Alsace : de grands vins après de médiocres cuvées
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Alsace : de grands vins après de médiocres cuvées
Alsace : de grands vins après de médiocres cuvées Sous la direction de Maurice Beaudoin. Sélection et commentaires : Bernard Burtchy, Michel Dovaz, Valérie Faust, Christian Flacelière, Philippe Maurange, Roger Pourteau, Alain Sarraute et Sébastien Lapaque. [28 août 2004] De tous les vignobles blancs de France, celui de l'Alsace est de loin le plus important : 15 000 hectares de vignes s'étendent de Mulhouse à Strasbourg pour une production annuelle de 160 millions de bouteilles. Mais les vins d'Alsace souffrent encore parfois d'une réputation défaillante, même si cette magnifique région de France produit de très grands vins. Afin de mieux comprendre pourquoi, il faut remonter au lendemain de la Première Guerre mondiale : deux tendances économiques s'affrontèrent. D'abord, les défenseurs d'une production de vins de qualité élaborés à partir de cépages typiques, ceux des meilleurs vignobles des communes traditionnelles plantés sur des coteaux formés par les massifs sous-vosgiens et situés entre 200 et 400 mètres d'altitude. Là où les raisins blancs mûrissent mieux que partout en France grâce à un climat semi-continental, sec et ensoleillé, une exposition idéale qui favorise une maturation lente et prolongée des raisins. Ensuite, les partisans de la production en masse de vins bon marché. Ses promoteurs prônaient des vignes plantées essentiellement dans la plaine, où les sols fertiles et moins coûteux à travailler donnaient - et donnent encore - des vins dilués qui entretiennent la mauvaise réputation de certains vins d'Alsace. C'est la première option qui l'a emporté : le choix de la qualité des vins élaborés à partir de cépages typiques. Un choix couronné de succès par la reconnaissance des appellations d'origine contrôlée Alsace en 1962, Alsace grand cru en 1975 et crémant d'Alsace en 1976. La reconnaissance officielle des «vendanges tardives» (VT) et des «sélections de grains nobles» (SGN), encore plus récente, date de 1984, à la suite d'un décret ministériel du 1er mars 1984 qui récompense les efforts considérables des vignerons. V. F. …/… En Alsace, le vieux Hugel a, un jour, transmis cette leçon au jeune Lapierre : la qualité d'un vin dépend de sa complexité, et celle-ci est directement liée au volume de terre fouillé par les racines pour survivre. Marcel Lapierre se l'est souvent répété, d'autres s'en sont souvenus avec lui. Leurs crus sont aujourd'hui ceux que l'on a envie de boire. Le vin, en France, traverse une période de crise, c'est un lieu commun, mais il vit également un formidable moment de renaissance. Notre opiniâtre «pour cent» d'irréductibles tire vers le haut une nouvelle génération de vignerons. Car rien n'est jamais perdu pour toujours. Autre antique leçon à ne pas oublier, celle de l'Ecclésiaste : «Ce qui fut cela sera, ce qui s'est fait se refera.» © www.lefigaro.fr