Front office/back office, coûts/rendement - Snadgi-cgt
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Front office/back office, coûts/rendement - Snadgi-cgt
Front office/back office, coûts/rendement La Mission 2003 propose une refonte organisationnelle profonde des CDI et des recettes construite autour des réponses qu'il conviendrait d'apporter aux besoins des usagers. Parmi les principes d'organisation qu'elle entend mettre en oeuvre pour parvenir à cet objectif elle retient une logique de front office (polyvalent) et de back office (spécialisé) inspirée de modèles mis en oeuvre depuis longtemps dans le secteur privé (Banques et Assurances notamment) et préconisée par le Programme pluriannuel de modernisation du MEFI. Qu'en est-il de la logique front office back office ? Le modèle d'organisation FO/BO, mis en oeuvre depuis longtemps dans les Banques, les Assurances ou à la Caisse des dépôts et consignations est construite à partir d'une approche client qui repose sur quatre caractéristiques principales : 1 - il faut répondre au besoin exprimé par le client c'est-à-dire l'aider à exprimer son besoin, ne pas décider à sa place ; 2 - le besoin de chaque client étant spécifique, il faut répondre de manière non standardisée mais individualisée ; 3 - toute prestation au client a un coût qui doit être acquitté : le besoin du client ne peut être que solvable ; 4 - la notion de client implique une situation de concurrence. Selon que l'on opte pour une organisation par produits ou par clients, on recherche quels sont les produits sur lesquels on gagne de l'argent et ceux sur lesquels on en perd, ou quels sont les segments de clientèle les plus rentables. Bien évidemment les choix effectués conduisent à des stratégies d'offre différentes, le but étant toujours de se concentrer sur les plus rentables, les plus créateurs de "valeur ajoutée". Pour résumer, le modèle FO/BO vise à produire de l'efficacité dans un but marchand, efficacité mesurée par le résultat final de la relation marchande et un système de facturations internes. A l'exception de la première caractéristique les logiques fondatrices du modèle FO/BO ne sont pas transposables à un service public mais la Mission 2003 a tourné cette difficulté en donnant du contribuable la définition suivante :"Cette structure (FO/BO) permettrait d'assu- rer une continuité totale du traitement du dossier du contribuable entre la naissance de sa dette fiscale, matérialisée par la déclaration d'impôt et les avis d'imposition qui en résultent, et son extinction, par le règlement de l'impôt" (nous soulignons). Si l'État est créancier et le contribuable débiteur l'efficacité du modèle FO/BO ne peut déboucher que sur une logique coût/rendement. Quelle réponse organisationnelle ? L'organisation des Hôtels des impôts repose sur la distinction de fonction entre FO et BO. Le FO est composé d'unités spécialisées qui constituent le correspondant fiscal unique assurant la polyvalence de la structure. Les unités spécialisées du BO sont en lien avec le FO (le schéma des liaisons n'est pas développé mais ne peut être que complexe). Notons que le FO est éclaté entre plusieurs fonctions qui doivent s'articuler entre elles (mais le mode d'articulation n'est pas précisé). Le FO permet d'identifier et de traiter en quasi temps réel les questions les plus simples mais il assure en même temps des tâches lourdes (traitement des déclarations, contentieux et gracieux simples). En fait il y a transfert au FO d'une série de tâches aujourd'hui assurées par les secteurs d'assiette et le SGDP. La Mission 2003 ne précise pas les qualifications nécessaires au fonctionnement du FO et laisse planer quelques zones d'ombre : la programmation du Contrôle fiscal a été oubliée dans l'HDE ainsi que les contentieux d'assiette complexes. Les ventes de timbres et de vignettes (HDP) paraissent être assurés par le FO, une comptabilité étant tenue par le BO (qui et sous la responsabilité comptable de qui?). Les ventes de vignettes pour les véhicules d'entreprises ne sont pas prévues dans l'HDE. Au total l'organisation proposée s'affiche comme une simplification pour l'extérieur (l'usager) mais sera d'un fonctionnement complexe. Certes le FO est habilité à régler d'emblée les questions simples mais renvoie au BO tout le complexe. Or le rapport de la Mission 2003 reconnaît que l'appréciation du simple et du complexe est... compliquée. Au fond, l'essentiel de la réorganisation vise à accélérer le traitement des questions simples et suggère des modifications de la fiscalité pour affaiblir le volume des questions complexes : l'impôt à la source permettrait de se débarrasser du contact physique avec les pauvres (annulation du décalage impôt/revenu), une TH abandonnée ou substantiellement modifiée dans ses bases éliminerait des contentieux/gracieux difficiles...(1) Pour résumer le modèle d'organisation FO/BO qui est fondé sur une relation clientèle visant à capter puis conserver celle-ci est artificiellement appliqué au Service public. Si la Mission 2003 le retient comme matrice de la réorganisation c'est parce qu'il lui paraît permettre en combinaison avec des simplifications fiscales, des remodelages de l'informatique et la mise en oeuvre d'intégrations ou d'externalisations de fonctions (recouvrement) des modes d'organisation du travail conduisant à des économies d'emplois. La logique coût/rendement Le Contrat d'objectifs et de moyens 2000-2002 est largement basé sur une logique coût/rendement. Celle-ci conduit à définir des modes de travail fondés sur des priorités d'intervention décidées à partir du rendement attendu et de répartir les effectifs en conséquence. Le contrat d'objectifs et de moyens précise que la DGI "s'engage à rechercher activement et à proposer toutes les solutions propres à diminuer le coût de gestion de procédures les plus onéreuses (IR, TH, droits d'enregistrement, vignette)". L'organisation BO/FO participe de cette recherche d'économies. Elle conduit à renvoyer sur des structures supports le traitement de tâches simples pouvant être traitées mécaniquement (centres d'encaissement) ou en masse (centres d'appels). Les structures effectuant ces tâches accueilleront des emplois déqualifiés (centres d'encaissement) ou de technicité moyenne (centres d'appel). La dématérialisation des documents, la refonte de l'informatique, l'usage de l'identifiant fiscal unique (SPI certifié NIR) doit ouvrir la voie à des gains de gestion. Les délais de concrétisation varieront dans le temps et l'action que nous avons menée auprès de la CNIL à propos de l'identifiant unique à conduit à la mise en place de dispositifs de sécurité qui ne permettent pas un usage débridé du NIR. Cependant, l'ensemble combiné de ces évolutions à la périphérie de l'HDI organisé sur une logique BO/FO vise à conduire à des gains en emplois donc à un abaissement du ratio coût/rendement. L'organisation BO/FO est destinée à rentabiliser la relation aux contribuables en absorbant dans la structure de contact de grands flux quotidiens et en gérant de façon intégrée un certain nombre d'opérations dites simples. L'organisation du BO en unités spécialisées d'appui au FO vise également à réduire les traitements. Le modèle FO/BO est donc construit sur une spécialisation des interventions qui, associées (comment?) produisent des résultats. A y bien regarder ceux-ci sont pourtant loin d'être acquis. La séparation gestion contrôle est confirmée. La programmation du contrôle fiscal est passée à la trappe, la segmentation des tâches dans le BO posera des problèmes de mutualisation des interventions... Ce que nous proposons La recherche d'un abaissement des coûts de gestion de l'impôt ne peut se réaliser en faisant l'impasse sur la nature de la fiscalité mise en oeuvre. Nous réaffirmons nos propositions pour une réforme fiscale assise sur des principes d'égalité et d'efficacité économique et sociale. Nous affirmons la nécessité d'un état des lieux sur l'exercice des missions. Nous demandons une évaluation des qualifications à mobiliser tout le long de la chaîne de traitement des dossiers. Nous considérons que l'efficacité administrative appelle une organisation des Hôtels des impôts permettant aux contribuables-citoyens de recevoir une réponse rapide à leurs demandes et un service d'accueil capable d'assurer une prise en charge de celles-ci. Nous considérons qu'en articulation avec l'accueil de qualité la chaîne de traitement des dossiers des particuliers et des professionnels doit se réaliser au sein du même Hôtel des impôts. Ces propositions contredisent les logiques FO/BO et coût/rendement proposées par la Mission 2003 et avalisées par le Ministre. (1) C. Sautter a écarté de ses propositions des modifications fiscales mais celles-ci sont, on le sait, l’objet de réflexion.