Pierre ROSANVALLON « La démocratie du XXI siècle
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Pierre ROSANVALLON « La démocratie du XXI siècle
Université Charles de Prague, Faculté des Lettres Centre français de recherche en sciences sociales ATELIER EN SCIENCES HISTORIQUES DE PRAGUE PRAŽSKÝ SEMINÁŘ HISTORICKÝCH VĚD jeudi 27 mars 2014 à 9h00 au CEFRES, Štěpánská 35, Prague 1, 5e étage (plus d’informations sur l’Atelier sur http://seminaire.ff.cuni.cz/index.html) Pierre ROSANVALLON « La démocratie du XXIe siècle » Résumé « Démocratie ». Le mot s’est imposé comme la dénomination universelle du bien politique. Même les régimes qui en bafouent le plus évidemment les fondements considérés comme élémentaires n’osent pas s’en présenter ouvertement comme les ennemis, et prétendent plutôt en incarner une forme spécifique, réduisant les critiques qui leurs sont adressées à des manœuvres de déstabilisation politique ou à des manifestations d’arrogance culturelle. Mais dans tous les cas, cette célébration unanime s’accompagne d’une véritable cacophonie de ses définitions. Au point que ce qui constitue pour certains son ressort n’est pour d’autres que l’expression de sa négation. Les usages opposés de la notion de populisme constituent depuis une dizaine d’années un bon exemple d’une telle divergence : ce qui relève d’une stigmatisation pour les uns est revendiqué avec fierté comme la condition d’un accomplissement par les autres. Comment penser dans de telles conditions cette figure du bien politique et permettre le débat sur les conditions de sa réalisation ? Penser la démocratie implique de partir du constat de cette cacophonie et de la difficulté de s’accorder sur une définition consistante, au-delà des formules convenues sur « le pouvoir du peuple », ou encore d’une vision procédurale minimaliste. Le mot démocratie n’a ainsi cessé d’apparaître comme une solution et comme un problème à la fois. En lui ont toujours coexisté le bien et le flou. Bien loin de correspondre banalement à une sorte d’indétermination des voies de sa seule mise en œuvre, le flottement du mot démocratie participe plutôt de son histoire et de son essence. C’est cela que la conférence se propose d’éclairer en partant de ce fait pour proposer les éléments constituants d’une théorie de la démocratie. M. Pierre Rosanvallon Ayant renoncé en 1978 à une carrière politique qui s’ouvrait à lui, Pierre Rosanvallon prépare, avec Claude Lefort, un doctorat d’État ès lettres et sciences humaines (Le Moment Guizot, 1985). Sa thèse lui ouvre les portes de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), où il est élu Maître de conférences en 1983, puis Directeur d’études en 1989, fonction qu’il exerce toujours. Le travail de Pierre Rosanvallon s’organise à partir de cette période autour de trois pôles. L’histoire du modèle politique français d’abord (Le Modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme, 2004), ensuite une interprétation de l’évolution des institutions de solidarité et des théories de la justice (La nouvelle question sociale, repenser l’État-providence, 1995). Mais le volet le plus important de son œuvre s’organise à partir du début des années 1990 autour du lancement d’un vaste chantier visant à retracer l’histoire intellectuelle de la démocratie en France. Trois volumes publiés dans la « Bibliothèque des histoires » aux éditions Gallimard présentent les résultats de cette recherche dont plus récemment La Démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France (2000). Pierre Rosanvallon est ensuite élu en 2001 Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique. Il entreprendra à partir de cette date un travail historique et théorique sur les mutations de la démocratie contemporaine : La Société des égaux (2011) constitue le troisième volume de cette nouvelle entreprise à suivre. Dans ses derniers ouvrages, il a élargi sa réflexion au-delà du cas français, en s’engageant dans une démarche systématiquement comparative. Pierre Rosanvallon n’a d’ailleurs jamais cessé de multiplier ses engagements civiques en tentant d’éclairer l’actualité par les apports des sciences sociales. En 2002, il a lancé La République des idées, qui publie une collection éponyme aux éditions du Seuil et organise régulièrement de grands forums citoyens. Choix de publications récentes Le Parlement des invisibles, « Raconter la vie », Le Seuil, 2014. La Société des égaux, Le Seuil, 2011. La Légitimité démocratique. Impartialité, réflexivité, proximité, Le Seuil, 2008 ; Points-Essais, 2010. La Contre-démocratie. La Politique à l’âge de la défiance, Le Seuil, 2006 ; Points-Essais, 2008. Le Modèle politique français. La Société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Le Seuil, 2004 ; Points-Histoire, 2006. La Démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 2000 ; Folio-Histoire, 2003. Le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1998 ; Folio-Histoire, 2002. La nouvelle question sociale. Repenser l’État-providence, Le Seuil, 1995 ; Points essais, 1998 (2 éditions). Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1992 ; Folio-Histoire, 2001. L’État en France de 1789 à nos jours, Le Seuil, coll. « L’Univers historique », 1990 ; Points histoire, 1993 et 1998.