ANALYSE DE DOCUMENT Indicateurs du groupe Alcatel

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ANALYSE DE DOCUMENT Indicateurs du groupe Alcatel
LES RAPPORTS ENTRE RESULTATS ECONOMIQUES & COURS BOURSIERS : 2 EXEMPLES
ANALYSE DE DOCUMENT
Indicateurs du groupe Alcatel-Lucent (produits industriels de haute technologie)
Indicateurs du groupe eBay (site d’enchères en ligne)
www.boursorama.com
1. Comment est déterminée la valeur d’une entreprise en bourse ?
La détermination de la valeur d’une entreprise en Bourse (dite valeur boursière, ou valeur de marché) est basée sur le
montant de sa capitalisation boursière (somme du cours des titres cotés à une date donnée). Cette valeur se fixe suivant la
loi de l’offre et de la demande : plus les titres d’une société sont demandés, en raison de résultats économiques
satisfaisants, plus le cours du titre augmente et plus la capitalisation boursière de la société s’accroît.
En réalité sur les marchés financiers, les décisions d’achat ou de vente des opérateurs seront motivées par les
anticipations que se font les investisseurs sur le comportement des autres agents, ce qui expliquerait les fluctuations du
titre coté. Cette analyse se rattache clairement à la vision de J.M. Keynes (Voir article Alternatives économiques, « Au
royaume des turbulences) sur le fonctionnement des marchés boursiers : à travers la célèbre métaphore du concours de
beauté, celui-ci démontre que les investisseurs doivent avant tout s’attacher à anticiper les comportements des autres
investisseurs plutôt que se forger une opinion sur l’état de santé (ou la « beauté ») d’une entreprise particulière.
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C16 – Le marché financier & son rôle économique
2. Est-ce qu’une entreprise qui affiche de bons résultats économiques doit s’attendre à voir son cours
boursier augmenter ?
En théorie, une entreprise qui réalise des bons résultats économiques doit voir le cours de ses titres augmenter. Les
actionnaires doivent en théorie voir les dividendes versés grossir, et l’entreprise accroît ses marges de manœuvre, ce qui
doit augmenter l’attractivité des titres.
Le mouvement inverse est également prévisible, comme l’illustre le cas d’Alcatel-Lucent, où les cours boursiers semblent
bien corrélés aux bénéfices réalisés par l’entreprise : malgré un chiffre d’affaires en hausse, l’entreprise perd de l’argent ; la
chute des bénéfices s’accompagne logiquement d’une baisse du titre.
Il peut toutefois arriver que la valeur fondamentale d’un titre soit potentiellement élevée, mais que le cours évolue de
manière défavorable.
Le cas du groupe eBay peut illustrer ce problème : le cours boursier, après avoir atteint un pic en 2005, est entré dans une
tendance baissière de long terme : l’action a atteint son point bas début 2009. Les résultats économiques de l’entreprise
sont pourtant très bons : le chiffre d’affaires augmente de manière régulière, et les bénéfices sont dans une tendance
générale de hausse (à l’exception de l’année 2007).
Les explications de ce type de phénomène sont complexes, mais on peut dire que les anticipations des agents jouent un
rôle fondamental : ce ne sont pas tant les résultats actuels de l’entreprise, mais ses résultats futurs qui sont pris en compte.
Certaines entreprises ne parviennent pas à susciter la confiance des investisseurs, car ceux-ci anticipent des difficultés à
venir.
3. Qu’entend-t-on par « mimétisme » des comportements des agents économiques en Bourse ?
Le mimétisme est le terme moderne utilisé par les économistes pour caractériser les comportements moutonniers ou les «
esprits animaux » décrits par Keynes sur les marchés financiers. Il s’agit de la tendance qu’ont les investisseurs placés en
situation d’incertitude à imiter le comportement des autres agents sur le marché. Ce comportement contribue à amplifier les
fluctuations boursières et est à la base des phénomènes de bulles spéculatives (et des krachs boursiers, qui viennent
corriger les erreurs commises sur les fondamentaux dans le secteur concerné). Il est important de noter que, contrairement
à ce qu’affirmait Keynes, les comportements mimétiques ne sont pas forcément le signe d’un manque de discernement des
agents : en situation de forte incertitude (qui est la règle sur les marchés boursiers), il est rationnel de chercher une règle
de décision pour guider ses investissements. Dans ce cadre, le mimétisme est une règle relativement efficace : il est
rationnel d’acheter un titre lorsque celui-ci augmente de manière continue, et de le vendre lorsqu’il baisse.
4. Comment les mouvements mimétiques peuvent conduire à la formation de bulles spéculatives ?
Un mouvement de hausse des cours attire de nouveaux investisseurs qui demandent des titres, ce qui entretient cette
hausse. Par ailleurs, certains investisseurs ayant une influence certaine sur les autres peuvent annoncer ce que l’on
appelle des « prophéties autoréalisatrices ». Celles-ci se réalisent, non pas parce que l’anticipation était correcte, mais
parce que les acteurs des marchés financiers y ont cru et l’ont suivie. Ainsi, l’augmentation des achats des titres entraîne
celle des cours. On a alors une bulle spéculative ou bulle financière. Lorsque le doute saisit une partie des opérateurs sur
la rationalité de la hausse, on assiste à un mouvement massif de ventes d’actions. Les cours diminuent fortement, c’est
l’éclatement ou le dégonflement de la bulle. Chacun des acheteurs piégés s’efforce de vendre avant que les cours n’aient
trop baissé, ce qui entraîne justement une forte baisse.
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C16 – Le marché financier & son rôle économique