Le goût des autres et des bons petits plats

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Le goût des autres et des bons petits plats
focus
Par Laure
nce Levar
d
Le goût des autres
et des bons petits plats
Anne Martz a connu des évolutions dans son travail puisqu’elle est maintenant traiteur avec son amie Marguerite
mais son regard sur la personne humaine découle de sa foi profonde et de son engagement auprès des autres.
Nous l’avons rencontrée1.
« À la mort de mon père qui était très
croyant, j’ai eu envie et besoin de changement. Cela a été une longue aventure. »
Une longue aventure
Richesse des rencontres
Anne noue de belles relations avec
ces personnes : « on se souvient
qu’hier, cela n’allait pas, alors on prend
des nouvelles. » Une mamie ne mangeait plus. Alertée par ses enfants,
Anne lui a rendu visite chaque jour
et les bons petits plats de Marguerite
ont fait le reste, elle a repris deux
kilos. Une autre, âgée de 95 ans, est
toujours de bonne humeur et bien
habillée. Pour Anne, c’est un bel
exemple. Puis elle ajoute : « je puise
beaucoup plus en eux qu’en moi. Quand
on donne, on reçoit toujours plus. » Ces
personnes leur font confiance, il faut
être digne de cette confiance. En
plus de son travail, Anne fait du
catéchisme aux enfants de huit ans,
le samedi. Elle parle avec les personnes âgées de la vie de la paroisse.
Certains lui donnent des conseils. La
foi est là consciemment ou inconsciemment. D’autres lui font des
suggestions de menus ou des
remarques sur certains repas. L’une
d’entre elles retrouve les saveurs de
la cuisine de sa mère dans les petits
plats apportés (sauces, viande mijotée, desserts maison). C’est aussi
une façon de redonner du goût au
quotidien. La qualité des repas va de
pair avec la quantité mais aussi avec
la qualité relationnelle, l’attention à
l’autre. En novembre 2012, elles ont
reçu le 2ème prix de la création d’entreprise de la chambre des métiers.
Tout cela parce qu’elles ont le goût
des autres chevillé à l’âme ; il reste à
leur souhaiter de continuer longtemps à rendre les gens heureux
autour d’elles !
© D.R.
Assistante de direction, et en attente
de son second enfant, Anne voulait
changer d’orientation et prit trois
ans de congé parental. Elle tenta
l’expérience d’une année comme
enseignante de religion mais ce
n’était pas pour elle. Puis, une de ses
amies, grande cuisinière, apportait
bénévolement des repas aux personnes âgées. De fil en aiguille, elles
ont ouvert leur société « un jour, un
plat », en octobre 2011 à Dorlisheim,
l’une à la cuisine, l’autre à la comptabilité et au service à domicile, du
mardi au samedi2. Si Marguerite fait
de bons petits plats, Anne rencontre
les personnes âgées, chaque jour.
Elle se rend vite compte que les gens
vivent dans des conditions inimaginables lorsque les enfants sont éloignés géographiquement. « Lorsque je
viens, cela leur permet de parler. Quel-
quefois, il faut leur rendre service : aller
chercher une bouteille de lait à la cave,
du pain, ou des médicaments, des lettres
à poster ou même encore des fusibles à
acheter. » Elle a l’impression d’être
utile en leur rendant service.
« Aujourd’hui, c’est un peu chacun
pour soi, on oublie que rendre service,
c’est normal. Je leur apporte un sourire,
eux m’apportent un bien-être. »
1 Cf. écho du diocèse du 25 avril 2013, sur le site www.diocese-alsace.fr
2 Leur périmètre d’activités va de Dorlisheim, Molsheim, Bischoffsheim, Rosheim, à Mutzig. Elles livrent aussi des repas aux entreprises, couples et familles en
dehors des personnes âgées. (7€ le plat à emporter, 7,50€ le plat livré (de 11h15 à 11h45)). Rens : 09 54 55 15 65.
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Carrefours d’Alsace, juin 2013

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