Rien n`est plus sûr que l`or

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Rien n`est plus sûr que l`or
11
Février 2009
COUP D’ŒIL SUR
LES MARCHÉS
Eric Sprott
Sasha Solunac
Rien n’est plus sûr que l’or
Naguère encore, l’argent en banque et l’immobilier étaient gages de sûreté. Or, avec
les événements de la dernière année, cette réputation en a pris pour son rhume. Ces
temps-ci, le seul placement sûr – loin devant les liquidités et l’immobilier – est l’or. Il est
donc logique que le métal jaune retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse.
Comme nos lecteurs peuvent déjà le soupçonner, nous avons une prédilection pour l’or,
et certains signes portent à croire que cette prédilection est de plus en plus partagée
par le monde entier. Qu’on nous pardonne, donc, de ressasser encore et toujours le
même thème. L’or a en effet été le sujet dominant de nos sept derniers articles, y
compris celui-ci, sinon le sujet principal de quatre de ces articles, soit « The Phony
Express » (août 2008), « Cash or Gold » (octobre 2008), « Surviving the Depression »
(décembre 2008) et celui de ce mois. On peut y voir de l’obsession, mais il y a une
logique derrière tout cela.
Ce n’est pas un hasard si les sept derniers mois ont également été le théâtre de la pire
crise financière que la grande majorité d’entre nous aient connue de leur vie, ainsi que
de la pire contraction économique mondiale depuis la Grande Dépression. Comme
nous l’écrivions dans notre article précédent, « So You Think 2008 Was Bad? Welcome
to 2009 », nous vivons actuellement un contexte où la faiblesse engendre la faiblesse;
qui plus est, l’époque où la prospérité économique reposait sur la création de crédit
continue est probablement révolue à jamais. C’est un fait : nous croyons qu’il s’est
produit – et qu’il continuera de se produire – un changement de paradigme dans la
façon dont les marchés financiers fonctionnent. Nous croyons aussi que ce dernier
point est ce qui distingue fondamentalement le contexte actuel d’une récession
ordinaire. Il en résulte que les politiques gouvernementales actuelles, qui visent toutes à
restaurer une situation révolue (cette fois par la création sans fin de crédit ou de titres
d’emprunt d’État), sont en fait des stratégies ruineuses qui auront de graves
répercussions sur la stabilité financière et les portefeuilles de placement.
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Si l’on croit ce qui précède (et, en fait, il semble de plus en plus difficile d’en douter), il
va sans dire que, du point de vue des placements, l’époque actuelle réserve des défis
extrêmement épineux. Il devient très difficile de préserver la richesse, et encore plus
d’en créer. Tout comme la marée montante met les navires à flot, la marée
descendante les laisse tous à sec. De 2003 à 2007, on aurait pu acheter presque
n’importe quoi et faire de l’argent (à condition bien sûr d’avoir retiré ses billes avant le
début de 2008!). De même, aujourd’hui, on pourrait acheter presque n’importe quoi et
subir des pertes. Ceux qui ont fait la chasse aux aubaines alors que le marché
s’écroulait y ont laissé leur chemise. Songeons qu’il n’y a pas si longtemps, les actions
des grandes banques étaient considérées comme des placements prudents et « sûrs ».
Aujourd’hui, l’idée même semble risible. Les actions des banques sont devenues les
pires canards boîteux de la planète, et leurs actions ordinaires, dans leur forme
actuelle, n’auront bientôt plus aucune valeur. Acheter des actions bancaires dans ces
conditions, peu importe le prix, reste un jeu de dupes. Et les motifs de consolation se
font rares. Peu importe le secteur d’activité, la tendance est à la baisse pour presque
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tout. Dites-nous dans quoi vous avez investi, et nous vous dirons pourquoi vous perdrez
de l’argent.
Il y a toutefois une – très rare – exception : l’or. C’est le seul placement qui n’exige pas
d’analyse poussée et, par conséquent, le seul qu’il vaille la peine d’acheter dans ce
contexte de crise financière doublée d’une dépression mondiale. Récemment, le prix de
l’or est venu à deux doigts de rééditer le record absolu enregistré en mars 2008. Et ce,
en dollars américains, monnaie relativement forte (ou, devrions-nous dire, parmi les
moins faibles)… pour le moment. Peut-on trouver un autre placement qui frise son
sommet de 52 semaines? Nous en doutons. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le
Dow Jones et le S&P 500 viennent de toucher de nouveaux creux de 12 ans. Même les
toutes-puissantes valeurs du Trésor américain ont battu précipitamment en retraite au
cours des deux derniers mois, le taux des titres à 10 ans ayant grimpé de plus de 120
points de base, ce qui sonne sans doute la fin de l’engouement temporaire (et déplacé)
du monde entier pour les obligations d’État américaines. Entre-temps, le prix de l’or,
dans la grande majorité des monnaies du monde, ne cesse de battre des records. Il n’y
a pas beaucoup de placements qui puissent prétendre à de telles performances. Nous
parions que les Hongrois, les Polonais et les Russes préféreraient posséder de l’or
plutôt que des forints, des zlotys ou des roubles.
Tous les actifs financiers et les monnaies fiduciaires sont soumis à la responsabilité de
tiers. Or, ces derniers connaissent des difficultés croissantes et ont donc de plus en
plus de mal à s’acquitter de leurs responsabilités. À l’époque où nous vivons, aucun
placement n’est sûr. Le risque de contrepartie est omniprésent. À une exception près :
l’or physique. Ce dernier n’est soumis à la responsabilité de personne. Hormis le vol pur
et simple, il n’y a absolument rien, ni défaut de paiement ni dévaluation, qui puisse
dévaloriser vos placements en or physique. Il n’y a absolument aucune décision
politique que les gouvernements ou les banques centrales puissent prendre, hormis la
confiscation pure et simple, qui soit susceptible de rendre la possession d’or
désavantageuse. Tout au contraire : l’or est l’assurance idéale contre la stupidité
inévitable et immuable des gouvernements et des banques centrales. À notre avis, c’est
le placement le plus sûr qui soit actuellement. Plus sûr que l’argent en banque, plus sûr
que l’immobilier et plus sûr que toutes les promesses du gouvernement.
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Et pour ceux qui ne sont pas encore convaincus de la stupidité des gouvernements (et
j’entends par là tous les gouvernements, même ceux qui sont dirigés par des leaders
populaires et charismatiques), il suffit de jeter un coup d’œil au dernier budget Obama.
En plus d’arborer un titre creux – A New Era of Responsibility: Renewing America’s
Promise –, le document déborde d’hypothèses grossièrement optimistes, révélatrices
d’un déni éhonté de la réalité. Premièrement, le gouvernement prévoit une croissance
du PIB de -1,2 % pour la présente année budgétaire, soit une récession modérée.
Compte tenu de l’énorme révision à la baisse dont vient d’écoper le PIB du quatrième
trimestre (lequel correspond au premier trimestre de la présente année budgétaire),
pour espérer seulement s’approcher des prévisions budgétaires, les États-Unis
devraient déjà être sortis de récession ce trimestre et connaître une croissance
vigoureuse pendant tout le reste de l’année! Ridicule direz-vous, mais il y a mieux. Le
budget table ensuite sur une croissance économique de 3,2 % pour l’an prochain, suivie
d’une croissance du PIB réel de 4,0 %, 4,6 % et 4,2 % jusqu’en 2012-2013. Après cette
période de croissance superlative sous la surveillance d’Obama, l’économie renouera
avec un « taux de croissance à long terme normal » de 2,6 % par an. Globalement, sur
la période de six ans allant de 2008 à 2013 (période qui comprend une grave crise
financière et une dépression mondiale exceptionnelle), l’économie des États-Unis
devrait afficher une croissance cumulative de 17,1 %, soit plus que si elle avait
progressé, sur la même période, au « taux de croissance à long terme » de 2,6 % (16,6
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%). Il faut donc croire que la dépression, la crise financière et la débâcle bancaire sont
bonnes pour l’économie américaine, puisque celle-ci est censée croître davantage que
si elles n’avaient jamais existé! Voilà qui défie toute logique!
La vérité, pour ceux qui veulent l’entendre, est que les dépressions et les crises
bancaires ne représentent rien de bon pour l’économie. Pas plus que les rebonds ne
succèdent de sitôt aux déclins historiques comme ceux du moment. Il a fallu attendre la
Deuxième Guerre mondiale, soit 10 ans, pour que les États-Unis sortent de la
dépression qui a commencé en 1930. Le Japon ne s’est toujours pas remis, et ne se
remettra probablement pas avant longtemps, de la dépression qui a débuté peu après
l’effondrement de son marché boursier et de sa bulle du crédit, en 1990. Le PIB actuel
du Japon est pratiquement le même qu’en 1992. Cela fait 16 ans que le marasme
économique dure, et ce n’est pas fini. À notre avis, un des arguments les plus
convaincants en faveur de l’or est que le gouvernement du pays dont la monnaie sert
de réserve au reste du monde vit sur une autre planète, vote des politiques et affiche
des convictions en grossière contradiction avec la réalité, et accumule des dettes bien
supérieures à ce qu’il pourra jamais rembourser.
Le gouvernement des États-Unis est en faillite, au même titre que Citigroup, AIG ou
Fannie Mae. Citigroup, AIG, Fannie Mae et bien d’autres ne doivent leur survie qu’à la
bonne volonté du gouvernement américain. Sur qui ce dernier pourra-t-il compter pour
assurer sa propre survie? Sur le contribuable américain? N’y comptons pas. Le
gouvernement n’a pas d’actifs. Tout ce qu’il a, c’est le pouvoir d’emprunter et celui de
taxer, le premier dépendant du deuxième. Mais le pouvoir de taxer d’un gouvernement
n’est d’aucune utilité en cas de contraction économique sévère. Autant essayer de tirer
du sang à une pierre. Lorsque les revenus de tout le monde baissent, qu’est-ce que le
gouvernement est censé taxer? En outre, au lieu de déclarer des gains en capital, les
gens déclareront des pertes en capital et demanderont des remboursements d’impôt.
La frénésie de dépenses du gouvernement coïncide avec une chute précipitée des
recettes fiscales. Le déficit de 1 750 milliards de dollars prévu pour l’année budgétaire
2009, qui équivaut à plus de 12 % du PIB, est deux fois plus élevé, en pourcentage de
l’économie, que n’importe quel autre depuis la Deuxième Guerre mondiale. Même ce
déficit abyssal se fonde sur l’hypothèse que nous traversons une récession modérée
qui sera suivie de plusieurs années de forte croissance. Hypothèse non seulement
vaine, mais ruineuse. Au lieu d’adopter des mesures d’austérité, comme le devrait tout
gouvernement face à une crise financière provoquée par le surendettement, le
gouvernement des États-Unis fait exactement l’inverse, en dépensant au-delà de ses
moyens et en alourdissant encore davantage la dette de ses citoyens. En soi, les plans
de sauvetage et les déficits massifs consentis pour secourir le système financier
représenteront un énorme boulet pour la croissance économique future, même si la
dépression devait miraculeusement prendre fin demain.
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Quand nous disons que l’or est le seul placement sûr, une nuance s’impose. Nous
parlons ici de l’or physique, soit les lingots d’or placés en coffre ou les pièces d’or. La
distinction est essentielle. Tous les autres placements ne sont que des dérivés, soumis
aux risques de contrepartie comme n’importe quel autre actif financier. Récemment, le
FNB (fonds négociés en bourse (ETF)) basé sur l’or GLD est devenu un instrument de
placement très prisé par des personnes désireuses d’investir dans l’or. On prétend que
ce FNB détiendrait actuellement plus de 1 000 tonnes d’or et en aurait acheté 220
tonnes au cours du seul mois de janvier. À ce rythme, GLD achète, dans les faits, tout
l’or produit à un moment quelconque. Et ce n’est qu’un FNB parmi d’autres. Étant nousmêmes investisseurs en or, nous savons combien il est difficile de prendre
physiquement livraison du métal jaune. L’achat d’une telle quantité d’or physique en si
peu de temps ne serait pas sans effet sur le marché. Le fonds a-t-il vraiment acheté
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autant d’or physique? De plus, tout cet or est-il conservé quelque part dans un coffrefort? Peut-être… ou peut-être pas. GLD est une structure juridique complexe ayant pour
fiduciaire la Bank of New York et pour dépositaire HSBC Holdings, auxquels s’ajoutent
une kyrielle de sous-dépositaires et de sous-sous-dépositaires, dont bon nombre sont
des banques connues pour louer activement de l’or. À notre avis, un placement en or
physique diffère grandement d’une créance au titre d’un bail financier. Si l’une des
nombreuses contreparties manquait à ses engagements, il pourrait être très difficile
pour GLD de prendre réellement possession de l’or qui est censé lui appartenir. Nous
ne crions pas à la fraude. Il s’agit d’une structure dont le prix vise légitimement à suivre
le cours de l’or. Cela dit, à notre avis, un FNB ne remplace pas l’or physique. Une des
principales raisons de posséder de l’or est que celui-ci n’est la responsabilité de
personne, ce qui n’est pas le cas de GLD. Un FNB est essentiellement un créancier,
dont les actifs résident dans la promesse d’un tiers.
Pourquoi prendre le risque, surtout lorsqu’il en coûte autant, ou à peine plus, de
posséder carrément le sous-jacent? Ne vous contentez pas d’un actif sur papier : dans
le contexte actuel, le risque de contrepartie guette à chaque tournant. Optez pour du
vrai, non pour une imitation à rabais.
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