La Suisse, maître d`oeuvre du tunnel de tous les records .
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La Suisse, maître d`oeuvre du tunnel de tous les records .
LE FIGARO ieudi 2 juin 201E 21 Un tunnel pour relier la mer du Nord à la Méditerranée _-*--- - François Hollande en compagnie du président de la Confédération suisse, Johann Schneider—Ammann, mercredi, lors de l’inauguration du tunnel du Saint—Gothard. REUTERS La Suisse, maître d’oeuvre du tunnel de tous les records . . Hollande, Merkel et Renzi ont inauguré le tunnelferroviaire du Saint-Gothard, long de de 57 km. RICHARD HEUZÉ rheuzetefIgaro.fr EUROPE C’est à la hauteur de l’événement. François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi se sont retrouvés, ce mercredi, dans la petite bourgade d’Erstfeld, en Suisse allemande, pour inaugurer le tunnel ferroviaire du Saint-Gothard, le plus long au monde. En compagnie du nouveau chan celier d’Autriche Christian Kern et du premier ministre du Liechtens tein Adrian Hasler. Leur hôte, le président suisse Johann Schneïder Ammann, a quelque raison de se sentir « partfcuîièrement fier » Cet ouvrage est le timnel ferroviaire de tous les records : le plus long du monde (57,1 km contre 53,9 km pour le Seikan japonais) et le plus rapide (les trahis de voyageurs le parcourront en vingt minutes, à 249 km/h, ceux de marchandises à 160 km/h). Il mettra Zurich à trois heures de Milan, avec un gain de temps de quarante-cinq minutes. Au-delà, c’est un axe vital de cfr culation entre la mer du Nord et la Méditerranée, entre Rotterdam, Anvers et Gênes. Commencé en 1999, le chantier a été exécuté en dix-sept ans. Réglé comme une horloge suisse, il a même été achevé avec un an d’avance sur le calendrier initial pour une mise en service définitive en décembre prochain. « C’est un ouvrage de tous tes superlatifs. Ja mais notre pays ne s ‘était tancé dans un projet d ‘une telle ampleur » , se réjouit au Figaro l’ambassadeur de la Confédération suisse à Rome, Giancarlo Kessier. Installée au coeur industriel de l’Europe, la nouvelle voie ferroviaire mettra en relation des régions en plein essor économique représentant 16 %, du . de financement du transport public avait été adopté par vote populaire. Il devait être alimenté par différen tes taxes (sur les huiles minérales, le transport de marchandises lour des, TVA...) et rester en équilibre. Un système de suivi et de contrôle a été mis en place. Le budget initial a été respecté : 21,3 mi1liards d’euros pour l’ensemble du réseau suisse, dont 11,3 milliards pour le Gothard, 4,8 millions d’euros pour le tunnel du Lôtschberg entre Berne etle Valais (34,6 km), 3,2 milliards pour le Monte Ceneri qui sera achevé en 2020 (15,4 km entre Beffinzona et Lugano) et enfin 2 milliards d’euros pour les voies d’accès. « C’est une contribution impor tante que ta Suisse apporte à l’Europe tout entière. Une contribution voulue et autofinancée par le peuple suisse », a souligné le président Schneider-Àmmann. Les Suisses n’ont qu’un regret : aucun repré sentant de l’exécutif européen n’était présent, ni Jean-Claude Juncker, ni Donald Tusk. Domma ge pour un ouvrage vital à l’Europe.• PIB européen : Rotterdam, Anisterdam et Anvers, les Liinder ailemands de Cologne et Francfort, les cantons suisses de Bâle et de Zu rich, ainsi que la Lombardie et la Ugurie génoise. L’université Boc coin de Milan a calculé que cette liaison permettra de faire passer le trafic de marchandises de 25 à 40 millions de tonnes d’ici à 2030, une augmentation de 40 % « Le traficferroviaire gagnera en effica cité et en fiabilité. Le rail deviendra encore ptus compétitif et te marché intérieur européen s ‘en trouvera considérablement renforcé », souli gne l’ambassadeur. Côté italien, les liaisons seront modernisées pour « accueittir des convois plus hauts, ptus tongs, ptus tourds ». Budget respecté Autre prouesse, les coûts initiaux n’ont pas dérapé. La population suisse avait approuvé le projet de la liaison ferroviaire à 67 0/ p réfé rendum en 1992, dans le cadre d’un vaste plan de modernisation du réseauferroviaire dupays. En1998, le principe de la création d’un fonds Le serpent de mer du Lyon-TUrin Le contraste est flagrant: d’un côté des Alpes, en Suisse, le chantier pharaonique du Saint— Gothard, exécuté dans les temps et sans dérapage budgétaire. De l’autre — en Italie un projet qui cumule retard, gabegie financière et violentes oppositions. Décidé le 29janvier 2001, le TGV Lyon-Turin bàlbutie toujours. Le tour de table financier a été finalement approuvé en février 2015 par Bruxelles -, . qui apportera 40 % des fonds. Trois galeries d’accès ont été réalisées côté français, une est en cours en Italie. Le gros oeuvre ne commencera qu’en 2018 et la ligne, d’un coût hypothétique de 24 milliards d’euros pour un tunnel de 57 km, ne devrait pas être prête avant 2030. Autre serpent de mer: le « Terzo Valico », 53 km de TGV entre Gênes et Novi Ligure. Pràjeté en 1991, l’ouvrage a démarré à... l’automne 2013. R.H. ROBERTO PALACIN CHERCHEUR AU NEWRAIL cENTREF0RRAILwAVREsEARcH, UMVERSITÉ DE NEWCASTLE Ces grands projets planifiés en Europe sont nécessaires Quel est l’enjeu de la réalisation du tunnel du Saint-Gothard? Cette construction était essen tielle pour plusieurs raisons, Tout d’abord pour alléger lé tra— tic tout au long de ce corridor routier qui traverse la Suisse du nord au sud. Les marchandises traversent le pays mais ne sont pas destinées à la Suisse: elles se dirigent vers Gênes et la Méditerranée. Le premier bé néfice est pour les Suisses eux-mêmes, avec une circulation moins congestionnée et une réduction des émissions polluantes. C’est aussi un bien pour la préservation des Alpes, un des joyaux naturels de lEurope. Enfin, l’impact est écono mique, avec des transports plus efficaces et plus de flux de marchandises sur les trains. Ce chantIer a été lancé il y a dix—sept ans. Ce tunnel est-il toujours pertinent aujourd’hui avec un pétrole bon marché? La finalité principale de ce chantier est le ferroutage et non la circulation des passagers. À ce titre, il est encore plus justifié aujourd’hui qu’il y a dix-sept ans. Tout d’abord parce que le commerce mondial, poussé notamment par le développement de le-commerce, est en pleine expansion. Mais aussi parce que, quel que soit le prix du baril de pétrole, une marchandise qui est immobili— sée par un trafic congestionné est une marchandise qui n’a pas de valeur. Cela vaut quand le pétrole est bas, quand le pétro le est haut et cela vaudrait aus si si tous les camions étaient électriques. Dans tous les cas, l’intérêt est de développer le ferroutage. L’accélération des transports nord-sud à partir des ports de Rotterdam et Hambourg mettra—t—elle en péril l’axe est—ouest? Nuira—t—elle à la compétitlvltc de la France et de ses ports.? Ces projets planifiés en Europc sont absolument nécessaires Plutôt que de parler de concur rence, il faut parler de compéti tion. L’ouverture du tunnel di Gothard devrait stimuler l’engagement de la France dans k déploiement de ces réseau) transeuropéens. L’enjeu d’avenlr le plus important est l connectivité entre tous les mo des de transport, qu’ils soien routiers, maritimes ou par le rail L’axe Lyon-Turin, par exemple sera connecté à axe nord-sud Cela bénéficiera à tous Y com pris aux ports français dont le capacités intermédiaires sOflï complémentaires des ports er eaux profondes du nord dE l’Europe dédiés aux três grand1 conteneurs. DOMITILLE ARRIVE’ Des Jeux olympiques à Paris rapporteraient 10,7 milliards d’euros Les experts estiment que l’attribution de cette manifestation sportive provoquerait la création de 247000 emplois CHARLES GAUTIER L? CHGAUTIER SPORT Un pactole de 10,7 milliards d’euros pour Paris et sa région. Avant, pendant et après l’événement, l’attribution en bution des Jeux, explique JeanJacques Gouguet, universitaire et directeur scientifique des études économiques (CDES) de Limoges. Par exempte, pour te tourisme, nous avons retranché tes sommes qu ‘auraient dépensées tes touristes qui seraient de toute façon venus à Jacques Gouguet. L’impact purela sur ment olympique construction serait minime, puisque limité à 1,8 milliard d’euros. Pas de grands travaux En effet, les estimations du CDES ne prennent pas en compte les tant aux yeux du Comité otympi que que de l’opinion publique, note l’expert du CDES. Les infrastruc tures à construire ou à rénover, telles que ta piscine ou te village olympique, par exempte sont peu nombreuses. » La modicité des travaux néces gées par le Comité d’organisation ( sécurité, charges de personnels, organisation des épreuves, etc.). Un rapport dévoilé en début d’année a évalué à 6 milliards l’investissement nécessaire pour ces Jeux de Paris. La contribution du Comité international olympi y L’impact du tourisme sera très important pendant. ; l’année olvmDiaue,