homélie pour les funérailles chrétiennes de l`abbé

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homélie pour les funérailles chrétiennes de l`abbé
HOMÉLIE POUR LES FUNÉRAILLES CHRÉTIENNES DE L’ABBÉ JEAN RINALDI
Textes 1 Jn 4/7-10 - Ps. 22 – Jn 12/24-28
Lorsqu’André Maigné m’a demandé d’assurer cette homélie
pour les funérailles de Jean Rinaldi, j’ai demandé aux personnes qui
le connaissaient bien de choisir les textes bibliques de la Parole de
Dieu que nous venons d’entendre. Ses paroissiens savent comment
leur pasteur a vécu, parmi eux, ce message évangélique au
quotidien. J’espère par ces quelques mots donner sens au
témoignage de foi que nous laisse Jean.
Le choix de cet Évangile du grain qui meurt pour porter du fruit
souligne la personnalité de cet homme de la terre qui s’est toujours
voulu enfoui dans la pâte humaine. Ses origines paysannes de
parents immigrés l’avaient orienté vers ce milieu où chacun pouvait
le côtoyé comme un homme de la terre. Si, comme le dit le pape
François, le sacerdoce risque de prendre des allures
promotionnelles, ce n’était pas son cas. Ce grain de blé était même
Abbé Jean RINALDI
devenu un chêne difficile à déraciner de son peuple.
« Si le grain de blé tombé en terre meurt, il donne beaucoup de
fruits ». Certes, seul le Seigneur qui le reçoit aujourd’hui peut évaluer les fruits de cette longue vie. Mais
chacun de nous peut se souvenir de ce qu’il doit à ce prêtre dont le cœur était débordant d’amour. Son
détachement de lui-même se manifestait dans l’attention qu’il avait pour sa famille : les rassemblements
familiaux du lundi de Pâques en étaient le signe. C’est d’une affection spéciale qu’il entourait son frère et sa
sœur. Sa vocation de prêtre se réalisait dans le travail manuel. Véritable prêtre-travailleur, parfois ouvrier, le
plus souvent indépendant, toujours soucieux de rendre service et plus spécialement aux petits. Ramassage
scolaire, embauche des jeunes pour la castration du maïs, transport des récoltes, sans oublier les services de
bûcheron pour des personnes handicapées.
Autant d’œuvres qui n’étaient pas classiques chez les curés qui pourtant appréciaient sa fraternité qu’il a
toujours privilégié dans ses relations sacerdotales. « Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera ». Nous
pouvons remercier le Seigneur pour ce témoignage d’enfouissement dans un peuple.
« Sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines, nous dit le pape François, ne veut pas dire
courir vers le monde et dans n’importe quel sens » (La joie de l’Évangile n°46). L’abbé Jean Rinaldi était centré
sur le Christ qui était sa source, sa motivation. Le service paroissial était prioritaire dans sa pastorale de curé.
Je l’ai remarqué dans la tenue des églises, signe de la présence du Seigneur qui rassemble son peuple. Son
souci d’une expression liturgique adaptée aux fidèles était la preuve du soin qu’il apportait à la vie spirituelle
des diverses assemblées.
Il ne partait pas dans n’importe quel sens lorsqu’il rassemblait les enfants, les jeunes de sa paroisse ou
lorsqu’il partait en voyage avec les personnes handicapées, invoquant l’éloignement d’Auch pour rejoindre
une organisation diocésaine des malades. Étant curé de ses anciennes paroisses j’ai pu admirer sa proximité
avec les malades. L’histoire n’oubliera pas les fêtes paroissiales pour rassembler les gens des communes.
Mémorable épopée des 2 cochons engraissés dans toutes les fermes des communes pour offrir un grand
repas à tous. La fête conviviale était pour Jean la manifestation de la charité vécue concrètement et signe du
Royaume. « Tous ceux qui aiment » sont enfants de Dieu » nous dit St Jean.
Amis et anciens paroissiens sachons voir ces petits signes que Jean a cultivé pour un meilleur vivre
ensemble dans ce monde rural qu’il aimait tant. Ce commandement d’amour du Christ il le portait en lui il a
voulu le transmettre, l’avons-nous reçu ? Il dénonçait souvent les méfaits de l’argent, de l’arrivisme et de
l’individualisme. Durant son temps de retraite parmi vous il a pu souffrir parfois de solitude malgré les efforts
de certains que je tiens à remercier; solitude due au manque de temps que nous ne savons plus prendre pour
vivre simplement cet appel de l’Évangile « aimons-nous les uns les autres » Jean a semé avec sa personnalité.
Quelle récolte en faisons-nous et pour quel ensemencement d’amour dans notre vie personnelle et notre vie
en société ?« Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a
aimés et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés » Dans la célébration de la messe
dominicale avec vous ou messe quotidienne dans sa chambre, Jean Rinaldi a réalisé l’offrande du sacrifice du
Christ avec vous et pour vous. Sa vie et votre vie étaient sur le même autel avec le Christ, victime offerte pour
nos péchés.
Chaque prêtre qui nous quitte est un sacrifice offert en moins. Ce n’est pas le chiffre de messes qui compte
mais l’offrande réalisée par un peuple : quel appel faisons-nous pour que des vocations sacerdotales se
lèvent, non pour imiter, Jean, mais pour poursuivre son service dans une Église pour le monde ?
Remercions le Seigneur pour le témoignage de Jean et supplions-le pour l’avenir de l’Eglise
Abbé Charles Ferran