ca- maintenant un autre chemin, on taines duretés perceptibles liées sans doute au manque de recul ainsi qu’a cher à l’intérieur ! peut être rassuré, la relève est la. l’absence de tweeter. Nous avions là une jolie sélection Le son nous a bien mis dans l’action de produits stars mais d’une autre ! Quel punch ! Le grave fourni par les Au bilan, une très grande réussite époque, le tout dans une salle de deux caissons de 46 ne sont sur le mêlant DIY, matériels pro chinés et belles proportions permettant le papier pas ceux qui visitent le mieux anciennes électroniques capables choix d’un vrai grand écran. L’acous- l’intégralité du canal LFE au bénéfice encore de très bien fonctionner, nous tique de la salle «molletonnée» était d’un très bon rendement et d’une très prouvant là qu’avec un budget vraihyper mate dans l’aiguë mais sur- forte capacité d’accélération. Eh bien ment contrôlé, on peut faire de très très belles choses ! tout décompressée a l’arrière (mur Numèro 92 - HCFR l’Hebdo 25 A LIRE Igor Souvenirs d’un pas grand-chose (1992) Charles Bukowski Pour tous les pères Étrange et inexplicable dédicace. Repentir tardif, pardon irrationnel ou ultime pied-de-nez cynique à un paternel haï. C’est en ces termes déroutants que Bukowski, plus sobre que jamais, introduit ce qui sera sa plus belle confession. De romance il n’est plus question. Nul faux-semblant, nul artifice, nulle échappatoire. Buk fait place nette et se livre à nu. Sale, perdu, inadapté, différent mais incroyablement HUMAIN. C’est une naissance. Celle d’un intégriste de l’Humanité, trop grand pour son pays, son époque. De l’enfant naïf à l’adulte déboussolé, c’est le parcours chaotique d’un condamné à l’exclusion, éternel paumé, terrifiant de lucidité dont le seul crime sera d’avoir trop tôt compris. cat. Sous le regard terriblement lucide du vieux Buk, l’enfant et l’adolescent furieux sont décortiqués, sans pitié mais avec une douce amertume. Et rendent la pareille. Bukowski ne s’épargne pas et juge, au travers de son propre vécu, l’adulte qu’il est devenu. Tout le génie littéraire de l’homme est là, dans cette capacité unique à mêler l’autobiographie à la réflexion, à juger ses contemporains en se jugeant soi-même, à savoir disparaître de sa propre histoire le temps d’une généralisation profondément humaniste, à pousser un cri d’espoir quand même le lecteur n’y croit plus, à faire rire quand rien ne s’y prête, à faire pleurer avec des mots. Bukowski, alcoolique violent et raté notoire, fut l’un des plus grands auteurs de ce siècle et, surtout, l’un des derniers êtres humains dignes de ce nom. Le tableau est pénible, l’espoir semble n’avoir jamais voix au chapitre. Pourtant, contre vents et marées, contre un monde qui ne lui correspondra jamais, le marginal avance. Lentement, à sa manière et sans prétention, avec pour seule ambition d’exister sans disparaître dans l’océan de conformisme qui l’entoure, armé de ses seules convictions – forgées dans la souffrance et les rancœurs – il se débat pour ÊTRE. Bien plus qu’une misérable exposition de la misère humaine, ces souvenirs sont une tribune, un échange, un manifeste déli- 26 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 A LIRE Pravda La bête (2014) Kenneth Cook Aujourd’hui je vous conseille un Matins de Trop») et encore moins livre cochon un réquisitoire contre la guerre du Vietnam («Le Vin de la Colère DiCe n’est plus un secret pour per- vine»). Non. sonne, j’adore Kenneth Cook, cet «La Bête» est un roman d’aventure, écrivain australien avec lequel tinté de thriller et de beaucoup, je vous rebats régulièrement les beaucoup de cochons. oreilles. Le cas échéant, faites semblant d’être au courant, me donnant Alan Treval, accompagné de son ainsi l’illusion que je ne passe pas fils Michael, est un chercheur parti sur les traces des animaux féraux mon temps à parler dans le vent. dans une région reculée où ne se Une fois de plus, nous sommes en dressent que quelques ranchs et Australie, dans le bush, toujours. Ici le bar salvateur du coin. Qu’est-ce ce ne sont pas des nouvelles humo- donc qu’un animal féral ? C’est un ristiques («La Vengeance du Wom- animal domestique -- cochon, chat, bat») ni une épopée nihiliste («Cinq votre mari -- qui, relâché en pleine nature, retourne à l’état sauvage. Et se reproduit, trop. Et bousille tout un écosystème parce que croyez le ou non, des milliers et des milliers de cochons, ça fait du dégât. Lâchez-en un seul dans vos plate-bandes et on en reparle. Plus qu’étudier leur comportement, Treval cherche un moyen de les éradiquer quand il entend l’histoire d’un fermier du coin qui aurait été atrocement mutilé par un cochon Numèro 92 - HCFR l’Hebdo sauvage qu’il avait capturé peu de temps auparavant. Et attention, pas n’importe quel cochon, le plus gros que l’on aitjamais vu de mémoire d’homme et qui en plus semble plus intelligent que ses congénères. Sauf que pour Treval un cochon est un cochon, il n’est pas intelligent, ne conçoit pas de plans d’attaques, ne ressent pas de haine mais attaque par instinct.... Et pourtant... Voilà, donc pour ceux qui ne sont pas rebuté par la lecture du mot «cochon» un bon trillion de fois et ont juste envie de passer un sympathique moment de lecture et d’évasion, je conseillerai bien cette bête. Le meilleur dans ce livre étant qu’il ne souffre d’aucun temps mort, on reste constamment dans l’action et les personnages, bien que moyennement approfondis demeurent résolument sympathiques. La relation père fils d’Alan et Michael, pleine de complicité, la rencontre avec une jolie jeune femme (il en faut toujours une) et son père, vieil octogénaire bourru sous perfusion constante de scotch... Le tout parsemé de touches d’humour bienvenues et si emblématiques de leur créateur. Certes pas de la grande littérature mais dans son domaine, un livre très efficace. Puis faut avouer... Ce cochon gigantesque et à l’aura diabolique est méchamment badass ! 27 MUSIQUE Ze Big Nowhere Ill Communication (1994) Beastie Boys Les blancs-becs du Hip-Hop 1994. Le Hip-Hop brille de mille feux au firmament de la musique américaine et déverse sur le monde des litres de samples monumentaux et de flows rageurs. C’est une année mythique pour le Rap. Une vague noire, trop longtemps contenue dans ces ghettos communautaires, déferle sur les ondes bien proprettes de l’Amérique sauce Father Bush. Des kilos de « Kaïras» enfouraillées jusqu’aux oreilles sortent de tout les coins. Du métal de partout, de haut en bas, de leurs poches garnies de «guns» brillants et glacés comme la mort, jusqu’à ce sourire métallique et carnassier qui scintille de leur ratelier doré à l’or fin. Run DMC et Public Enemy quelques années plus tôt avaient montré le chemin, et c’est désormais une hémorragie de talent qui s’écoulent à grands flots, des veines des grandes cités. Des veines gonflées, des veines gorgées d’un sang épais et bouillonnant que l’on inciserait d’un coup rapide de lame de rasoir et qui éclabousserait d’un rouge indélébile les murs blancs d’une société stupéfaite. Les talents brimés, les cris de haines, de désespoir, les appels à l’aide ou à la rébellion envahissent les ondes et annoncent à grand coups de bâton la maturité nouvellement acquise du Rap américain. En 1992, Rodney King se faisait passer à tabac par quelques flics décérébrés, l’agression est filmée par un amateur et fait le tour des médias. La terre gronde. Les émeutes enflamment les ghettos Californiens et réveillent la jeunesse noire des bords de ville à coups de baffes dans la gueule. Deux ans après, la digestion reste difficile et la gueule de bois est profonde. Mais cet «hangover» nauséeux laissera des traces indélébiles dans le paysage. Le gros Notorious B.I.G et son «Ready to Die», OutKast avec «Southernplayalisticadillacmuzik»; NAS 28 et le sublime «Illmatic», Gravediggaz et «6 Feet Deep» ou Warren G et le smoothie «Regulate... G Funk Era « entre autres sortiront de ce pavé sanguinolent et graveront leurs noms sur le bitume, du bout de leur cran d’arrêt. Mais au milieu de cette rébellion «Black», de ce mouvement HipHop communautaire, trois New-Yorkais blancs comme des culs lâchent leur quatrième album studio sur les ondes. A la sortie de « Ill Communication», les Beastie Boys sont dèjà connus, reconnus et respectés dans le monde du Hip-Hop depuis le succès de leur premier album «Licensed to Ill». Nos anciens Punks débarquent à fond la caisse dans cette année faste pour le Rap Ricain et balance un son aussi «melting-poté» que leur bonne vieille New-York City. «Ill communication» est l’enfant légitime de leur précédent album le très Funky et sautillant «Check your head» https://www. youtube.com/watch?v=ZdJ5e70Q8mw et le monumental «Paul’s Boutique» véritable laboratoire de recherches de Hip-Hop expérimental https://www.youtube.com/watch?v=SM32R91KMDc. Les Beastie maîtrisent à merveille leur style. Ce style inimitable, cette fusion jouissive entre Rock et Rap, ce mélange des genres parfaitement abouti, cette partouze musicale sans capotes où les hypothétiques dangers se transforment en orgasmes à répétition. Tout y est en bordel, les fluides se mêlent, les styles se fondent et se confondent mais ce Hip-Hop reste d’une pureté sans tâches. Les samples sont léchés et intelligemment mixés, le «flow» démentiel, les lignes d’instrus sont pêchues et carrées. Dave Navarro himself vient même rajouter un peu de ****** à cet album qui n’en manque pourtant pas https://www.youtube.com/ watch?v=H4PN7Xbexq4. Les petits culs blancs de nos Beastie Boys brillent par leur pâleur dans la légende du Rap Américain et sont devenus un repère majeur dans l’histoire de l «East Coast Rap» L’énergie épicée et adolescente qui coule de cette galette multicolore comme la sauce blanche de ton kebab, te colle aux doigts et salit tes pompes, mais PUTAIN que c’est bon ! https://www.youtube.com/watch?v=JhqyZeUlE8U www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 MUSIQUE Lazein My generation The Who «I Hope I Die Before I Get Old» Comme dirait un philosophe, «Vieux motard que jamais!» car j’explore enfin la discographie des Who, un des pans incontournables, une étape obligée sur la route du Rock... 1965, la très fertile matrice du rock anglais accouche d’une nouvelle portée baptisée «The Who». Dès leur apparition, ces quatre derniers rejetons s’avèrent très fougueux et ne font aucun complexe dans leur nichée au milieu de leurs jeunes frères aînés Beatles et Stones qui accaparent admiration et adoration. Les Who se démarquent de leurs frangins, ils le revendiquent en créant et assumant un son novateur qui coule les fondations de courants à venir comme le hard-rock ou le punk. Ils ne sont pas bien mignons, ces petits Who, mais ils s’en foutent depuis que la musique leur a infligé une fêlure au ciboulot à chacun... Pete Townsend, le gratteur frénétique, adopte des postures révolutionnaires et outrageantes en jouant les jambes écartées, guitare calée entre son bas-ventre et ses cuisses. Il maltraite ses cordes par des gestes brusques, limite violents, qui leur arrachent un son sec et nerveux. Townsend se démarque du jeu appliqué de John et George ou du blues langoureux qui nourrit Keith. Dès l’entame de leur premier méfait par «Out in the Street», sorte de blues à la Bo Diddley sous amphé, Townsend en précurseur noisy, expérimente en exploitant larsens et autres nuisances grésillantes causés par le tripotage de son jack, de ses micros ou de son switch. John Entwistle s’incruste dans l’Histoire avec «My Generation», titre emblématique et fécondateur du mouvement punk. La trame mythique du morceau est composée par le riff d’une basse lourde et chaude qui se permet même de claquer son solo! En batteur déjanté, Keith Moon inaugure un jeu très énergique, puissant et incessant de breaks, à faire rougir de honte ou de jalousie Charlie et Ringo . Keith Moon influencera et entrainera dans sa folie des générations entières de batteurs à commencer Numèro 92 - HCFR l’Hebdo par John Bonham proche de l’éclosion. Au milieu de cette bande de cinglés, le lutin Roger Daltrey parait un peu timoré et éparpillé, il a encore besoin d’apprivoiser sa voix. Cependant son idée de b-b-b-bé-bégaiement sur «My Generation» est géniale et, rétrospectivement, son timbre évoque celui de Liam Gallagher («La-La-La-Lies» & «It’s Not True»). . «My Generation» évite les chansons d’amuuuuur au profit de thématiques sur l’ennui, la solitude, la révolte et l’insolence. Cette galette de 12 titres dont 9 exclusivement signés Pete Townsend inclut deux reprises de James Brown, autre fou génial («I Don’t Mind» malaxe choeurs roucoulants, breaks furieux et soli secs tandis que «Please, Please, Please» trop respectueux est le titre le plus sage de l’album). «The Kids Are Alright» piétine le territoire mélodique des Beatles. «The Good’s Gone» sent Iggy Pop sous les aisselles de Daltrey. La relecture du blues crapuleux et suant de Bo Diddley «I’m A Man» coule progressivement vers un final chaotique. A l’instar de «My Generation», «A Legal Matter» émet des effluves punk par son riff simpliste et son rythme. «The Ox» est joué sur une mer déchainée par des membres piétinant la surf music. Cette conclusion du skeud atteint le paroxysme de la folie créatrice du quatuor : Townsend torture sa guitare comme le Voodoo Child et Keith Moon se mue en un frappeur tribal et survolté. «My Generation» est le premier glaviot balancé sur le chemin encore policé du Rock n’ Roll. Gueulards, suants et dérangeants, The Who investissent les lieux en force et avec fracas. 29 Blu-ray Le Loup Celeste Rio 2 [3D] Carlos Saldanha B lu a pris son envol et se sent désormais chez lui à Rio de Janeiro, aux côtés de Perla et de leurs trois enfants. Mais la vie de perroquet ne s’apprend pas en ville et Perla insiste pour que la famille s’installe dans la forêt amazonienne alors qu’ils découvrent que d’autres aras bleus y vivent... Année : 2014 Durée : 101 min Réalisateur : Carlos Saldanha Doubleurs : Jesse Eisenberg, Anne Hathaway, Jemaine Clement, Will.I.Am, Bruno Mars (VO), Lorànt Deutsch, Laetitia Casta (VF) 30 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Cette ode chatoyante et enjouée à la forêt amazonienne dont le message écologique est le bienvenu, est une suite de haut vol qui a le rythme dans la peau et où la perfection de l’animation, la succession de gags, l’inventivité du bestiaire et l’éloquence de la bande originale sont un festival pour les yeux et les oreilles. Venez donc danser la samba aux côtés de Blu et Perla ! Le Blu-ray Image Une explosion de couleurs tropicales et de détails subtils (plumes, becs et végétation) couplée à une luminosité éclatante, une définition inébranlable, des textures raffinées, une profondeur de champ renversante et des contrastes robustes. Audio Des pistes sonores équilibrées et jamais agressives (les basses fréquences sont très tempérées pour ne pas effrayer les plus jeunes) aux voix claires, à la musique joliment répartie et à la scène arrière bien sollicitée (les ambiances de la forêt amazonienne). La 3D Elle est épatante et nous immerge au cœur de la forêt tropicale avec un naturel désarmant . La fenêtre de profondeur est très bonne voire même excellente (cf la bataille finale) sur les plans larges et/ou panoramiques (la distance de l’horizon est hallucinante) malgré la présence de flous sur les arrière-plans lors de certaines vues rapprochées, les détachements comme la sensation de volume sont tout simplement idéaux grâce à un positionnement spatial des éléments proche de la perfection (cf la danse de bienvenue des aras bleus et la séquence de foot), les débordements sont permanents (têtes et bustes des oiseaux, murs, branches des arbres, objets humains) et s’étendent généreusement hors de l’écran (les becs), et les jaillissements ne sont pas oubliés avec un déluge d’effets en tous genres (les cotillons lors de la séquence d’ouverture sous le Corcovado, le couteau suisse de Blu, un oiseau accroché à une liane) dont des projections puissantes de noix. C’est la fiesta ! Numèro 92 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Le film : Blu-ray : 3D : Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.40] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS 5.1 Sous-titres Anglais et Français Région : B (France) Éditeur : 20th Century Fox Date de sortie : 20 août 2014 31 Blu-ray Le Loup Celeste 300 : La naissance d’un Empire [3D] Noam Murro L e général grec Thémistocle tente de mobiliser toutes les forces de la Grèce pour mener une bataille qui changera à jamais le cours de la guerre. Il doit désormais affronter les redoutables Perses, emmenés par Xerxès, homme devenu dieu, et Artémise, à la tête de la marine perse... Année : 2014 Durée : 102 min Réalisateur : Noam Murro Acteurs : Sullivan Stapleton, Eva Green, Lena Headey, Callan Mulvey, Rodrigo Santoro 32 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Avec sa direction artistique soignée, son récit qui s’intègre parfaitement aux évènements du premier opus, sa méchante charismatique en diable, ses affrontements débridés et autres batailles navales hyper-spectaculaires, son déluge d’hémoglobine, ses ralentis stylisés, ses poses ultra-iconiques et sa BO brutale que l’on doit à Junkie XL, “300 : La naissance d’un Empire” s’impose comme une suite de qualité qui embrasse le style de son aîné tout en proposant un spectacle bien différent. Les fans de “300” seront donc ravis de ce spectacle particulièrement épique. Le Blu-ray Image À la hauteur de nos espérances, le présent transfert HD véhicule une définition explicite, des contours précis, un étalonnage des couleurs exceptionnel aux teintes bleues/argentées, des contrastes saisissants et des noirs abyssaux. Audio Des pistes sonores à très grand spectacle dotées d’une dynamique puissante, d’une spatialisation équilibrée et nuancée, d’effets avant et/ou arrière copieux, d’ambiances riches (la pluie, les vagues) et de basses intenses. La 3D Une post-conversion réussie mais pas exempt de tout défaut. La fenêtre de profondeur est ainsi très bonne sur l’ensemble des plans larges et panoramiques (le plan fantastique où Xerxès contemple son royaume du haut de son balcon) mais plutôt moyenne lors des plans rapprochés à cause d’arrière-plans flous et de nombreuses éclaboussures qui viennent salir l’objectif, même si cet effet (couplé aux lens-flares) permet de s’immerger totalement dans la violence des combats. La sensation de volume est également variable et passe d’excellente à médiocre (lorsque les couchers de soleil accompagnent l’action). Enfin, les débordements (de la pluie, des braises, des armes et des lens-flares) et les jaillissements (de l’eau, du sang et des débris) sont exploités en permanence ou presque mais sont malheureusement de faible intensité. Néanmoins, cette 3D nous plonge irrémédiablement dans le bain ! Numèro 92 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Le film : Blu-ray : 3D : Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.40] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 Anglais Dolby Digital 5.1 Français (VFF) Dolby Digital 5.1 Sous-titres Français Anglais pour malentendants Région : B (France) Éditeur : Warner Bros. Date de sortie : 16 juillet 2014 33 Blu-ray Le Loup Celeste Divergente Neil Burger T ris vit dans un monde post-apocalyptique où la société est divisée en cinq clans (Audacieux, Érudits, Altruistes, Sincères, Fraternels). À 16 ans, elle doit choisir son appartenance pour le reste de sa vie. Cas rarissime, son test d’aptitude n’est pas concluant : elle est Divergente... Année : 2014 Durée : 139 min Réalisateur : Neil Burger Acteurs : Shailene Woodley, Theo James, Kate Winslet, Ashley Judd, Jai Courtney 34 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Adaptation du premier tome de la trilogie de Veronica Roth, “Divergente” est une fable d’anticipation pour jeunes adultes (qui lorgne un peu du côté de “Hunger Games”) sur la domination sociale et la quête de liberté, où l’univers dystopique à la fois riche, complexe et bien structuré, la trame maligne (peu de sentimentalisme) et même ambitieuse qui voit son héroïne intrépide s’émanciper peu à peu, les personnages bien caractérisées à l’épaisseur flagrante, les acteurs engagés (Shailene Woodley crève l’écran), la mise en scène consciencieuse, le suspense continuel et les scènes d’action efficaces ne donnent qu’une seule envie … découvrir au plus vite le prochain film ! Le Blu-ray Image De toute beauté avec une définition précise, des textures fines, des détails par milliers, une belle profondeur de champ, des couleurs naturelles, des contrastes éclatants et des noirs profonds. Audio Il ne faut surtout pas hésiter à augmenter sensiblement le volume pour profiter de ces deux pistes sonores (M6 Vidéo oblige) dont le mixage manque légèrement de dynamisme mais aussi d’ambiance sur les arrières, néanmoins, les voix sont claires, la spatialisation est précise et la musique est bien aérée. Numèro 92 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Le film : Blu-ray : Format vidéo 1080p24 (AVC) / [2.35] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres Français & Français pour malentendants Région : B (France) Éditeur : M6 Vidéo Date de sortie : 20 août 2014 35 Blu-ray Le Loup Celeste Brick Mansions Camille Delamarre D étroit, 2018. Damien, policier expert en arts martiaux, est chargé d’infiltrer le dangereux ghetto de Brick Mansions afin de neutraliser une arme de destruction massive détenue par le gang de Tremaine, qui règne sur les lieux... Année : 2014 Durée : 90 min Réalisateur : Camille Delamarre Acteurs : Paul Walker, David Belle, RZA, Catalina Denis, Gouchy Boy, Ayisha Issa 36 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Truffé de bastons douloureuses, de cascades spectaculaires et de courses-poursuites endiablées, ce remake de “Banlieue 13” est une série B d’action ultra-efficace ne se prenant jamais au sérieux (les méchants sont bien cartoonesques) qui remplit sa mission de divertissement aussi décérébré que buriné grâce à la mise en scène excitée de Camille Delamarre et au rythme grisant du récit qui enchaîne les scènes agitées jusqu’à l’overdose. Le Blu-ray Image Un transfert HD fabuleux qui flatte en permanence les pupilles. La définition est impeccable, le piqué est tranchant, les détails sont nets, la colorimétrie est éclatante, les contrastes sont poussés, les noirs sont impénétrables et la fluidité ne souffre d’aucune faille. Audio Des pistes sonores puissantes qui déchaînent généreusement les basses lors des séquences d’affrontement et qui exploitent tous les canaux pour délivrer des ambiances immersives, des effets musclés et une BO omniprésente. Numèro 92 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Le film : Blu-ray : Format vidéo 1080p24 (AVC) / [2.39] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Français (Audio Description) DTS-HD MA 2.0 Sous-titres Français imposés sur la VO Français pour malentendants Région : A (États-Unis) Éditeur : 20th Century Fox Date de sortie : 1er avril 2014 37 La Semaine Prochaine L’actualité des sorties cinéma ... De nouvelles critiques musicales, littéraires ou 7ème Art... Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus de tests Blu-ray (2D et 3D). Rendez-vous le vendredi 12 Septembre 2014 pour L’HEBDO n°93 38 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014