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#96 Edition du 10 Octobre 2014 Un Homme très recherché Maps to the stars La leçon de piano Transformers 4: l’âge de l’extinction Macabro Ténèbres P’tit Quinquin Breaking Bad Sexualité, marxisme et psychanalyse L’Étranger Les Marquises Surf’s Up The Last Days on Mars Planète rouge Europa Report Edition du 10 Octobre 2014 Numéro 96 REDAC' CHEF Fabi REDACTEURS Djee JMV Le Loup Céleste Pravda Saint-John Poivrot d’Arvor Sergent Pepper SnipizZ Ze Big Nowhere CONCEPTION ET MISE EN PAGE Fabi - Laric SOUTIEN ET PUBLICATION Syntaxeror Pixelounge CORRECTIONS Fabi Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029 www.homecinema-fr.com SOMMAIRE A l’affiche SnipizZ - Anton Corbijn - Un Homme très recherché 4 Lou ! Journal infime, Mommy, Le Garçon et le Monde Papa Was Not a Rolling Stone, Le Paradis, Annabelle National Gallery, Gone Girl, Heritage fight The Tribe, Horns, Dracula Untold 6 7 8 9 7ème ART Pravda - David Cronenberg - Maps to the Stars Djee - Jane Campion - La leçon de piano Sergent Pepper - Michael Bay - Transformers 4: l’âge de l’extinction Pravda - Lamberto Bava - Macabro Djee - Dario Argento - Ténèbres 10 12 14 16 18 SERIES Sergent Pepper - Bruno Dumont - P’tit Quinquin (2014) Saint-John Poivrot d’Arvor - Vince Gilligan - Breaking Bad (2008) 20 22 A LIRE JMV - Wilhelm Reich - Sexualité, marxisme et psychanalyse (2012) Ze Big Nowhere - Albert Camus - L’Étranger (1942) 24 26 MUSIQUE Ze Big Nowhere - Jacques Brel - Les Marquises (1977) Saint-John Poivrot d’Arvor - The Beach Boys - Surf’s Up (1971) 28 30 BLU-RAY Le Loup céleste - Ruairi Robinson - The Last Days on Mars Le Loup céleste - Antony Hoffman - Planète rouge Le Loup céleste - Sebastián Cordero - Europa Report 32 34 36 La présentation (dénominations ou appellations, maquette, mise en page, logos), est la propriété de l’association HCFR. Aucune exploitation commerciale, reproduction, utilisation, modification, traduction, partielle ou intégrale des éléments de cette revue ne pourra en être faite sans l’accord préalable et écrit de l’association HCFR. Tous les produits, logos et images cités dans ces pages sont la propriété de leur marque respective.Les textes sont publiés sous la responsabilité de leur(s) auteur(s). Les analyses et les jugements qui peuvent être exprimés dans les articles, compte-rendus et d’autres textes d’auteurs identifiés comme tels, publiés dans cette revue sont ceux de l’auteur et ne sauraient être considérés comme ceux de l’association HCFR. A l’affiche SnipizZ Un Homme très recherché Anton Corbijn P lus de dix ans après les attentats du 11 Septembre 2001, la ville de Hambourg a du mal à se remettre d’avoir abrité une importante cellule terroriste à l’origine des attaques contre le World Trade Center. Lorsqu’un immigré d’origine russo-tchétchène, ayant subi de terribles sévices, débarque dans la communauté musulmane de Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père, les services secrets allemands et américains sont en alerte. Une course contre la montre s’engage alors pour identifier cet homme très recherché : s’agit-il d’une victime ou d’un extrémiste aux intentions destructrices ? Sortie le 17 septembre 2014 Réalisé par Anton Corbijn Avec : Philip Seymour Hoffman, Rachel McAdams, Grigoriy Dobrygin, Willem Dafoe, Robin Wright et Daniel Brühl Film Américain, Britannique et Allemand Titre original : A Most Wanted Man Genre : Espionnage, Thriller 4 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 En février dernier, Philip Seymour Hoffman nous quittait tragiquement, laissant derrière lui un vide certain alors que sa carrière connaissait un décollage fulgurant. Quatre films où il était à l’affiche étaient encore en post-production lors de son décès : Hunger Games - La Révolte : Partie 1 & 2 (sortant respectivement en novembre 2014 et novembre 2015), God’s Pocket (avec Richard Jenkins, sortie prévue en 2015) et enfin Un Homme très recherché sorti il y a deux semaines. essaie de tirer son épingle du jeu. Alcoolique, dépressif, il ne compte pas ses heures pour mettre en place un plan machiavélique afin d’attraper un gros poisson. Un rôle qu’il exécute parfaitement, quasiment «depardieuesque», avec un physique imposant, des respirations lourdes, tout comme sa consommation d’alcool et de cigarettes. Le film dispose d’un casting particulièrement impressionnant, même au niveau des secondes rôles, avec Rachel McAdams, Willem Dafoe, Robin Wright ou encore Daniel Brühl. Mais le réalisateur n’est pas tombé dans le piège du film choral puisqu’il se concentre quasi exclusivement sur le protagoniste principal interprété par Philip Seymour Hoffman. Réalisé par Anton Corbijn, metteur en scène de Control et The American, Un Homme très recherché nous plonge dans le monde de l’intelligence service en Allemagne, où différents services de renseignement se disputent l’arrestation d’un terroriste soupçonné. Entre manipulations et jeux politiques, Philip Seymour Hoffman, à la tête d’une cellule de renseignement allemande, Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Doté d’une photographie léchée et d’un BO particulièrement adéquate, le film nous plonge dans cet univers glauque et froid. Ne vous attendez pas à de l’action, il n’y en a quasiment pas. On est ici dans l’intime et le secret, et c’est cela qui fait la force du film. Philip Seymour Hoffman nous démontre tous ses talents, ce film signant l’une de ses plus belles performances, l’une de ses plus tristes aussi... 5 Lou ! Journal infime Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (1h 44mn ) Réalisé par Julien Neel Avec Ludivine Sagnier, Kyan Khojandi, Lola Lasseron, Nathalie Baye, Julie Ferrier Comédie française Lou est une jeune fille créative et rêveuse d’une douzaine d’années. Elle vit seule avec sa mère, Emma, qui a mis de côté sa vie de femme ces dernières années pour se consacrer à l’épanouissement de sa fille. Leur cocon confortable cache malgré tout quelques failles : Emma stagne et glisse doucement vers la mélancolie alors que Lou est obnubilée par Tristan son petit voisin, délaissant sa bande de copains... Leur bulle éclate alors qu’Emma entame une renaissance amoureuse et qu’un premier baiser fait rentrer Lou dans les années enivrantes de l’adolescence. Comédie Mommy Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (2h 18mn ) Réalisé par Xavier Dolan Avec Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément, Patrick Huard, Isabelle Nelisse Drame canadien Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir. Le Garçon et le Monde Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (1h 19mn ) Réalisé par Alê Abreu Film brésilien Genre Animation À la recherche de son père, un garçon quitte son village et découvre un monde fantastique dominé par des animaux-machines et des êtres étranges. Un voyage lyrique et onirique illustrant avec brio les problèmes du monde moderne. 6 www.homecinema-fr.com - Septembre 2014 Papa Was Not a Rolling Stone Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (1h 39mn ) Réalisé par Sylvie Ohayon Avec Doria Achour, Aure Atika, Marc Lavoine, Soumaye Bocoum, Rabah Naït Oufella Film français Genre Comédie dramatique Dans les années 80, Stéphanie grandit à La Courneuve auprès d’une mère absente et d’un beau-père brutal. Très vite, elle décide de se sortir de son quotidien morose. Grâce à l’amour de sa grand-mère, à ses lectures, sa passion pour la danse et pour Jean-Jacques Goldman, elle se débat dans cette cité colorée où l’amitié est primordiale. Un jour, elle le sait, Stéphanie quittera la cité pour mener la vie dont elle a toujours rêvé. Le film raconte l’histoire de cet envol. Un film inspiré du livre autobiographique de la réalisatrice Le Paradis Date de sortie: Mercredi 01 Octobre 2014 (1h 24mn ) Réalisé par Alejandro Fernández Almendras Avec Daniel Candia, Alejandra Yáñez, Daniel Antivilo, Ariel Mateluna, Paula Leoncini Thriller chilien Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes gens, menée par un ancien délinquant du quartier. Son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l’angoisse envahissent peu à peu la famille dont le quotidien devient infernal. Annabelle Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 Réalisé par John R. Leonetti Avec Annabelle Wallis, Ward Horton, Alfre Woodard, Eric Ladin, Kerry O’Malley Epouvante-horreur américain John Form est certain d’avoir déniché le cadeau de ses rêves pour sa femme Mia, qui attend un enfant. Il s’agit d’une poupée ancienne, très rare, habillée dans une robe de mariée d’un blanc immaculé. Mais Mia, d’abord ravie par son cadeau, va vite déchanter. Une nuit, les membres d’une secte satanique s’introduisent dans leur maison et agressent sauvagement le couple, paniqué. Et ils ne se contentent pas de faire couler le sang et de semer la terreur – ils donnent vie à une créature monstrueuse, pire encore que leurs sinistres méfaits, permettant aux âmes damnées de revenir sur Terre : Annabelle… Numèro 96 - HCFR l’Hebdo 7 National Gallery Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (2h 53mn ) Réalisé par Frederick Wiseman Film américain Genre Documentaire National Gallery s’immerge dans le musée londonien et propose un voyage au cœur de cette institution peuplée de chefs d’œuvre de la peinture occidentale du Moyen-âge au XIXe siècle. C’est le portrait d’un lieu, de son fonctionnement, de son rapport au monde, de ses agents, son public, et ses tableaux. Dans un perpétuel et vertigineux jeu de miroirs, le cinéma regarde la peinture, et la peinture regarde le cinéma. Gone Girl Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (2h 29mn ) Réalisé par David Fincher Avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris, Tyler Perry, Carrie Coon Thriller américain A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ? Heritage fight Date de sortie: Mercredi 08 Octobre 2014 (1h 30mn ) Réalisé par Eugénie Dumont Avec Joseph Roe, Teresa Roe, Louise Middleton, Shane Hugues, Richard Hunter (II) Film français Genre Documentaire Au cœur de la dernière contrée sauvage d’Australie, une communauté aborigène, les Goolarabooloo, doit faire face au projet d’implantation de la plus grande usine à gaz au monde soutenu par le gouvernement. Aborigènes et citoyens solidaires décident alors de s’unir pour défendre ce qui n’a pas de prix : une terre, une vision du monde, et plus que tout, un héritage culturel. Commence alors un combat à l’issue inattendue… 8 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 The Tribe Date de sortie: Mercredi 01 Octobre 2014 (2h 12mn ) Réalisé par Myroslav Slaboshpytskiy Avec Grigoriy Fesenko, Yana Novikova, Rosa Babiy, Alexander Dsiadevich, Yaroslav Biletskiy Film ukrainien Genre Drame Sergey, sourd et muet, entre dans un internat spécialisé et doit subir les rites de la bande qui fait régner son ordre, trafics et prostitution, dans l’école. Il parvient à en gravir les échelons mais tombe amoureux de la jeune Anna, membre de cette tribu, qui vend son corps pour survivre et quitter l’Ukraine. Sergey devra briser les lois de cette hiérarchie sans pitié. Horns Date de sortie: Mercredi 01 Octobre 2014 (1h 59mn ) Réalisé par Alexandre Aja Avec Daniel Radcliffe, Max Minghella, Joe Anderson, Juno Temple, Kelli Garner Film américain Genre Thriller Soupçonné d’avoir assassiné sa fiancée, rejeté par tous ceux qu’il connaît, Ignatius a sombré dans le désespoir. Un matin, il se réveille avec une paire de cornes sur la tête. Celles-ci lui donnent un étrange pouvoir, celui de faire avouer leurs plus noirs secrets aux gens qu’il croise. Ignatius se lance alors à la recherche du véritable meurtrier… Dracula Untold Date de sortie: Mercredi 01 Octobre 2014 (1h 32mn ) Réalisé par Gary Shore Avec Luke Evans, Sarah Gadon, Dominic Cooper, Samantha Barks, Art Parkinson Film américain Genre Action L’histoire de Vlad Basarab - surnommé l’Empaleur -, l’homme qui a inspiré la légende de Dracula... Numèro 96 - HCFR l’Hebdo 9 7eme Art Pravda Maps to the Stars David Cronenberg A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice. La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité. Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang. Date de sortie: 21 mai 2014 (1h51min) Réalisé par David Cronenberg Avec Julianne Moore, Mia Wasikowska , Olivia Williams Genre : Drame Nationalité : Canadien , américain , français , allemand 10 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 «Non, pas de jeu de mot à la «étoile» et «Cronenberger», z’êtes fous.» -- Pour les plus pressés, prière de se téléporter directement au dernier paragraphe -- et des billets verts ? On le sait déjà. Mais Cronenberg le fait bien, avec une outrance que certains qualifient de «trop cliché» il livre une satyre de ce star-system duquel il est resté toujours un peu en retrait, donc forcément le trait est très grossi. Et c’est drôle. J’avoue avoir ri pendant Maps to the Stars. Pas aux éclats, et en me disant presque que c’est horrible de rire face à telle ou telle situation, mais j’ai vraiment eu l’impression que c’était l’effet escompté. C’est soit ça, soit j’ai un humour à côté de la plaque, les deux hypothèses sont, je l’admets, aussi plausibles l’une que l’autre. Dire que j’étais impatiente de voir ce film relève de l’euphémisme. Dire que je fus désappointée lorsque je constatai lors de sa sortie en salle qu’il ne ferait l’objet que de deux séances dans le cinéma proche de chez moi aussi. Et quid de mon irritabilité lorsque je me rendis compte que les dites-séances tombaient en plein dans mes horaires de boulot... C’est que, dresser une horde d’hippopotames bien dodus dans le but de conquérir le monde, ça prend du temps. L’exagération ne m’a donc pas posé Bref. problème. Ce qui m’a déplu, ce sont les incursions du fantastique, ces «apparitions» qui, je trouve, n’apportent rien ou alors sont mal exploitées. J’ai plus eu l’impression que ce cher David voulait juste en rajouter une couche et donner un côté plus sombre à son film. Bof. J’ai pu voir Maps to the Stars, en bonne qualité et en vostfr, conditions somme toute optimales pour donner mon avis et... C’est là que le bât blesse. Deux jours après le visionnage, j’ai toujours autant de mal à l’exprimer. Aussi bizarre que d’avouer que je me lançais dans ce film avec un a priori presque négatif alors que je suis une grande fan du travail de Le point fort de l’oeuvre reste ses Cronenberg. interprètes, grâce à leur talent bien J’ai aimé ce film et pourtant, en en lisant sûr, et aussi au formidable don du des critiques négatives, je suis souvent réalisateur pour diriger ses acteurs. d’accord avec les divers points noirs Julianne Moore est vraiment... relevés, comme le fait que oui, ou plutôt dérangeante, elle m’a mis mal à l’aise non, cela n’a rien d’inédit de balancer avec son visage tour à tour figé puis sur l’univers malsain d’Hollywood, défiguré par l’envie / la colère / la peur, sur ses dépravations. Les actrices sont faites votre choix, et avouons qu’elle névrosées quand d’autres sont prêts à torture pas mal son image dans ce sacrifier fils et fille sur l’autel de la gloire film. Mia Wasikowska est troublante et charmante alors qu’on va dire qu’ils «ne l’ont pas arrangée» et devient vraiment une actrice avec qui il faut compter. Robert Pattinson confirme mon impression que l’on a raison d’oublier Twilight et de voir en lui un bon acteur et le jeune Evan Bird joue parfaitement son rôle, on a envie de lui coller des baffes toutes les deux minutes trente. Seul bémol pour moi, John Cusack. Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Je n’ai jamais aimé cet acteur, je ne le trouve pas bon et si même Cronenberg ne me réconcilie pas avec lui, je lâche l’affaire. Avec une mise en scène assez classique mais réussie, toujours glaciale, Cronenberg nous livre comme à son habitude la petite explosion du dernier quart d’heure mais qui, ici, laisse finalement place à un terme assez poétique et plutôt réussi. DERNIER PARAGRAPHE Je voulais écrire trois phrases sur ce film et comme à mon habitude j’ai pondu un annuaire donc on va dire pour résumer : plutôt qu’aimer beaucoup, j’ai été hypnotisée par Maps to the Stars et je n’ai pas vu le temps passer. Je vois ses défauts, mais après l’avoir vu, je pensais au film, et le lendemain matin aussi. Et deux jours après encore, car me voilà en train de blablater à son propos. On peut trouver le film un peu «vide» par moment, mais cela n’est-il pas le reflet parfait d’Hollywood ? Toutes ces «stars» cessent un jour de briller car l’anonymat, par la grande faucheuse personnifié, lui, n’oublie personne. J’peux pas faire moins fouillis, vous m’en voyez fort marrie. 11 7eme Art Djee La leçon de piano (1993) Jane Campion A u siècle dernier en Nouvelle-Zélande, Ada, mère d’une fillette de neuf ans, s’apprête à suivre son nouveau mari au fin fond du bush. Il accepte de transporter tous ses meubles à l’exception d’un piano qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant supporter cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier. Regagner son piano touche par touche en se soumettant à ses fantaisies. Palme d’or et prix d’interprétation féminine à Cannes en 1993. Date de sortie 19 mai 1993 (2h1min) Réalisé par Jane Campion Avec Holly Hunter, Harvey Keitel, Sam Neill Genre Drame , Romance Nationalité Néo-Zélandais , australien , français 12 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 «Je te vois venir, tu pars» J’ai voulu croire qu’il suffisait de te sourire. J’ai refait l’histoire tant de fois. Avec des si, je coupe du bois. Juste un malentendu. Il était lourd, encombrant. Et c’était toi que j’attendais. Il pouvait pourrir un moment sur la plage, qu’on s’installe, que tu voies un peu un bout Je t’imaginais plus grande, moins du monde que je construisais pour chétive et surtout moins forte. toi. Mes cibles inaccessibles encore. Tu m’as plié, tu as abattu tous les arbres, couché mes rêves. Rangés, pliés. Un pauvre fou. J’entends ta voix, Ada... Sorcière ! J’aurais eu le droit de te brûler, de te regarder flamber. Recueillir tes cendres et les accrocher à mon cou, dans un petit sac. Mes yeux qui pleurent et je sens que tu ne comprends pas ce que je dis... Je ne savais pas que tu chantais grâce à lui. Que c’était ta voix. Ton sourire et tes larmes, ton souffle, tes soupirs qui, pire, maintenant gonflent en ton sein. Je ne savais pas que tu étais prête à tout. Dis, faudrait que je me crève les yeux pour faire celui qui n’a rien vu ? Et peut être que je dépasserai assez à cet instant précis pour que tu aies un regard pour moi, un geste tendre, enfin. Tout ce que tu lui donnes, à lui, touche après touche... La leçon est pour moi, l’addition aussi. J’ai d’abord cru dominer la tempête alors que je n’avais même pas les yeux pour la reconnaître. Je ne sais pas s’il fallait du courage pour te choisir, toi, Ada. Je ne sais même plus si c’est moi qui t’ai choisie. Je ne sais pas si je savais ce qu’était le courage avant de te connaître, toi. J’aurai au moins appris ça, et la folie. Moi, j’ai rêvé si fort que je n’ai rien Le plus dur c’est d’être un pantin, vu s’envoler. J’ai cru au temps qui de s’en rendre compte longtemps passe, à son ouvrage inexorable. J’ai après les autres, de voir ces fils en- cru en Dieu, en son aide, en sa misétrelacés à tes doigts qui jouent. Tu ricorde. Alors que le temps n’est rien as joué avec moi, Ada, tu m’as fait quand Cupidon joue aux fléchettes. entrer dans ta danse et c’est toujours les mêmes qu’on accuse d’être Ma main n’a pas tremblé dans la fureur et Dieu n’est d’aucun secours les voleurs. quand c’est la haine qui sourd dans tes veines, cogne à tes tempes. Toujours les mêmes. Si je ne t’ai pas coupé la tête, c’est qu’ il y avait une parcelle en moi pour t’aimer encore. Et c’est de la folie. Qui, pour aimer une marionnettiste ? Une sorcière télépathe. Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Et peut être que ta voix finirait par se taire. Et j’ignore comment faire pour vivre sans toi. J’ai juste la boue et les larmes. Je t’ai abandonnée à un autre homme, j’ai juste gardé un bout de toi. Et c’est l’automne, tout le temps. Toi et ce piano... juste un malentendu. Je n’avais pas compris. Dieu, tout ça, toute cette douleur, tous ces rêves emportés dans le tourbillon, tout ça pour un piano. Oublié sur une plage. Ta voix finira par se taire. 13 7eme Art Sergent Pepper Transformers 4: l’âge de l’extinction (2014) Michael Bay Q uatre ans après les événements mouvementés de «Transformers : La Face cachée de la Lune», un groupe de puissants scientifiques cherche à repousser, via des Transformers, les limites de la technologie. Au même moment, un père de famille texan, Cade Yeager, découvre un vieux camion qui n’est autre qu’Optimus Prime. Cette découverte va lui attirer les foudres d’un certain Savoy, dont le but est d’éliminer les Transformers. Pendant ce temps, le combat entre les Autobots et les Décepticons refait surface… Date de sortie 16 juillet 2014 (2h46min) Réalisé par Michael Bay Avec Mark Wahlberg, Stanley Tucci, Kelsey Grammer Genre Action , Science fiction Nationalité Américain , chinois 14 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Les ARCANES du BLOCKBUSTER, chapitre 10 La corbeille de fruits, en métal chromé rutilant, contient aujourd’hui 25 pommes, 25 poires, 18 bananes, 9 sans avoir volé leur technologie à melons, 5 pastèques, le tout en pydes fins militaro-capitalistes. ramide. Au sommet, de la chantilly. - Avec les Chinois, donc. - Voilà. - Donc nouvelle race customisée, créatures de Frankenstein qui se retournent contre nous, boum boum chez les esclaves modernes. - Bien. - Bien. - Et SI on mettait des DINOSAURES ? - Euh, oui, d’accord. - Et une TROISIEME RACE genre - Beats, Bud Light, Pokemon, les au service des CREATEURS qui déproduits chinois, Monument Valley, livrent le SEMENCE, qui donne tous check. les pouvoirs pour créer, et qui est - On est bon, chef. une BOMBE ATOMIQUE avec un re- Ok. Ligne de conduite pour cet tardateur qui risque de TOUT PETER épisode : on change tout. Les ac? teurs, l’ambiance, plus dark, moins - Je suis un peu perdu, là. C’est qui de bouffonnerie à la Big Mamma. - D’accord. Les gentils sont maltraités par les hommes, mood Patriot Act tu vois, on veut plus d’aliens, on les traque et tout. - SALUT !!! - Ah, M. Bay, on ne vous attendait pas en préprod. Vous êtes le bienvenu. -… - Je VEUX, mon salaud. les gentils ? - Pourquoi il crie, chef ? - Les Autobots, crétin. Après le reste, - Il fait toujours ça, ta gueule. Bon, on s’en branle. Laisse le filmer, les je reprends. Scénar complexe : les gens regarderont de tout façon ça hommes chassent les robots non comme une bande annonce. - Ou une pub. - Ouais. De 3 putain d’HEURES. - Ah oui, quand même. On va raccourcir un peu, M. Bay. Allez, 2h45, sinon ça réduit le nombre de diffusions par jour dans les salles. - J’ai des IDEES, mes *****, vous pouvez PAS IMAGINER. Tous mes héros en CONTRE PLONGEE, des HELICOS PARTOUT, des colonnes de HUMMER, des GERBES D’ETINCELLES dans deux plans sur trois. - Et sinon, la pouf, on fait comment ? - Soft, y’a Ronald McGodald* qu’est Numèro 96 - HCFR l’Hebdo aussi à la prod. Il m’a laissé un postit : « une jeune adolescente certes désirable, mais qui saura faire les bons choix en terme de famille et de fidélité. » - On revient à la dimension humaine, c’est important. Il faut voir les muscles du héros et de son gendre qui bastonnent sévère, ils aident Optimus, les hommes sont bons. Ils ont des devises, tout ça. - Ouais et le méchant sa devise c’est I DON’T CARE. - Et un GI se prendra une gifle d’un PNEU DE BAGNOLE. - Et ils AIMANTENT tout le métal de Hong-KONG et le font retomber, PUTAIN les barres de bus et de paquebots, de haches, de… - Faisons-ça, oui. - Et les dino CRACHENT DU FEU chevauchés par Optimus, et… - Ah oui, j’oubliais, les dinosaures. Ecoutez, M. Bay, allez-y, vous… - DINO + AUTOBOTS + ALIENS + SPACESHIP + 50 PUTAIN de NOUVEAUX modèles crées par les hommes qui défoncent le pays du nuoc-mâm, des PARPAINGS qui volent comme des M&M’s… - Tenez, prenez cette porte là-bas, elle mène directement au plateau… - Je vais vous faire PETER LE CAISSON DE BASSE, vous allez VIBRER des INTESTINS, je vous… - On voit ça dans 6 mois pour les screentests, hein ? Raccompagnez donc M. Bay, Jack. -… - Putain, il est parti. - On l’entend encore, chef, écoutez : - PUTAIN ON VA CARTONNER !!! 15 7eme Art Pravda Macabro (1981) Lamberto Bava D ans la même journée, une jeune femme perd son mari dans un tragique accident de voiture et voit sa propre fille donner la mort à son frère en le noyant. Elle passe un an dans un hôpital psychiatrique puis est confronté, à sa sortie, au frère de son défunt mari. Date de sortie : 1981 (1h29min) Réalisé par Lamberto Bava Avec Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny Genre Epouvante-horreur Nationalité Italien 16 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 «Macabre haut la main» Plutôt habituée de la part de Lamberto Bava à des séries B certes souvent divertissantes mais d’une qualité tout de même fort moyenne, j’avais envie depuis longtemps de m’attarder sur sa première réalisation : Macabro. Et quelle belle surprise didon ! Après je ne monte pas ma note plus haut parce que Bernice Stegers, l’actrice principale du film ne m’a pas totalement convaincue, toute en rires solitaires de désaxée et en regards fixes de désaxée pour bien montrer que, eh ! Elle est désaxée. Des fois qu’on en douterait encore malgré ses agissements. Sorti en 1980, le film s’inspire du giallo non pas pour son scénario mais plutôt pour son atmosphère, ses décors et sa musique. C’est bien fait et l’histoire est en parfaite symbiose avec son titre bien que l’on pourrait allègrement lui en substituer un autre encore plus adéquat : «Malsano». Je ne vous en révélerai rien ici, vous en avez déjà appris suffisamment grâce à son synopsis - où alors il est temps d’y jeter un œil - juste je préciserais que bien que certains rebondissements demeurent prévisibles une fois plongé dans le film, le scénario reste plutôt original. Et aussi pour une grosse incohérence du scénario qui Et un peu dégueulasse, ça oui. n’étant pas explicitée me fait tout du long me dire «Mais comment, COMMENT, après un an en asile peutUn bon film c’est aussi de bons acteurs et ici les inter- elle avoir ... ?!?» (je ne peux en dire plus sinon je vous baprètes sont convaincants. D’abord Lucie, la fille mi-psy- lance tout, vous gâche le film et z’allez m’en vouloir ad vitam chopathe mi-possessive mais 100% tête-à-claque qui eternam ou au moins pendant une minute trente) est parfaitement incarnée par la jeune Veronica Zinny ; ensuite Robert, le colocataire de la mère adultère Jane qui semble d’ailleurs très émoustillé par cette dernière et que l’on a pendant un bon moment un peu de mal à cerner. Stanko Molnar joue très bien cet homme aveugle, ce qui rend certaines scènes encore plus ambiguës, et est de plus très agréable à regarder ce qui ne gâche rien... Bah quoi ? J’n’ai jamais prêché une objectivité à toute épreuve puis j’y vois moi, alors j’en profite ! (pardon Robert). Pour conclure, je dirais bien à ceux qui s’intéressent à ce genre de cinéma de ne pas se laisser influencer par de mauvais a priori qu’ils pourraient avoir à l’encontre de Lamberto Bava et de tenter l’expérience macabre qu’il nous propose ici. Et la toute fin est géniale; Kitch; Mais géniale. Numèro 96 - HCFR l’Hebdo 17 7eme Art Djee Ténèbres (1983) Dario Argento U n célèbre écrivain, Peter Neal, auteur de romans policiers est invité à Rome à l’occasion de la sortie de son best-seller, «Ténèbres». C’est alors qu’une série de meurtres est commise dans l’entourage de l’écrivain. Il décide, avec sa secrétaire Anna de mener sa propre enquête. Date de sortie: 27 avril 1983 (1h50min) Réalisé par: Dario Argento Avec: John Saxon, Anthony Franciosa, Daria Nicolodi Genre : Epouvante-horreur Nationalité : Italien 18 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Ex-voto : les racines du mal. et ses histoires de sorcières, Dario retrouve sa fougue d’adolescent en J’avais six ans, sept tout au plus. Je embrassant à nouveau son amour de creusais des bouchons de liège pour jeunesse : le polar sadique et jaune. en faire des cellules, et j’y engeôlais les mouches à viande qui tournaient alentour. Je les gardais dans ma poche, les réveillais en leur arrachant les ailes quand elles me semblaient trop molles. Mes mouches de velours gris. J’avais neuf ans grand maximum quand j’écrasais sous une fourchette la perruche de mon frère. Elle s’appelait Coco et je voulais voir si elle croustillait. Pas rancunier, le jaune, cocu, l’acMon oiseau au plumage de cristal. cueille à bras ouverts. Réalisateur maniéré pour qui l’histoire importe souvent moins que l’audace, l’ambiance et la virtuosité formelle, Argento s’amuse avec les codes du Giallo. Caméra subjective, effroi dans les yeux des victimes qui nous regardent, apeurées, il sublime les scènes de crime, véritables tableaux de maître.. Alors que j’étais juste dans mon canapé. Avec une main dans le calbute J’avais douze ans quand j’assassinais c’est possible, mais bon, pas de quoi les chats du voisinage. Je les mettais faire une attaque. dans un mixeur, trente secondes, puis, suivant si c’était le matin, j’ajoutais du lait ou du coca. Parfois deux gouttes de Tabasco. Les greffiers de mon coin avaient deux queues, sinon c’était des chattes. Pas de chats à neuf queues. risme et compose une comptine macabre où le mal danse sur du Goblin. Son tueur porte un fardeau, exulte en une pulsion de mort, sexuelle, qui éjacule en tailladant les femmes. La réponse à sa torture mentale est la rage absolue, fatale, elle éclabousse de rouge les faubourgs. Une brune sévèrement chaloupée en cleptomane de la culture, un clodo libidineux qu’a bien envie de lui mettre une cartouche, un flic un brin macho qui tise pendant le service (comme tous les flics), une femme aux seins lourds, enroulée dans un drap, laissant libre cette poitrine dressée en rempart à la nuit, un écrivain-enquêteur au balai dans le fondement qui dépasse un peu et puis, des chaussures rouges. Film-testament, son dernier puisque, après ce petit chef-d’œuvre, Argento décédera brutalement, laissant un clone malhabile aussi laid que lui salir à la truelle une filmographie qui ne méritait pas ça, plongeant ses fans tristes et un peu honteux dans un embarras nauséeux à chacun de ses films qui s’annonce, encore. À quinze ans, j’euthanasiais l’affreuse chienne Bonnie de mon pote Lazein. Elle était vieille. Vieille et moche. Et puis maintenant, il y a prescription. C’était l’époque où il portait le che- Ganté de cuir, son tueur est raffiné, il veu long dans la nuque, court sur les lit d’une voix douce au coin d’un feu, côtés. T’imagines ? dans son vaste appartement décoré avec goût, et expose ses ténèbres. DéAlors retrouver le Maestro... frichant l’indicible, le noir profond de l’âme, régi par d’autres règles, l’italien Dario, c’est la famille. Alors je pleure. laisse le diable flotter et ses remugles Délaissant ses liaisons fantastiques chatouiller les chevilles, il découpe au rasoir pourvu que la chair soit faible et plutôt bandante. Un érotisme qui dégouline, à chaque instant, comme des tétons qui pointent, arrogants, sous ce chemi- Voilà pourquoi je pleure. Mais tu t’en sier décidément trop léger pour la fous, parce que t’as pas de cœur. Ordure. saison. Dario envoie de la poudre argentée aux yeux, chorégraphie le voyeuNumèro 96 - HCFR l’Hebdo 19 SERIE Sergent Pepper P’tit Quinquin (2014) Bruno Dumont U ne enquête policière extravagante, improbable et burlesque autour d’étranges crimes aux abords d’un village côtier du Boulonnais en proie au mal, et d’une bande de jeunes crapules menée par P’tit Quinquin et Eve, son amoureuse. Créée par: Bruno Dumont (2014) Avec: Alane Delhaye, Lucy Caron, Bernard Pruvost Nationalité: Française Genre: Drame, Policier Statut: En production Format: 52 minutes 20 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Bien ému chez les chtis il n’en est rien. D’une empathie totale avec ses personnages, Dumont sait toujours maintenir l’équilibre Dumont en auteur de comédie, c’est à peu près aussi entre la satire et la tendresse. Les amours de jeunesse de Quinquin, le chant d’une adolescente, la vigueur crédible qu’un janséniste pétomane. des regards : tout est d’une justesse imparable. A cela Les gueules cassée, l’accent lardé à l’opinel, la ruralité s’ajoutent la force habituelle de sa mise en scène, la âpre, tout est là. Et on s’esclaffe. beauté des paysages et la maitrise formelle des plans d’ensemble : qu’il filme un blockhaus dans l’herbe Le comique est partout : dans le démarrage de la voiture des gendarmes, dans un enterrement d’antho- verte, une voiture immergée, une route dans les logie où ne finit jamais l’introduction de l’orgue, et où champs, Dumont a cette puissance de l’évidence qui ne se dément pas depuis La vie de Jésus. l’on s’amuse à se prosterner à répétition devant l’hôtel, dans la tronche impayable du capitaine, la liberté insolente des petits voyous à vélo et leurs pétards, les Si les épisodes 3 et 4 subissent un léger fléchissement bastons pastorales et la façon dont les vieux mettent par rapport au coup d’éclat des deux premiers, l’atmosphère est toujours aussi séduisante. Les paliers de la table, à savoir en balançant la vaisselle. Dans l’enquête elle-même, puisqu’il s’agit de tronplus en plus assumés dans le grotesque et l’audace çonner des vaches, qui comme les porcs, bouffent les permettent un décrochage de la convention du polar pour un final en suspens, à l’image des séquences humains, et de tenter de philosopher sur le mal, qui parmi les plus belles : celle d’un temps figé, où ne comme la mer, s’étend à perte de vue à mesure que reste que la contemplation des êtres fragile face à la les cadavres s’accumulent en famille. bouffonne condition humaine et animale. On imagine bien vite les motifs du comique, éclat de supériorité sur les consanguins d’un autre âge : Numèro 96 - HCFR l’Hebdo 21 SERIE Saint-John Poivrot d’Arvor Breaking Bad (2008) Vince Gilligan W alter White, 50 ans, est professeur de chimie dans un lycée du Nouveau-Mexique. Pour subvenir aux besoins de Skyler, sa femme enceinte, et de Walt Junior, son fils handicapé, il est obligé de travailler doublement. Son quotidien déjà morose devient carrément noir lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’un incurable cancer des poumons. Les médecins ne lui donnent pas plus de deux ans à vivre. Pour réunir rapidement beaucoup d’argent afin de mettre sa famille à l’abri, Walter ne voit plus qu’une solution : mettre ses connaissances en chimie à profit pour fabriquer et vendre du crystal meth, une drogue de synthèse qui rapporte beaucoup. Il propose à Jesse, un de ses anciens élèves devenu un petit dealer de seconde zone, de faire équipe avec lui. Le duo improvisé met en place un labo itinérant dans un vieux camping-car. Cette association inattendue va les entraîner dans une série de péripéties tant comiques que pathétiques. Créée par: Vince Gilligan (2008) Avec: Bryan Cranston, Aaron Paul, Anna Gunn Nationalité: Américaine Genre: Drame Statut: Production achevée 22 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Format: 42 minutes Le prix de la vie La Vie. La Vie ne tient qu’à un fil, et Walter White le perd, ce fil, le fil de tout, le jour où son médecin lui diagnostique un crabe dans les soufflets. Seulement quelques mois à vivre. Rien de plus à comprendre. Dés lors, une seule priorité s’imposera à ce professeur de chimie sans histoire : mettre sa famille à l’abri du besoin en amassant le plus d’argent possible, avec le peu de temps qu’il lui reste. Mais tout a un prix dans le rêve américain, tout se paye. Même l’espoir de guérir, rien que l’espoir, possède son coût. Un coût exorbitant, dont le professeur White devra s’affranchir s’il veut survivre. De fil en aiguille, Walter se retrouvera donc à produire du poison, un cristal bleu d’une pureté assassine, dévoreur d’âme et de chair surnommé meth. Toutes ses valeurs s’effondreront une à une à partir de ce moment. Les lois et les conventions deviendront de plus en plus floues et secondaires aux yeux de Walt. Pour sa famille, il sera prêt à repousser toutes les limites. Car dans un monde où posséder, c’est léser, où prendre c’est dessaisir, Walt se rendra rapidement compte que pour survivre et espérer des jours meilleurs, il ne faudra pas hésiter à débobiner le fil de vie des autres, au bénéfice du fil de vie des siens. Il se rendra compte que dans ce monde toutes les vies ne se valent pas, que ce monde n’est en définitive qu’une partie géante de dominos humains, où chaque décision, même prise à l’aveuglette, possède un coût, et révèle une conséquence dont les raisons profondes Numèro 96 - HCFR l’Hebdo se perdent dans la nuit. Walt s’apercevra que ce monde aux conséquences infinies se joue à la seconde près, au réflexe près, à l’instinct, et que la différence entre la vie et la mort ne se joue qu’à des détails, aussi insignifiants qu’une sonnerie de téléphone que l’on entend pas ou qu’une rencontre fortuite faite au bout d’une route empruntée au hasard. Ce n’est ni plus ni moins qu’une virée sur la face cachée de la vie que nous propose Breaking Bad, cet autre côté qu’il nous plait tant d’ignorer, par peur de se retrouver sans réponse. C’est également une critique du libéralisme sauvage de la société américaine que l’on peut y apercevoir en filigrane. Cette société où l’homme est toujours un loup pour l’homme, quoi qu’on en dise, et au sein de laquelle la raison du plus fort(uné) est toujours la meilleure. C’est la gueule de bois de «l’american way of life» qui nous est offerte en pâture, avec son cortège de perdants qui défilent: tous ces flippés, ces endettés, ces paumés, ces effondrés, ces essoufflés, ces cabossés grouillant dans la pénombre. Cette myriade de destins qui s’entrechoquent. Ces fils de vie qui filent, qui s’effilochent, ténus, tendus au dessus du vide, d’autant plus vertigineux que nul n’en connait la profondeur. C’est un monde où chacun fait ce qu’il peut pour survivre et faire survivre les siens, où chacun chemine avec ses raisons propres, bonnes ou mauvaises. Un monde tribal où la seule chose qui compte est de ne jamais perdre le fil. Ce fil de vie à tout prix. Quelles qu’en soient les conséquences. 23 A LIRE JMV Sexualité, marxisme et psychanalyse (2012) Wilhelm Reich Prenez garde au grand MODJU ! Comment parvenir à ses fins ? Très opportuniste, comme tous les grands pervers, notre homme ne tarde pas à repérer deux bonnes combines pour exercer un pouvoir sans limite sur ses contemporains : le marxisme et la psychanalyse. Pas mal, se dit-il, mais un peu amateur : il peut arriver à Freud d’avoir de brefs accès de rigueur scientifique et d’honnêteté intellectuelle, à certains marxistes d’éprouver une sympathie réelle pour les ouvriers qu’ils sont censés représenter. Tous ces scrupules moraux, ça fait baisser la rentabilité de l’entreprise. Moi, Wilhelm 1°, je vais inventer un truc nouveau, je vais te fusionner tout ça et créer un machin genre « freudo-marxisme». Il faut reconnaitre à Wilhelm Reich un sens de la démesure dans la folie qui le rendrait presque attachant. Les scénaristes de Blake et Mortimer, souvent en mal d’inspiration, devraient se pencher sur les inventions de ce savant fou, beaucoup plus pittoresques et effrayantes que celle du professeur Septimus, somme toute banales. C’est qu’avec Guillaume, la réalité dépasse la fiction. A l’instar de la majeure partie des ‘intellectuels» modernes, Reich méprise le genre humain dans son ensemble, surtout les femmes et les enfants : que recoupe ce «concept» de «masses», sinon la réduction de l’individu au rang d’animal qu’il convient de domestiquer et d’éduquer par tous les moyens, surtout les plus vio- Le freudo-marxisme : ça sonne bien, ça épate le bourlents ? L’éducation, c’est toujours l’éducation anglaise. geois, ça permet de lui tirer de la thune, de tirer sa femme (il faut reconnaitre que la bourgeoise est souvent mieux roulée que la prolo, question de moyens, notre homme a du goût), ses mômes (histoire de lutter contre les insupportables tabous aliénants), son chien (la mode est déjà à l’animalisme). Et tout ça non seulement gratos, mais en le faisant raquer, cet enfoiré de bourge, et en le priant d’être poli, de dire merci. Sans blague. Pour parvenir à ses fins, rien de tel qu’une bonne petite théorie : par exemple celle de» l’équivalence entre les objets pour éviter l’idéalisation des partenaires et lutter contre l’idée de Freud de la projection de l’idéal du Moi sur l’objet». Bon, là on n’y comprend rien et c’est fait pour. Mais vous tombez bien les amis : votre pote JMV fut dans une vie antérieure plus ou moins associé à une société de psychanalyse et il a le décodeur. «L’objet» c’est ton partenaire sexuel potentiel, la personne que tu souhaiterais bien pouvoir escalader dans un délai aussi bref que possible.» L’Idéal du Moi» : c’est compliqué, mais ça veut dire que l’amour n’est pas impossible, et qu’en tout cas il serait préférable de relier 24 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 pouvoir de Hitler. Richissime, il n’eut aucun problème pour prendre la fuite après avoir contribué à plonger son pays dans l’horreur (il est vrai qu’il se considérait comme apatride, alors le sort du peuple allemand, et des autres, pas son problème...). Exclu du Parti parce que sa folie était quand même trop voyante, il en profita pour se poser en victime (c’est bon ça, tous les communicants modernes nous font le coup). Réfugié d’abord en Autriche pour y retrouver l’ambiance chaleureuse de l’Allemagne pré-nazie, il est bien sûr rattrapé par le moustachu à l’Anschluss et choisit, en toute cohérence et à l’instar de Brecht et autres progressistes, les Etats-Unis comme destination. sexe et sentiments, ça marche mieux à tous points de vue. Ignominie bourgeoise rétorque notre théoricien d’avant-garde : la position révolutionnaire, c’est de mettre les femmes en commun, c’est ça le vrai communisme, la polygamie progressiste. «Equivalence entre les objets» : génial pour lutter contre les tabous : l’ignoble couple monogame bourgeois, instrument de la domination marchande, l’interdit de l’inceste (si tout est équivalent, te gêne pas, nique ta mère), lutte contre le tabou de la pédophilie (selon Reich, c’est en dépénalisant la pédophilie qu’on va aider à la résorber, c’est beau la dialectique)... Un visionnaire, le mec. Et c’est au States qu’il donne toute la mesure de son génie créateur. Il investit son pognon honnêtement gagné dans une énorme ferme pour y construire une machine folle chargée de capter l’énergie cosmique («l’orgone» ???) afin de contrer les effets des radiations nucléaires. Cela ne marche pas vraiment puisqu’en un an il parvient à irradier le site, le rendant inhabitable et précipitant la mort des malheureux cancéreux qu’il avait la prétention de vouloir soigner. L’administration américaine le poursuit à juste titre pour charlatanisme (que ne l’avait-elle fait plus tôt ?). Ne supportant pas la moindre parcelle de réalité, cet esprit malade depuis toujours sombre dans la démence, se croyant poursuivi par le grand MODJU, un être diabolique. Curieux que les scénaristes de science fiction de série Z ne se soient pas encore emparé du personnage, y a à faire. En lien, ce délicieux petit sketch sur les sectes : https:// www.youtube.com/watch?v=dOJwGl3yLMU Voilà pour l’œuvre théorique. Dans la pratique, le gar- P.S. je m’aperçois que j’en ai oublié une bonne : l’invençon n’est pas mal non plus. tion du «Cloudbuster», le briseur de nuages, machine Avant ‘33, il fut cadre dirigeant du parti stalinien alle- censée faire pleuvoir... mand, qui fit tout ce qu’il put pour hâter l’arrivée au Numèro 96 - HCFR l’Hebdo 25 A LIRE Ze Big Nowhere L’Étranger (1942) Albert Camus « L’étranger » pour les nuls «Aujourd’hui, maman est morte» lâche Meursault modeste employé de bureau à la joie de vivre digne d’un album de Barbara et au sourire aussi expressif qu’un Michel Sardou entonnant pour la millionième fois son «Connemara» devant un public de retraités à moitié sourds. En effet, maman Meursault vient de casser sa pipe au fin fond d’un hospice miteux à deux pas d’Alger la Blanche. Voilà donc notre fiston dans le bus, direction la dépouille maternelle. Une fois arrivé le dirlo du mouroir lui tombe sur le râble lui expliquant que les pensionnaires de son hospice se la coule douce et n’étaient battus que trois fois par jour, à heures régulières et toujours après leur ration de pain dur et de soupe d’eau de mer. Meursault l’écoute gentiment mais s’en branle force 4. C’est maintenant l’heure de la veillée. Meumeu se tape une ribambelle de proches franchement éloignés et de connaissances qu’il ne connaît pas, défilant autour du cercueil en hurlant, le laissant quelque peu perplexe. Le lendemain c’est l’enterrement. Trois quarts d’heures de marche sous un soleil de plomb à suer comme un DSK attendant impatiemment l’ouverture de sa boîte à cul préférée. Tout passe comme un rêve ce jour-là, un souvenir flou : L’église, le cimetière et enfin le bus qui le ramène à Alger, Meumeu voit tout passer de loin, comme extérieur à tout ça. Il ne pleure pas, rien à faire. Tel un BHL sur le sol Yougoslave ou Libyen, il n’éprouve rien. Pas un brin de tristesse, une once de compassion. Rien. Le samedi matin alors qu’il ne branle absolu- 26 ment rien dans sa turne, Meumeu décide d’aller se baigner et ainsi de profiter des jours de congés que son ****** de patron a été obligé de lui filer à contre coeur pour la mort de sa reum. Alors qu’il trempe sa couenne, peinardos, dans la grande bleue tel un morceau de boeuf rance flottant dans le bourguignon à soixante-dix euros du restau pour bobos agueusiques de Cyril Lignac, Meumeu rencontre par hasard Marie Cardona, une ancienne dactylo de son bureau qu’il aurait bien secoué à l’époque comme un vulgaire Orangina juste pour voir si la pulpe restait bien en bas. Ils passent la journée ensemble, nageant, s’amusant, s’effleurant, faisant regretter à Meumeu l’achat de ce maillot de bain si moulant qui ne cache en rien l’amitié grandissante, veineuse et violacée qu’il porte à Marie. Le soir, Meumeu l’amène au cinoche, histoire de la peloter un petit peu et parvient à lui masser les nibards face à un Fernandel hilare sur son grand écran. Le lundi matin Meumeu retourne se faire chier à son boulot et, tel un fonctionnaire municipal, parvient à dormir deux plombes à son bureau sans que personne ne s’en aperçoive. Le soir, il rencontre son voisin de palier, Raymond Sintès, maquereau de son état, sans oignons ni vin blanc mais avec une forte dose de gomina sur la tronche et les doigts qui fleurent bon la gambas. Ce Dédé la saumure pied-noir explique à Meumeu qu’il lui faudrait une lettre pour piéger une de ses gonzesses, la faire revenir dans son giron et une fois rentrée lui filer des mandales, ainsi qu’à son ****** de frangin qui rechigne à laisser sa soeur se faire péter le bassin pour trois francs six sous. Putain de rabat-joie !! Meumeu, aussi enthousiaste qu’un patient attendant son tour pour une coloscopie, s’exécute et l’écrit. Quelques temps après, Marie a la mauvaise idée de demander à Meumeu si il l’aime. Celui-ci en toute franchise et gai comme un croque-mort enterrant son propre père lui dit qu’il ne pense pas. Autant te dire que le reste de la journée ne s’annonçait pas folichon-folichon; mais une violente dispute chez notre Dédé la saumure version harissa vient égayer un peu cette fin de journée. En effet, Dédé file des beignes à une gonzesse qui a eu l’outrecuidance de laisser entendre qu’il était une saloperie de mac, alors qu’il cherche juste à aider ces demoiselles à trouver un mari et que, malgré de nombreux prétendants, ces messieurs s’avèrent frileux sur la question du mariage. www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Les cris de l’ingrate que Dédé dérouille pour son bien ameutent le quartier et l’arrivée d’un agent met fin à la dispute. La saumure est convoqué chez les bleus pour tenter de leur faire comprendre que son costard à rayures, sa tonne de gomina sur la tronche et ses différentes maladies vénériennes ne signifient pas forcément qu’il est fabricant de prostiputes. Il demande même à Meumeu de venir témoigner en ce sens. Pour le remercier d’y avoir sauvé les miches, Dédé invite Meumeu et Marie à passer la journée dans un cabanon au bord de l’eau qui appartient à un pote à lui : un certain Masson. Durant cette journée, cette conne de Marie fait la boulette de lui demander s’il veut l’épouser, alors Meumeu répond que, pour sa part, il en a rien à branler mais que si ça pouvait lui faire plaisir, pourquoi pas. Le dimanche d’après, Marie, Meumeu et Dédé la saumure retournent passer la journée chez Masson au bord de l’eau. Après un repas aussi arrosé qu’une réunion de famille chez Christine Bravo, nos gaillards partent faire une balade. Au bout de la plage, ils croisent deux rebeus dont l’un semble être le frangin de la pupute à Dédé. Oh putain !! C’est parti pour la baroufle !! Dédé commence à distribuer les bourre-pifs en veux-tuen-voilà jusqu’à ce que l’un des rebeus sorte une lame et le blesse au visage. Direction l’hosto pour la saumure. En sortant, Dédé est vénère de chez vénère et décide de prendre son flingue pour tirer sur tout ce qui bouge comme un Rocco Siffredi «cialisé» lâché dans un pensionnat de jeunes filles. Meumeu demande à Dédé de lui laisser le gun pour éviter la connerie, puis il part se balader sur la plage histoire de prendre l’air. Là, Le «type» de Dédé est revenu et lui sort sa lame. Meumeu commence à stresser grave, façon Roselyne Bachelot s’apercevant qu’il n’y a plus de charcuterie sur le buffet de la cantine de D8. Meumeu, ébloui par le reflet du soleil sur la lame, se crispe sur le flingue dans sa fouille et le coup part direct. Raide mort, le Rebeu. Puis comme ça, pour passer le temps, Meumeu lui met encore quatre balles dans le buffet, histoire de voir comment ça fait. Meumeu est arrêté et questionné à plusieurs reprises. On lui refile un avocat commis d’office aussi con que Maître Collard et aussi efficace que l’analphabète à roller: l’insipide Arno Klarsfeld. Les réponses sincères et naïves de Meumeu sur le meurtre ou la mort de sa mère foutent son avocat mal à l’aise. Le juge l’interroge à son tour et ne voyant ni regret, ni remords dans les propos et les yeux éteints de Meumeu, nous tape sa petite crise de foi et brandit un crucifix en invoquant le nom du Christ et celui encore plus flippant de Christine Boutin. Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Allez hop, en cabane, le Meumeu. Marie lui écrira une lettre, une seule. Mais bof, il s’en branle un peu de tout ça, Meumeu. Il a envie de fumer puis ça passe. Puis il a envie de baiser et ça passe aussi. Vient enfin l’heure de son procès. Les juges, les badauds, les journalistes, les flashs qui crépitent, le procès qui dérape, jugeant au final Meumeu, plus pour son manque de sentiment et d’émotions pour la mort de sa daronne que pour le meurtre du Reubeu. Il sent pas bon, ce procès ! Ça gueule de partout, le juge invoque Sainte Frigide Barjot pour tenter d’exorciser Meumeu et Arno Klarsfeld graisse peinard les roues de ses rollers. Pour couronner le tout, ce con de Meumeu fait marrer le tribunal en expliquant qu’il a commis son acte à cause du soleil. A partir de là, Meumeu devient étranger à son procès, à luimême, une coquille vide sur le banc d’accusé. Le juge annonce la sentence : La guillotine... Adieu les raies au milieu, adieu les migraines. Il regagne sa cellule la queue basse, contrairement à DSK et attend, éteint, l’heure de son raccourcissement. L’aumônier déboule en lui disant qu’il priera pour son âme. En guise de réponse, Meumeu lui file un grand coup de pied dans les roustons et lui dit d’aller se faire fourrer chez les grecs. Meumeu retrouve enfin son calme et son «je m’en foutisme» légendaire, bien calé au fond de sa cellule. «Devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine». FIN 27 MUSIQUE Ze Big Nowhere Les Marquises (1977) Jacques Brel Chronique d’une mort annoncée Il est parti. Parti loin, balader son cancer sur les eaux turquoises du paradis Pacifique. Il a fui. Fui son nom trop encombrant, trop lourd pour ses frêles épaules. Il s’est échappé sur un voilier, tentant de semer ses poumons mourants dans une course folle autour du monde et s’est échoué, à bout de 28 souffle, sur un caillou perdu au milieu folle de moribond, le grand Jacques du bleu. ne veut pas partir comme ça, sans un dernier au revoir. Il n’a pas encore Les Marquises ! tout dit. Il veut écrire sa lettre d’adieu. Un bouquet de fleurs planté dans l’océan. Un bout de terre verte ba- C’est donc dans l’urgence qu’il délayée par les vents, tombée de la barque à Paris. poche de Dieu de l’autre côté de la Planqué dans un hôtel place de terre comme des clés dans un cani- l’Etoile, évitant les paparazzis venus veau. Un trésor venimeux oublié des se repaître de sa silhouette émahommes. ciée comme une meute de chacals suivant de loin un animal blessé, le Brel décide de se perdre dans l’im- Divin Belge traîne la patte semant mensité, de jouer à cache-cache avec derrière lui les derniers bouts de ses lui-même et de ne plus se trouver. poumons gangrenés sur le pavé. C’est amaigri, épuisé qu’il fait naufrage aux marquises, comme ces va- Brel arrive en studio au mois de Sepgues gigantesques et tonitruantes tembre 1977. qui traversent les océans et viennent Un roseau ! mourir tout doucement sur ces Ce roseau qui plie mais ne rompt pas. plages de sable blanc. Un roseau toujours à deux doigts de faire mentir l’adage, c’est ce roseau, Malgré l’exil, malgré ce crabe qui le sec et cassant, que voient entrer l’orbouffe de l’intérieur, malgré cette chestre et les ingés’ sons dans les stufuite en avant et cette misanthropie dios Barclay. www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Brel enregistre en une seule prise, en direct, avec un orchestre collé à ses lèvres pour ne rien manquer. L’enregistrement est terminé. Douze titres joués une seule fois et collés sur bande en l’espace de quelques jours, à la vitesse de l’éclair. Le poète chevalin nous traîne par les cheveux au bord du gouffre, de son gouffre. Il nous invite à son dernier repas et nous place, à table, entre ses nouvelles meilleures amies: la peur, la douleur et la grande faucheuse. Il nous offre ses derniers jours en pâture. On plonge avec lui dans les abysses sans fond d’une mort annoncée, ces eaux noires, épaisses, qui nous entourent et nous tirent vers le fond. Dans cette descente sans oxygène dans les profondeurs de l’esprit humain, cet esprit humain face à la peur, la vraie, celle de la mort, l’on croise en ombres furtives les obsessions du poète flamand. Ces obsessions décuplées avec l’approche de la mort, cette certitude de l’adieu. Les femmes, l’amour, l’amitié, tous ces thèmes rabâchés par Brel au long Numèro 96 - HCFR l’Hebdo de sa carrière prennent une résonance plus grave, plus désespérée. C’en est terminé des chopes de bière qui s’entrechoquent entre amis dans quelques troquets enfumés, place à la solitude iodée d’un lopin de terre paumé dans le grand nulle part. Finis les amourettes, le corps chaud des petites Parisiennes qui s’offraient aux grands bras maigres du poète, place au désenchantement amoureux, à la monogamie forcenée. La nuit se fait doucement sur l’âme du Flamand. Les textes se font plus violents, plus agressifs. Les mots sont hantés, la mélancolie des orchestrations te serre la gorge jusqu’à l’étouffement. La faucheuse posée sur la faible épaule du poète semble lui souffler quelques rimes d’outre-tombe. C’est le chant du cygne d’un des plus grands poètes de langue française de ce putain de XXe siècle, l’adieu déchirant d’un homme libre qui vécut comme il exerça son art, sans aucune concession. ces nuages sur lesquels est écrit Brel en transparence. Ce ciel comme symbole d’éternité, comme le symbole d’une espérance renouvelée, après avoir goûté durant presque cinquante minutes le nectar noir du désespoir le plus sombre. Brel meurt le 9 octobre 1978... Pour l’éternité. Mais l’éternité peut bien attendre. https://w w w.youtube.com/ watch?v=hVK-s84SN_s On termine le disque, on éteint sa chaîne et l’on range précieusement la galette dans son boîtier. Ce boitier d’un bleu doux et apaisant, 29 MUSIQUE Saint-John Poivrot d’Arvor Surf’s Up (1971) The Beach Boys Dernière vague Au risque de me faire agonir par d’aucuns, je dois bien avouer que je n’ai jamais vraiment compris tout le prestige et toute l’aura entourant la formation des Beach Boys. Je devrais, pourtant, si l’on en juge par mes affections musicales. Mais j’ai eu beau écouter, bien attentivement, bien des fois, leurs disques considérés parmi les meilleurs, rien y fait : je trouve tout cela immensément surfait, gigantesquement exagéré. Le fameux Pet Sounds par exemple, j’en fais régulièrement des feux de joie, le saviez vous ? Dès qu’un barbecue se profile, j’en profite pour placer une ou deux de ces pochettes niaises dans la fournaise. Cela me coûte certes bonbon 30 en pépettes, mais cela arde avantageusement mes viandes d’un supposément feu divin. Pareillement je me gausse des Smile Sessions à tous propos. Ce disque mort né sensé enterrer toute concurrence, grenouille voulant devenir aussi grosse que le bœuf, explosé en pleine procédure. SPLAFF !!! Telles les prétentions musicales d’un Bouboule Wilson ayant perdu la boule. nulles moqueries de ma part concernant vos idoles de vinyle. Je respecte. Ne comprends pas mais respecte néanmoins. D’ailleurs j’en aime aussi fiévreusement quelques unes, de ces chansons californiennes, au premier rang desquels l’on peut trouver «Good Vibrations» et «God Only Knows» par exemple. Voyez comme je fais des efforts pour ne pas trop vous bousculer. Oh ! je vous vois venir, adorateurs des garçons de la plage, écumant derrière votre écran, surfant sur la vague de la haine. Vous me méprisez, réclamez ma peau, ma tête au bout d’une pique. Belliqueuse engeance ! Alors j’avoue, j’exagère un peu, vous lutine beaucoup. Nul feu de joie et Néanmoins, dans la terrible anormalité qui m’afflige, j’ai récemment trouvé deux raisons d’espérer votre indulgence, foules idolâtres : Sunflower et Surf’s Up, sortis respectivement en 1970 et 1971. Car j’aime Sunflower et Surf’s Up, voyez vous, beaucoup j’aime même. Hasard ou www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 coïncidence, il s’agit de deux albums sur lesquels Brian Wilson se retrouve en retrait, la faute à une vilaine dépression paranoïaque en partie due à son addiction à la fée multicolore LSD. Un mal pour un bien selon moi, car cela permit à d’autres de briller, d’autres sensibilités, notamment celles de ses frères Carl et Dennis, dont les talents de compositeurs s’affinèrent au point d’atteindre le savoir faire de Brian sur certaines chansons, tout en apportant une variété salutaire à la musique du groupe, par trop dépendante de l’inspiration de Brian par le passé. Mis à part peut être la chanson centrale «Student Demonstration Time» qui est un ton au dessous des autres, toutes les chansons se révèlent de bonne voire très bonne facture. Carl Wilson tire particulièrement son épingle du jeu avec «Long Promised Road» mais surtout avec l’envoûtante «Feel Flows», dont la fluidité et la mélodie coulée viendront durablement s’insinuer dans les méandres de votre cortex aux côtés de l’autre grande chanson du disque, «Surf’s Up», dont les bandes furent exhumées du fameux projet avorté Smile, et réinterprétées pour l’occasion par le même Carl. Que dire d’autre sur «Surf’s Up» Bien que les deux albums mérite- ? Grande chanson, tout simplement. raient une critique en bonne et due Peut être la meilleure du groupe avec forme, c’est tout de même sur Surf’s «Good Vibrations». Up que je m’attarderai aujourd’hui, mon préféré. L’album se révèle court, Des seconds couteaux, que l’on atcomme tous les disques des Beach tendait pas à pareille fête, viennent Boys vous me direz, et se découpe également apporter leur écot à ce en dix plages. L’une des choses qui que l’on peut considérer comme le m’ont le plus marqué en écoutant le chant du cygne créatif de la formadisque, c’est la mise en retrait globale tion américaine. Bruce Johnston dédes chants très aigus, cette sorte de gaine la délicate ballade «Disney Girstridence qui est un peu la marque ls», admirablement interprétée d’une de fabrique des chansons de Brian, voix de velours par ses soins, tandis et dont la récurrence a souvent eu que de son côté Al Jardine propose raison de mes nerfs sur les autres avec «Lookin At Tomorrow (A Welfare disques du groupe. Song)» une complainte acoustique Numèro 96 - HCFR l’Hebdo aussi brève qu’efficace. C’est Brian Wilson en personne qui vient clôturer l’oeuvre avec un triptyque repêché de feu son ciboulot formé par le très beau «A Day In The Life Of A Tree», la somptueuse «Till I Die» et le gargantuesque «Surf’s Up» donc. Un final d’une beauté incomparable qui vient définitivement sceller la période faste des Beach Boys. Car ensuite les surfers prendront le bouillon. Surf’s Up : https://www.youtube. com/watch?v=R2_wBbS7I08 Feel Flows : https://www.youtube. com/watch?v=Ifl-dkwwssI 31 Blu-ray Le Loup Celeste The Last Days on Mars Ruairi Robinson U n groupe d’astronautes découvre des bactéries extraterrestres dans le permafrost martien. C’est alors que l’un des membres de l’équipe est victime d’un accident. En attendant les secours, le groupe tente d’organiser la survie... Année : 2013 Durée : 98 min Réalisateur : Ruairi Robinson Acteurs : Liev Schreiber, Elias Koteas, Romola Garai, Olivia Williams, Johnny Harris Genre : Science-fiction, Horreur Nationalité : Britannique, Irlandais 32 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Ce film de science-fiction horrifique au doux parfum des 90’s ne révolutionne certes pas le genre (le scénario est très classique), mais parvient à rendre la planète Mars réaliste grâce à des effets spéciaux solides, à donner vie (et à l’enlever aussi) à des personnages crédibles interprétés par un casting solide (Liev Schreiber en tête), à faire monter la tension lors de l’acte en huis clos et à animer l’horreur avec efficacité malgré une mise en scène un peu trop agitée lors des scènes d’action. Le Blu-ray Image Les décors martiens comme les gros plans sont clairement magnifiés par la HD (minutieux et détaillés), mais le film a subi une forte transformation visuelle en post-production qui a visiblement entraîné l’apparition de trop nombreuses douceurs lors des plans larges et semi-larges (mous du genou) en pleine luminosité alors qu’ils sont superbes en basse lumière (!). En-dehors de cet aspect un peu déstabilisant et d’une compression parfois visible (un peu de banding), les détails sont globalement bons, les couleurs froides (l’intérieur de la base Tantalus) et chaudes (les extérieurs sur Mars) sont appropriées, les contrastes sont convenables et les noirs sont stables. Audio Des pistes sonores honorables mais finalement peu spectaculaires et manquant légèrement de coffre. Les voix sont toujours claires (même à travers les émetteurs radio des casques), la musique mélancolique de Max Richter est propre, la frontale est très correctement modulée et les surrounds distillent quelques effets bien sentis. Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Format vidéo 1080i25 (AVC) / [2.35] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) audio-3D Sous-titres Français imposés sur la VO Français pour malentendants Région : B (France) Éditeur : TF1 Vidéo Date de sortie : 3 septembre 2014 33 Blu-ray Le Loup Celeste Planète rouge Antony Hoffman E n 2050, les nations d’une Terre qui se meurt cherchent une solution et décident de coloniser Mars. Mais quelque chose que personne ne pouvait prévoir les attend... Année : 2000 Durée : 106 min Réalisateur : Antony Hoffman Acteurs : Val Kilmer, Carrie-Anne Moss, Tom Sizemore, Benjamin Bratt, Terence Stamp Nationalité : Américain, Australien Genre : Science-fiction, Action 34 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Ce film de science-fiction spatial est une honnête série B d’anticipation qui ne vole pas bien haut et qui pèche par un scénario peu captivant, par un rythme assez lent et par des dialogues simplistes. Mais le sens du cadre évident du réalisateur (le film est beau), les moyens visibles à l’écran (les CGI sont pour la plupart toujours réussis), les morceaux de bravoure (l’incendie en apesanteur) et la présence d’un casting à la mode (tout du moins lors de sa sortie) font passer un agréable moment. Le Blu-ray Image Un très beau transfert HD au master immaculé, à la définition tranchante, aux détails considérables, à la profondeur de champ impressionnante (les canyons martiens), à la palette colorimétrique (aux teintes rouges) rutilante, aux contrastes poussés et aux noirs denses. Audio Des pistes sonores dont la hardiesse et la spatialisation sont notables. Les voix sont précises, l’ouverture frontale est dynamique, la scène arrière est percutante et riche en effets (le vent, les déplacements du robot AMEE, la tempête de verglas), le score de Graeme Revell est aéré comme il se doit et les basses sont vrombissantes à souhait. Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [2.40] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) Dolby Digital 5.1 Sous-titres Français Anglais pour malentendants Région : B (France) Éditeur : Warner Bros. Date de sortie : 19 octobre 2011 35 Blu-ray Le Loup Celeste Europa Report Sebastián Cordero U n équipage international d’astronautes est missionné par une société privée sur Europe, l’une des Lune de Jupiter, pour y chercher d’éventuelles traces de vie. Ils sont bien loin d’imaginer ce qu’ils vont y découvrir... Année : 2013 Durée : 89 min Réalisateur : Sebastián Cordero Acteurs : Sharlto Copley, Michael Nyqvist, Daniel Wu, Christian Camargo, Anamaria Marinca Nationalité : Américain Genre : Science-fiction 36 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014 Ce found footage spatial réaliste et épuré inspiré du documentaire “For All Mankind” et influencé par les classiques de la science-fiction que sont “Alien” et “Abyss”, est infiniment supérieur au récent “Apollo 18” et propose une exploration spatiale aussi palpitante que terrifiante à la réalisation sobre et plausible, au scénario scientifiquement rigoureux, au suspense maintenu tout du long, aux séquences plus ou moins spectaculaires remplies de bonnes idées (les caméras des scaphandres), aux effets spéciaux modestes mais soignés, et au talent évident des comédiens (même si Michael Nyqvist et Sharlto Copley sont sous-exploités). Une belle découverte ! Le Blu-ray Image Found footage oblige, le film a été capté à l’aide de divers caméras au rendu variable (caméras de surveillance, appareils photo numériques, webcams...) mais toujours appréciable. Alors oui la définition comme le grain dépendent de la source mais ils sont restitués avec minutie, et il faut se rendre à l’évidence, l’encodage est solide (pas de postérisation), le piqué a du mordant, la palette colorimétrique froide est pertinente, les contrastes sont superbes et les noirs abyssaux. Audio Des pistes sonores immersives et d’une grande clarté qui mettent à contribution toutes les enceintes (scène frontale riche et surrounds actifs) et délivrent des dialogues bien intégrés, une dynamique impactante, une spatialisation équilibrée, des effets marqués, une musique planante particulièrement enveloppante et des basses plaisantes (cf les rotations de la station). Numèro 96 - HCFR l’Hebdo Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [1.77] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres Français Région : B (France) Éditeur : Metropolitan Vidéo Date de sortie : 24 janvier 2014 37 La Semaine Prochaine L’actualité des sorties cinéma ... De nouvelles critiques musicales, littéraires ou 7ème Art... Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus de tests Blu-ray (2D et 3D). Rendez-vous le vendredi 17 Octobre 2014 pour L’HEBDO n°97 38 www.homecinema-fr.com - Octobre 2014