Forum Expat: revue de presse - Richard Yung, senateur des francais

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Forum Expat: revue de presse - Richard Yung, senateur des francais
Forum Expat: revue de presse - Richard Yung, senateur des francais de l'etranger
Écrit par Revue de Presse
Mardi, 31 Mai 2016 14:34
À l’occasion du Forum Expat (31 mai-1er juin), le
er
spécial
dans son édition datée du 31 mai.
quotidien Le Monde a publié un dossi
Partir, un accélérateur de carrière ?
Près de deux millions de Français travaillent désormais à
l’étranger. L’époque où une ou
plusieurs expériences
professionnelles à l’international étaient considérées comme un
accélérateur de carrière, du fait de leur rareté, ­serait-elle
révolue ? « Ne pas en avoir
peut constituer aujourd’hui un frein
pour obtenir une promotion, mais en avoir une n’est
pas une
garantie », résume Jean-Luc Cerdin, directeur du mastère
spécialisé en
management des ressources humaines à l’ESSEC.
C’est, en revanche, une étape
incontournable pour intégrer un
comité exécutif, selon la règle établie – trois continents,
trois métiers, trois filiales.
Dans un contexte de mondialisation croissante, y compris des PME
et des entreprises de
taille ­inter­médiaire françaises,
l’exigence d’une expérience internationale s’accroît et peut
donner, en théorie, une longueur d’avance pour grimper dans les
hautes sphères du
management ou dynamiser sa mobilité
professionnelle. Mais les cadres ayant ce profil ne
font plus
exception. Huit mille personnes sont ainsi attendues les 31 mai
et 1er juin au
Forum Expat organisé par Le Monde aux Docks, Cité
de la mode et du design.
Une rude concurrence au retour
La mission à l’étranger est devenue la norme chez les jeunes
­talents, eux qui ont étudié
en programme Erasmus, effectué des
stages ou passé une année de ­césure hors de
France, ou encore
­démarré leur vie professionnelle par un Volontariat
international
en entreprise. « Près de 40 % de nos diplômés
­occupent leur premier job hors de
l’Hexagone, relate Manuelle
­Malot, directrice Carrières de ­l’Edhec. Ils partent par envie
de ­vivre d’autres ­expériences, pas dans l’optique de booster
leur carrière. Ils sont
conscients qu’à leur retour, la
concurrence est rude. Tout travail à l’international n’est pas
qualifiant, et ne signifie pas que le tapis rouge va leur être
déroulé. »
Dans le « travail à l’étranger », ce n’est plus tant
l’international qui compte que ce que l’on
y a fait. « L’enjeu,
c’est de savoir valoriser les compétences spécifiques
développées
dans cet environnement et de les intégrer dans un
projet professionnel qui fait sens à
moyen terme », estime
Jean-François Rieffel, responsable des ­partenariats
institutionnels de ­l’Association pour l’emploi des ­cadres
(APEC). Or, il n’est plus si
évident de distinguer la
singularité des compétences acquises en expatriation – maîtrise
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d’une langue, autonomie, ouverture d’esprit, capacité
d’adaptation, etc. Car d’autres
formes d’exposition à
­l’international, sans quitter l’Hexagone, se sont multipliées :
management de collaborateurs dispersés dans plusieurs pays,
participation à des projets
multinationaux, déplacements
fréquents à l’étranger, formations interculturelles…
« Si les frontières du travail à l’international sont plus
floues, ces ­expériences n’ont
toutefois pas la même valeur aux
yeux des DRH. S’immerger dans un pays, encadrer des
équipes
locales sur place, s’adapter à d’autres organisations et
pratiques
professionnelles ­donnent une autre ­dimension. C’est
une différence qui peut faire
tremplin, à condition que le
projet d’expatriation soit bien construit, avec une mission
enrichissante », indique Cyril Lecacheur, directeur régional
adjoint du cabinet de
­recrutement Hays.
Répercussions sur la carrière
Que la mobilité relève de l’initiative de l’entreprise ou
qu’elle procède du choix individuel
de travailler sous d’autres
cieux en ­contrat local, ses répercussions sur la carrière comme
levier de réussite sont plus complexes à ­appréhender
aujourd’hui. Toutes les
compétences acquises ailleurs ne sont
pas forcément transférables ici. « Si l’opportunité
de
développer ses soft skills [qualités ­humaines] est
incontestable, c’est plus
rarement le cas pour les compétences
de cœur de métier, ­observe Alix Carnot, ­directrice
du pôle
carrières internationales du cabinet Expat Communication. Pour
certaines
activités techniques, on s’expose même à une perte de
niveau. » Et donc à des
­désillusions au retour.
Si parvenir à commercialiser un produit dans un pays
géopolitiquement sensible se révèle
un atout, diriger une petite
agence bancaire dans un pays asiatique peut s’avérer moins
payant, tant les procédures sont différentes. En outre, le
risque d’être cantonné dans un
rôle n’est pas négligeable : «
Vous apparaissez comme l’expert d’une zone géographique
particulière, et le poste que l’entreprise vous propose à la fin
de votre expatriation…
c’est d’y retourner ! », note Jean-Luc
Cerdin.
Aux potentielles difficultés pour valoriser sa nouvelle
employabilité dans son entreprise
d’origine ou sur le marché du
travail s’ajoute la coupure des liens professionnels avec la
métropole, même si désormais les réseaux sociaux ­contribuent à
réduire cet écueil. «
Les collaborateurs ­présents défendent
mieux leurs chances lorsqu’une promotion se
profile, juge Alix
Carnot. Et la ­diminution des ­effectifs dans les sièges sociaux
­exacerbe une concurrence qui peut être préjudiciable à
l’expatrié, s’il n’a pas consacré du
temps à ses ­réseaux en
France. »
De plus, DRH et recruteurs français tiennent parfois un discours
paradoxal : ils se disent
ouverts à ces parcours internationaux
mais, dans les faits, s’en tiennent à des profils plus
classiques, adaptés à notre modèle latin et bureaucratique de
management. Autant de
raisons de penser qu’un travail à
l’étranger est un accélérateur de carrière quelque peu…
aléatoire.
Nathalie Quéruel
De plus en plus de seniors tentés par l’expatriation
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A l’âge où d’autres salariés sont poussés dans un ­placard,
Pascal Monpetit s’est vu offrir
un vrai challenge : à l’aube de
ses 50 ans, le groupe suédois qui l’employait lui a proposé
de
prendre la tête d’une entreprise rachetée aux États-Unis.
Alors en poste en France, il n’hésite pas, d’autant que lui et
sa famille sont rodés à
l’expatriation. « Ce poste s’inscrivait
simplement dans la poursuite de ma carrière,
explique-t-il.
J’avais déjà travaillé plusieurs années en Russie ; mes enfants
ont dû
passer les trois quarts de leur vie à l’étranger ! » Avec
la montée en âge des
baby-boomers et les mesures prises par les
gouvernements successifs pour favoriser leur
maintien dans
l’emploi, les salariés seniors sont de plus en plus nombreux
dans
l’entreprise.
Plus mobiles et expérimentés
Souvent plus mobiles et expérimentés que leurs cadets, ils
semblent des candidats idéals
pour l’expatriation. « Dans des
pays comme la Russie, les seniors sont considérés pour
leur âge
et leur expertise », fait valoir P. Monpetit.
Les quinquas salariés missionnés à l’international, sous contrat
local ou non, semblent
néanmoins des cas d’exception. « Hormis
chez les grands comptes, on voit peu de
salariés seniors envoyés
à l’étranger, constate Marc Raynaud, président fondateur de
l’Observatoire du management intergénérationnel. Mais il faut
rappeler que les salariés
expatriés, dans leur ensemble, restent
rares. »
Pourtant l’étranger séduit les seniors, et pas seulement les
­retraités : pas moins du quart
des plus de 65 ans vivant hors
de nos frontières sont des actifs, contre moins de 2 % en
France, selon une enquête menée par le ministère des affaires
étrangères en 2013.
Mais cette catégorie ­demeure méconnue :
l’enquête ne précise pas quelle est la part de
salariés envoyés
par leur ­entreprise, de demandeurs d’emploi et d’indépendants.
Des freins dans les entreprises
Seule certitude : des freins subsistent au sein des entreprises,
tant du côté des
employeurs que des candidats potentiels à
­l’expatriation. « Même si les enfants sont
partis, le premier
obstacle reste la famille, note M. Raynaud. Il faut encore
convaincre
le conjoint. Et il y a les parents qui vieillissent
et dont il faut s’occuper. »
Les salariés s’interrogent aussi sur leur propre évolution : que
va-t-il advenir de leur
­retraite ? Sont-ils prêts à tout
recommencer de zéro à l’étranger ?
Du côté des employeurs, les plus âgés n’ont pas toujours bonne
presse. « L’image du
senior rigide, qui ne sait pas s’adapter et
qui ne parle pas anglais, persiste, regrette M.
Raynaud. Seuls
des experts très identifiés, dont les compétences sont
difficiles à
trouver, tirent leur épingle du jeu. »
Au demeurant, l’emploi de seniors en dehors des contrats
classiques d’expatriation se
développe. Des industriels comme
Areva font appel à d’ex-salariés partis en retraite pour
chapeauter des projets stratégiques à l’international. Les
seniors en recherche d’emploi
sont aussi nombreux à se tourner
vers des entreprises de management de transition, qui
les
emploient « en intérim » sur des missions ponctuelles. Enfin, «
beaucoup vendent
aussi leurs compétences à des entreprises
étrangères moins regardantes sur leur âge,
note M. Raynaud. Ce
qui conduit à un véritable transfert de technologies »,
conclut-il
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en guise de mise en garde.
Catherine Quignon
Les start-up s’exportent
Le grand saut sera pour juillet. Après de nombreux mois
d’allers-retours entre la France et
les États-Unis, François de
Landes de Saint Palais s’apprête à s’installer à Los Angeles. «
Quand on veut accélérer, il faut y aller », résume-t-il.
Ce multi-entrepreneur de 44 ans a cofondé en 2013 Misterbnb.com,
un Airbnb centré sur
la communauté gay, avec une certitude en
tête : « Raisonner tout de suite à l’échelle
internationale pour
prendre la place et profiter ainsi de ­notre avantage de
pionnier.
Rendre la concurrence impossible s’est imposé comme
une priorité ­vitale. » Sur un tel
marché, pas de place, à ses
yeux, pour plusieurs concurrents, sauf à devenir un ­petit
challenger et risquer de disparaître. Et pour assouvir cette
soif de ­conquête du marché
international, « les États-Unis sont
vite apparus comme l’implantation la plus facile et
stratégique
».
La Silicon Valley en tête
Comme lui, des start-upeurs français décident chaque année de
s’expatrier pour vivre leur
aventure entrepreneuriale à
l’étranger. Que leur société soit en cours de création ou
qu’elle ait déjà quelques années, ils estiment que
l’environnement y sera plus favorable au
développement de leur
entité. « C’est un mouvement qui reste minoritaire et qui se
­cantonne essentiellement à quelques destinations, avec, en
premier lieu, la Silicon Valley,
New York et la Chine », tempère
Julien Morel, directeur d’Essec Ventures.
Comme lui, nombre d’entrepreneurs conviennent que la France
propose aujourd’hui un
écosystème économique et financier
­intéressant pour créer sa start-up. L’étranger n’en
reste pas
moins, pour certains, un pôle d’attraction. « Tout simplement
parce qu’un
­entrepreneur va commencer son activité là où il
pense qu’il sera au maximum de ses
possibilités », résume Morgan
Hermand-Waiche, start-upeur expatrié à New York.
Que leur promettent les États-Unis ? « La Silicon Valley a des
­attraits évidents pour le
secteur technologique, note M. Morel.
De manière globale, tout y est plus grand. On peut
espérer
rencontrer plus de personnes stratégiques pour son projet,
gagner plus
d’argent… Mais, dans le même temps, les ressources
humaines coûtent également plus
cher. Un ingénieur à 50 000
euros annuels en France pourra valoir 150 000 euros là-bas.
»
Enfin, « la quête d’une fiscalité plus avantageuse que dans
l’Hexagone pousse
également des start-up à franchir
l’Atlantique, souvent après quelques années d’existence
»,
relève un entrepreneur.
Sur place, M. de Landes de Saint Palais dit, pour sa part, avoir
trouvé un terrain favorable
pour effectuer des levées de fonds
(à hauteur de 4,5 millions de dollars sur deux ans et
demi). «
Les choses s’améliorent à ce niveau en France, mais les États-Unis
offrent
la possibilité de réaliser ce type d’opération sur des
montants importants avec une grande
rapidité », explique-t-il.
C’est également vers les États-Unis que s’est tourné M.
Hermand-Waiche, 34 ans,
lorsqu’il a décidé de lancer, en 2011,
sa ­société de lingerie en ligne, Adore Me. Pourquoi
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une telle
implantation ? Par goût du défi, l’entrepreneur français ayant
décidé de
s’attaquer au géant américain Victoria’s Secret sur
son sol. Par pragmatisme aussi : « Le
marché américain est plus
grand et permet de se développer plus vite, alors qu’en Europe
il aurait fallu s’attaquer à plusieurs marchés différents. »
Mais aussi et surtout par
attrait pour un écosystème favorable à
l’entrepreneuriat avec, ­entre autres, « une politique
fiscale
qui incite à investir dans les jeunes pousses » et « une
flexibilité » dans la
gestion des ressources humaines, «
indispensable à toute petite entreprise ». Autant de
paramètres
qu’il dit ne pas avoir trouvés en France.
L’Afrique prometteuse
Enfin, l’expatriation des « start-upeurs » motivée par les
promesses de marchés en
devenir s’intéresse à la Chine et à
l’Afrique. « Le marché asiatique a donné des ­signes
d’essoufflement, tempère un entrepreneur. On voit désormais des
Français rentrer dans
l’Hexagone. En revanche, le marché
africain a un bel avenir devant lui. » Le mouvement
en sa
direction est encore timide, mais un nombre croissant
d’entrepreneurs
franchissent le pas.
« On ­assiste en Côte d’Ivoire à l’émergence d’une classe
moyenne, ­explique Fabrice
Piofret, 37 ans, membre du comité de
pilotage du réseau de start-up French Tech Abidjan.
Alors que
certains marchés sont saturés en France, il y a ici des
consommateurs en
­demande et des offres qui restent à créer. »
Il a lui-même lancé sa start-up de veille de la
presse pour les
entreprises, Veilleur des médias. « Il y a aujourd’hui des
opportunités
à saisir, il faut donc prendre le train en marche.
Car, dans deux ou trois ans, il sera trop
tard. »
François Desnoyers
Cap sur le Québec pour les métiers prisés
Chaque année, depuis 2008, des entreprises québécoises viennent,
aux Journées
Québec, recruter en France. Et chaque année, une
centaine de candidats s’expatrient.
L’édition 2016, qui vient de
s’achever, proposait plus de 600 postes dont 314 en
informatique
et 156 en jeux vidéo. Mais pourquoi ces travailleurs qualifiés,
dont la
France manque aussi, s’envolent-ils pour le Québec ?
« C’est une nouvelle expérience. On ne fuit pas un pays, c’est
un projet de vie », tient à
préciser Thibault Wittemberg,
ingénieur spécialisé dans les technologies mobiles. Mi-juin, il
partira pour Montréal où une société l’attend déjà. Sa femme
informaticienne et leurs
deux ­enfants le rejoindront en
juillet. Installée à Cherbourg, la famille aurait dû déménager
pour Brest à la suite de la délocalisation d’un de leurs
employeurs. « Quitte à bouger,
autant bouger vraiment ! C’est le
bon moment : nos enfants sont jeunes, le secteur
informatique
est porteur. Le Nouveau Monde nous fascine et la langue
française
facilite les choses. De plus, la qualité de vie, comme
les rémunérations, promettent d’être
meilleures que dans une
grande ville française. »
« La vie ici est plus facile »
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Le climat social est aussi un facteur déclencheur. Pour Romain
Thomas, ça a été décisif.
Sud-Coréen adopté par une famille
française, cet ingénieur informaticien marié à une
Burkinabée et
père de trois jeunes enfants, a installé sa famille à Montréal
fin 2014 où
il travaille dans la Business Intelligence. « Etre
un couple mixte en France n’est pas facile
», avoue-t-il.
Malgré ses diplômes en tourisme et en comptabilité, sa femme ne
s’est vue proposer
qu’un travail en usine de 5 heures à 10
heures du matin… Lui, parcourait 60 km en train
pour aller
travailler. « La vie ici est plus facile. On fait confiance aux
gens quand ils
sont compétents et les rémunérations sont bonnes.
» Sa femme est devenue manager
d’un McDonald’s six mois après
avoir été embauchée.
La dynamique des carrières, plus ouverte et plus rapide qu’en
France, motive aussi le
départ. C’est encore plus vrai dans le
secteur du jeu vidéo. Jean-Sébastien Boulard,
directeur des
ressources humaines de l’éditeur de jeux Ludia, le confirme : «
A
Montréal, on trouve plus de 100 studios de jeux vidéo dont les
plus grands. C’est une des
premières plates-formes mondiales
dans le domaine. Cela optimise l’évolution de carrière.
Quelqu’un qui veut travailler dans le jeu peut changer de
société facilement et
progresser rapidement. »
Sophy Caulier
Une fois rentrés au pays, la tentation du second départ
A leur retour en France, nombre d’expatriés peinent à retrouver
leurs marques et rêvent
de repartir Yann Le Provost est revenu
du Vietnam en 2009 et, depuis, la certitude qu’il «
repartira un
jour » ne l’a pas quitté. Le président de l’Union des Français
de l’étranger
Paris-Ile-de-France dit avoir « attrapé le virus
de l’expatriation » et assure que son cas n’a
rien d’une
exception parmi les anciens expatriés : « Dans leur grande
majorité, ils ont
envie de repartir ». L’« appel du large » est
fort. Il repose sur des ressorts profonds, à la
fois l’attrait
pour une vie « plus intense » à l’étranger et la difficulté à
retrouver ses
marques au sein de la société française. Dans le
cadre d’une enquête menée en2015 par
la sénatrice des Français
de l’étranger Hélène Conway-Mouret (PS) quelque 2000
Français
avaient ainsi témoigné sur les obstacles rencontrés à leur
retour.
Davantage de responsabilités
« Dans une entreprise française, les conditions de travail à
l’étranger peuvent être
totalement différentes, explique une
ancienne expatriée. L’autonomie est plus grande, la
hiérarchie
moins lourde. » Yann Le Provost abonde : « Les responsabilités
proposées
sont parfois supérieures à celles qu’on aurait en
France au même âge. Et le décalage vaut
également au niveau
privé : la qualité de vie est parfois bien supérieure à celle de
la
France. Dans certains pays, des expatriés peuvent avoir une
maison de 200 m² qui
contraste forcément avec leur appartement
de70 m² en banlieue parisienne !» Aujourd’hui
directeur de
l’Alliance française de Brisbane (Australie), Jacques Bounin a
renoué en
2013 avec cette « aventure enthousiasmante » qu’est,
pour lui, l’expatriation. Il avait déjà
vécu des expériences à
l’étranger, notamment au Bangladesh. « J’ai retrouvé une
certaine intensité, un métier passionnant, explique-t-il. Tout
n’est pas simple, bien sûr, il
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faut s’adapter, mais c’est très
excitant au final. J’acquiers de nouvelles compétences,
notamment sur les questions juridiques, et cela donne également
l’occasion de développer
ses relations professionnelles et
amicales ».
Détailler les nombreux atouts de sa nouvelle expérience à
l’étranger, c’est aussi une
manière de suggérer, en creux, les
manques éprouvés lors de son retour en France.
Nombre
d’expatriés se disent ainsi victimes du « re-entry shock », le
choc culturel
inversé. La reprise de contact avec l’Hexagone est
souvent vécue difficilement, tant sur un
plan professionnel que
personnel.
Jacques Bounin avoue ainsi avoir « mis un an à s’en remettre ».
Son nouveau poste dans
le service culturel d’une collectivité
locale n’a pas satisfait toutes ses attentes. Il s’est
rapidement senti « à l’étroit ». Et puis il a perçu ce «
décalage » avec une partie de la
population qu’évoquent beaucoup
d’anciens expatriés, d’aucuns s’agaçant de « l’étroitesse
de la
pensée de certains Français ». « Partir à l’étranger permet de
gagner en
ouverture d’esprit, de relativiser, de moins se
plaindre », juge M. Bounin. Pour lui comme
pour d’autres
expatriés, le constat est déroutant. Certains ne trouvent plus
les atomes
crochus qui les liaient à des proches. « J’ai dû
faire le tri parmi mes amis », témoigne une
ancienne expatriée.
« J’ai senti un fossé se creuser avec certains copains. Des
repas
autrefois animés s’écourtaient », constate un autre. De
quoi alimenter les envies d’ailleurs.
Sentiment de décalage
Betty Taleb, 25ans, a elle aussi connu les difficultés
inhérentes au retour dans
l’Hexagone. Podologue envoyée en poste
sur l’île Maurice, elle est revenue dans son
Pas-de-Calais natal
en janvier, après une année d’expatriation. « Une fois passée
l’excitation des retrouvailles, je me suis sentie un peu perdue.
J’avais l’impression de ne
plus vraiment connaître la
France…J’ai également senti un dé- calage avec certains
proches.
Nous avions en fait évolué différemment de notre côté ».
L’envie de découvrir d’autres pays est là, mais elle décide
toutefois de rester… Avant de
reconsidérer rapidement son choix
: « Les lourdeurs administratives pour m’installer à mon
compte
m’ont vraiment refroidie. Tout me semblait compliqué. » La jeune
femme met
son CV en ligne, qui retient l’attention d’une
clinique aux Émirats arabes unis. Elle est
aujourd’hui en poste
à Abou Dhabi, « heureuse de l’ouverture d’esprit » qu’elle y
trouve. Avec, toutefois, un œil tourné vers la France : « J’aime
toujours mon pays. J’ai
juste compris qu’il n’était pas fait
pour moi pour le moment ».
François Desnoyers
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