INTERVIEW MICRO16 THIERRY CONUS
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INTERVIEW MICRO16 THIERRY CONUS
INTERVIEW MICRO16 THIERRY CONUS En bref Thierry Conus, responsable du développement des mouvement mécaniques chez ETA, a accepté de participer à micro16 pour venir présenter, lors des conférences spécialisées, le dernier née du groupe horloger : la “ Swatch SISTEM51”. Le calibre C10, mouvement mécanique équipant les montres SISTEM51 fabriquées par Swatch, représente une rupture dans le mode de fabrication des mouvements de montres mécaniques car il marque le passage de la production manufacturière à la production industrielle entièrement automatisée. Retrouvez Thierry Conus à micro16, le vendredi 9 septembre, à 9h30 à l’auditoire Charles Édouard Guillaume à Microcity. Le focus Pourriez-vous nous expliquer en quoi la « Swatch SISTEM51» est révolutionnaire ? Ce n’est pas la technique horlogère à proprement parler qui est révolutionnaire mais le fait qu’elle ait été conçue pour être assemblée de manière entièrement automatisée. Pourquoi avoir choisi l’option de l’assemblage entièrement automatique ? Pour la simple raison qu’il s’agit du seul moyen d’avoir un produit de qualité, une montre mécanique de qualité suisse, à un prix minimum. Si la Swatch SISTEM51 a pu exister, c’est grâce à l’investissement du groupe SWATCH dans la recherche dynamique dirigée vers l’horlogerie du futur. Quels sont les défis que l’horlogerie devra relever dans les 20 prochaines années? Il est assez difficile de dire à quoi ressemblera l’industrie horlogère dans 20 ans. Néanmoins ce que je peux vous affirmer c’est que la swatch “system51” est une brique supplémentaire dans le panel de produits de l’horlogerie suisse pour satisfaire la demande de montre mécanique, 100% swiss made, à un prix de 150 chf. Il est vrai que grâce à cette swatch on ajoute de la complémentarité au luxe et au haut de gamme, autre composante de l’horlogerie suisse. Dans ce sens, cette nouvelle montre offre une richesse supplémentaire à l’horlogerie suisse qui portera ses fruits d’une manière ou d’une autre dans le futur. Cette montre est assemblée uniquement à l’aide de machines. Pensez-vous que nous nous passerons un jour de la main de l’homme et de son savoir-faire horloger ? Certainement pas, puisque pour concevoir ces machines il faut d’une part connaître l’automation et d’autre part le produit lui-même. La connaissance horlogère est donc fondamentale. Nous avons également besoin de beaucoup de spécialistes au niveau de la fabrication comme par exemple des mécaniciens ou des qualiticiens et l’on constate la même chose au niveau de l’assemblage. Certes c’est assemblé par des machines mais il faut assister ces machines en les programmant et en les réparant si elle tombent en pannes. Autant d’éléments qui rendent la présence humaine indispensable sur les sites de production. Interview micro16 p. 2 Quels arguments auriez-vous à présenter aux détracteurs de l’automatisation de notre monde ? Je pense que notre société a tendance à oublier les bien faits de l’automation. Prenons les exemples du frigidaire ou du lave-linge, ils ont fondamentalement changé notre manière de vivre alors qu’à l’époque ce n’était pas dans la norme. Pour moi, cela ne fait aucun doute que l’industrie suisse ne pourra survivre sans accepter une certaine automatisation de la production. De mon point de vue, on ne va pas substituer du personnel par des machines, je pense que l’on va plutôt ajouter un produit qui grâce à l’automation peut être fabriqué en Suisse alors que sans cela, il ne le serait pas pour des raison de coûts. Il semble évident que l’automation va permettre de rajouter des emplois en Suisse plutôt que d’en supprimer. 01.09.2016 | par Arnaud Chappuis & Maëlle Jacot-Descombes ©micro16.ch