Nouvelle d`Arménie Magazine, décembre 2003 LES 10 ANS

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Nouvelle d`Arménie Magazine, décembre 2003 LES 10 ANS
Nouvelle d’Arménie Magazine, décembre 2003
LES 10 ANS DE COPEA
L’association des étudiants et jeunes professionnels arméniens de Paris
fête cette année son dixième anniversaire
« Bonjour à tous et bienvenue sur la Parenthèse de COPEA ! ». Chaque samedi midi, le signal retentit comme un réveil-matin.
C’est qu’une bande de jeunes au micro sur Ayp FM, ça ne passe pas inaperçu…
On l’évoque souvent avec le sourire, cette petite association hors-cadre, qui n’a ni financement, ni local, ni association-mère pour
la protéger des tempêtes et lui combler ses découverts…
Association-vitrine ou vivier de cerveaux ? Portrait d’une petite assoc’ qui monte, qui monte…
Polytechnicien, jeune avocat, futur médecin : on pourrait croire à une association de snobinards rassemblés en salon de thé. Il
n’en est rien.
Jeunes issus de familles dashnags, membres actifs de l’UGAB, militants avertis ou apolitiques invétérés : tous s’y retrouvent
autour d’un leitmotiv : « se rassembler et s’entraider ».
Bien avant sa création, beaucoup de jeunes disaient ne se reconnaître dans aucun des blocs plus ou moins politisés de la
communauté. La naissance de COPEA à été perçue très différemment selon les milieux. « Encore une assoc’ de plus » pour les
uns ; « enfin un mouvement de jeunesse indépendant » pour les autres. Il est vrai qu’au début des années 90, le paysage
communautaire comptait beaucoup d’associations de jeunesse aux activités très variées.
Pourtant, l’initiative est partie d’un besoin encore peu exprimée à l’époque : dépasser des clivages historiques, dans lesquels les
jeunes ne se reconnaissaient pas du tout et qui leur semblaient parasitaires.
Il s’agissait de rassembler les jeunes, non pas autour de leur appartenance politique ou culturelle, mais autour de leur qualité
d’étudiant. La vie étudiante, période de liberté et de dynamisme intellectuels, encourage les jeunes penseurs à sortir des
chemins battus de l’éducation pour formuler, mettre en questions, remettre en cause ses acquis.
Avec le temps, COPEA a construit une vitrine : une émission de radio hebdomadaire, une ou deux soirée annuelles, week-end et
restos… Association de joyeux fêtards ? Pas si simple. Si la fête fait partie intégrante de la vie étudiante, elle n’est pas son seul
lieu de rencontre. Derrière la vitrine, une véritable fourmilière se dévoile, totalement transparente. Les aînés sont aujourd’hui
dans la vie active, mais continuent de fréquenter les plus jeunes. Ambiance fraternelle, c’est une « génération sans complexe »,
comme le précisait Patrick Devedjian, qui vibre ensemble. Le niveau d’études plutôt élevé a étrangement pour conséquence de
faire disparaître les complexes de supériorité, de cultiver « le respect de l’autre en tant qu’être humain, pas seulement en tant
qu’arménien », le goût de l’apprentissage et de l’évolution.
Pour le reste, les activités ressemblent à celle de n’importe quelle association de jeunesse. A une différence près : le besoin de
dépassement, le « pourquoi pas » à l’origine de chacun de ses défis. Le forum étudiants-professionnels annuel, qui a eu
énormément de succès l’année dernière et a posé les fondements d’un réseau relationnel ; les grandes soirées européennes qui
regroupent tous les deux ans plus de deux mille jeunes arméniens, l’organisation de l’avant-première du film Ararat, ouverte à
tous… Sous son désir d’envergure, COPEA a bien un désir d’ouverture. Coopérer avec les autres associations, inviter des stars à
son émission de radio,...
Son indépendance est un gage de sincérité, puisqu’il n’a pas de stratégie de positionnement. Son secret ? « Tout pour la
communauté », sans doute. Le bonheur de l’arménité, développer son capital affectif par des actions concrètes Pas de recette
secrète, juste des bonnes volontés doublées de compétences. Peut-être une : la générosité, la vraie. Une association altruiste qui
n’a pas de clan à défendre.
Entretien avec Vasken Khatchadourian, Président d’honneur de COPEA
NAM - COPEA a été créé il y a 10 ans, alors qu’il existait déjà quelques associations de jeunesse. Quelle a été
votre démarche ?
VK- Il y a eu au départ une véritable approche marketing du paysage associatif arménien. Nous avons vu qu’il y avait un « trou »
béant, source d’évaporation de beaucoup de jeunes. A l’époque, il y avait beaucoup de demandes et il n’y avait pas d’offres.
Beaucoup de jeunes ne se reconnaissaient dans aucune association. « Se rassembler » et « s’entraider » ont été les deux termes
génériques qui ont permis une mobilisation autour d’un projet constructif, quelque soit leurs origines, ou leurs obédiences
politiques, à un moment où le besoin était très fort.
NAM - Considérez-vous aujourd’hui que COPEA est une réussite ?
VK - Je reste sur mes gardes. En trois mois l’association peut s’arrêter, par exemple, si on loupe une soirée financièrement. Nous
n’avons pas d’association qui nous parraine. Nous n’avons qu’une idée qui est structurante. Des jeunes qui, au-delà de leurs
appartenances, veulent cultiver leur identité arménienne. Je pense que nous nous sommes positionnés dans le paysage
communautaire comme l’association étudiante. Lorsque le CCAF veut s’adresser aux étudiants, il passe par COPEA.
NAM - Est-ce un syndicat étudiant, actif dans les universités ?
VK - Il est vrai que COPEA n’est pas un mouvement, dans le sens syndicat étudiant, ce qui nous était parfois reproché par le
passé. Cela ne s’y prêtait pas à l’époque. Aujourd’hui, la question mériterait sans doute d’être retravaillée. Cela dit, nous ne
voulons pas marcher sur les plat de bande des associations sœurs.
NAM - Comment caractériseriez-vous votre action ?
VK - Nous avons gagné en efficacité ; nous sommes aujourd’hui capable de nous lancer des défis. Je pense que nous avons joué
un rôle dans la cohésion et le dialogue entre les associations de jeunesse parisiennes. COPEA a été un socle qui, dès le départ,
comprenait des membres de l’UGAB ou du Nor Séround. La première action concertée entre nos trois associations a d’ailleurs
germé dans l’autocar, alors que nous nous rendions à Bruges pour un week-end - la soirée de financement de l’affaire Lewis.
D’ailleurs, à l’époque, le comité du 24 avril n’existait pas encore, et l’initiative avait été citée comme exemplaire par les aînés.
J’aime à penser que les jeunes ont influencé ou au moins poussé les moins jeunes à franchir le pas… En fait, COPEA n’a rien fait,
il a été le lieu de la rencontre. Et je suis impressionné par la dimension que cela a pris : les jeunes organisent des soirées de plus
de 2000 personnes, …
NAM - Quel est le profil de vos membres ?
VK - Très varié. Nous faisons toujours attention à une sorte d’harmonisation des forces. Nous encourageons d’ailleurs les
membres à rentrer dans d’autres associations, avec lesquels on ne se positionne d’ailleurs jamais comme concurrent. Ce qui
nous intéresse, c’est de faire progresser la communauté. Je préfère qu’un jeune fasse partie d’une association, quelle qu’elle soit,
plutôt qu’aucune. Je souhaite qu’il y ait des membres actifs du Nor Séround et de l’UGAB parallèlement à leur adhésion à COPEA,
parce que cette ouverture a été l’une des clés de la réussite de COPEA dans les premières années.
NAM - Vos points faibles ?
VK - Au fil des années, nous nous sommes perfectionné sur l’action, en laissant peu de place à la réflexion. Les membres actifs
sont aujourd’hui formés au management associatif. A chaque nouvelle élection, il y a un grand turn-over, ce qui est à la fois un
point fort et un point faible. Mais il y a une progression sensible au fil des années. Le problème est que, plus on va se
perfectionner, plus on va arriver à un certain seuil de compétence. Si nous voulons vraiment franchir le cap, il faut intégrer dans
nos travaux une part de réflexion plus importante. Je pense que l’idée s’applique à toute la communauté. COPEA n’est qu’un outil
qui a pour ambition de faire avancer la communauté.
Chahé Terzian
Nouvelles d’Arménie Magazine - décembre 2003