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Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec (SIIQ)
ENTREVUE AVEC …
ISABELLE MARÉCHAL
Arrivée de France à l’âge de 10 ans
avec ses parents, Isabelle Maréchal est
journaliste, chroniqueuse, animatrice
à la télévision et à la radio, mais aussi
comédienne. Vous pouvez l’entendre le
matin à l’émission « Isabelle Maréchal »
sur les ondes de 98.5 FM.
Propos recueillis par Delphine Folliet, Immigrant Québec
Merci à l’hôtel Le Saint-Sulpice
Photographies Josias Gob
Dans votre émission radiophonique, vous parlez régulièrement
de l’immigration au Québec. Vous parlez aussi de votre histoire
puisque vous êtes québécoise d’origine française...
Je suis française, pas d’origine française! Je suis fière de dire que mes filles
sont la première génération de Québécoises! Mes parents hésitaient entre
le Canada et l’Australie. C’est l’élément francophone qui les a conduits à
choisir le Québec. À mon arrivée, j’avais un accent très marqué. On s’est
souvent moqué de moi. Aujourd’hui, on me complimente sur mon français
international! Je suis très protectrice de ma langue. Je suis bilingue français/
anglais mais je me considère d’abord francophone et francophile. Mes filles
sont bilingues. Elles sont francophones, entourées par l’anglais. Je leur dis
« soyez fières de votre langue française ».
Quels liens entretenez-vous avec la France?
C’est drôle, en France, je redeviens française et je reprends l’accent. J’ai
plein d’images liées à la France provenant de ma petite enfance : les écoles
avec des préaux, ma tante qui faisait des fromages de chèvres... J’ai besoin
d’y faire un tour régulièrement.
Immigrer, ce n’est pas facile ; il faut recommencer toute sa vie ailleurs. Mon
père était vétérinaire. Il devait exercer cette profession à l’École vétérinaire
de Saint-Hyacinthe. Entretemps, le gouvernement du Québec avait changé
ses règles et le poste avait été donné à un Québécois. Nous sommes
arrivés avec 4 malles : 2 bleues et 2 rouges. Je m’en souviens très bien ;
ma mère y avait mis des couvertures : On nous avait prévenus que c’était
froid ici!( rires) Enfant, j’ai dû faire un deuil de mon univers de France comme
mon nounours Figaro par exemple. Le laisser derrière moi était comme une
page que je tournais. Si c’était à refaire, je l’emmènerais!
Mes parents ont tout laissé ou vendu là-bas. Nous avions des meubles de
familles, dont de superbes armoires charolaises. Aujourd’hui, je ressens un
manque au niveau de l’histoire familiale. Je n’ai rien à montrer à mes filles :
pas d’objets, ni de photos. Mon père était la mémoire de la famille. Nous
devions faire notre arbre généalogique. Mais il est mort avant que nous
ayons eu le temps de le faire.
Comprenez-vous les petits ou grands chocs que peuvent
connaître les immigrants à leur arrivée au Québec?
Le choc culturel se ressent dans tous les petits détails du quotidien. Je me
souviens encore du verre de lait et des biscuits Oreo qu’on m’a donnés
au COFI (Centre d’orientation et de formation des immigrants). On nous a
montré que les petits Québécois trempaient leur Oréo dans le lait. À l’école,
les divisions ne s’écrivaient pas de la même façon. On n’écrivait pas à l’encre
mais au crayon à mine.
Immigrer, c’est risqué. Il faut du courage. Mon père qui sortait de la meilleure
école de France et qui, ici, est obligé de conduire des poids lourds pour
nous faire vivre. Il faut ravaler son orgueil. Être très humble. Remercier car on
est pas tout à fait chez nous. Il faut un certain temps pour se sentir accepté.
Aujourd’hui, où vous situez-vous dans votre identité de française
et de québécoise?
Les immigrants sont porteurs de richesse parce qu’ils savent prendre un
risque et sont enclins au changement. Ils l’ont prouvé en immigrant. Je vais
toujours vanté les mérites des bons immigrants, ceux qui veulent vraiment
s’engager ici. Pas ceux qui ne sont que de passage. Moi, parfois, je me
sens en plein milieu de l’océan, entre la France et le Québec. J’ai besoin de
la France tout autant que du Québec. Mais mon ancre, c’est au Québec
que je pose.
Je suis une globe trotter. L’important est d’aller voir ailleurs, de sortir de sa
zone de confort.
En résumé, il faut apprendre à
composer avec son identité.

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