Sujet: Tentative de coup d`Etat et menace à la démocratie au Brésil

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Sujet: Tentative de coup d`Etat et menace à la démocratie au Brésil
Brasilia-DF, le 5 avril 2016.
Sujet: Tentative de coup d'Etat et menace à la démocratie au Brésil
Face à la scène politique que le Brésil vit dans la dernière période, les organisations expriment leur intérêt
de recevoir plus d'informations sur notre conjoncture, y compris pour pouvoir se positionner et informer
ses affiliés dans une perspective de défense de la démocratie sur le continent latino-américain.
Dans ce sens, nous envoyons ci-joint une note qui élucide le scénario actuel du Brésil.
La CNTE représente plus de 4 millions de travailleurs et travailleuses des écoles publiques brésiliennes, elle
défend un pays inclusif et juste pour toutes et tous, et elle continuera inlassablement dans la lutte pour la
continuité du progrès social et de la construction de l'éducation publique de qualité au Brésil, en Amérique
latine et au Monde.
Nous réitérons nos voeux d’estime et de considération.
Cordialement,
Roberto Franklin de Leão
Président
Fátima Silva
Secrétaire des relations internationales
Tentative de coup d'Etat et menace à la démocratie au Brésil
Depuis juillet 2013, le Brésil et l'ensemble de l’Amérique Latine vivent des jours sombres avec des attaques
systématiques à la démocratie et une re-articulation des secteurs de la droite. Au Brésil, ces attaques essayent de
mépriser le résultat des dernières élections présidentielles (octobre 2014) et d'affaiblir les droits sociaux conquis par
les travailleurs et les travailleuses pendant les gouvernements de l'ancien président Luiz Inácio LULA da Silva et de la
présidente Dilma Rousseff. Nous voyons des approches de plus en plus radicalisées, agressions verbales et physiques,
l'intolérance et l’expression de la haine en rapport à tout ce qui concerne la gauche: Lula, Dilma, le PT (Parti de
Travailleurs) et la couleur rouge.
Après sa réélection en 2014, la présidente Dilma Rousseff est poursuivie systématiquement par la droite du pays, à
travers un mouvement orchestré par le capital financier qui essaye d'imposer l'installation d'un processus
d’«impeachment» (mise en accusation), par des mécanismes tels que la désapprobation des factures (projets de loi)
et dénonce des vides et irrégularités passés dans le financement des campagnes. En utilisant des stratégies faibles,
du point de vue moral et légal, la droite a quand même réussi à avancer dans l’essai de coup d'Etat, en mettant en
danger la démocratie et l’Etat de Droit du pays.
Il y a 31 ans, nous sommes sortis d'une dictature civile-militaire qui a duré plus de deux décennies. Et la plupart des
bourreaux de cette époque sont les mêmes gens que nous voyons aujourd'hui défendre la renonciation ou la
destitution de la présidente élue par plus de 54 millions de Brésiliens et Brésiliennes.
Sous l’égide de la «lutte contre la corruption», les médias, les partis de centre et de droite, les grandes entreprises et
les secteurs du judiciaire et de la police Fédérale ont promu une politique de la haine au gouvernement, à l'ancien
président Luiz Inácio LULA da Silva et au PT, ils ont ainsi entraîné des secteurs significatifs de la classe moyenne et de
la bourgeoisie. Cependant, les accusations sont vides, elles ne sont pas soutenues et elles apparaissent parmi les
actions d'illégalité flagrantes commises par des agents publics sous l'argument soi-disant de combattre les
«corrompus».
En plus de la présidente Dilma Rousseff, l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva est également devenu la cible des
putschistes. Il vient d’être la victime d'accusations sans aucun fondement et les enquêtes exposent sa personne
publique et envahissent sa vie personnelle et familiale. L'ancien président Lula n’est ni l’examiné, ni l’accusé. Il s’agit
d’une action criminelle ayant pour but de prouver son implication présumée aux actes illicites et déconstruire donc
son image dans le cadre de la stratégie pour empêcher sa candidature en 2018.
En Amérique Latine, nous avons vu des coups comme celui-ci au Paraguay et au Honduras et aujourd'hui, nous
sommes confrontés à un mouvement sans trêve de divers secteurs de la société pour incriminer la présidente Dilma
Rousseff et l'ancien président Luiz Inacio LULA da Silva, en comptant avec la connivence des secteurs du judiciaire et
la dissimulation par les médias de criminels contre lesquels il y a des preuves suffisantes pour les mettre en prison,
c’est le cas du Président de la chambre des députés, Eduardo Cunha (PMDB) qui est accusé dans une procédure
engagée par l’instance supérieure de la justice au pays, pour la violation de l'éthique parlementaire qui comprend,
entre autres charges, la réception de frais irrégulier, et que, dans la dernière semaine, il a eu son nom impliqué dans
le scandale du « Panama Papers », une enquête journalistique mondiale qui dénonce les politiciens, ceux qui
maintiennent de l'argent dans les paradis fiscaux. Ou encore contre lesquels il y a des indications sérieuses de
corruption, comme Aécio Neves (PSDB), le candidat de l'opposition battu à la dernière élection et l'ancien président
Fernando Henrique Cardoso, le FHC.
A partir du moment où le Brésil dispose désormais d'un gouvernement du champ populaire démocratique, Lula s’est
mis comme un leader politique incomparable qui a su plus que quiconque construire un modèle économique et
politique qui a rendu possible la transformation sociale du pays. Parmi l'héritage que ce gouvernement a apporté au
Brésil, nous devons reconnaître et remarquer que:
• plus de 40 millions de personnes ont quitté la ligne de la pauvreté et l'extrême pauvreté;
• le Brésil a été enlevé de la carte de la faim des Nations unies, avec le programme « Bolsa Família » et d'autres
politiques d'inclusion sociale;
• plus de 8 millions d'emplois formels ont été créés, assurant tous les droits du travail;
•les relations internationales du Brésil, en particulier avec les pays d'Afrique, d'Amérique Latine et avec les pays
arabes ont été renforcées;
• le Brésil a payé la dette avec le FMI et a créé le solde le plus élevé des réserves extérieures de l'histoire du pays
(plus d’U$ 15 milliards );
• le niveau d’éducation de noirs, blancs et indigènes, aussi bien dans l'éducation de base et l'enseignement
supérieur;
• les politiques de quotas raciaux et sociaux ont été créés pour l'accès à l'université et l'emploi public;
• les familles pauvres ont eu l'occasion de mettre leurs enfants à l'université publique ou privée;
• la loi présel a été créé, qui a obtenu plus tard des ressources pour l'éducation et la santé, (et maintenant, elle court
le risque d'être révoquée par le Congrès);
• plus de 250 nouveaux Instituts de formation professionnelle et technologique ont été créés (avec Dilma a atteint
354 unités) et 10 nouvelles universités publiques (Dilma en a créé plus de 8), en plus de centaines de nouveaux
campus universitaires;
• l’investissement public dans l'éducation a quadruplé, avec un grand transfert de fonds fédéraux aux États et aux
municipalités par le biais FUNDEB;
• il a été approuvé la reconnaissance des personnels de l'éducation scolaire, tels que des professionnels de
l’éducation, avec une garantie de salaire et l'orientation professionnelle nationale;
• le salaire professionnel national de l'enseignement a été créé;
• l’inscription scolaire, pour la gamme de 4 à 17 ans, est devenue obligatoire.
En raison de toutes ces avancées, la société, représentée par les institutions démocratiques et les mouvements
sociaux organisés, s’est articulée et est allée dans les rues sans relâche pour dénoncer la tentative de coup d'Etat et
pour défendre les valeurs démocratiques de la société et les droits individuels de chaque citoyen.
La CNTE et ses syndicats affiliés défendent un Brésil inclusif et juste pour toutes et tous. Nous nous battons pour que
les emplois et les rentes des travailleurs et des travailleuses soient préservés. Il est de notre devoir en tant que
représentants de la classe ouvrière, de bloquer le coup qui ruine le tissu social et laisse le pays vulnérable aux
opportunistes en garde, en particulier ceux qui détiennent le pouvoir économique et la manipulation des médias.
L’Etat démocratique de Droit exige le respect de tous devant la loi, sinon le chaos se posera inévitablement. Ce qui
est en jeu, en ce moment, ce n’est pas la défense du gouvernement ou des partis politiques, il s’agit de défendre la
démocratie qui est en grave danger!
De plus, il n'y a pas de justice et d’ordre social qui soient durables avec les illégalités et les omissions des institutions
et agents publics. Ce scénario malheureux nourrit le fascisme qui est déjà vu et ressenti sur une grande échelle dans
le pays.
Non au coup d'Etat et Oui pour la défense de la démocratie!
Brasília, le 5 avril 2016.
Direction Exécutive de la CNTE