L`Agefi : 2013-01-11 ven - S02 - J011 - Edition n°007
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L`Agefi : 2013-01-11 ven - S02 - J011 - Edition n°007
Vendredi-dimanche 11-13 janvier 2013 | Numéro 7 | Créé en 1950 | Vendu en kiosques et par abonnement | Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 4,00 EUR | [email protected] | Rédacteur en chef: François Schaller LA BCE RENONCE À BAISSER SON TAUX Mario Draghi veut croire à la contagion positive PAGE 20 JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 5031 — CH-1002 LAUSANNE SMI 7143.73 7170 7160 7150 7140 DOW JONES 13471.22 13460 13430 13400 13370 -0.11% +0.60% BAROMÈTRE E&Y DES BANQUES EN 2013 La gestion privée bien plus disputée PAGE 3 ANCIENS DIRIGEANTS D’UBS SUR LE LIBOR L’ignorance plaidée à Londres PAGE 3 CESSION AU LEADER MONDIAL BLACK ROCK Credit Suisse sort des ETF PAGE 3 LE SWISS JOB INDEX DE MICHAEL PAGE Recul de l’offre d’emploi online PAGE 7 SÉVÉRITÉ DE PARIS SUR LE FORFAIT FISCAL L’éclairage d’un expert français PAGE 4 La fiscalité opérationnelle ou l’incontournable défi GESTION. La fiscalisation des actifs influence toute la chaîne de production. Pic de coûts attendu cette année. SÉBASTIEN RUCHE C’est la conséquence majeure de la stratégie de l’argent blanc. Les banques devront de plus en plus traiter chaque opération sous l’angle de ses conséquences fiscales pour le client. Cette fiscalité dite opérationnelle entraînera une augmentation des coûts de traitement pour certains types de clients et donc des choix majeurs dans les modèles d’affaires. Cette expertise fiscale pourrait aussi offrir une nouvelle source de valeur ajoutée et un moyen de séduire des clients internationaux décidés à se régulariser. Dans un avenir proche, l’activité irréprochable d’un intermédiaire financier sera vraisemblablement définie aussi par sa capacité à offrir une stratégie de gestion et un reporting conformes et optimisés face au système fiscal de chacun de ses clients. Cette évolution a des implications sur toute la chaîne de production de la gestion privée, depuis l’ouverture du compte à l’administration des titres en passant par les choix d’investissements. Il faudra probablement plus d’une année pour que ces contraintes soient totalement intégrées dans les systèmes IT, estime Jean-Philippe Bernard, consultant genevois spécialise dans l’efficacité opérationnelle. En attendant, les interventions humaines se traduiront par des coûts supplémentaires difficiles à répercuter sur la clientèle, et qui devraient connaître un pic en 2013. A plus longue échéance, la fiscalité opérationnelle pourrait constituer un nouveau service au client. La Suisse a été précurseur dans l’accès à une gestion mondiale et multidevises, elle pourra prochainement gérer la fiscalité du client, quel que soit son lieu de résidence. Avec la qualité suisse du service. La fiscalisation généralisée de la clientèle entraînera immanquablement des réflexions sur les business models, le reporting spécialisé n’étant pas rentable pour un petit nombre de clients d’un même pays. Les banques qui ne l’ont pas encore fait devront déterminer des zones stratégiques et probablement abandonner les autres. PAGE 4 APRÈS UNE FORTE CROISSANCE EN 2012 PAGE 5 MANIFESTE DE DOMINIQUE DE BUMAN Fort volontarisme industriel PAGE 2 DOMINIQUE DE VILLEPIN À L’IMD LAUSANNE La ligne de conduite pour l’UE PAGE 8 Le capital-risque à démocratiser POLITIQUE D’ALLOCATION D’ACTIFS EN 2013 Opportunités sur fond de fragilité HANS LAUBER. Le CIO du groupe Julius Baer préconise une stratégie d’investissement et une gestion du risque actives. Qui ne doivent pas être constamment conditionnées par un benchmark. PAGE 13 ÉDITORIAL STÉPHANE GACHET Le pensum de la surcouverture BRIGITTE BAUMANN. La fondatrice et CEO de Go Beyond veut démocratiser l’investissement privé sans compromettre la qualité du processus. Les investisseurs du capital-risque sont encore peu nombreux. Quelques 80.000 en Europe pour un potentiel de plus d’un million. Mais ne devient pas business angel qui veut. Méthode et rigueur sont essentielles à une rentabilité qui atteint 10 à 15% par an si le processus est bien mené. Go Beyond fonctionne comme un club qui offre des opportunités d’investissement mais aussi toute une panoplie d’instruments pour guider les investisseurs dans leurs décisions et suivre leurs placements. Les méthodes sont celles des professionnels du capital-risque - due diligence, benchmarking des valeurs, suivi de l’évolution des projets - avec une composante importante d’interventions stratégiques. En fonction de leur compétence, les membres aident les sociétés dans l’identification de ressources nécessaires à leur évolution, leur ouvrent des marchés auxquels elles n’ont pas accès et leur procurent l’expertise qui leur fait défaut. Grâce à un membership très international, Go Beyond est en mesure d’apporter aux projets une dimension globale qu’ils ne pourraient envisager sans son intervention. Avec à la clef, quelques jolis succès à son actif dont des participations de la première heure dans Lemoptix, l’un des spin-off les plus célèbres de l’EPFL, ou encore Faction de Verbier, fournisseur incontournable des fanatiques du freestyle sur neige. PAGE 6 La publication du chiffre d’affaires annuel de Swatch Group (page 5), hier, a conclu la première salve de notes de recherche et d’études de l’année, sur les groupes, l’horlogerie, l’industrie du luxe. C’est le premier round. Il y en aura d’autres. Richemont présentera ses ventes de fin d’année pendant le SIHH de Genève. Mi-février, Swatch Group reviendra à l’avant-plan avec la publication des détails de l’exercice 2012 et les projections 2013. Baselworld prendra le relai en mars. Les résultats intermédiaires suivront, puis l’exercice décalé de Richemont, entremêlés de la ronde des interviews de dirigeants. Une profusion d’input sans comparaison avec d’autres secteurs et une source quasiment inépuisable de sujets pour les médias. De quoi alimenter aussi chez les analystes un phénomène de surcouverture permanente. Presque caricatural s’agissant en particulier de Swatch Group, dont la direction a toujours fustigé – sur deux générations – la logique financière et le marché. Hier encore, Nick Hayek (sur CNBC) a associé la lecture au jour le jour de l’évolution boursière à «un bulletin météo que l’on peut se contenter de regarder une fois tous les six mois, à minuit, si l’on n’a rien d’autre à faire». Entrepreneur versus brokerage. Le choc des logiques reste très théorique lorsque les valeurs affichent des progressions aussi monumentales que celles de Swatch Group et Richemont (entre 500 et 800% en quinze ans). Le genre de performance que le marché ne peut évidemment pas ignorer. Ad nauseam sans doute pour les analystes obligés de surcouvrir pour ne pas pêcher par manque d’anticipation. Le phénomène s’est encore accentué depuis la dernière crise du luxe, qui au final a surtout démontré la résistance de l’industrie et en a de fait renforcé l’intérêt des investisseurs. Effet d’entraînement, la progression des valorisations a nettement relevé le niveau d’exigence en matière d’analyse et de finesse de projection - justifiant les ajustements en continu. Difficile dans un tel contexte de miser l’originalité. Les estimations se jouent dans une fourchette toujours plus serrée et aucun broker ne prend le risque de s’en écarter. Les mêmes arguments, les mêmes interrogations de notes en notes, qui se muent en alignement de poncifs: la Chine, le surstockage, le pricing power. Comme si les chiffres n’étaient pas assez clairs. Le regard provocateur sur le droit des brevets Il ne s’agit que d’un droit de monopole intellectuel selon un économiste italo-américain. Un phénomène propre aux industries matures. HENRI SCHWAMM* L’économiste italo-américain Michele Boldrin, qui enseigne à la Washington University de St. Louis, se dit convaincu que les brevets nuisent économiquement plus qu’ils ne sont utiles. Aussi ne parlet-il pas à leur sujet de «droits de propriété intellectuelle» mais de «droits de monopole intellectuel». Est-il au demeurant convenable de voler les idées des autres? Quand on lui pose cette question, Michele Boldrin en soulève une autre: n’avons-nous pas le droit d’apprendre d’autres personnes et de les imi- Genève ter? N’est-ce pas la condition sine qua non du progrès? Le professeur américain a mené une enquête auprès de 1500 entreprises de recherche qui montre que le brevet n’est pas le meilleur moyen de protéger les inventions. 51% des firmes consultées considèrent le secret et 53% l’avance dans le temps comme des mesures plus efficaces. Pour 35% d’entre elles, les brevets jouent un rôle moindre pour s’assurer les fruits de leur propre recherche. Et à supposer que la protection de la propriété intellectuelle tombe, ne faudrait-il pas compter avec beaucoup moins d’innovation? Boldrin ne l’entend pas de cette oreille et rétorque qu’en Suisse, avant 1977, il n’existait de brevets dans le domaine pharmaceutique que pour les processus de fabrication et pas pour les produits euxmêmes. SUITE PAGE 2 *Université de Genève www.lindegger-optic.ch 9HRLEMB*jeiaae+[P\A\K\A\C Perspectives intactes pour Sika