Analyse du prix des vignes 2015

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Analyse du prix des vignes 2015
 Analyse du prix des vignes 2015 En 2015, la filière viticole en Languedoc-Roussillon est dans une situation favorable. Cette
tendance, amorcée il y a trois ans, trouve son origine dans une bonne conjoncture pour le
marché des vins et s’appuie sur des éléments structurels liés à la composition du vignoble et à
la mutation de la filière, aujourd’hui tournée essentiellement vers la production sous signe de
qualité.
Un vignoble restructuré sous signe de qualité
Le Languedoc-Roussillon, avec l’aide européenne de l’Organisation Commune des Marchés
viti-vinicole (OCM) a pu progressivement moderniser l’outil de production. Ces
investissements se sont accompagnés d’une volonté de la profession viticole de développer la
production de vins sous signe de qualité faisant de la région la première de France pour les
AOP et IGP.
En parallèle, les campagnes successives d’arrachage des vignobles et la replantation de
cépages améliorateurs, favorisées par les procédures de la reconversion qualitative du
vignoble, ont donné naissance à un vignoble jeune, qualitatif, adapté aux demandes des
marchés des vins.
« Depuis trois ans, les pouvoirs publics ont investi 220 millions d’euros de crédits de l’OCM
vitivinicole pour permettre aux entreprises viticoles de la région de moderniser leurs caves
(320 millions d’euros engagés par les professionnels) et le vignoble, (14 500 hectares
restructurés soit 6 % du vignoble). » constate le conseil de bassin viticole de la Région
Languedoc-Roussillon du 19 octobre 2015.
Ces efforts ont été consentis au prix d’une réduction drastique de la superficie plantée en
vigne, 232 000 ha plantés en 2014, 299 000 ha en 2004, d’une diminution des exploitations,
de 31 000 exploitations à 28 000 entre 2010 et 2013 et de l’abandon de la mise en culture
viticole des parcelles foncières les moins adaptées.
Les bons résultats liés à cette mutation sont particulièrement notables dans les résultats
économiques de la filière viticole. En octobre 2015, le conseil de bassin viticole du
Languedoc-Roussillon relevait : « Les résultats de ces actions sont particulièrement
remarquables : la valeur de la production viticole régionale représente aujourd’hui 1,6
milliards d’euros, soit une hausse de 120 millions d’euros en 3 ans ; la filière enregistre une
progression des cours de 20 à 30 € de plus par hectolitre en trois ans, soit une croissance de
plus de 30 %. »
1 Une conjoncture favorable
La production de vins en 2015 a connu une progression, avec 13,6 millions d’hectolitres,
contrastant avec la petite récolte 2014 à 12,7 millions d’hectolitres. Les conditions
météorologiques ont été favorables et c’est un millésime de bonne qualité qui a été récolté sur
l’ensemble des aires de production.
Les stocks faibles en début de campagne qui étaient liés à la petite récolte et la bonne
commercialisation de 2014, ont participé à la tendance haussière des prix du vin pour l’année
2015. Pourtant le manque de disponibilités a provoqué une baisse des quantités
commercialisées pour les vins IGP à l’exportation, - 6,5 % de janvier à novembre 2015. Mais
la baisse en volume a été compensée par une hausse en valeur, + 0,9 %.
Pour les vins en AOP, le marché est favorable : de janvier à novembre 2015, on enregistre une
hausse des quantités exportées + 0,6 % et une augmentation de la valeur de 7,6 %.
Dans ce contexte, la valorisation de la production des vins dans le compte régional de
l'agriculture 2014 affiche une hausse 2012-2014 de 23 %.
Une situation contrastée
Ces bons résultats économiques ne doivent pas occulter une situation contrastée qui a pour
origine une productivité des vignobles très inégale selon leur répartition géographique.
Certaines zones d’appellation enregistrent des productions par hectare trop faibles (Côtes du
Roussillon, Corbières, Minervois). De ce fait, les exploitations viticoles les plus petites ou
celles qui n’ont pas pu investir ont des difficultés pour rentabiliser la culture de la vigne,
malgré l’augmentation du prix du vin.
Plus de la moitié des petites exploitations viticoles, souvent situées dans les zones
géographiques les plus contraintes au niveau climatique, des reliefs et des sols, ont des chefs
d’exploitation âgés de plus de soixante ans.
Ce phénomène pose avec insistance la problématique du renouvellement des générations en
viticulture et celui de la restructuration foncière pour les exploitations les plus morcelées.
Des évolutions régionales du prix des vignes à la hausse
Cet environnement économique favorable et les mutations structurelles du vignoble du
Languedoc-Roussillon permettent un rebond du marché foncier viticole en 2015.
Par ailleurs, la nouvelle réglementation sur les autorisations de plantation se substituant aux
droits de plantation pour les vignes provoque un intérêt pour les vignobles disponibles. Leur
acquisition permet à un exploitant de disposer des autorisations nécessaires pour planter des
vignes avec l’aide à la plantation prévue dans l’OCM viticole.
2 C’est un marché vif et en progression dans la plupart des appellations qui est animé par des
acteurs diversifiés se positionnant sur les parcelles viticoles disponibles.
En premier lieu, on assiste à un intérêt croissant des traditionnels propriétaires vignerons de la
région, qui souhaitent consolider leurs exploitations pour faire face à la demande accrue pour
certains types de vins en IGP ou d’appellations (Corbières, Minervois, Côtes du Rhône,
Picpoul de Pinet, Pic Saint Loup).
Certaines coopératives viticoles influent directement sur le marché foncier des vignes en
proposant à leurs adhérents des aides pour l’acquisition de foncier ou pour exploiter des
parcelles de vigne. Elles se positionnent quelquefois directement comme acquéreuses de
foncier viticole.
Quelques entreprises spécialisées dans le négoce mais aussi exploitantes de grandes propriétés
viticoles cherchent à s’agrandir en visant particulièrement des vignobles d’appellations ou en
IGP pour compléter leur gamme de vins à l’exportation.
En dernier lieu, l’année 2015 voit le retour d’investisseurs issus d’autres secteurs de
l’économie attirés par le caractère patrimonial et prestigieux des domaines viticoles bâtis. Une
stratégie, fiscale et patrimoniale est le moteur de leur motivation pour l’acquisition de
domaines viticoles.
L'évolution des prix des vignes est le reflet de cette ambiance porteuse d’espoir, les vignes en
IGP progressent de 3,7 % dans le département de l’Hérault, berceau des vins de pays d’Oc et
dans le Gard.
La valeur des vignes par appellation rebondit en particulier dans les appellations couvrant des
territoires importants ; c’est le cas des appellations Minervois et Languedoc dans l’Hérault.
Sur les autres types de signes de qualité, notamment pour les appellations à territoire restreint
(Pic Saint Loup, Picpoul de Pinet, Banyuls et Collioure) le prix des vignes se maintient. La
récente appellation Terrasses du Larzac dans l’Hérault, continue sa progression (+ 3 %)
confirmant ainsi l’intérêt pour cette appellation qui rencontre des succès commerciaux.
Le vignoble des Pyrénées-Orientales reste à la marge de la tendance générale (- 2,7%),
impacté par des rendements faibles et la reconversion de vignobles de vins doux naturels dont
les débouchés commerciaux se réduisent. La baisse sensible du prix des vignes sur
l'appellation Muscat se retrouve dans le département de l’Hérault (de - 4,8 % à - 10,5 %).
Roland TRAVER
Source : France Agrimer, Draaf Languedoc‐Roussillon, Agreste.
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