Routes - Colas
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ROUTES REPORTAGES Le Pier 400, un chantier titanesque Le magazine du groupe Colas colas.com numéro 12 / avril 2002 Editorial 2 ALAIN DUPONT Une route au Canada ROUTES numéro 12 ÉDITORIAL L’ambition de Colas Notre métier, c’est la route. Notre rang, c’est le premier. Notre territoire, c’est le monde. nos parts de marché sur les socles déjà performants que sont l’Europe et l’Amérique du Nord. Si notre cœur de métier est depuis toujours la route, celle-ci s’entend aujourd’hui dans son acception élargie à la réalisation et l’entretien de toutes les infrastructures de transport de personnes et de marchandises (air, terre, mer, fer), d’aménagement urbain ou de loisirs. Ainsi, l’ambition de Colas est celle d’une entreprise globale. Notre rang, celui de leader mondial, nous appelle à une extrême vigilance vis-à-vis des concurrents dont la rapidité et la compétitivité ne doivent jamais être sous-estimées. Notre rang nous appelle aussi à des devoirs. Il nous invite à jouer un rôle moteur, en particulier en termes d’éthique. Quant à notre territoire, nous devons l’accroître à partir du socle français, notre socle de référence, conquérir de nouvelles régions et augmenter sans cesse Cette ambition s’inscrit dans un contexte économique, social, politique et mental, lui aussi global. Rapidité des progrès technologiques et expansion d’Internet, nécessité absolue pour les entreprises de réaliser un profit optimum (1), exigences croissantes de la société civile dans les domaines de l’éthique, de la sécurité, de la protection sociale, de l’environnement et du développement durable… La mondialisation et le cortège de bouleversements qui l’accompagne représentent pour le Groupe un défi qu’il doit à la fois intégrer et anticiper. Un défi… mais surtout, une chance. (1) Objectif de 3% de marge pour le Groupe. ROUTES numéro 12 3 Sommaire 4 6 à 15 SOUS TOUTES LES LATITUDES 16 à 35 REPORTAGES Des Etats-Unis au Mali, en passant par le Maroc et la Belgique…, un rapide tour du monde des projets, chantiers et réalisations. En images. 36 à 59 PILOTAGE Tendances • Management, organisation, structures, opérations… Six mois de la vie du Groupe. Avant/après • Colas comble une brèche à Madagascar. Dossier • La stratégie de Colas en Amérique du Nord. 16 Etats-Unis Le Pier 400, un chantier titanesque sur le port de Los Angeles ROUTES numéro 12 Le Golden Gate, San Francisco, États-Unis. 60 à 67 TRAJECTOIRES Dans l’ombre ou sous les projecteurs, elles font l’actualité de Colas. Rencontres avec des femmes du Groupe. 68 à 70 RENCONTRES • Robert Del Picchia : pour des relations fondées sur la confiance. • Masayuki Kaï : des routes sur d’autres planètes. ROUTES numéro 12 Les bassins de la ferme aquacole, Madagascar. SOMMAIRE Le Pier 400, port de Los Angeles, Etats-Unis. 24 France Sur le circuit Paul Ricard 30 Madagascar Une nouvelle ferme d’élevage de crevettes à Madagascar La nouvelle piste du circuit Paul Ricard, plateau du Castellet, France. ROUTES numéro 12 5 SOUS TOUTES LES LATITUDES 6 Des Etats-Unis au Mali, en passant par le Maroc et la Belgique…, un rapide tour du monde des projets, chantiers et réalisations du Groupe. En images. ETATS-UNIS Houston s’équipe en panneaux lumineux à messages variables P as moins de cinquante panneaux lumineux à messages variables (PMV) sont arrivés sur le sol américain entre juillet et novembre 2001. Tout a commencé en janvier 2001 : MIA, société autoroutière américaine du Texas, passait une commande de cinquante PMV à FDS, la filiale américaine de SES, avec pour objectif de réduire le nombre d’accidents de la route à Houston, l’une des trois villes les plus meurtrières du pays. Particularité de ce contrat : SES ne disposait que de deux cents jours pour concevoir, fabriquer, livrer et mettre en service ces produits. Les premiers conteneurs sont arrivés aux Etats-Unis par bateau, en juillet. ROUTES numéro 12 Au total, treize livraisons se sont succédé. Au fur et à mesure de la réception des colis, six collaborateurs de FDS mettaient en place les panneaux sur toutes les autoroutes qui desservent Houston (pose du matériel et lancement des logiciels de commande). Ce contrat représentait un véritable challenge. Défi que SES et FDS ont relevé ensemble. Au-delà des pénalités qui auraient pu découler du moindre retard sur la commande, l’enjeu pour SES et FDS consistait surtout à ne pas décevoir le client. En effet, SES bénéficie d’une forte notoriété aux EtatsUnis et souhaite la conserver en effectuant un parcours sans faute. SOUS TOUTES LES LATITUDES FRANCE Drainage sur autoroute E n 2001, quatre entreprises du Groupe ont travaillé ensemble sur un chantier autoroutier. Sacer Sud- Est, Screg Sud-Est, Colas Rhône-Alpes et Somaro ont en effet collaboré au renforcement d’un tronçon de 9 km sur l’A 7, entre Valence et Loriol, dans la région Rhône-Alpes. Après le rabotage des quatre voies, y compris la bande d’arrêt d’urgence, une couche de Néoclean a été mise en œuvre. Elle a ensuite été recouverte d’un béton bitumineux ayant des propriétés drainantes. Deux produits ont été utilisés à cet effet : le Drainolastic dans un sens de circulation et le Sacerflex dans l’autre sens. L’enrobé drainant est composé de 90% de gravillons, et sa forte teneur en vides (20% de vides) permet l’absorption de l’eau sous l’enrobé. Les projections d’eau sur les véhicules et l’effet brouillard sont ainsi fortement limités par temps de pluie : un grand progrès pour la sécurité des automobilistes. Screg Sud-Est, mandataire du chantier, a fait appel à Somaro pour la fourniture des glissières de sécurité. Réalisé au printemps et à l’automne 2001, ce chantier s’est déroulé de nuit, à raison de cinq heures et demie de travail quotidien. Le trafic est en effet très dense dans cette zone proche de grandes agglomérations. Cette collaboration entre différentes sociétés du Groupe ayant été menée avec succès, les équipes sont prêtes à renouveler l’opération. ROUTES numéro 12 7 8 FRANCE Compostyrène et Scintiflex s’installent en centre-ville L a place Georges-Pompidou est l’un des organes vitaux de la commune de Montigny-le-Bretonneux, située en région parisienne. Donnant accès au parking souterrain d’un centre commercial ainsi qu’à un parking réservé aux riverains, bordée d’un théâtre, d’hôtels et de bureaux, cette place ovale est devenue un lieu de circulation très important. Le réaménagement complet de ROUTES numéro 12 la place Pompidou s’imposait donc, pour sécuriser et canaliser le trafic. Le projet comprenait la création d’un espace vert, l’amélioration du circuit des véhicules ainsi que l’installation de bornes de sécurité. C’est le choix de deux procédés originaux associés, Compostyrène et Scintiflex, qui a permis à Screg de remporter ce chantier. L’équipe de Screg Ile-de-France - Normandie a ainsi travaillé pendant six mois sur cette place, de juillet à décembre 2001. Après le rabotage de l’ancienne chaussée, des remblais en Compostyrène ont été posés. La présence de parkings situés sous la place rendait nécessaire l’utilisation de ce matériau très léger. Un enrobé Scintiflex a ensuite été mis en œuvre. Ce procédé, composé à 25% de miroirs concassés, reflète la lumière et permet de différencier les voies de circulation, améliorant ainsi sensiblement la sécurité des passants et des automobilistes. Le chantier luimême a été mené dans le plus grand respect des normes de sécurité, en veillant notamment à la protection des piétons et en fermant la circulation le moins longtemps possible. SOUS TOUTES LES LATITUDES GRANDE-BRETAGNE Le Humber Bridge fait peau neuve A u nord-est de la Grande-Bretagne, le Humber Bridge enjambe l’estuaire du Humber. Construit il y a vingt ans, c’est l’un des plus longs ponts métalliques suspendus au monde. Ce type de pont est conçu pour être flexible afin de résister à la force du vent, aux variations de température ou encore à l’intensité du trafic routier. L’amplitude du Humber Bridge peut ainsi atteindre quatre mètres. Cette flexibilité nécessite donc une grande souplesse des matériaux utilisés. Après vingt ans d’existence, le revêtement du tablier requérait une réfection. La solution retenue : de l’epoxy asphalt, enrobé à chaud avec liant époxy. L’ancien revêtement est enlevé au marteau-piqueur et l’acier nettoyé à cœur, opération très délicate. Après la pose de la couche d’étanchéité et de l’epoxy asphalt, une couche antidérapante de Spraygrip est appliquée. Les 38 500 m2 de revêtement sont traités par étapes, avec un trafic réduit pour les besoins du chantier à une voie dans chaque sens au lieu des quatre voies habituelles. Si cette déviation ne perturbe pas la circulation, elle provoque en revanche une torsion de l’ouvrage par le poids des véhicules. Une particularité dont les responsables du chantier doivent tenir compte. Malgré des conditions atmosphériques difficiles qui ont ralenti les travaux, la première voie a été livrée en octobre 2001. La totalité des travaux doit être terminée à l’automne 2002. ROUTES numéro 12 9 10 MADAGASCAR Colas fait le siège de la Banque mondiale 2 millions de dollars et moins d’un an de travaux ont été nécessaires pour faire sortir de terre le siège régional de la Banque mondiale à Tananarive, capitale de Madagascar. Dans ce projet, Colas pilotait une réalisation tous corps d’état de haute technicité : charpente en lamellés-collés, couverture, menuiseries bois et aluminium, cloisons, mais aussi revêtements durs et souples, aménagements extérieurs et VRD. Excepté les lots techniques tels que l’électricité, la plomberie, la climatisation…, toutes les prestations ont été réalisées par les équipes Colas, et les plans de détail mis au point par le bureau d’études interne. Lors de la phase finale des travaux, pas moins de 200 ouvriers spécialisés du bâtiment s’activaient sur le chantier. Au total, 1 800 m3 de béton et 2 800 m2 de plancher sur trois niveaux, pour des prestations haut de gamme et des finitions parfaites, conformément aux exigences du client. La plupart des matériaux et équipements de second œuvre ont été importés d’Europe, des Etats-Unis, du Canada ou encore d’Afrique du Sud. Terminé avec deux mois d’avance en avril 2001, le nouveau siège régional de la Banque mondiale a été inauguré en septembre, en présence du Premier ministre malgache et du directeur de la Banque mondiale d’Afrique. ROUTES numéro 12 MAROC Une piste d’atterrissage pour les navettes spatiales La piste d’envol de la base militaire marocaine de Ben Guérir, située à 70 km au nord de Marrakech, a refait peau neuve l’été dernier. La NASA, gestionnaire de l’ouvrage, peut être amenée à utiliser cette base comme piste de secours, en cas d’atterrissage forcé de la navette spatiale américaine. Plusieurs aéroports militaires, répartis sur toute la planète, sont ainsi à la disposition de la NASA. En cas d’avarie, la navette largue ses réservoirs et se dirige vers la piste la plus proche. A Ben Guérir, La Route Marocaine et BRS ont procédé au rabotage du revêtement existant qui s’était fissuré. Puis un nouvel enrobé a été mis en œuvre sur une longueur de 4 266 mètres. Les travaux ont duré un mois, pendant l’été 2001, faisant suite à plus de six mois de négociations et de préparation. Deux filiales du Groupe ont également apporté leur collaboration à ce chantier : Erco, pour le rabotage, et Vialis, pour la signalisation. Une nouvelle preuve que la force de Colas réside dans la richesse de son réseau. SOUS TOUTES LES LATITUDES FRANCE Une adhérence à toute épreuve R éduire le nombre d’accidents en augmentant l’adhérence du revêtement : telle était l’exigence du client pour sécuriser une portion de l’autoroute A 6 située à l’entrée de Lyon avant le raccordement au périphérique nord. Le trafic routier y est très dense : jusqu’à 50 000 véhicules par jour dont une quantité non négligeable de poids lourds circulent sur cette autoroute et 100 accidents sont enregistrés en moyenne chaque année. L’objectif pour l’agence lyonnaise de Sacer Sud-Est, adjudicataire de ce chantier, était l’application d’un enrobé dont la capacité d’adhérence ne diminue pas avec l’usure et les conditions climatiques. Le Microgrip S, mis au point par le LEM de Sacer, a donc été choisi pour ses hautes performances. Il avait déjà fait ses preuves à plusieurs reprises, en particulier sur des tronçons d’autoroute réputés dangereux. 27 000 m2 de Microgrip S ont ainsi été appliqués en trois nuits au mois de septembre 2001. Des moyens importants ont été mis en place pour satisfaire les contraintes draconiennes liées à la mise à disposition du tronçon six heures par nuit seulement : l’atelier comprenait jusqu’à 5 finisseurs de front. Le site fera par ailleurs l’objet d’un suivi à un an, trois ans et cinq ans pour s’assurer de la pérennité des performances du Microgrip S. Mais le client exprime déjà sa satisfaction car, quatre mois après la pose de ce nouveau revêtement, aucun accident n’a encore été enregistré. ROUTES numéro 12 11 12 BELGIQUE Une piste d’essais flambant neuve C omme cela se fait de plus en plus souvent aujourd’hui dans le monde automobile, Screg Belgium a été contactée par Ford International via son site Internet. Il s’agissait de réaliser l’extension du centre d’essais de Ford à Lommel, en Belgique. 400 personnes, dont 40 pilotes d’essai, travaillent tous les jours de l’année sur ce site. Seul le jour de Noël est férié. Les pilotes exigeaient pour cette nouvelle piste une adhérence et un uni parfaits. Après les terrassements de 150 000 m3 et la pose des fondations des zones à aménager, les deux sous-couches d’enrobé ont été mises en œuvre, avec 40% de matériaux recyclés. La couche de surface de 17 000 tonnes, d’une épaisseur de 4 cm, a été réalisée avec des matériaux neufs ayant une très fine granulométrie afin d’obtenir l’adhérence attendue par Ford. Au total, 55 000 tonnes d’enrobé ont été nécessaires. ROUTES numéro 12 Associée sur ce chantier avec Strabag, Screg Belgium a su relever un défi : exécuter les travaux en soixante jours, sans aucune interruption du programme d’essais. Les pilotes de Ford peuvent maintenant rouler tranquilles… SOUS TOUTES LES LATITUDES FRANCE MALI Les aéroports se refont une beauté pour la Coupe africaine des nations A 650 km de Bamako, aux portes du désert saharien, l’aéroport de Mopti accusait son quart de siècle. La piste, de 2500 m de longueur sur 30 m de largeur, a été récemment réhabilitée, de même que celle de l’aéroport de Nioro du Sahel, distant de 600 km. Les deux projets, d’un montant total proche de 8 millions d’euros, étaient nécessaires pour désengorger Bamako et son important trafic touristique. Ces aéroports ont également été dotés d’un bâtiment technique et d’une nouvelle tour de contrôle permettant de recevoir des vols internationaux. La double opération constituait un gros défi en termes de délai puisque les travaux devaient durer moins d’un an. A Mopti, un gisement de grès a permis de se fournir sur place. Pour l’aéroport de Nioro, le bitume a dû être acheminé en vrac depuis la ville d’Abidjan, distante de 1300 km. La logistique avait mobilisé pour l’occasion 30 engins et un poste d’enrobage destiné à traiter les 20000 tonnes nécessaires au revêtement de 7 cm d’épaisseur. L’aéroport de Mopti a été terminé à la mi-janvier, juste à temps pour accueillir un événement sportif d’importance pour les amateurs de football, la Coupe africaine des nations. A Nioro, l’ensemble sera livré fin mai. Grenoble baisse d’un ton Deux années de suite, l’agence grenobloise de Sacer Sud-Est a décroché le marché lancé par la communauté d’agglomérations de Grenoble pour la réfection du revêtement de sa rocade. C’est ainsi que 200 000 m2 d’enrobé phonique Miniphone S ont été appliqués en août 2000, puis en juillet 2001, sur l’A 480. Il s’agit de voies à fort trafic, situées en milieu urbain, qui reçoivent plus de 100 000 véhicules par jour. Un revêtement phonique s’imposait donc pour améliorer le confort des riverains. D’où le choix du Miniphone S qui, de plus, présente une très bonne adhérence, sécurité routière oblige. Les travaux, réalisés de nuit pour ne pas gêner la circulation, se sont déroulés en trois phases : préparation du support avec le rabotage de l’enrobé existant, application d’un enrobé coulé à froid servant également de couche d’accrochage, mise en œuvre de l’enrobé Miniphone à l’aide de plusieurs finisseurs travaillant en parallèle sur les voies afin de soigner les joints longitudinaux. Résultat : une diminution du bruit estimée à 10 décibels. Les riverains avouent eux-mêmes être surpris par la qualité phonique de l’enrobé et se réjouissent de pouvoir enfin ouvrir leurs fenêtres… ROUTES numéro 12 13 14 ÎLE DE RODRIGUES Augmenter le trafic aérien pour mieux desservir l’île de Rodrigues L ’île de Rodrigues est située à 600 kilomètres à l’est de la République mauricienne dont elle dépend tout en jouissant, depuis peu, d’une semi-autonomie. Avec ses 36 000 habitants et ses 104 km2, ce petit paradis corallien tente de développer une activité touristique encore embryonnaire. L’aéroport de PlaineCorail ne pouvait jusqu’ici recevoir que des petits porteurs de 42 places, et la piste en dalles de béton était vieille de vingt ans. En rénovant et en étendant cette piste jusqu’à une longueur de 1 300 mètres, ce sont désormais des ATR 72 de 66 places qui pourront y atterrir. 500 000 m3 de déblais, et autant de remblais, composés à 90% de roches coralliennes, permettent respectivement la mise aux normes des accotements et le comblement d’un devers de 15 mètres de hauteur. 12 000 tonnes d’enrobés recouvriront la piste existante et son extension. ROUTES numéro 12 Un nouveau taxiway a été créé ainsi qu’un parking avions de 6000 m2. Le chantier a été mené à bien par une joint-venture entre AJMC, une filiale locale de Colas, à hauteur de 80%, et Allied Builders, en charge essentiellement des bétons du parking, pour les 20% restants. Ce chantier a nécessité une logistique particulière en raison du très faible nombre de liaisons bateau – deux ou trois par mois – et des capacités limitées de transport et de manutention. Il a ainsi fallu quatre voyages pour acheminer sur le site deux bulldozers, quatre excavatrices, trois compacteurs, un poste d’enrobé, des camions et un finisseur qui, de plus, ont dû être démontés, puis remontés. Dès le mois de septembre 2002, les touristes pourront, en plus grand nombre et dans de meilleures conditions, atterrir sur l’île de Rodrigues pour y goûter les plaisirs du lagon bleu turquoise… SOUS TOUTES LES LATITUDES RÉPUBLIQUE TCHÈQUE Sur la route du barrage… L e barrage d’Orlik, en Bohême du Sud (République tchèque), a été construit au début des années 60. La route qui passe sur la crête avait été mise en service en 1962. L’ouvrage a été entièrement modernisé l’année dernière. Sangreen a été choisie pour ces travaux de rénovation ainsi que pour le remplacement du revêtement de la voie de circulation. Les automobilistes et les piétons qui empruntent cette voie n’auront probablement vu qu’un revêtement rénové, un éclairage modernisé et des chemins paysagers. Mais à l’intérieur, tout a changé. Certains éléments techniques du barrage ont dû être modifiés ou remplacés. La structure entière du barrage a été renforcée par de nouveaux blocs d’enrochement de béton armé. L’espace séparant les piliers et la structure porteuse de base a été comblé de béton. L’édifice était également fragilisé à l’in térieur, dans les salles de contrôle, par des infiltrations d’eau venant de la route. L’étanchéité de celle-ci a été réalisée par une projection de polyuréthane. 32 vannes de dilatation ont été installées sur 400 mètres, ainsi qu’un nouveau système de drainage des eaux pluviales. Au total, une section de route de 500 mètres de longueur a été remise en état, à l’aide de 2 000 m3 de béton et 4 000 m2 de bitume, et quelque trente compagnons ont travaillé d’arrache-pied depuis le début des travaux, en mai 2001. La route a été remise en service le 31 octobre, et le chantier a été définitivement achevé fin novembre. Le plus gros ouvrage du pays a ainsi retrouvé une nouvelle jeunesse. ROUTES numéro 12 15 REPORTAGES 16 REPORTAGES ÉTATS-UNIS Le Pier 400, un chantier titanesque États-Unis, Californie C’est le plus grand projet de Colas en Amérique du Nord. Pour répondre aux besoins du marché mondial de demain, le port de Los Angeles, en Californie, développe son complexe de stockage high-tech. Un contrat de 78 millions de dollars remporté par SullyMiller, la filiale californienne du Groupe. Un défi de taille, au vu du délai accordé pour la livraison du chantier : quinze mois seulement. Le Pier 400, port de Los Angeles. ROUTES numéro 12 17 17 18 n ce matin d’hiver, du haut du pont Vincent-Thomas, la vision est surréaliste. Baignant dans la lumière du soleil de Californie s’étendent à perte de vue les infrastructures du plus grand port d’Amérique. A 20 miles au sud de la ville, le port de Los Angeles, passage obligé pour les échanges avec l’Asie et l’Amérique latine, s’étire sur 56 km de front de mer. Un accord commercial signé avec la Chine le confirme : le port doit se préparer à la montée en puissance du commerce mondial. On s’empresse donc d’achever la construction du nouveau terminal, le Pier 400. Destiné à accueillir le terminal sudcalifornien de Maersk Sealand, l’une des plus grosses compagnies maritimes au E ROUTES numéro 12 Une partie des enrobés nécessaires au chantier ont été fournis par la centrale de Blue Diamond à South Gate. monde, le Pier 400 sera construit en deux phases. Une première tranche prévoit 139 hectares d’aménagements, dont un espace de stockage de 88 hectares, 16 hectares destinés à accueillir quatre unités d’équipements intermodaux, des voies ferrées et un accès autoroutier. Il est prévu trois quais d’une longueur totale de 1 220 m, pouvant accueillir des navires post-Panamax (de capacité supérieure à la norme du canal de Panama). Le Pier 400 sera le terminus sud du couloir d’Alameda, comprenant une route express et une voie ferrée de 32 km destinées à relier la zone portuaire aux installations ferroviaires du centre-ville. Ce projet gigantesque est financé par le Port de Los Angeles, service de l’ad- REPORTAGES ministration municipale, dont les recettes proviennent des redevances acquittées par les compagnies maritimes. Une concurrence acharnée Parmi les cinq sociétés en compétition, Sully-Miller a proposé le devis le plus intéressant. Son offre était inférieure de 0,54% à celle du concurrent le plus proche ! Il s’agissait de coordonner dix-neuf sous-traitants, sans aucun droit à l’erreur. Une douzaine de collaborateurs a travaillé deux mois pour mettre au point la proposition retenue. «Il est difficile de trouver une assurance couvrant un engagement de 80 millions de dollars, souligne Mahmoud K. Irsheid, le directeur de projet du Port de Los Angeles, mais Colas fournissait toutes les garanties financières. La notoriété du Groupe a aussi joué. De plus, Sully-Miller offrait la garantie de pouvoir fournir les matériaux alors que la plupart des concurrents n’étaient pas en mesure de livrer de telles quantités : il faut imaginer près de 930 000 m2 d’enrobés !» Avant même de lancer l’appel d’offres, les autorités portuaires ont sévèrement sélectionné les candidats selon leurs capacités réelles à réaliser un projet d’une telle envergure. «C’est le savoir-faire et la compétence des professionnels de Sully-Miller qui ont fait pencher la balance en faveur de l’entreprise PORTRAIT Frank Gray, conducteur général des travaux riginaire de Californie, Frank Gray est un homme de terrain dont le bon sens se joue de tous les obstacles. Après dix années passées dans une entreprise du bâtiment, il entre chez Sully-Miller il y a vingt-trois ans. «J’y ai forgé mon expérience, explique-t-il, j’ai passé tellement de temps sur les chantiers que je pourrais presque prédire tout ce qui va se passer sur un projet! Celui-là est passionnant parce qu’il est gigantesque. Mais ce qui me faisait peur au début, c’était les délais très serrés.» Toujours à portée de voix sur le site, Frank est perpétuellement sur la brèche. Il supervise les équipes, s’assure que chacun est à sa place et respecte O le planning. «Les hommes m’appellent "la masse", parce que je leur tombe dessus, ajoute-t-il. Ils n’aiment pas ça, mais c’est mon travail. Parallèlement, deux des contremaîtres sont venus me voir pour me remercier de les avoir "poussés". Ils n’auraient jamais imaginé pouvoir abattre ce volume de travail en un temps si court. Le secret de la réussite, c’est la communication. Si on est sur la même longueur d’onde, il n’y a rien d’impossible.» ROUTES numéro 12 19 20 Le Pier 400, d’une surface totale de 139 hectares, est destiné à accueillir des navires du monde entier. L’extension du port de Los Angeles permettra de développer le commerce avec l’Asie. INTERNET Innovation : un e-chantier a réalisation du Pier 400 du port de Los Angeles a été l’occasion d’expérimenter un nouveau système de communication avec une connexion entre les différents intervenants. Grâce au système Internet baptisé «Bidcom», mis au point spécialement pour ce chantier, le port L ROUTES numéro 12 de Los Angeles, la compagnie maritime Maersk Sealand, le maître d’œuvre et les soustraitants ont pu communiquer en temps réel et «sans papier» sur l’avancement des opérations et en contrôler les étapes. Cette innovation indispensable s’est révélée très concluante. et ont permis finalement de remporter ce contrat, le plus important jamais signé ici», explique Louis R. Gabanna, vice-président des opérations ouest en Amérique du Nord. Des défis à tous les niveaux La construction du Pier 400 représente une conjugaison de défis, aussi bien en termes de délais qu’en termes techniques ou sur le plan financier. Sully-Miller est responsable de la réalisation de tous les réseaux du Pier 400, y compris les canalisations d’eau, de gaz naturel, électriques, sanitaires, ainsi que les écoulements d’eaux pluviales. L’île qui se trouvait à l’emplacement du Pier 400 REPORTAGES était en effet totalement dépourvue d’infrastructures. Le projet inclut, en outre, le décapage des sols, la mise en œuvre des couches de base, le revêtement, la mise en place de la signalétique et de l’éclairage. A lui seul, le lot électricité représente un contrat d’un montant de 17 millions de dollars. Sully-Miller doit donc coordonner l’ensemble des interventions des soustraitants. Autre défi : l’application de 500 000 tonnes d’enrobés bitumineux. Les équipes PORTRAIT Herbert S. Lozano, ingénieur projet erbert S. Lozano, né à El Salvador, a grandi au Mexique et au Canada. En 1995, il décroche son diplôme d’ingénieur civil et, trois ans plus tard, décide de se fixer en Californie. En juin 2000, il entre chez Sully-Miller. «Je suis fier H de Sully-Miller se sont relayées, parfois 24 heures sur 24, durant sept mois, sur une centrale mobile, pour arriver à produire en moyenne 10 000 tonnes d’enrobés par jour. 60% des granulats ont été convoyés par bateau en provenance du Canada à quelques 2000 km de là. Au total, 2 millions de tonnes de granulats auront été nécessaires à ce chantier. La centrale d’enrobés de Blue Diamond à South Gate, récemment rénovée, a fourni les approvision nements additionnels. De nou- de travailler sur le Pier 400, affirme-t-il, le rythme est intensif et les défis sont nombreux. Le mien est de coordonner la livraison des matériaux en provenance du Canada en liaison avec la production de la centrale à béton mobile. En raison des événements du 11 septembre, notre bateau a pris un retard de trois jours. Voilà le type de situation que je dois gérer : envisager toutes les solutions pour ajuster l’approvisionnement. Au départ, je devais m’assurer des quantités à commander et superviser la production, mais Alex m’a chargé de la coordination, ce qui implique aussi les enrobés, le béton et le décapage. Il vous pousse à en faire toujours plus, et, si vous parvenez à relever le défi, il vous offre aussi plus de pers- Certaines équipes se sont relayées 24 heures sur 24 sur une centrale mobile. pectives. J’ai surtout appris à anticiper : sur un chantier pareil, si l’on réagit lorsque le problème se pose, il est déjà trop tard.» ROUTES numéro 12 21 22 CHIFFRES CLÉS SURFACE TOTALE 139 hectares ENROBÉS 930 000 m2 DÉLAIS 15 mois ÉQUIPES 30 velles autorisations ont permis d’augmenter la production de 30 000 à 89 000 tonnes par mois. La construction de l’ensemble du réseau d’assainissement s’est révelée une étape particulièrement difficile d’un point de vue technique et logistique. Pour opérer le raccordement de l’égout au système principal, une méthode de haute technologie, à forage horizontal, a été mise en œuvre. Le dispositif a consisté à installer une machine du côté opposé du chenal pour forer le passage d’une canalisation, coulée à 43 mètres de profondeur, en suivant une courbe de 1 100 mètres partant du terminal pour rejoindre le Pier 400. Une première technologique réussie pour les autorités portuaires comme pour Sully-Miller. collaborateurs 60 Sully-Miller a assuré la réalisation ou la coordination des différents ateliers sur le Pier 400 : pose des canalisations, du réseau électrique, signalisation, éclairage et revêtement. sous-traitants PORTRAIT Alex Saplala, responsable de projet lex Saplala est l’homme des défis. Cet ingénieur BTP est expert pour Barrett Paving dans le Michigan, sa région natale, lorsque la société rejoint le Groupe Colas, en 1990. Après un poste de responsable de projet dans l’Ohio, il se rend à New York pour y gérer le département construction et A ROUTES numéro 12 transforme ce service déficitaire en une activité rentable. «J’y ai beaucoup appris en matière de management, affirme-t-il. Pour obtenir de bons résultats, il faut savoir rester La course contre la montre L’administration du port s’étant engagée auprès de Maersk Sealand à livrer les installations le 15 mai 2002, des dates intermédiaires de rendu de chantier ont été établies à chaque étape pour s’assurer que tout serait terminé à temps ; chaque jour de retard entraîne une pénalisation de 61 718 dollars, à la charge de l’entreprise. Le raisonnable, avoir un sérieux sens de l’éthique, des qualités managériales et aller jusqu’au bout de ses engagements. Cela signifie que lorsque je prends une décision les autres doivent me suivre et que s’ils rencontrent un problème, c’est aussi le mien. J’ai appris également ce que signifie l’urgence : ce que l’on ne maîtrise pas aujourd’hui deviendra un problème demain.» A 38 ans, Alex rejoint la Californie et se retrouve le plus jeune responsable projet du Groupe avec ce chantier, le premier qu’il gère pour SullyMiller. «Au départ, on n’a aucune idée de la manière dont on va s’y prendre, mais on sent qu’on va y arriver, et l’imagination fait le reste…» Pour Alex, tout repose sur la notion d’équipe. «Nous sommes plus forts ensemble. Nous avons franchi la plupart des obstacles, mais il ne faut pas relâcher notre attention. Notre pari n’est pas encore tout à fait gagné.» REPORTAGES chrono a été déclenché le 5 mars 2001. C’était parti pour 437 jours d’un marathon dont l’objectif était de franchir la ligne d’arrivée avant la date limite du 15 mai 2002, où 99% des travaux doivent avoir été achevés. La date ultime de remise du chantier a été fixée au 26 août 2002. «Mon plus gros souci est de planifier et d’organiser les interventions des sous-traitants et des différentes agences, explique Alex Saplala, responsable du projet. Un seul grain de sable dans l’engrenage et tout est retardé.» Trois semaines de brainstorming ont été nécessaires pour mettre au point une procédure de coordination qui doit prendre en compte 700 éléments différents : les innombrables opérations souterraines, à terminer aussi rapidement que la sécurité le permet, la présence de nombreuses entreprises travaillant sur différents lots, les problèmes soulevés par les axes sans oublier les zones de croisement… Tout devait être prévu et toutes les connexions devaient être soigneusement coordonnées. Pari réussi, promesse tenue… Parmi les principaux obstacles : la législation sur l’environnement, qui a imposé des contraintes très lourdes sur le chantier. Sans compter les lois de protection de l’habitat naturel des sternes qui ont conduit à préserver une zone de nichage pour les oiseaux sur la jetée. Autre difficulté : la construction des bâtiments, la réalisation de la voie de transport des conteneurs et le décapage du quai n’ont pu commencer tant que les autres entreprises engagées sur le chantier n’avaient pas terminé leurs interventions. A J - 60, les équipes s’en sortent très bien. Sully-Miller s’enorgueillit d’un mois d’avance sur le planning. «Ce pari n’était pas joué d’avance, reconnaît Alex Saplala. Mener à bien un projet de 80 millions de dollars en quinze mois paraît tellement impossible.» Cet été, la deuxième phase de construction du Pier 400 fera l’objet d’un nouvel appel d’offres. «Sully-Miller a fait un travail remarquable. J’espère qu’ils remporteront le marché, parce que nous avons vraiment formé une très bonne équipe !» conclut Mahmoud Irsheid. ■ Les voies de chemin de fer et les routes construites sur le Pier 400 permettront aux marchandises de transiter rapidement. SYNERGIES Un partenariat exemplaire our un projet si complexe et d’une telle envergure, le choix de l’équipe constitue la clé de voûte du succès de l’opération. «Notre objectif était de réunir une équipe de jeunes chefs de chantier et de leur offrir les moyens d’exprimer pleinement leurs capacités. Parallèlement, nous avons mis en place un réseau de managers expérimentés», explique Bruce Rieser, président de Sully-Miller. L’équipe compte par ailleurs trois ingénieurs, et trois équipes de géomètres passent le chantier en revue chaque jour. Au total, 90 personnes, dont 30 collaborateurs de Sully-Miller, travaillent sur le site. Maître d’ouvrage et maître d’œuvre ont souvent des intérêts antagonistes P mais, ici, ils avancent main dans la main. Chacun supervise le travail de l’autre de manière équitable. Des réunions sont organisées entre les équipes, sous l’égide d’un médiateur. «Nous ne sommes pas là pour fixer le montant des pénalités. Notre objectif est de prévoir tous les problèmes qui peuvent se présenter et de trouver à l’avance une solution. Il est de notre intérêt d’aider l’entrepreneur à éviter les retards», fait remarquer Mahmoud Irsheid, qui travaille en étroite collaboration avec Alex Saplala. «L’union fait la force : ensemble, nous pourrions relever n’importe quel défi. Nous sommes de véritables partenaires.» ROUTES numéro 12 23 24 ROUTES numéro 11 REPORTAGES FRANCE Le circuit Paul Ricard High Tech Test Track Le nec plus ultra de la technologie au service de la compétition et de la sécurité : le circuit Paul Ricard, sur le plateau du Castellet, fait peau neuve pour devenir un circuit d’essai unique au monde. Petit tour de circuit… V oilà plus de dix ans que la montagne de la SainteBaume n’avait connu pareille agitation à ses pieds. Le circuit Paul Ricard s’était quelque peu endormi au milieu des forêts de pins et de la garrigue du Castellet. Depuis mars 2001, le site de 400 hectares est le théâtre d’un vaste chantier, avec la réfection du circuit, celle de l’aéroport attenant et la construction d’un ensemble hôtelier. Aujourd’hui propriétaire du circuit, la société Excelis «a décidé de faire du Paul Ricard un circuit d’essai hightech», indique Philippe Gurdjian, son P-dg. «High Tech Test Track», peut-on lire à l’entrée : voilà qui annonce la couleur. «Colas avait participé à la Le circuit Paul Ricard, plateau du Castellet construction du circuit en 1971 et dispose d’une grande expérience en la matière, reprend Philippe Gurdjian. On ne change pas une équipe qui gagne.» DES INFRASTRUCTURES RÉNOVÉES EN TOTALITÉ Colas s’occupe de toute la partie extérieure. Le projet n’a cessé d’évoluer depuis un an. «Le chiffre d’affaires initial a été multiplié par trois», témoigne Marc Péronnet, directeur des travaux. A l’entrée, un hôtel de grand luxe, avec deux piscines et un golf, est sorti de terre. Juste de l’autre côté de la nationale 8, l’aéroport est entièrement réhabilité, avec quatre hangars et un parking de 50 000 m2. Il peut accueillir des avions d’une capa- ROUTES numéro 12 25 26 CONSTRUCTEURS AUTOMOBILES Un bel outil de communication e circuit Paul Ricard High Tech Test Track constitue également un bel outil de communication pour les constructeurs. Un hall d’exposition leur permet en effet de présenter les Formules 1, prototypes et autres véhicules aux L journalistes, qui peuvent arriver directement en avion à l’aéroport attenant et, après avoir essayé les voitures sur le circuit, rédiger, réaliser et transmettre leurs reportages, dans une salle de presse spécialement conçue à leur intention. cité de 50 places. Colas a aussi créé un taxiway supplémentaire, les voies d’accès à l’hôtel et à l’aéroport, de même que les voies de sécurité contournant le circuit. COURBES ET UNIS DE LA PISTE, UN TRAVAIL DE PRÉCISION Le circuit accueille Formules 1, prototypes, voitures grand tourisme et motos. La piste principale, d’une longueur maximale de 5,8 km, peut être configurée sous quarante formes différentes. «J’ai rectifié les imperfections du tracé de base en modifiant certaines courbes», note Philippe Gurdjian. Mais qu’est-ce qu’une bonne courbe pour un pilote ? «C’est une courbe technique qui fait appel à tout l’art du pilote, avec un double enchaînement de virages, freinages PORTRAIT Michel Imbert, conducteur de travaux our Michel Imbert, c’est un retour aux sources. Entré en 1969 chez Colas, il a participé en 1971 à la naissance du circuit Paul Ricard, comme chef d’application. Trente ans plus tard, il revient pour sa rénovation, comme conducteur de travaux. Entre-temps, cet homme P ROUTES numéro 12 n’a connu que des grands chantiers. En France, avec les autoroutes A 7 et A 9 : «490 000 tonnes d’enrobés en neuf mois !», souligne-t-il. Il a aussi travaillé en Afrique, où il est resté douze ans, entre 1975 et 1987, puis en Roumanie, en Martinique et en Guadeloupe. «Sur les chantiers, on et accélérations. Cela ne se conçoit pas par ordinateur, cela se construit, tout simplement.» De fait, «les virages ont été dessinés de façon très empirique, indique Marc Péronnet. Nous tracions sur la piste des courbes matérialisées par des cônes. Philippe Gurdjian testait avec une voiture et nous déplacions les cônes jusqu’à ce qu’il soit satisfait». UN CIRCUIT HAUTE SÉCURITÉ Très marqué par la mort du pilote italien Elio de Angelis en 1986 au cours d’une séance d’essai, Philippe Gurdjian attache une attention toute particulière à la sécurité. «Je suis frappé par le contraste entre la haute technologie des voitures et les méthodes ancestrales pour assurer la sécurité sur les circuits, avec les bacs à gravier et les barrières de pneus usagés, remarque-t-il. Ici, nous a plus de liberté que dans les centres, explique-t-il. C’est ce qui fait le charme de ce métier, qui m’a permis de découvrir des pays de l’intérieur, en travaillant avec leurs habitants.» Michel a la réputation de ne pas être facile ; il est vrai que sa carrure imposante impressionne. «Mais je suis impartial, précise-til. L’important, c’est que l’équipe ait confiance en celui qui la dirige.» A 58 ans, Michel a choisi de poser ses valises. Finis les déplacements à travers le monde. Ce qu’il souhaiterait aujourd’hui : «Arriver à transmettre le savoir-faire que les générations précédentes m’ont confié.» REPORTAGES 27 Sur le circuit, tous les éléments assurant la sécurité ont été revus : suppression des bacs à gravier, zones de dégagement pour le freinage, revêtement adhérent. Ces innovations pourraient devenir une référence en matière de sécurité dans le monde automobile. avons décidé d’innover.» La solution retenue part du principe que les freins d’une voiture de course ne lâchent presque jamais. Si de l’espace est donné au pilote, ce qui est possible car il n’y a pas la contrainte du public, il peut réagir. Exit donc les bacs à gravier sur lesquels les Formules 1 glissaient. A leur place, de vastes zones de dégagement. Celle du virage de Signes, au bout de la ligne droite du Mistral, est la plus impressionnante. Elle s’étend sur 55450 m2 – de quoi loger cinq terrains de football – et offre jusqu’à 200 mètres de distance de freinage. Ces zones de dégagement présentent un second avantage : elles permettent aux pilotes de repartir immédiatement, alors que les bacs à gravier nécessitaient quatre à cinq heures de nettoyage des voitures. A quelques milliers d’euros la journée d’essai, l’heure passée au stand coûte cher! DES MATÉRIAUX DE POINTE A ce dispositif s’ajoute la qualité de l’enrobé, qui doit répondre à deux exigences essentielles : une bonne adhérence et une grande stabilité dans le temps pour résister aux arrachements. La piste, large de 12 mètres, est donc revêtue d’un enrobé à base de Colflex et les stands d’un enrobé antikérosène. Cinq kilomètres de vibreurs en béton sous forme de «negative curbs» indiquent au pilote les limites de la piste. Dans les zones de dégagement, on Les pilotes de Formule 1 étant assis à quelques centimètres du sol, l’uni de la piste est essentiel. ÉCURIES Toyota à demeure égulièrement, au cours du chantier, les équipes Colas ont vu tourner les voitures de Toyota, le dernier arrivé dans le monde de la Formule 1. Le constructeur est en effet installé sur le circuit, où il dispose d’une base avec bureaux et ateliers, reliée par liaison satellite R directe avec son usine de Cologne, en Allemagne. Les autres écuries s’intéressent de près au circuit Paul Ricard. Les plus grandes ont ainsi fait le voyage jusqu’au Castellet. Par ailleurs, deux autres projets sont à l’étude : une piste de karting et, peut-être, une piste d’école de pilotage. ROUTES numéro 12 28 PORTRAIT Jean-Michel Thomas, chef de chantier 26 ans, Jean-Michel Thomas a déjà effectué un parcours aussi sinueux qu’un circuit automobile. Après avoir été mécanicien, il suit une formation de deux ans dans une école toulousaine de conducteurs de travaux. En 2000, il entre chez Colas comme chef de chantier. «A l’époque, Marc Péronnet m’avait contacté pour une affaire atypique, explique Jean-Michel. L’un de ses soustraitants lui avait fait faux bond pour construire un mur de soutènement en centre-ville. J’ai accepté.» C’est donc tout naturellement que Marc Péronnet fait de nouveau appel à lui en avril 2001 sur le circuit Paul Ricard. «Au début, SOIGNER LES DÉTAILS CHIFFRES CLÉS 50000 t d’enrobés PISTE A ROUTES numéro 12 Formule 1. Parmi ces détails : la peinture. A 300 km/h, les bandes classiques sont invisibles pour le pilote assis près du sol. Le bord de piste est délimité par une bande bleue continue large de 20 cm et les vibreurs sont blanc et rouge. 85000 m2 d’enrobés ZONES DE DÉGAGEMENT 190000 m2 d’enrobés, dont 2 30000 m revêtus de Colgrip 2 100000 m de bicouche 220000 t de tout-venant 120000 m3 de terrassement 3,5 km de caniveaux grillagés pour le drainage des plates-formes on faisait de tout… Puis, le chantier a pris de l’ampleur, de nouvelles équipes sont arrivées. Comme je connaissais bien le site, j’ai fini par les encadrer.» JeanMichel a ainsi supervisé la construction des fameuses zones de dégagement. «Travailler sur un circuit automobile, c’est un rêve de gosse, s’enthousiasme-t-il. Et comme je suis de nature curieuse, j’ai beaucoup appris. J’ai surtout pris goût aux grands chantiers. J’aimerais donc m’orienter vers une carrière internationale.» A bon entendeur… Les zones de dégagement sont revêtues de bandes bleues d’une largeur de 2 m tandis que le Colgrip est coloré de rouge. Au total, 100000 m2 d’une peinture conçue pour ne pas perdre en adhérence. Colas a également réalisé tous les réseaux (eau potable, électricité, éclairage, eaux usées et pluviales) et une station de pompage pour le réseau d’incendie et d’arrosage. Par ailleurs, autour de la piste, 7 km de canalisations pour la fibre optique relient les 34 caméras, les équipements de chronométrage et les feux. Les informations collectées sont ainsi retransmises à chaque écurie, dans les douze stands. «Plus de cent personnes de Colas ont travaillé sur le chantier, explique Marc Péronnet. Et nous avons joué le rôle de maître d’œuvre en coordonnant les différents intervenants.» Le tout en moins d’un an, avec des évolutions constantes auxquelles il a fallu répondre… au quart de tour. ■ trouve un enrobé plus abrasif que celui de la piste et, à certains endroits, du Colgrip, fabriqué et mis en œuvre par Colas UK. «Ce revêtement à base de résine et de bauxite calcinée est abrasif et très résistant, indique Marc Péronnet. Il divise la distance de freinage par deux, par temps de pluie.» Dernier élément de sécurité : 7 km de glissières installées par Somaro, filiale de Colas. «Un chantier de ce type nécessite de soigner les détails», note Jean Vidal, responsable de Colas pour le Var. Exactement comme le réglage d’une Sécurité oblige, le bord de la piste est matérialisé au sol par des bandes bleues. REPORTAGES PARCOURS Philippe Gurdjian : la vie à 300 km/h a silhouette est bien connue dans les paddocks. Depuis plus de vingt-cinq ans, Philippe Gurdjian hante les circuits, notamment comme organisateur. Une passion parmi tant d’autres… Banquier, publicitaire, organisateur de Grands Prix de Formule 1 et même pilote de course ! Le moins que l’on puisse dire de Philippe Gurdjian, c’est qu’à 57 ans sa vie est bien remplie. Il le dit lui-même : «Mon problème, c’est d’avoir trop de passions.» Les vingt-quatre heures de la journée lui paraissent bien courtes… Philippe Gurdjian n’est pas homme à se contenter du ronronnement d’une carrière toute tracée. Entré en 1963 à la Banque Rothschild, où il étudie les sociétés cotées en Bourse, il demande un jour comment il est possible de progresser dans le milieu bancaire. Réponse : à l’ancienneté, bien sûr. «Le lendemain, je quittais la banque et j’entrais dans une agence de publicité.» C’est dans ce milieu qu’il va croiser la route de l’automobile. Chef de publicité chez Gemap en 1967, il est chargé notamment du lancement de la Matra 530, avant de participer à la création de la Bagheera. Devenu directeur général de l’agence en 1973, S avant d’en assurer la présidence en 1978, il bâtit l’image de marque de BMW dans toute l’Europe. De là à s’installer dans le baquet d’une voiture de sport, il n’y a qu’un pas. «On a l’impression qu’au volant d’une telle voiture on conduit mieux que les autres, et surtout plus vite ; alors j’ai eu envie de vérifier si c’était vrai, explique-t-il. Je m’étais fixé un pari un peu fou : si je devais courir une seule épreuve, ce serait les 24 Heures du Mans.» Pari gagné en 1975 : ce sportif de haut niveau, qui pratique aussi le ski, le tennis et le golf, termine 13e de l’épreuve mancelle. «Avant, je n’étais jamais monté à 350 km/h», reconnaît-il. Il participera sept fois aux 24 Heures. Son meilleur classement : 7e en 1979, en compagnie de Bob Wolleck, au volant d’une Porsche 935. La passion est née, elle ne quittera plus Philippe Gurdjian. Avec Jean-Pierre Beltoise, il crée Noscar en 1979, une société qui organise des courses auxquelles participeront tous les grands champions, de Pescarolo à Jabouille, en passant par un certain Alain Prost. Puis Philippe Gurdjian délaisse quelque peu le volant. Il devient l’organisateur du Grand Prix de France de F1 à partir de 1985… sur le circuit Paul Ricard. Il enchaîne six Grands Prix dans le Var, avant de s’occuper du circuit de Magny-Cours, pour lequel il décroche en 1991 et 1992 le trophée Foca de la meilleure organisation. En 1999, nouvel horizon. Cette fois, ce sera l’Asie, plus précisément la Malaisie, où il est chargé de concevoir le circuit de Sepang et d’y organiser le Grand Prix. La même année, on le retrouve sur les flots, en tant que promoteur- organisateur de la Solitaire du Figaro. Surtout, il devient P-dg d’Excelis, la société créée par Bernie Ecclestone, le grand «manitou» de la F1, et se lance dans l’aventure du circuit Paul Ricard. Voilà plus de cinq ans que Philippe Gurdjian n’a pas participé lui-même à une course. N’est-il pas tenté de monter dans un bolide pour faire quelques tours de piste au Castellet? «Je connais déjà le circuit par cœur, répond-il. Et surtout, je n’en ai pas le temps !» ROUTES numéro 12 29 30 36 SÉCURITÉ Colas Suisse : dites-le avec des dessins C alendriers, affichettes, croquis explicatifs… Chez Colas Suisse, l’information pour améliorer la sécurité passe par l’illustration. Et ça marche ! Un petit dessin vaut parfois mieux qu’un long discours… Voilà pourquoi Jean-Marie Hermès, responsable hygiène, sécurité et environnement au siège de Colas Suisse, et son équipe ont décidé, depuis peu, d’éditer chaque trimestre un calendrier traitant un aspect particulier de la sécurité, à l’aide de dessins réalisés par un professionnel. Le premier, paru au début de l’hiver dernier, rappelle, entre autres consignes, l’importance de dégager les voies d’accès et de circulation pour éviter glissades et chutes et de ne pas oublier le port des protections individuelles. Les précautions les plus simples sont en effet les meilleures garantes de la sécurité des collaborateurs. Ce calendrier se présente sous de multiples formes : recto verso et plié en tri- angle, il se pose sur un bureau; en format A4, on peut l’afficher; en format plus petit, on peut le glisser aisément dans un carnet ou un portefeuille. Bien mieux qu’un long discours… Cette dernière initiative vient compléter une panoplie déjà importante de supports d’information sur la sécurité, comme les affichettes publiées sous le thème générique «Observer, réfléchir et agir» qui invitent, toujours par le dessin, à réfléchir sur des problèmes ou des accidents qui ont eu lieu afin d’éviter qu’ils se reproduisent. Parmi les sujets traités : les vols sur les chantiers, l’arrachage de conduites, les maladies de la peau, HSE trois mots-clés, etc. Dans le même esprit, sont imprimés et diffusés dans chaque société des «flashs», simples feuilles de format A4 qui racontent, par le menu, croquis à l’appui, les accidents survenus ainsi que les moyens de les prévenir. «Toutes ces initiatives sont appréciées du personnel de Colas Suisse, qui se sent réellement interpellé par ce moyen d’expression»,constate Jean-Marie Hermès. Les prix sécurité 2001 L a Fédération nationale des travaux publics a remis, le 19 décembre 2001, ses prix sécurité. Colas s’est distingué à trois reprises en catégorie B (agences de 1 à 149 salariés) : le 1er prix a été attribué à l’agence Colas de Châtellerault, le 2e au centre de Rodez et un prix d’encouragement a été décerné au centre Screg d’Epernay. En catégorie D (agences ou filiales de plus de 500 salariés), Colas Nord-Picardie a été classé ROUTES numéro 12 hors concours car déjà lauréat du grand prix en 2000. Pour 2001, trois prix sur douze ont été attribués au Groupe. Depuis 1994, nos établissements ont reçu 43 récompenses. Rendez-vous cette année pour le prochain concours. 2003 est également très attendu car des prix régionaux seront attribués. Ce sera l’occasion pour les filiales de mettre en avant, dans leur région, leur savoir-faire en matière de sécurité. PILOTAGE Tendances Sous forme d’affiches, de calendriers à poser ou en format poche, un seul objectif : observer, réfléchir et agir… TÉLEX PRIX SÉCURITÉ Challenge HSE International Deux filiales nord-américaines, HRI Inc. (Pennsylvanie, USA) et Works Alberta, (Alberta, Canada), remportent ex-æequo le Pivert Cristal du Challenge HSE International. HSE France Colas Nord-Picardie remporte le challenge HSE 2001 qui récompense la filiale française ayant obtenu le meilleur indice de sécurité. Le deuxième prix est accordé à Sacer Sud-Est pour la progression la plus importante de ce même indice. ROUTES numéro 12 37 38 Les Compagnons de la Route, des exemples à suivre e 22 novembre 2001, 88 collaborateurs sont devenus Compagnons de la Route. 20 ans pour le plus jeune, 59 ans pour le plus âgé. Présentation de cette distinction… Créé en 1993, l’ordre des Compagnons de la Route fédère les «Losange d’Or» de Colas et Somaro, les «Ruban Vert» de Screg, les «Top Niveau» de Sacer, les «Compagnons de l’Arche» de Smac, les L ROUTES numéro 12 «Compagnons de l’Arc» de Spac et, depuis cette année, les «Compagnons du Rail» de Seco-Rail. A ce jour, le Groupe compte 707 Compagnons de la Route. L’objectif de l’ordre des Compagnons de la Route est de distinguer les meilleurs ouvriers du Groupe. Ces derniers sont sélectionnés sur la base de leur savoir-faire professionnel, de leurs capacités d’initiative et d’adap- PILOTAGE Tendances tation, de leur sens des responsabilités et de leur implication dans le domaine de la sécurité, sans oublier l’esprit d’équipe, l’accueil des nouveaux, la volonté de se former sans cesse et la qualité du service rendu au client. Les Compagnons sont choisis pour leur savoir-faire et leurs qualités «Les chefs d’établissement transmettent leurs propositions à la direction générale de leur filiale, explique Marie-Noëlle Macé, secrétaire de l’ordre des Compagnons de la Route. Les dossiers retenus sont ensuite adressés à la direction des ressources humaines du Groupe, laquelle organise, en novembre de chaque année, la cérémonie d’intronisation des nouveaux Compagnons.» En présence d’Alain Dupont, chacun d’entre eux se voit alors remettre, par le président de sa société, un trophée en Colas Centre-Ouest Colas Est Colas IDF-Normandie Colas Méditerranée Colas Nord-Picardie Colas Rhône-Alpes Colas Sud-Ouest Résipoly Sacer Atlantique Sacer ParisNord-Est Sacer Sud-Est Screg Est Albino Castro - Patrick Chevance Bruno Gauthier - Pascal Piveteau Alvares Ralin Hervé Baes - Albert Gay Daniel Lecaque Jean-Claude Loth - Bruno Pinet Etienne Probst - Mathieu Reinholt Dany Bréant - Thierry Cartet Manuel Bernardo De Almeida Michel Defarbus - Joaquim Ribeiro Mohamed Bourass Alain Olivero - Henri Papon Octavio De Sousa Dantas Philippe Flamand - Gérard Kaivers Silvino Soares Cardoso Fernand Damoizet Silvio Manuel Guimaraes-Alves Patrick Rodriguez - James Tornicelli Joseph Boyer - Lionel Lachérade José Martins Philippe Leffray - Franck Marcon Michel Lacour - Daniel Tanguy Daniel Denizot Marcel Gourguechon Carlos Perreira Philippe Garcia - Georges Mahy Thierry Cordier - Patrick Martin Alvaro Ribeiro - Denis Thomas argent symbolisant l’appartenance à son ordre. La cérémonie est suivie d’un dîner sur la Seine avec les membres de la direction, puis d’une visite d’exception le lendemain : le Stade de France cette année, le musée des Arts et Métiers en 2000 et le château de Versailles l’année précédente. Par la suite, il est proposé aux Compagnons de participer à un cycle de formation mis en place à leur intention et qui leur permettra d’élargir leurs connaissances sur le fonctionnement économique de l’entreprise, de développer leur savoir-faire en termes d’accueil et d’intégration des nouveaux embauchés et de se mobiliser davantage dans les domaines de la sécurité et de la prévention des risques. Par leur amour du travail bien fait, les Compagnons de la Route contribuent activement à la vie de leur agence ainsi qu’à celle du Groupe. Screg IDF-Normandie Raimundo Agueda Dias Abilio Barrosso Campos Serge Da Silva - Jean-Louis Hugueniot Serge Meunier - Duarte Teixeira Luciano Paulos Guedes Screg Bruno Chochois - Patrick Dessaint Nord-Picardie Julien Dufresse Screg Ouest Denis Le Queau - Daniel Raymond Yannick Richard - Louis-Paul Vissault Screg Sud-Est Gilles Buttet - Jean-Luc Chautemps Eric Dupin - Christophe Poncet Ali Saadi - Philippe Sanchez Jean-Marc Vernet Screg Sud-Ouest Nicolas Lange Christian Lasnaveres José Martinez Seco-Rail Joao Da Silva - Frédéric Gaillard Djaman Mamadou G’Bakale José Ribeiro Vieira Madjid Rouami - Gérard Valadon Jacqui Dehner - Jean Lebranchu Smac Hervé Thommeret Somaro Kamel Bououdene Manuel Goncalvez - Patrick Réault Corinne Recchia - Ramon Santos Spac Daniel Chabenat - Christian DavidBerthaud - Thierry Lafont - Marcel Lefevre - Gérard Poiret - Léon Susanj ROUTES numéro 12 39 40 Une femme dans un monde d’hommes Corinne Recchia, chef d’équipe ’était il y a vingt-trois ans. Corinne Recchia arrivait dans l’usine de Chaudun, chez Adem, filiale de Somaro, dans l’Aisne, pour intégrer l’atelier Email. Treize ans plus tard, elle est nommée C chef d’équipe dans le secteur aluminium. Corinne a aujourd’hui la responsabilité de sept personnes. Elle organise les commandes et vérifie le planning de fabrication pour être sûre que tout sera réalisé à temps. Un peu gênée d’avoir été élue Compagnon de la Route, elle partagerait volontiers ce titre avec son équipe. «Ce n’est pas facile de se retrouver seule à être nominée alors que tout le monde participe au bon déroulement des tâches. La plupart de mes collègues m’ont sincèrement félicitée. Les hommes m’ont chahutée gentiment, surtout que je suis la seule femme Compagnon de cette promotion et la seconde depuis la création de l’ordre! Le jour de la remise du trophée, ma position de femme m’a valu d’être chouchoutée… C’était un moment très fort. Maintenant que je suis revenue à la réalité, je pense que cette distinction va me permettre, grâce aux formations, de découvrir de nouveaux domaines et, surtout, de rencontrer des gens passionnants.» «Etre Compagnon de la Route, c’est une vraie reconnaissance» Julien Dufresse, Compagnon VRD ulien Dufresse intègre l’ordre des Compagnons de la Route en 2001. A 20 ans, c’est le plus jeune Compagnon. Après être entré chez Screg Nord-Picardie comme intérimaire, il est J ROUTES numéro 12 embauché définitivement en mars 2000, en tant qu’ouvrier VRD. Il découvre ce métier où l’on doit être très polyvalent. En 2000, il participe aux Olympiades des métiers et arrive premier de sa région, à Lille. «Au début, je me suis trompé sur le plan qu’on nous a donné, explique Julien. Alors, j’ai tout recommencé de zéro, mais j’ai pu terminer aussi vite que les autres.» Et apparemment mieux, d’après le jury. Julien a décidé de ne pas perdre de temps dans la vie. Il est d’autant plus heureux lorsqu’il apprend qu’il est nommé «Compagnon du Ruban Vert» dans l’ordre des Compagnons de la Route. «Pour moi, c’est une vraie reconnaissance de mon travail. Mon père, qui travaille à la DDE, en est presque aussi fier que moi.» Mais cette distinction ne lui tourne pas la tête : il sait que seul son travail sera la clé du succès. «J’espère que le fait d’être Compagnon me permettra de progresser. Et si j’en suis capable, j’aimerais devenir conducteur de travaux. Pourquoi pas plus…» Alors, bonne route, Julien! PILOTAGE Tendances 1 2 Les Trophées des Compagnons de la Route 3 4 1 Le Losange d’Or de Colas et Somaro 2 L’Arc de Spac 3 Le Ruban Vert de Screg 4 L’Arche de Smac 5 Le Top Niveau de Sacer 6 Le Rail de Seco-Rail 5 6 ROUTES numéro 12 41 42 ALTERRA S’adapter au changement économique est un véritable savoir-faire… verture de l’ancien bloc communiste dont faisait partie la Hongrie ont complètement changé les règles du jeu pour les entreprises du pays. «Du jour au lendemain, nous avons eu à résoudre deux problèmes cruciaux : le manque de capital et le défi posé par l’ouverture du marché à la concurrence, rappelle Szabolcs Sido. Nous avons donc cherché des investisseurs étrangers.» C’était au début des années 90. De nombreux investisseurs autrichiens sillonnaient alors le pays, mais c’est vers Colas que la société se tourne. «Alterra n’est pas un spécialiste de la route, mais notre savoir-faire dans le domaine de la construction se révèle parfaitement complémentaire de l’expertise de Colas.» Les activités d’Alterra se concentrent, en effet, autour de la pose de canalisations pour les eaux pluviales et usées, l’eau et le gaz ainsi que la construction de stations d’épuration et de structures en béton, y compris les fondations profondes. Alterra se prépare déjà pour l’euro Réfection des égouts de Budapest effectuée courant 2001 L histoire d’Alterra s’étend sur plus de cinquante ans. Notre société a suivi tous les changements politiques, économiques et sociaux de la Hongrie», explique son directeur général, Szabolcs Sido, depuis son bureau de Budapest. Comme la plupart des entreprises de construction du pays, Alterra faisait partie d’un conglomérat de sociétés étatiques. A l’époque, l’accent était mis davantage sur la quantité que sur la qualité. L’Etat constituait le seul client et la concurrence n’existait pas. La chute du mur de Berlin et l’ou- ROUTES numéro 12 ’ L’entrée dans le groupe Colas en 1992 at-elle provoqué des changements pour Alterra et ses mille employés ? «Je dois dire que nous sommes tous très heureux de nos relations avec Colas, reprend Szabolcs Sido. Nous sommes libres de nos choix stratégiques ainsi que de notre gestion quotidienne tout en respectant les règles et principes du Groupe. Cela est très important pour nous. Et quand nous avons besoin d’aide ou d’un soutien technique, Colas est là. On ne pouvait rêver meilleure relation. Notre prochain objectif après ce cinquantième anniversaire, c’est l’Europe et l’entrée de la Hongrie dans la zone euro d’ici à quelques années. Cela me fait un peu peur… mais quel défi !» PILOTAGE Tendances BARRETT Le piège des enchères sur Internet D epuis le développement d’Internet, certaines grandes sociétés privées attribuent désormais les marchés via le Net, au cours d’enchères où les entreprises soumissionnaires concurrentes font chacune leur proposition de prix. Le contrat est alors remporté par le «moins-disant», à savoir celui dont l’offre est la plus basse. C’est dans ces conditions qu’en juillet 2001 Barrett a perdu l’appel d’offres lancé par General Motors, qui s’est alors luimême retrouvé piégé. Au mois de juillet dernier, Barrett Midwest Central, filiale de Colas implantée aux Etats-Unis, répond à l’appel d’offres lancé par le géant américain General Motors selon la procédure traditionnelle. L’enjeu : le revêtement du site de l’usine mère de General Motors à Dayton, dans l’Ohio. Autrement dit, un énorme contrat portant sur plus de 80 000 tonnes d’enrobés. Barrett, qui a déjà réalisé dans le passé trois chantiers de ce genre pour GM et qui entretient avec cette société de très bonnes relations, prépare minutieusement son offre et espère remporter le contrat. «Mais, juste avant l’annonce de la décision de General Motors, on nous fait savoir que le chantier va finalement être mis aux enchères sur Internet. Cela signifie que les différents concurrents vont devoir annoncer leur prix en direct», explique James Weeks, viceprésident des opérations chez Barrett. des soumissionnaires «casse les prix». Barrett doit alors se retirer. «Ce genre de procédé est non seulement injuste pour les sociétés en compétition, ajoute James Weeks, mais en outre, il est trompeur, car la meilleure offre n’est pas forcément la plus basse, surtout pour ce type de chantier.» En effet, habituellement, plusieurs critères autres que le prix contribuent également au choix d’un prestataire. En ce qui concerne General Motors, client exigeant en termes de qualité, de savoir-faire et de délais, le principe des enchères semble être allé à l’encontre de ses intérêts puisque l’entreprise qui a remporté le marché ne lui a pas donné satisfaction. James Weeks reste cependant confiant pour l’avenir : «C’est la première fois qu’une telle chose se produit. Si cette pratique devait se développer, elle se limiterait sûrement aux marchés privés et commerciaux. Les contrats publics devraient être épargnés.» Le moins-disant remporte l’appel d’offres Les dirigeants de Barrett revoient donc leur proposition à la baisse et font une offre inférieure à celle de leurs concurrents. Mais, à la dernière minute du temps imparti pour les enchères, l’un ROUTES numéro 12 43 44 COMMUNICATION Boscher et la signalétique personnalisable L’idée nouvelle, dans le monde de la signalétique, c’est le produit standard. Dans un métier de sur-mesure qui nécessite de tout réinventer pour chaque client, Boscher innove avec des gammes de produits personnalisables : les Systems. Cette nouvelle offre signalétique permet au client – entreprise, collectivité locale ou territoriale – d’apporter lui-même les modifications voulues à partir d’un simple ordinateur. Il devient ainsi très facile de personnaliser ou d’actualiser les produits existants. Ce nouveau procédé ouvre donc des possibilités infinies pour les clients et constitue un avantage concurrentiel important pour Boscher. Prochainement, les Systems intégreront des produits à affichage lumineux ou, à terme, variable. Un CD-Rom en Afrique du Sud Après le manuel technique, le CD-Rom. Depuis juin 2001, Colas South Africa présente sa gamme de produits bitumeux et ses services sur un CD-Rom. Cet outil est désormais la référence locale pour les acteurs de la construction et de la maintenance de chaussées bitumineuses. Très «terrain», le CD présente les produits, avec leurs spécifications et leurs fiches sécurité, mais aussi des explications théoriques. Le nec plus ultra : des fichiers Excel qui effectuent des mises en situation permettant des comparaisons entre plusieurs solutions proposées. Ce produit convivial, avec une partie son et des animations vidéo, met en valeur les industries du BTP de Colas Afrique du Sud. Très souple, il suivra l’évolution des standards et des spécifications avec des mises à jour sur le site de Colas. L’originalité de sa diffusion par commande sur le site www.colas.co.za contribue à mieux faire connaître le Groupe et à valoriser son image auprès des clients. Colas recrute toujours Symboles des activités prestigieuses de Colas, l’aéroport de Strasbourg et le circuit de Magny-Cours ont servi de décor pour les visuels de la campagne de recrutement 2001, agrémentés de deux visages qui rappelaient la campagne de grande envergure lancée en 2000. Diffusée dans la presse nationale, cette campagne avait permis d’attirer un large public, notamment les jeunes diplômés, tout en rompant avec l’image traditionnelle des métiers des TP. En 2001, il s’agissait ROUTES numéro 12 de poursuivre la promotion de l’image du Groupe tout en la recentrant sur son cœur de métier. Objectif atteint, puisque la fréquentation du site Internet de Colas progresse. A noter : en 2001, le recrutement aura suivi les mêmes tendances que l’an 2000. PILOTAGE Tendances REMISE DE PRIX IA Construction Corporation reçoit le Prix de l’Innovation L ’Association du revêtement routier du Maryland a attribué à IA Construction le Prix de l’Innovation (New Construction Award). La remise du prix a eu lieu le 26 février dernier. IA Construction Corporation, filiale du Groupe, dont le siège se situe en Pennsylvanie, aux Etats-Unis, a ainsi été récompensée pour une réalisation de haute qualité, le Canal Parkway, construit durant l’année 2001. Les critères principaux pour l’attribution de ce prix étaient le confort de roulement, l’esthétique du marquage au sol, la qualité des joints et l’intégration de l’ouvrage dans le paysage. Or, cette route de l’Etat du Maryland, destinée à réduire le trafic sur la voie principale en direction de la Virginie, traverse un parc national. Elle devait donc se faire très discrète. L’esthétique des abords du Canal Parkway a été préservée à l’aide de murs en pierres apparentes et par des glissières de sécurité en bois. ROUTES numéro 12 45 45 46 A Cotonou, en janvier dernier, les conducteurs de travaux ont reçu un apport théorique et technique pour la conduite des chantiers sur le terrain. FORMATION Former à l’international pour mieux fédérer en local Depuis une dizaine d’années, les Universités Colas forment les collaborateurs du Groupe qui travaillent en métropole. En 2001, ces formations se sont ouvertes à l’international, en Amérique du Nord et en Afrique de l’Ouest. la suite des opérations successives de croissance externe réalisées hors du territoire national, Colas compte aujourd’hui parmi ses troupes de nombreux collaborateurs étrangers, dont plus de 7 000 pour les seules filiales américaines et canadiennes. Partant de ce constat, comment A développer un sentiment d’appartenance à ROUTES numéro 12 un même groupe, comment favoriser les synergies et créer de véritables réseaux d’échanges entre les différentes entités ? «La question s’est posée de manière cruciale dès lors que Colas a commencé à pérenniser son développement hors de ses frontières, rappelle Philippe Tournier, DRH international pour les directions internationales Est et Ouest. Nous avons alors imaginé d’exporter dans nos PILOTAGE Tendances filiales étrangères nos formations hexagonales, en les adaptant aux contextes locaux en fonction de leurs besoins : l’annonce de la mise en place de ces formations internationales qui s’inspirent des Universités Colas a été officiellement faite lors des Rencontres Colas du printemps 2000.» Premières zones et premiers publics visés : les «project managers» (encadrement travaux) et les «District» ou «regional managers» (chefs d’établissement) d’Amérique du Nord, ainsi que les conducteurs de travaux d’Afrique de l’Ouest. Diffuser la culture Colas en Amérique du Nord Aux Etats-Unis, la première session a réuni 30 participants en octobre 2001, à Savannah (Géorgie). «L’objectif premier était de rapprocher les filiales nord-américaines afin de créer un “réseau” entre les participants, d’apporter à ces collaborateurs une meilleure connaissance du Groupe en les sensibilisant sur ses valeurs, mais aussi son organisation, sa structure et sa vision stratégique, explique Philippe Tournier. La culture Colas occupe une place de choix dans cette formation, notamment le principe de décentralisation en matière de gestion, concept parfois nouveau dans ces contrées.» Les participants ont visiblement apprécié la démarche du Groupe, et la prochaine session, programmée pour le mois de mars 2002, devrait s’enrichir de nouveaux modules portant sur les techniques du Groupe et les questions juridiques. En Amérique du Nord, créer un réseau est un objectif majeur de ces formations. La décentralisation en matière de gestion est nouvelle pour beaucoup de collaborateurs. Transfert de savoir-faire en Afrique de l’Ouest Dans cette zone historiquement imprégnée de la culture du Groupe, la priorité a été donnée au transfert de savoir-faire. «Nous avons constaté qu’il manquait parfois un apport théorique aux conducteurs de travaux, mais surtout qu’il devenait important de transférer les techniques ou “tours de main” entre les générations, reprend Philippe Tournier. Il a donc fallu créer des formations spécifiques à cette région, pour venir en aide à l’encadrement, souvent amené à piloter seul de gros chantiers très isolés.» Concrètement, la session a permis de faire le point sur l’optimisation de l’utilisation du matériel, la préparation et l’organisation des chantiers, les techniques de terrassement, sans oublier la sécurité des collaborateurs, la qualité et les ressources humaines… Pour plus d’efficacité, tout le programme de la première session, qui s’est tenue à Cotonou du 21 au 26 janvier 2002, a été gravé sur CD-Rom afin d’être utilisé directement sur le terrain par les intervenants. Ils pourront ainsi faire partager plus largement ce savoir-faire en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Bénin, au Burkina Faso, au Mali ou dans d’autres implantations du Groupe. Fort des succès engrangés par ces premières sessions à l’international, le Groupe a d’ores et déjà entamé la même démarche dans d’autres pays ou zones géographiques. Le Maroc devrait être prêt pour début 2003, et d’autres sont en projet. Affaire à suivre… ROUTES numéro 12 47 48 CONVENTION DES CHEFS DE CARRIÈRE Nouvelles technologies et souci de l’environnement es 4 et 5 octobre derniers, s’est déroulée, à bord du navire de croisière Sapphire entre Marseille et Ajaccio, la Convention des chefs de carrière. Quelque 250 collaborateurs – pour la majorité des chefs de carrière exerçant leurs fonctions en France mais aussi en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique et en Asie – ont participé à cette manifestation, en présence du président Alain Dupont, des directeurs généraux du Groupe et de présidents de filiales. Cette rencontre avait pour objectif de faire le point sur les nouvelles technologies et réglementations en vigueur dans ce secteur d’activité et de permettre aux participants de se connaître et de discuter de leur métier. L La norme Iso 14001 est l’objectif à atteindre pour les industries du Groupe. Approches réglementaires et techniques en matière de concassage, chargement et transport, automatisation, entretien des ROUTES numéro 12 Georges Aussedat, chargé de mission à l’Union nationale des producteurs de granulats pistes, rentabilité de l’exploitation : autant de sujets présentés et commentés par des collaborateurs du Groupe ainsi que par des représentants de fabricants d’équipements. La question de l’abattage et du choix des explosifs en carrière a posé naturellement celle de l’environnement. Ainsi, l’élimination et le recyclage des déchets propres à la profession, de même que la protection de l’environnement, ont été au cœur des débats. Présente dans tous les esprits : la norme Iso 14001, certification de qualité environnementale dont pourront se prévaloir à l’avenir toutes les industries du Groupe, selon Jacques Chardon, directeur du matériel. «Cette Convention a été l’occasion de confirmer que toutes nos industries ont le souci de la protection de l’environnement, soulignet-il. Dans ce domaine, il y a beaucoup à faire et il vaut mieux être meneur que suiveur.» PILOTAGE Tendances HOCKEY SUR GLACE Une première sportive dans l’Ouest canadien Tous fondus de hockey sur glace, ils se sont retrouvés les 10 et 11 janvier derniers à Alberta pour la première Western Canada Colas Cup, organisée par Everall Construction. Quatre équipes ont été constituées avec les collaborateurs de 14 sociétés Colas implantées dans l’Ouest canadien. Le hockey sur glace est un sport national dans ce pays, et tous les Canadiens soutiennent leur équipe locale. L’ambiance survoltée de ces rencontres sportives y est sûrement pour quelque chose. Ce n’est donc pas surprenant si, pour le seul plaisir du jeu, certains joueurs de Colas étaient partants pour affronter les autres équipes à 1 500 kilomètres de chez eux. Le premier jour de la rencontre s’est soldé par un dîner où chacun racontait ses exploits de la journée et ses faits d’armes passés. Le lendemain, chaque équipe était manifestement déterminée à démontrer sa supériorité. Après une compétition acharnée, c’est l’équipe Wapiti-ACP-Terus qui a remporté la victoire, et la Western Canada Colas Cup lui a été remise avec tous les honneurs. Toutes les équipes sont prêtes pour une nouvelle rencontre l’année prochaine et espèrent bien avoir écrit le premier chapitre d’une très longue histoire… Classement de la première Western Canada Colas Cup 1re place : Wapiti Gravel Suppliers ACP Testing - Terus Construction • 2e place : Everall Construction Ruel Bros. Contracting - Works Alberta D.G.O.C. • 3e place : Standard General Alberta Highway Services • 4e place : DGS Astro Paving Adventure Paving - Pittman Asphalt L.B. Paving - Kentron Construction • ROUTES numéro 12 49 50 INTERNET Bienvenue chez Colas Est C omme au cinéma, une route de campagne, sur fond sonore… Le jour se lève et vous entrez chez Colas Est, sur www.colasest.com. Des photos défilent et illustrent le slogan «Une route plus belle, plus sûre…», avec des effets de zoom sur les mots. La carte de France se dessine et délimite la région Est. Des photos de chantiers viennent s’ajouter à ce très bel ensemble. La navigation s’opère en cliquant simplement sur «Colas». Une barre de sommaire donne accès à des rubriques conviviales et très fournies. Interactive, précise, la carte géographique présente la région et les activités de la filiale. Dans la rubrique «Actualité», l’expertise de Colas Est est très bien mise en scène, sur des écrans qui s’estompent. La gamme de produits high-tech se décline en images, avec présentation technique et références. Pratiques, des e-mails «prêts à l’emploi» ponctuent les rubriques consacrées aux ressources humaines. Rien n’est figé, les photos se succèdent. Beaucoup de dynamisme se dégage de l’ensemble, ainsi qu’une volonté affichée d’informer et de communiquer. Visite panoramique des Carrières Roy S ur www.carrieresroy.com, une présentation claire et détaillée permet à tout visiteur de mieux connaître les sites, les hommes et les produits des Carrières Roy. Avec six entrées possibles (carrières, process, produits et services…), on peut tout savoir, ou presque, sur la société et ses activités. La grande originalité du site est l’animation Flash qui permet de visionner les carrières de la Noubleau et de la Gouraudière à 360 ° : une visite guidée comme si vous y étiez. Le process d’exploitation et ses différentes étapes sont ainsi illustrés. Même un néophyte peut comprendre le déroulement des opérations d’extraction et la destination ROUTES numéro 12 PILOTAGE Tendances Sacer surfe sur Internet S ur un fond en deux teintes pastel, Sacer invite l’internaute à «aller plus loin» sur www.sacer.fr. Avions, tramways, camions et engins de chantier stylisés défilent sur la page d’accueil. Le sommaire décline ses rubriques : «D’hier à aujourd’hui», «Produits» et «Sacer recrute». Les photos des réalisations régionales et du laboratoire d’essais des matériaux apportent un plus sur le plan esthétique. Chacune d’elles ouvre l’accès aux différentes activités de Sacer, toujours illustrées par un exemple de réalisation. Le cheminement est simple et permet une navigation aisée d’une rubrique à l’autre. Une série de cartes de France permet de visualiser les implantations des agences par région. La gamme développée des produits Sacer, avec description, domaine d’utilisation et photos de chantiers, constitue la finale des produits. Il prend conscience du souci environnemental qui anime en permanence les exploitants. Dans la rubrique «Qui sommes-nous ?», les Carrières Roy affichent la transparence : évolution des chiffres d’affaires des cinq dernières années, effectifs et organigramme. Cette entrée donne la possibilité d’une relation directe avec les différents dirigeants de l’entreprise par courrier électronique. Après consultation de «Références», qui présente un large éventail des savoir-faire de l’entreprise – du ballast aux hippodromes, en passant par les autoroutes – il suffit d’un simple clic pour contacter le responsable commercial de la région. vitrine du savoir-faire de la société. Une animation à base de portraits affirme haut et clair la priorité de la sécurité et l’importance de la place des hommes dans l’entreprise. Le poste d’enrobage, le front de taille, l’installation microgranite et le stock ballast… La visite à 360 ° des carrières permet de comprendre le déroulement des opérations d’extraction. ROUTES numéro 12 51 52 Des conteneurs comblent une brèche à Madagascar AVANT Des pluies ravageuses emportent un axe routier stratégique La RN 7 est en effet l’unique route qui relie la capitale à la ville de Tuléar, au sud de l’île, à 900 km de distance. C’est également par cette voie que circule toute la production d’Antsirabé, la principale ville industrielle de province, vers Antananarivo. Il faut donc réaliser très rapidement une déviation pour permettre aux camions de circuler en attendant la réouverture de la route principale. L’économie du pays se trouve paralysée Janvier 2001. Une partie de la route s’effondre sur la nationale 7, à 120 km d’Antananarivo, la capitale de Madagascar. Résultat : une brèche de 30 mètres de longueur et de 30 mètres de profondeur. Un effondrement dû aux fortes pluies qui ont grossi le ruisseau qui file sous la route par un dalot vieux de cinquante ans. Ce dernier, emporté par la masse d’eau, a entraîné avec lui la chaussée, qui ROUTES numéro 12 servait aussi de digue. Pour l’économie de ce pays, déjà durement touché par la pauvreté, il s’agit d’une véritable catastrophe. Devant la gravité de la situation, un représentant technique de la Communauté européenne propose une aide d’urgence et envoie un rapport à Bruxelles sur les incidences de la coupure de la route. Le budget est débloqué en moins d’une journée. Colas propose alors une solution technique d’urgence originale et une mobilisation immédiate pour résoudre le problème en moins d’une semaine. 53 PILOTAGE 45 avant/après APRÈS Une route Nord-Sud réhabilitée Le lieu choisi pour la déviation se situe juste à côté de la brèche. A cet endroit, le cours d’eau est plus étroit. Du fait de la pénurie de ponts provisoires sur l’île, les équipes Colas ont dû innover. L’astuce : deux conteneurs. Renforcés de l’intérieur par des profilés en acier et les portes supprimées, ils vont faire office de dalots préfabriqués. Colas a été très disponible Malgré la pluie, une trentaine d’ouvriers travaille jour et nuit, avec bulls, pelles et chargeurs, pour réaliser les 6 000 m3 de déblais nécessaires au positionnement des conteneurs au fond de la rivière et pour achever les 9 000 m3 de remblais. Au sixième jour, l’enduit bicouche est mis en place sur la couche de base. Une fois terminée et inaugurée par le président de la République malgache, la déviation a permis la reprise du trafic entre le nord et le sud du pays, avec le départ des 2 000 véhicules bloqués de part et d’autre de la brèche. Adjudicataires de la réparation définitive de l’ouvrage, les équipes de Colas Madagascar se sont ensuite attachées à la reconstruction de la nationale. Les travaux ont commencé en novembre 2001 et ont duré trois mois. Leur première tâche a consisté à aménager la digue. Un ouvrage hydraulique en béton armé remplace le vieux dalot. Là encore, les équipes de Colas ont dû mettre de gros moyens en œuvre pour terminer les phases critiques du chantier avant la saison des pluies qui débute en décembre. Des urgences semblables sont à prévoir A n’en pas douter, des routes seront encore coupées sur l’île aux prochaines saisons des pluies. La déforestation de Madagascar a pour effet de détruire la végétation qui ralentit d’ordinaire le ruissellement des eaux de pluie. En cas de fortes précipitations, la montée des eaux est instantanée. Or, les ouvrages existants n’ont pas été dimensionnés pour y faire face. Le pays s’est doté récemment de ponts provisoires, mais il est fort probable que la «solution conteneurs» permettra de résoudre encore d’autres situations d’urgence, dans certaines régions reculées de Madagascar. ROUTES numéro 12 54 Colas parmi les leaders nord-américains Début avril, une convention a rassemblé en Floride tous les managers de Colas Amérique du Nord. Une occasion pour Routes de rappeler la stratégie nord-américaine du Groupe. Enquête sur Colas version USA. ROUTES numéro 12 PILOTAGE Dossier C olas a commencé à prendre pied en Amérique du Nord dans les années 60. Au fil des ans, les acquisitions se sont multipliées. Aujourd’hui, le Groupe réalise 23% de son activité dans cette zone géographique, soit plus de la moitié de son activité internationale. Au total, en 2001, les treize filiales ont généré un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de dollars. «La réussite de Colas en Amérique du Nord – assez exceptionnelle pour une société française – est sans doute due à deux facteurs, observe Dominique Léveillé, senior vice-président et CFO de Colas Inc. Tout d’abord, prudents, nous avons pris le temps de comprendre le marché. Par ailleurs, nous avons toujours respecté l’identité et la personnalité des sociétés que nous rachetions, dont certaines ont aujourd’hui plus de cent ans d’existence.» Consolider et développer une présence forte Depuis 1989, l’expansion s’est accélérée, avec le rachat, chaque année, de plusieurs sociétés. Résultat de cette stratégie : Colas est aujourd’hui implanté dans 23 Etats américains et dans 7 provinces ou territoires canadiens. «Nous avons construit notre développement selon deux axes, explique Michel Roullet, président de Colas Inc. D’abord en cherchant à consolider des sociétés existantes, comme nous l’avons Pose de canalisations en centre-ville, à Montmagny, au Canada. fait récemment en Virginie en rachetant Branscome. Ensuite, en créant, tous les deux ou trois ans, un nouveau pôle opérationnel dans des zones où nous n’étions pas encore présents, comme en Alaska, avec Colaska.» Cependant, malgré cette présence forte, le losange jaune de Colas reste discret. Les sociétés rachetées conservent leur identité et ne répondent par conséquent jamais aux appels d’offres sous le nom du Groupe. En bref, le développement nord-américain de Colas repose sur un juste équilibre entre décentralisation des responsabilités et diffusion des valeurs Colas. «En intégrant le Groupe, les différentes sociétés adoptent l’organisation Colas classique, avec un président et trois adjoints, administratif et financier, personnel, matériel», explique Dominique Léveillé. Un marché atomisé et très concurrentiel Ce dispositif est sans aucun doute le plus efficace pour attaquer un marché ➤ ROUTES numéro 12 55 56 Le rendez-vous d’Orlando La deuxième Convention Colas Amérique du Nord, intitulée «World-class expertise, North American know-how», a eu lieu en Floride, à Orlando, les 4, 5 et 6 avril. Elle a réuni les managers des 13 filiales nordaméricaines du Groupe, soit une trentaine de collaborateurs par société, autour d’un thème principal, celui du cadre de travail et de vie des équipes Colas dispersées sur le continent. «Entre l’Alaska, le Wyoming ou ROUTES numéro 12 la côte Est, les conditions de vie et de travail sont très différentes, explique Daniel Ducroix, P-dg de Sintra, qui était en charge de l’organisation de la Convention. Nous avons voulu montrer que l’histoire, la culture et la façon de travailler varient énormément selon les régions où Colas est implanté. C’était une façon de mieux se connaître.» Cette Convention a été aussi l’occasion de partager les valeurs de Colas et de faire souffler un vent d’unité en Amérique du Nord. Rénovation de King Street, à Sherbrooke, au Québec. Ce chantier a été mis en œuvre par Sintra. très atomisé. «Malgré des consolidations récentes, le marché reste très peu concentré, observe Michel Roullet. Les trois plus grands acteurs de la route, dont nous faisons partie, ne détiennent que 20% du marché et aucune entreprise sur place ne peut se prévaloir d’une couverture totale du territoire.» Sur ce marché, le premier du monde, la compétition est féroce et c’est presque systématiquement le moinsdisant qui remporte l’appel d’offres. Le prix est donc un critère décisif. La plupart des clients sont des autorités publiques représentant les différents PILOTAGE Dossier Quelques faits et chiffres Production annuelle (chiffres 2001) : 21 MT d’enrobés produits dans 216 postes d’enrobage, 25 MT d’agrégats (1 milliard de tonnes de réserves), 460 000 m3 de béton prêt à l’emploi produits dans 30 centrales. Matériel : Plus de 14 000 engins, dont 300 finisseurs, 650 chargeurs et 1 200 compacteurs. niveaux de l’administration, Etat fédéral, Etats, comtés, municipalités, mais ce sont aussi des acteurs privés issus de l’industrie ou de la grande distribution. «Avec le retard pris ces dernières années, les routes sont aujourd’hui un secteur relativement favorisé par les budgets publics, surtout aux Etats-Unis, se réjouit Michel Roullet. Depuis cinq ou six ans, on a vu se développer une politique fédérale forte pour aider les Etats à rénover et à étendre leur réseau routier.» De ce fait, la conjoncture est plutôt favorable. Ce qui n’empêche pas Sécurité : L’Amérique du Nord a remporté, trois années de suite, le trophée Colas Woodpecker. Le Pivert a en effet été remis à Terus en 1998, à Sloan en 1999 et à Sully-Miller en 2000. En 2001, trois sociétés n’ont pas connu d’accident avec arrêt de travail. Il s’agit de Terus, HRI et Works Alberta. les différentes sociétés du Groupe d’être confrontées, comme ailleurs dans le monde, à quelques difficultés de recrutement. «Depuis une dizaine d’années, le phénomène s’accentue», note Michel Roullet. L’un des thèmes abordés lors de la Convention d’avril ➤ En haut : Beaver Stadium, en Pennsylvanie, construit par HRI. Ci-contre : construction de l’autoroute 441, en Géorgie. ROUTES numéro 12 57 58 Branscome : bienvenue chez Colas Dernière société à avoir rejoint le giron de Colas, en février 2001, Henry S. Branscome Inc. est une société familiale créée en 1956. Cette entreprise opère dans un rayon d’une centaine de miles autour de Williamsburg, dans le sud-est de la Virginie. Branscome a une double activité de construction de routes et de production de sable, gravier et béton prêt à l’emploi. Les 400 collaborateurs ont réalisé un chiffre d’affaires de ROUTES numéro 12 70 millions de dollars en 2001. «L’approche de Colas nous a intéressés parce que le Groupe laisse une grande marge de manœuvre à ses sociétés lors des acquisitions, explique Roy Turman, le président de la filiale. Bien sûr, l’intégration nous a demandé des adaptations sur le plan comptable, mais elle n’a modifié ni notre façon de travailler ni notre approche commerciale sur le terrain et encore moins notre personnalité !» Construction de l’Interstate75, à Tifton, en Géorgie, par les équipes de Reeves. ➤ a donc été celui des ressources humaines, devenu un véritable enjeu pour consolider l’avenir. «Nous avons voulu, lors de cette convention, faire prendre conscience à chaque responsable local que le recrutement fait aussi partie de ses priorités quotidiennes», explique Philippe Tournier, directeur du personnel pour l’international. Sur ce terrain, Colas, avec son Université et sa politique de promotion interne, est plutôt bien placée par rapport à ses concurrents. Il ne reste plus qu’à le faire savoir aux jeunes Américains et Canadiens qui entreront demain sur le marché du travail… ■ PILOTAGE Dossier 19 23 21 22 5 20 4 13 3 11 12 10 6 2 17 8 18 1 7 15 14 9 16 Les sociétés du Groupe en Amérique du Nord Aux Etats-Unis : 1 2 3 4 5 6 New Jersey Barrett Paving Materials 9 Arkansas Delta Companies Inc. Ohio Barrett Paving Materials 10 Illinois Michigan Midwest Michigan 11 Wyoming New York Midwest Michigan 12 Nebraska Maine Midwest Michigan 13 Dakota du Sud Pennsylvanie Pennsylvania Construction Group Inc. IA Construction Corporation HRI Inc. 14 Caroline du Sud 7 Maryland IA Construction Corporation 8 Missouri Delta Companies Inc. Delta Companies Inc. Simon Contractors Simon Contractors Simon Contractors Sloan Construction Company Inc. 15 Caroline du Nord Nello L. Teer Company Reeves Construction Company 16 Géorgie Sloan Construction Company Inc. 17 Virginie Nello L. Teer Company Branscome Inc. 18 Californie Sully-Miller Contracting Company 19 Alaska Colaska 20 Washington Colaska Au Canada : 21 Québec Sintra Inc. 22 Alberta DGOC Ltd. Terus Construction Works Alberta 23 Colombie britannique Terus Construction ROUTES numéro 12 59 TRAJECTOIRES 60 Elle est chauffeur de camion, elle est adjointe au chef de service carrières, elle est sérigraphe, elles sont commerciales, elle est assistante de direction, elle est conductrice de travaux… Toutes réinventent chaque jour leur métier et emmènent Colas au bout de ses projets. Portraits de femmes. ROUTES numéro 5 TRAJECTOIRES Une femme au volant ! Nathalie Delpechin, chauffeur de camion, France ne jeune femme blonde au volant d’un semiremorque… Nathalie Delpechin roule sur son Kerax pour Cosson, depuis quatre ans. «Un 38 tonnes», dit-elle en riant. «Les camions, pour moi, c’est une passion. Ici, je réalise un rêve. C’est d’ailleurs une histoire de famille : toute petite déjà, j’allais sur les camions avec mon père, qui a travaillé vingt-huit ans chez Cosson.» Voilà pourquoi Nathalie connaît bien tout le monde. Elle est la seule femme à exercer ce métier chez Cosson et elle assume : «Je ne supporterais pas l’idée de faire moins bien que les hommes.» Une vraie professionnelle, qui inspire beaucoup de respect à ses collègues masculins. Arrivée à 5 h 45 au dépôt de Roissy, café pour tous pendant que les camions chauffent. A 6 heures, Nathalie prend son carton de journée et c’est parti ! Assise à 1,50 mètre U France «Ici, je réalise un rêve. Mais je ne supporterais pas l’idée de faire moins bien que mes collègues masculins.» de hauteur, elle effectue tranquillement ses rotations au volant de son 12 mètres. Quand la journée est finie, elle prend avec satisfaction la mesure du travail accompli sur le chantier. «Les hommes ont un bon esprit ici, je crois qu’ils m’apprécient, mais ils me laissent me débrouiller», affirme-t-elle d’une voix décidée. Elle accepte quand même de temps à autre un coup de main pour nettoyer la benne. Nathalie aime son camion, elle en prend soin et l’agrémente de photos de famille. Il est connu d’ailleurs. A Noël, on le voit de loin, décoré d’un sapin scintillant avec des lumières rouges et vertes. Le must pour Nathalie serait un jour de conduire un Scania… ROUTES numéro 12 61 62 Une vraie passion pour les pierres Marie-Agnès Lebeau, adjointe au chef de service carrières, France asser autant de temps sur le terrain qu’au bureau était important pour MarieAgnès Lebeau, lorsqu’elle a dû faire un choix professionnel : titulaire P France ROUTES numéro 12 d’un DESS génie géologique, elle est aujourd’hui adjointe au chef de service carrières chez Screg SudEst, où elle avait réalisé son stage de fin d’études. «Je conseille les agences en matière de carrières, aussi bien sur le plan de la technique que sur les aspects législatifs et réglementaires, explique Marie-Agnès. Ainsi, une grande part de ma mission réside dans le montage et le suivi de dossiers, pour les demandes d’autorisation d’extraction de matériaux et l’utilisation des installations de concassage.» MarieAgnès est également chargée d’analyser les sites proposés par les agences pour établir de futurs centres de tri et d’enfouissement techniques qui accueilleront très bientôt les déchets inertes du BTP en vue du recyclage. Les demandes d’autorisation réclament d’épais dossiers qu’elle constitue en se rendant sur le terrain, puis qu’elle défend devant les Drire, la Diren ou les collectivités locales. Voilà qui réclame de solides connaissances d’exploitant et de juriste, un esprit de synthèse, ainsi qu’une bonne dose de diplomatie. Autre facette du métier de Marie-Agnès : elle participe à l’évaluation des gisements de carrières visés par Screg Sud-Est. «J’analyse leur situation administrative ainsi que leur potentiel par rapport aux besoins du marché», explique-t-elle. De Nice à Perpignan, en passant par les Alpes et l’Auvergne, MarieAgnès parcourt tout le sud-est de la France au gré des demandes. «A 25 ans, je vis mon rêve d’enfant pour le monde minéral…» Et le week-end, elle restaure une ferme du XVIIIe siècle, dans la région lyonnaise, dont la façade est réhabilitée en… pierres apparentes ! TRAJECTOIRES Suivre sa voie en traçant celles des autres Anne-Marie Lorillou, sérigraphe, France voir le coup de main et le coup d’œil, être attentif, soigneux… Voici quelques-unes des qualités indispensables pour exercer le métier d’Anne-Marie Lorillou : la sérigraphie lettre à lettre des panneaux directionnels. Après avoir été vendeuse en pharmacie, Anne-Marie change radicalement de voie en 1978 quand elle entre chez SES, à l’usine de Chambourgsur-Indre (37) : elle découvre, à 30 ans, un autre monde, celui de la route et de l’équipement. Un univers qu’elle connaît très peu. Pendant dix ans, elle va explorer les différentes facettes du métier de la signalisation, avant de rejoindre en 1988 les équipes de la sérigraphie, où elle se distingue très A «Je n’hésite jamais à vérifier un mot dans le dictionnaire.» France vite. Ses collègues la désignent en effet «ambassadrice des meilleurs compagnonsouvriers», pour représenter SES parmi les Compagnons Top Niveau Sacer. Aujourd’hui, AnneMarie avoue toujours une passion pour la sérigraphie : «Malgré l’expérience, il faut rester vigilant et placer la bonne lettre au bon endroit, et surtout ne pas hésiter à jeter un coup d’œil dans le dictionnaire en cas de doute sur l’orthographe d’un mot, explique-t-elle. Avec le temps, on reconnaît les cotes sans avoir à les mesurer, on sait tout de suite si la hauteur d’un panneau n’est pas correcte.» Hier très basiques, aujourd’hui en couleurs et avec un graphisme complexe, les panneaux routiers, touristiques ou de chantier restent d’indispensables balises de l’univers de la route… et de celui d’Anne-Marie. ROUTES numéro 12 63 64 Agir au cœur même des marchés Béatrice Delaire, responsable commerciale, France réer des liens entre les clients et les agences de Colas Sud-Ouest, identifier et anticiper les besoins, savoir se projeter dans l’avenir en tissant un réseau relationnel : pour Béatrice Delaire, le sens du contact humain est un véritable moteur, une seconde nature qui a rythmé tout son parcours professionnel. Après une formation d’ingénieur travaux publics à l’ESIP et des débuts chez Screg, elle C France ROUTES numéro 12 «Il faut souvent faire preuve d’humilité et de psychologie pour cerner les clients.» s’investit cinq ans dans une PME du PoitouCharentes spécialiste des carrières, avant de revenir en 1995 au sein de Colas. D’abord commerciale Emulsions pour quatre départements, en liaison avec l’usine de SaintAstier en Dordogne, elle étend en janvier 2000 son champ d’activité à l’ensemble des grands comptes du Sud-Ouest. «Pour le parapublic et les gros clients privés (bureaux d’études, enseignes de la grande distribution…), il n’existe pas de parution officielle des appels d’offres, explique Béatrice. Nous devons donc nous tenir au courant des affaires à venir. Aussi, il est essentiel d’établir un contact de qualité avec leurs services techniques et immobiliers. Nous sommes ainsi consultés sur chaque nouveau marché et nous relayons les informations auprès de l’agence chargée de la négociation.» Un travail de fond qui s’effectue en harmonie avec la direction commerciale au niveau national et conduit Béatrice de La Rochelle aux Pyrénées-Atlantiques, en passant par le Puyde-Dôme et Nevers. Un vaste territoire où elle exerce sans répit son sens aigu des relations humaines. «En matière commerciale, il faut faire preuve de psychologie pour bien cerner le client ; mais aussi d’humilité, car un dossier gagné ne l’est vraiment que lorsque l’affaire est signée.» Basée à Mérignac, Béatrice ne cesse d’accroître son périmètre d’activité puisqu’on lui a confié en mai dernier la gestion commerciale de deux carrières situées en Charente-Maritime. Une nouvelle aventure, nourrie de nombreux contacts, un art que maîtrise avec efficacité Béatrice, sans pour autant négliger son rôle de mère de famille ni sa passion pour le sport. TRAJECTOIRES Aller au-devant de son destin… Farida Lakhlef, commerciale, France tre à l’écoute, savoir se remettre en question, s’adapter et trouver des solutions… A 32 ans, Farida Lakhlef est une jeune femme en quête de mouvement et d’amélioration permanente, qui aime provoquer le destin. Entrée dans le groupe Somaro en 1991 en tant qu’assistante de direction à Boulogne-Billancourt, elle travaille ensuite à l’agence de l’Ile-SaintDenis, ce qui lui donne le goût de l’exploitation opérationnelle. Devenue technico-commerciale en décembre 2000 pour les peintures routières et les revêtements colorés d’Indasco, elle sillonne le grand Est de la France, la Normandie, le Nord et le Centre-Ouest. Architectes, communes, PME de travaux publics, filiales du groupe Colas, parcs de l’Equipement, conseils généraux…, les clients sont nombreux, les besoins en conseil et en assistance technique aussi. Ce qui va bien audelà de l’aspect purement commercial de son métier. «Il est important de bien E France «Je fais souvent des démonstrations : les clients aiment connaître la méthodologie de mise en œuvre de nos produits.» connaître la fabrication qui est effectuée en usine. Je n’hésite jamais à faire une démonstration lors de la mise en œuvre chez le client, en mettant baudrier et cotte. Le client souhaite toujours maîtriser la méthodologie de l’application de chacun de nos produits.» Peintures à l’eau ou solvantées, revêtements colorés ou spéciaux, nombreux sont les besoins exprimés par les clients et auxquels Farida porte une attention toute particulière. Essais du laboratoire de l’usine de Rouen à l’appui, ses propositions sont multiples et varient selon les conditions climatiques à respecter, les exigences écologiques, la spécificité du matériel utilisé… «Pour satisfaire un client, il faut maîtriser tous les paramètres et lui offrir la solution optimale.» Pour Farida, Indasco est un fabricant et un fournisseur, mais aussi un partenaire technique qui accompagne ses clients de l’avantprojet à la réalisation finale des travaux. ROUTES numéro 12 65 66 Spécialiste des chantiers lilliputiens Valérie Donnedevie, conductrice de travaux, France rmée d’un BTS en travaux publics, Valérie Donnedevie entre chez Surbeco en 1990 comme aide conductrice de travaux. «Non seulement nous étions très peu de femmes dans cette formation, A France ROUTES numéro 12 se souvient-elle, mais la plupart ont rejoint des bureaux d’études. J’ai pour ma part choisi le terrain.» Aujourd’hui, cette jeune conductrice de travaux œuvre principalement pour EDF et Gaz de France dans tout le nord de Paris. Dix équipes, soit une quarantaine de personnes, travaillent sous sa direction pour des opérations de terrassement en milieu urbain. «Nous assurons la pose des câbles et canalisations, ainsi que la plomberie quand il s’agit de raccorder un particulier au réseau. En ville, nous travaillons “à la petite cuillère” : ce sont des chantiers lilliputiens ; il faut donc des petits engins, spécialement adaptés à un sous-sol encombré par les conduites déjà existantes.» Une partie des interventions de l’agence canalisations de Surbeco concerne les «petits trous». Les équipes sont mobilisées 24 heures sur 24 et 365 jours par an pour réaliser des travaux de terrassement en cas de fuites ou de pannes. Le sous-sol de l’Ilede-France réserve parfois des surprises : il n’est pas rare que les équipes tombent sur un os, au sens propre du terme ! Mais Valérie n’oublie pas pour autant son rôle commercial : «Je suis environ soixante clients. Nous opérons sur des marchés qui peuvent durer deux ans. Il faut tout planifier, tenir compte des exigences particulières de la voirie, mais aussi de la police.» Valérie semble particulièrement à l’aise dans ce milieu très masculin, mais elle pense aussi à l’avenir. «Travailler dans les travaux publics, c’est souvent épique! affirme-t-elle. Je pense, un jour, devenir enseignante dans les TP et, pourquoi pas, en province. Car je crois qu’il est important de transmettre son savoir-faire.» TRAJECTOIRES Entre communication et action Martine Reymonet, assistante de direction, France ’est en 1973 que Martine Reymonet fait son entrée chez Colas en qualité de comptable à la direction régionale d’Annecy, puis à l’agence de Bonneville. Une occasion lui permet de rejoindre l’équipe de la formation au siège Colas. Martine n’en a pas oublié pour autant sa connaissance du terrain. Cette Bretonne d’origine (de Fouesnant, pour les connaisseurs) et de cœur a toujours su voir venir les changements de cap. Elle vit ainsi à 100% la modernisation et l’informatisation de Colas lorsqu’elle met en place le contrôle de gestion. Ce métier lui a permis de mieux comprendre l’entreprise et de développer rigueur et sens de l’organisation. Souhaitant évoluer encore, elle devient en 1982 secrétaire du directeur des ressources humaines du Groupe, puis, deux ans après, assistante de direction de Colas Ile-de-FranceNormandie. C Elle a travaillé avec trois P-dg très différents : «C’était un nouveau poste à chaque fois. J’ai dû m’adapter aux personnalités de chacun, à leurs méthodes de travail et à leur façon de gérer leurs équipes.» Un poste discret qui requiert une organisation impeccable associée à une souplesse de contorsionniste ! Une discrétion de tous les instants, mais aussi un grand sens de la communication et une grande capacité d’écoute… «Ce rôle de plaque tournante et la variété des tâches et des contacts sont passionnants, souligne Martine. Il faut s’intéresser à la vie de l’entreprise, et surtout savoir garder son dynamisme dans les périodes stressantes pour aller à l’essentiel. Quand le binôme fonctionne bien – et c’est toujours le cas ! – je vais travailler avec plaisir, car chaque journée est une nouveauté.» «Chaque directeur a une personnalité et une méthode de travail différentes de celles de son prédécesseur. C’est un nouveau poste à chaque fois.» France ROUTES numéro 12 67 68 INTERVIEW Robert Del Picchia : revenir à des relations fondées sur la confiance Elu en 1998 sénateur RPR représentant les Français expatriés, Robert Del Picchia est membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. A l’initiative du président Poncelet, les sénateurs effectuent des journées en entreprise pour mieux connaître leur fonctionnement. V otre stage chez Colas les 29 et 30 novembre derniers était-il votre premier stage en entreprise ? Non, j’ai effectué en 2000 un stage dans la société Amazon, nouvellement implantée en France. J’étais intéressé de voir comment fonctionnait cette nouvelle société de vente sur Internet qui a un grand impact aux Etats-Unis. Connaissiez-vous le Groupe avant cela ? Je connaissais bien sûr Colas avant cette date mais pas dans les détails. C’est un nom célèbre sur les ROUTES numéro 12 routes de France… Mais je connaissais aussi Colas pour avoir rencontré des cadres de la société lors d’entretiens avec les responsables économiques français, lors de mes nombreux voyages à l’étranger à la rencontre des Français expatriés. Le métier de constructeur de routes a-t-il été pour vous une découverte ? Oui, il s’agissait pour moi d’une vraie découverte. Je savais que cette spécialité était différente de la construction traditionnelle, mais je ne m’imaginais pas tout ce que cela comportait. RENCONTRES Quelle impression avez-vous retirée de votre visite au laboratoire central de Magny-les-Hameaux, premier centre de recherche au monde dans le domaine de la route et des TP ? J’ai été très impressionné. D’abord, j’étais loin de penser que la construction de routes nécessitait des études aussi poussées des matériaux et des méthodes. J’ai vu un centre moderne, très perfectionné, étonnant dans sa diversité d’innovation. J’ai senti une forte volonté de création, dans un souci constant d’améliorer la qualité du revêtement, les techniques de construction et la sécurité. Imaginiez-vous que le métier de constructeur de routes était aussi technologique ? Absolument pas. Pour moi, la construction d’une route consistait tout simplement à étaler du bitume. J’ai découvert un autre monde, très technique, et supposant des calculs poussés. Les tests au centre de recherche relèvent de la haute technologie, chimique et physique. J’ai été réellement surpris par la capacité de la société en termes de recherche, et même d’«invention» d’instruments ou de machines destinés à améliorer la qualité de la fabrication et la sécurité des produits. Rien d’étonnant à ce que ce centre soit «champion du monde» dans sa spécialité… Vous avez également visité une installation de recyclage de matériaux en région parisienne… J’ai en effet découvert sur ce site comment les déchets industriels étaient recyclés, après les opérations de concassage et de tri ; et j’ai été bluffé de voir qu’un amas de béton, de poutres, de barres métalliques venant de la démolition pouvait être transformé en matériau très fin, réutilisable dans la construction de routes ou sur d’autres chantiers. C’est vraiment un procédé d’avenir, preuve qu’il existe bien en France une industrie écologique… Ce recyclage est bon pour l’environnement, mais en plus, il favorise l’approvisionnement en matériau dans des régions où celui-ci fait naturellement défaut et où il faut le faire venir de carrières ou gravières éloignées, avec les problèmes de transport que cela comporte. En fait, sans jeu de mots, on fait d’une pierre deux coups… Avez-vous pu rencontrer, lors de votre stage, des collaborateurs du Groupe ? Oui, de tous niveaux hiérarchiques. Et ceux que j’ai rencontrés m’ont séduit par leur engagement pour l’entreprise et pour leur métier. Ils ont tous à cœur de «faire avancer les choses» pour les améliorer. Ce sont des qualités exemplaires pour le bon fonctionnement d’une entreprise. J’ai été intéressé aussi par l’organisation de Colas, tant en France qu’à travers le monde. Je trouve astucieux de conserver la marque d’origine après acquisition. Et très sage de laisser à chaque cadre supérieur ses propres responsabilités. Je me suis aperçu que, chez Colas, l’organigramme est très large à la base, et la pyramide relativement basse. Quelle est votre impression globale sur ces deux journées en entreprise ? Ces deux jours ont été très profitables pour ma connaissance de l’entreprise. Ils m’ont permis de la connaître de l’intérieur, et d’avoir ainsi une vision différente d’une entreprise française qui fait la renommée de notre pays et participe à sa force économique. De plus, bien que je sois un Européen convaincu, je suis fier de voir une belle route portant l’étendard du losange jaune de Colas. Je le suis encore plus quand je le vois à l’étranger. Quelles «leçons» pouvez-vous en tirer ? Ce stage devrait permettre de mieux appréhender les préoccupations des entreprises. Pour ma part, j’ai compris certaines préoccupations de Colas, mais aussi, de façon plus générale, des entreprises. Un exemple : de nombreuses sociétés Colas sont pénalisées par les retards dus aux transports, en particulier sur le réseau SNCF car les chantiers sont retardés. La situation est paradoxale : on se donne pour objectif de déplacer le trafic routier vers le rail. D’accord sur le principe, mais à condition que le rail fonctionne! Ce schéma est d’ailleurs valable pour beaucoup d’entreprises. Autre exemple : il me paraît nécessaire d’améliorer la relation entre sociétés et élus. On peut déplorer le climat de suspicion qui plane sur les procédures d’appels d’offres, pour lesquelles une simple rencontre entre un élu et le représentant d’une société suffit à instaurer un climat de méfiance. Chacun a peur d’être soupçonné d’avoir une certaine influence ou d’en rechercher une. Je pense qu’il faut bannir cela et retrouver des relations saines, dénuées de suspicion. Enfin, il faudrait demander au directeur général de Colas qui est venu faire son «retour» de stage au Sénat s’il a pu retirer des éléments positifs des entretiens qui y ont été organisés. En tout cas, je l’espère ! ROUTES numéro 12 69 70 FONDATION Masayuki Kaï : «Colas construira peut-être des routes sur d’autres planètes !» que la terre chère à Cézanne révèle ses secrets à travers mes œuvres. Depuis lors, je n’ai plus travaillé qu’avec des matières naturelles qui ont donné lieu à différentes séries : Pluie, Cerf-volant, Solarisation, dans lesquelles mes toiles ont subi l’action des éléments. L’eau, l’air, le feu et la terre, les quatre éléments fondamentaux, sont pour moi d’éternelles sources d’inspiration. Dans le cadre de la Fondation, vous avez été sélectionné pour réaliser un tableau sur le thème de la route. Que vous a inspiré ce thème ? Colas façonne le sol pour bâtir des routes et relier les hommes. Mon travail s’en est inspiré : j’ai creusé la terre pour composer une œuvre que je souhaiterais universelle, la planète Colas. Vous vivez en France depuis vingt-six ans. Comment le public français apprécie-t-il votre peinture ? Venu en France pour faire mes études aux Beaux-Arts de Marseille, j’ai reçu le Grand Prix du Festival international de Cagnes-sur-Mer, ce qui a largement contribué à élargir ma notoriété dans ce pays. Le public français me semble être très ouvert au travail d’artiste étranger, bien sûr également à mes expériences. Mon œuvre joue sur la juxtaposition de matériaux propres à évoquer la nature, un thème universel qui rassemble les hommes. Vos œuvres Enterrer résultent d’une technique très particulière : l’enterrement d’un tissu jusqu’à sa décomposition, puis la création d’une œuvre avec les morceaux de tissu restants. Comment avez-vous eu l’idée de cette technique ? J’ai enterré pour la première fois, en 1981, un morceau de tissu à Aix-en-Provence, souhaitant ROUTES numéro 12 Votre technique relève-t-elle d’une démarche environnementale ou de la volonté de vous rapprocher de la culture japonaise dans laquelle la nature est omniprésente ? J’ai toujours pensé que je faisais partie de la nature et que la nature faisait partie de moi. A travers mes œuvres, je cherche à illustrer les préoccupations du monde contemporain et les relations entre l’homme et la nature. Ma palette est largement constituée de matières naturelles comme la terre, la pluie, le soleil ou le temps… Bien sûr, la culture japonaise influence également mon travail. J’ai d’ailleurs réalisé plusieurs œuvres en utilisant une algue comestible japonaise que l’on appelle nori. Quelle dimension symbolique dégagezvous de l’œuvre réalisée pour la Fondation Colas ? Pour la commande de Colas, j’ai naturellement voulu donner une dimension symbolique à mon œuvre. J’ai donc choisi, pour enterrer mon morceau de tissu, le site du laboratoire de recherche où sont élaborés les produits routiers Colas de demain. La série sur laquelle je travaille actuellement est résolument tournée vers l’avenir et la possibilité d’appréhender d’autres planètes… Qui sait, peut-être Colas y construira-t-elle les premières routes ! Les Fondations d’entreprise s’engagent dans diverses formes de mécénat culturel. Que pensez-vous de la démarche de Colas, qui a souhaité, grâce à sa Fondation, promouvoir la peinture contemporaine ? Cet engagement est remarquable, car le mécénat en faveur de jeunes artistes peintres demeure trop rare. De plus, l’originalité du principe de la commande permet aux artistes de s’exprimer tout à fait librement malgré le thème imposé. Remerciements PHILIPPE BOYER, SOPHIE BIENFAIT, ALAIN BOURDOIS, ALBERT LEFRET, FRÉDÉRIC ROUSSEL, BERNARD GAILLARD, FLORENCE LANNES, YOUSSEF BOUSSAÏD, BRUNO BLANC, JAN SKOREPA, LOUIS GABANNA, BRUCE RIESER, JEAN VIDAL, MARC PÉRONNET, DENIS PAGOT, JAMES WEEKS, MARIE-NOËLLE MACÉ, PHILIPPE TOURNIER, JACQUES CHARDON, SÉGOLENE CALAIS, ANDRÉE DE RIDDER, FRANÇOIS CHAIGNON, MARIE-PAULE GEOFFROY, BÉRENGÈRE GENOUX, MÉLISA RUHLMANN, AURÉLIE GERMANY, FRANÇOISE COUEGNAS, TRACEY HOFHEINZ. ROUTES Magazine du groupe Colas, 7, place René-Clair, 92653 Boulogne. Tél. : 01 47 61 75 00. www.colas.com. ISSN : 0988-6907. Directeur de la publication : Alain Dupont. Directeur de la rédaction : Hervé Garnier. Rédacteur en chef : Pascale Dubois. Rédaction : Colas, Angie. Crédits photos : Colas, G. Mauduit Lecomte, J.F. Galeron, P. Lesage, W. Choroszewski, M. Hamdan, C. Ceccaldi, P. Quennehen, J. Bertrand, Cosmos/J. Elk, D.R. Traduction : Nouvel Angle. Conception et réalisation : 0155344600. Masayuki Kaï PLANÈTE COLAS A Hiroshima est née la tragédie contemporaine : un éclair aveuglant, de la pluie noire, une terre brûlée, le chaos du temps et de l’espace… Mais la création ne se limite pas aux contingences humaines et terrestres : pourquoi ne pas imaginer des objets qui appartiendraient à des êtres vivant sur Mars ? Masayuki Kaï a exposé dans les galeries suivantes : 2002 : Maison de la Culture du Japon, Paris 2001 : City Museum of Contemporary Art, Hiroshima 2000 : Art Space Kan, Kyoto 1999 : Espace RDV, Auvers-sur-Oise 1998 : Christie’s, Londres fondationcolas.com