Homélie du 8 Novembre 2015 parfois des baptêmes. « Aimer c`est

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Homélie du 8 Novembre 2015 parfois des baptêmes. « Aimer c`est
Homélie du 8 Novembre 2015
Vous connaissez bien ce chant que nous prenons parfois dans nos célébrations mais aussi, au cours des mariages et
parfois des baptêmes. « Aimer c'est tout donner, et se donner soi-même »
Ce chant nous parle du don de soi par amour ! À l'origine, c'est une parole de sainte Thérèse de l'enfant Jésus, qui
nous est chère. Et je pense particulièrement à tous ceux qui n'hésitent pas un seul instant à donner leur vie coûte
que coûte: et notamment les parents qui donnent sans compter par amour inconditionnel de leurs enfants. À tous
ceux qui donnent dans la plus grande discrétion et aident ainsi la réalisation de projets par amour pour l'humanité...
Aussi me vient à l'esprit la parole du Christ révélée par Saint Jean que nous connaissons tous: « Il n'y a pas de plus
grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime ». Cette Parole a bousculé ma vie de foi en son
temps.
Je vous dis cela parce que les textes que nous venons d'entendre ne disent pas autre chose, et nous allons
regarder ce passage d’Évangile de plus près.
Je vous propose quelques pistes. Il y a d'abord cette opposition que Jésus dénonce entre deux comportements
religieux : celui des scribes, prétentieux, qui se pavanent et qui utilisent la religion pour se faire valoir aux yeux
des hommes (toute ressemblance avec des hauts-personnages ecclésiaux actuels serait pure coïncidence). Et le
comportement de cette pauvre veuve qui fait un acte qui a une valeur dérisoire aux yeux des hommes, mais qui
touche le cœur de Dieu, puisqu'elle se dépouille du peu qui lui reste.
Opposition entre les religieux qui recherchent d'abord l'admiration des hommes et ceux qui cherchent d'abord le
cœur de Dieu ; entre ceux qui soignent d'abord les apparences et ceux qui se laissent regarder par Dieu selon leur
cœur.
« L'homme regarde les apparences, dit Yahvé à Samuel, mais Yahvé regarde au cœur », lit-on dans le premier livre
de Samuel (1 Sam 16,7)
Le salut n'est pas une affaire de réussite sociale, encore moins de simagrées, mais est avant tout une affaire de
cœur, c'est-à-dire de relation d'amour, de cette relation de vraie charité qui engage toute la personne.
Le Seigneur nous invite ici à nous libérer de la logique du « paraître » et à entrer dans celle de l' « être ». Et il y
aurait beaucoup à dire sur ce thème, tellement notre monde est englué dans cette logique du « paraître ».
Une deuxième réflexion sur ce passage d’Évangile peut nous conduire à méditer sur notre rapport aux biens
matériels, sur le fait que celui qui a beaucoup reçu doit beaucoup partager. On a tous en mémoire la parabole des
talents. Le Seigneur nous invite, en effet, tout au long de l'évangile à nous comporter vis-à-vis des biens matériels
comme de bons gérants, à gérer nos biens en les mettant au service du bien de tous et de chacun, à ne pas nous
attacher à ce qui, un jour, nous échappera !
Ces réflexions nous sont inspirées par les Paroles du Christ dans cet évangile, mais elles ne révèlent pas encore
toute la profondeur du message que Jésus veut nous transmettre aujourd'hui.
Une autre clef de lecture, beaucoup plus profonde, se présente à nous quand nous méditons sur la pauvreté dans
laquelle Dieu a choisi de s'incarner parmi nous. Il s'est fait pauvre parmi nous. Le Fils de Dieu est venu nous
montrer qu'il avait accepté de se dépouiller de sa condition divine, de déposer toutes ses richesses, pour épouser
entièrement notre nature humaine. Pourquoi ? Pour nous révéler que tous les biens qu'il est venu nous apporter, il
ne les tient pas de lui-même, mais de son Père, et que la part qui a le plus de valeur aux yeux de Dieu, dans les dons
que nous faisons, c'est le cœur que nous y mettons.
« J'aurai beau distribuer toute ma fortune aux affamés - dit St Paul - s'il me manque l'amour, cela ne me sert à
rien » (1 Co 12,31ss)
Jésus attend de nous que nous donnions, non pas tant de ce que nous avons (peu ou beaucoup), mais de ce que nous
sommes ; de notre propre vie ; que nous vivions en nous mettant au service de ceux qui nous entourent ou que le
Seigneur met sur notre chemin. Il n'attend pas tant que nous donnions, mais que nous soyons donnés. Jésus veut
nous faire passer de la logique de « l'avoir » à celle de « l'être », du verbe donner au verbe se donner. Se donner,
c'est donner de tout son cœur. C’est s'engager personnellement dans une relation d'amour, avec celui auquel nous
donnons. Rappelez-vous « Aimer, c'est tout donner, c'est se donner soi-même » disait la Petite Thérèse.
Le Christ nous a donné son être, sa vie. Tout cela est encore bien mieux exprimé dans la lettre aux Hébreux que
nous avons écouté tout à l'heure.
Jésus n'est pas entré dans le sanctuaire avec des sacrifices matériels, mais avec son propre sang... Ce qui veut
dire qu'il ne nous a pas donné des choses, mais qu'il s'est donné lui-même, à nous. Il nous a tout donné.
Dans le tronc qu'est notre cœur, il a déposé sa propre vie, pour nous sauver. Mieux : il s'est donné lui-même à nous,
en nourriture pour que nous ayons la Vie éternelle. C'est ce que nous vivons à chaque eucharistie.
Le Christ nous fait entrer ainsi dans la logique du « don de soi » par amour.
« Donner sa vie par amour » Nous pouvons méditer cette parole pour se dire « Seigneur, quand est-ce que j'ai
donné ma vie... l'ai-je suffisamment donnée ? Pour mes enfants, pour mes parents, pour mes amis. Quand 'est-ce
que je me suis mis au service des autres, quand est-ce que mon regard a été un regard de compassion et a suscité
des actions pour ceux qui vivent des tragédies ?
Quand est-ce que j'ai pris conscience que c'est dans ma vie donnée et mon action que tu agis, Seigneur ?
Alors soyons vrais et cohérents, attentifs à ceux qui nous entourent ; nous serons proches de ce que le Christ
attend de nous.
Daniel Lacourt, diacre.

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