Sepsis sévère et choc septique
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Sepsis sévère et choc septique
Sepsis sévère et choc septique Claude Carbon Paris (F) [email protected] Définitions • Infection: invasion d ’un ou plusieurs organes (ou d ’un tissu) par un ou plusieurs microorganismes • Sepsis: réponse systémique complexe de l ’hôte à l ’infection caractérisée par l ’association de plusieurs signes/symptômes • Sepsis sévère: sepsis + défaillance d ’organe(s) Définitions (suite) • Choc septique: sepsis sévère associé à une défaillance circulatoire nécessitant l ’administration de substances vaso-actives. • Le concept de SIRS (systemic inflammatory response syndrome) n ’est plus retenu: critères trop sensibles et simplistes; incidence pratique douteuse Sepsis: signes et symptômes (I) • SG: fièvre (ou hypothermie), frissons, tachypnée (alcalose respiratoire) • S.inflammatoires: hyperleucocytose (leucopénie), élévation de la CRP, IL-6, procalcitonine • Altérations hémodynamiques: tachycardie, hypotension, augmentation du débit cardiaque, diminution des résistances vasculaires périphériques, oligurie. (II) • Signes de dysfonction d ’organes: – – – – – – – hypoxémie hyperlactatémie troubles de la vigilance altération des fonctions rénales et hépatiques hyperglycémie thrombocytopénie intolérance nutritionnelle (troubles de la motricité intestinale) The PIRO concept (I) • Classification type TNM • Presdisposing factors;Infection;Response; Organ dysfunction. • P: chaque patient a ses particularités:âge, pathologies chroniques, immunosuppression et un fond génétique (TNF, IL-1ra,Toll recepteurs) • I: type de bactérie, d ’organe atteint, degré d ’extension de l ’infection (II) • R: réponse de l ’hôte notée en fonction des signes présents et de la valeur des signes biologiques (CRP, leucocytes…) • O: la perturbation du fonctionnement des organes est définie selon un score de cotation • Intérêts du PIRO: description des pts, études cliniques, évaluation des prises en charge... Epidémiologie • Etude EPIC: prévalence sepsis à jour donné. – 10038 pts (1417 USI en Europe) – 45% pts infectés (20.6% inf. nosocomiale) • NL: sepsis sévère: 13/1000 admissions; choc: 4,6/1000 admissions • USA: mortalité du sepsis sévère: 28% • CH: mortalité: sepsis:16%, SS: 20%, choc: 46%, 60% si défaillances viscérales multiples Epidémiologie en France • 100554 admissions en USI. 22 Hopitaux • Etude sur 8 ans. • Fréquence du choc septique: 7 % en 1993 9,7% en 2000 • Augmentation des chocs d ’origine pulmonaire, des infections à bactéries multirésistantes. • Mortalité globale: 62% en 93; 55% en 2000 Facteurs associés à la mortalité • Mortalité précoce: – – – – retard au Tt efficace nombre d ’organes atteints choc acidose métabolique • Mortalité tardive: – pathologie(s) sous-jacente(s) – type de bactérie; nombre de foyers infectieux – hypothermie Choc septique et VIH • Etude faite à Paris (Bichat-Cl Bernard) • Le choc est plus sévère quand il survient chez un patient VIH +: – plus grande fréquence de la défaillance multiviscérale – mortalité à J 28: 93% vs 46% (VIH négatifs) • Importance d ’un diagnostic précoce de l ’infection bactérienne Microbiologie (I) • Sepsis: hémocultures positives: – – – – bactéries à Gram positif: 39 % bactéries à Gram négatif: 35 % infections mixtes: 21 % microorganismes autres: 5 % (levures, anaérobies, mycobactéries) • Choc septique: 50% dus à Gram +. Bacilles/cocci à Gram négatif • E. coli; Klebsiella spp;Pseudomonas aeruginosa • Neisseria meningitidis • Sources principales: – tractus urinaire – abdomen – poumon et voies respiratoires supérieures • Rôle des lipopolysaccharides de paroi Cas particulier du méningocoque • Facteurs de risque : – asplénisme – déficit en complément • Manifestations cliniques: – enfant ou adolescent – purpura fébrile, puis manifestations hémorragiques – choc sévère avec défaillance multi-viscérale Lésions cutanées lors d ’une méningococcémie Nécrose des extremités (choc méningococcique) Infections mixtes • Association de BGN et de bactéries anaérobies (Bacteroides, Clostridium….) • Foyer initial: – abdominal: perforations, post-chirurgie – gynécologique (post-abortum ou post-partum) – cutané post-traumatique: gangrène gazeuse, fasciite nécrosante Bactéries à Gram positif • Staphylocoques (S.aureus, SCN) • Streptococcus pneumoniae • Streptocoques (S.pyogenes, streptocoques viridans) • Sources: peau et tissus sous-cutanés, corps étrangers intravasculaires, poumon • Role majeur des composants de la paroi et des exotoxines (superantigènes) Streptocoques A • Scarlatine maligne: – enfant de 4 à 10 ans, après une pharyngite • Toxic shock syndrome streptococcique: – adulte. Porte d ’entrée cutanée parfois profonde – bactériémie dans 60% des cas. Rôle des AINS – 3 stades:(i)prolifération du germe, douleurs signes inflammatoires; (ii) fièvre, début des S. toxiques, douleurs ; (iii) choc, signes locaux majeurs (nécrose, gangrène cutanée…) Staphylocoque • TSS lié à la production d ’entérotoxines: – TSS-1 (75% des cas) ; B et C • Deux formes majeures: – chez l ’enfant ou l ’adolescent: porte d ’entrée digestive ou cutanée – chez la femme: utilisation de tampons superabsorbants • Fièvre, hypotension, exanthème, choc desquamation Pneumocoque • Le choc survient sur des terrains particuliers: – splénectomie – drépanocytose – hypogammaglobulinémie • Tableau clinique voisin de celui lié au méningocoque. • Importance de la prévention Paludisme et choc septique • Bichat-Claude Bernard, Paris • 14 patients avec un paludisme à P. falciparum + choc • 7 ont également une bactériémie • 7/14 sont décédés: – 5 décès directement liés au choc septique – tous les 5 avaient une bactériémie • L ’association est donc à connaitre Physiopathologie (I) • Composants pariétaux, endotoxines et exotoxines sont des activateurs puissants du système immunitaire (SI) de l’hôte • Interaction avec les récepteurs Toll du SI. • Les cytokines jouent une rôle majeur • La sensibilité au choc est liée à des mutations dans les gènes du SI • Le choc est une réponse inadaptée de l ’hôte à l’invasion bactérienne Physiopathologie (II) • Selon la bactérie, la réponse inflammatoire de l ’hôte varie de façon spécifique: – molécule déclenchante (ligand) ≠ / récepteur ≠ . • La présentation clinique varie selon: – la nature de la bactérie – la source de l ’infection – le terrain sur lequel survient l ’infection • Importance de ces concepts pour le traitement BGN LPS TLR4 CGP CGDNA, flagelline, peptidoglycane Ac. lipoteichoic TLR9 CD14 TLR5 TLR6 TLR2 CD14 Signal non spéc. Réponse 1 Signal spécifique Réponse 2 Prise en charge • Reconnaître le sepsis et la menace de choc – choc « chaud » vs choc « froid » • Détecter les signes de gravité • Rechercher la porte d ’entrée et des arguments pour le pathogène en cause • Décider des examens à faire • Organiser la surveillance • Mettre en route sans délai le traitement Investigations • Microbiologiques: – hémocultures – prélèvements au niveau de la porte d ’entrée • Biologiques (selon l’équipement du laboratoire): – NFS, glycémie, coagulation, créatinine et électrolytes, gaz du sang,CRP, lactates… • Radiologiques:(selon la porte d ’entrée): – RP, CT scan, échographie... Sepsis sévère Contrôle de l’infection AB Porte entrée raPC Stabilisation hémodynamique Fluides Immunomodulation Vaso-actifs stéroïdes Contrôle de l’infection • 2 aspects: antibiothérapie + Tt de la source de l ’infection • Tt de la source: retrait d’un corps étranger, drainage d’un abcès, excision de tissus nécrosés…. • Choix AB: site de l’infection, immunosuppression, Tts déjà reçus, risques de résistance, notion d ’intolérance Choix empirique initial (infections communautaires) • • • • Pneumonie Tractus urinaire Peau/tissus mous Inf. intra-abdominale • Neutropénique • Pas de porte d ’entrée • • • • CSP3 + Macrolide Co-amox + AG (CSP3) Pen M CSP3 + Flagyl (uréidopénicilline) • ceftriaxone (+ AG) ou uréidopenicilline + AG (ceftazidime) • CSP 2 ou 3 (+ AG?) Cas particuliers • Toxic shock syndrome: – staphylocoque: pen M – streptocoque: pen G + clindamycine – associés au retrait de corps étrangers et au débridement large des tissus nécrosés • Méningococcémie (purpura fulminans): – pénicilline G (amoxycilline ou CSP 3) – Tt urgent +++ Stabilisation hémodynamique • Maintenir: – pression veineuse centrale entre 8 et 12 mm Hg – pression artérielle moyenne > 65 mm Hg – débit urinaire: 0,5mL/min • Remplissage par Ringer Lactate ou colloïde • Agents vaso-actifs: – dopamine : 2-25 µg/kg/min – ou noradrénaline : 2-8 µg/min • Oxygénation: assurer saturation Hb > 90% Immunomodulation • Deux traitements ont fait la preuve de leur efficacité sur la mortalité: – correction d ’une insuffisance surrénale par hydrocortisone (50 mg IV /6h) + fludrocortisone (50µg/j) pendant 7j – protéine C activée recombinante (Drotrecogin α) • Poblèmes: 1/3 des patients n’ont pas d ’insuffisance surrénale. Le coût de la PCAR est très élevé. Mesures associées • Insuline pour maintenir la glycémie entrte 4,4 et 6,1 mmol/L • Nutrition entérale précoce • Prévention des complications liées à l ’hospitalisation: – thrombo-phlébites – anémie – infections nosocomiales Organisation pratique (I) • Dès le diagnostic de sepsis sévère: – mise en place d ’une voie veineuse pour commencer le remplissage vasculaire par cristalloïde 20-30ml/kg sur 30 minutes de Ringer lactate (à défaut NaCl isotonique) – surveillance clinique (turgescence jugulaire), sur la pression veineuse centrale et le débit urinaire horaire (sonde urinaire) – Si le remplissage est inefficace: débuter dopamine ou noradrénaline. Organisation pratique (II) • La dobutamine (2-25 µg/kg/min) peut être utilisée en cas de souffrance myocardique • Parallèlement: – mise en route du traitement antibiotique – geste associé sur la porte d ’entrée. S’il s’agit d ’un geste chirurgical, attendre le rétablissement hémodynamique – mise en route des mesures associées • Le pronostic dépend de la rapidité de mise en route des mesures thérapeutiques Prévention du choc septique • Diagnostic et traitement rapide et adapté des infections sévères • Lutter contre la déshydratation et l ’hypovolémie • Prévenir les infections nosocomiales • Maintenir un état nutritionnel correct des patients en unités de soins intensifs ou atteints d ’infection aiguë ou chronique • Vaccinations communautaires