Languedoc Roussillon : Commentaire sur le prix des vignes 2011

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Languedoc Roussillon : Commentaire sur le prix des vignes 2011
Languedoc Roussillon : Commentaire sur le prix des vignes 2011
2011, une année charnière :
Les changements structurels qui ont affecté l’appareil de
production viticole au cours des années précédentes (baisse des
superficies de vignes en production, nouvelle organisation de la
filière), ainsi que la récolte très faible en 2010, ont produit des
effets importants sur l’ensemble de l’économie viticole régionale
en 2011. C’est dans un climat de repli pour une branche très
affectée par un prix du marché du vin en baisse depuis plusieurs
campagnes que les résultats de la récolte 2011 ont été enregistrés, le volume de production en
Languedoc Roussillon est de l’ordre de 14,5 millions d’hectolitres.
Avec une production supérieure à 2010 de près de 3 millions d’hectolitres, des cours du vin en
nette reprise, un certain optimisme a prévalu. Par ailleurs, avec 237 000 ha de vignes plantées,
la régression du vignoble Régional semble s’être ralentie, cette superficie représente une
capacité de production plus en adéquation avec le marché mondial des vins.
Ainsi, le volume produit en 2011 et le très bas niveau des stocks de vin des campagnes
précédentes mis en parallèle avec une baisse de production généralisée des pays tiers
(Espagne et Italie), sont les principaux facteurs du maintien des cours des vins en début de
campagne 2011. Cette conjoncture est venue améliorer une situation très difficile pour les
producteurs de vin du Languedoc Roussillon, qui avaient du affronter des conditions
conjoncturelles défavorables arrachant une partie de leur vignoble, rappelons que depuis 2005
plus de 40000 ha de vignes ont disparu.
Cependant, cette amélioration globale s’est traduite différemment selon les zones viticoles
Régionales. L’embellie semble profiter plus aux zones ou les caractéristiques agronomiques
des sols permettent une production suffisante, à l’inverse les zones les moins productives de
notre Région n’atteignent toujours pas un revenu à l’hectare qui permet de rentabiliser cette
activité.
De fait, ces éléments de marché profitent plus aux vins avec indication géographique qu’aux
appellations génériques, (AOP Corbières, Minervois, Coteaux du Languedoc). En effet, les
contraintes de production des IGP sont moins exigeantes que celles des AOP, tant au niveau
des pratiques culturales que du rendement à l’hectare.
Ce contexte explique que dans une Région ou le viticulteur a le choix entre l’appellation ou
l’IGP, cette dernière catégorie est plébiscitée.
Ce raisonnement global ne s’applique cependant pas aux AOP ayant depuis de nombreuses
années fait valoir la spécificité de leur production et arrivent à valoriser leur production à des
niveaux de prix acceptables. (AOP Picpoul de Pinet, AOP Pic Saint Loup, AOP Collioure et
Banyuls, AOP côtes du Rhône, AOP muscat de Saint Jean Minervois).
Ces observations traduisent bien le caractère très peu uniforme de la population viticole
Régionale, en parallèle à des exploitations viticoles de grandes tailles se positionnant sur un
marché agro industriel existent aussi de nombreuses exploitations, souvent familiales, mettant
en valeur des terroirs très divers et contribuant à l’expression d’une diversité complexe de la
viticulture de cette Région.
Prix des vignes : un réajustement technique
En 2011 le prix des vignes par appellations marque une hausse
pour plusieurs catégories de vignobles, toutefois cette tendance est
à rapprocher du coût de constitution des vignobles. Notons que
dans la plupart des cas le prix de vente de la vigne est en dessous
de son coût de constitution. Cette hausse du prix des vignes parait
être un réajustement entre ces deux valeurs.
Par ailleurs trois grandes catégories de vignobles profitent de cette
hausse des prix des vignes.
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En premier lieu les vignobles les plus productifs notamment les IGP de l’Hérault et du
Gard, dans ce cas cette hausse paraît liée à l’amélioration des marchés de production.
En second lieu la grande appellation générique AOP Corbières dont la hausse du prix
est aussi liée à des conditions des marchés des vins plus favorables mais dont le prix à
l’hectare est encore parmi les plus bas de notre Région. Dans ce cas la hausse du prix
est aussi engendrée par des raisons techniques liées au coût de constitution des
vignobles.
En dernier lieu, on constate une hausse du prix des vignes dans les appellations les
plus renommées de notre Région. Les efforts des viticulteurs sur la qualité des
produits, le ré encépagement des vignobles, commencent à produire leurs effets sur les
marchés de consommation ou ces vins trouvent une audience plus élargie.
Dans ce contexte le marché foncier des vignes est plus animé en 2011, dans les zones de vins
IGP, quelques gros opérateurs sont en recherche de superficies en vignes, pour assurer leur
approvisionnement. Ce phénomène a produit quelques cessions importantes de vignobles en
2011, mais n’a pas remplacé le marché foncier viticole traditionnel animé par des viticulteurs
souvent adhérents aux caves coopératives qui tardent à reprendre l’agrandissement de leurs
exploitations.
Par ailleurs, il faut signaler le morcellement très important de la propriété foncière viticole, ce
phénomène très caractéristique du département des Pyrénées Orientales et de celui de
l’Hérault, freine la reprise des ventes de vignes. Dans ce cas les coûts de production ne sont
pas encore compensés par la hausse du prix du vin.
Toutefois, avec un prix du foncier viticole assez bas, de nombreux terroirs très diversifiés
couvrant toutes les possibilités de production de vin, et une offre de propriétés foncières
viticoles très complète, le Languedoc Roussillon représente une Région offrant de très
nombreuses opportunités aux acteurs professionnels ou particuliers désirant investir dans la
viticulture.
Roland TRAVER
Février 2012