Routes - Colas

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Routes - Colas
ROUTES
REPORTAGES
Le Pier 400,
un chantier titanesque
Le magazine du groupe Colas
colas.com
numéro 12 / avril 2002
Editorial
2
ALAIN
DUPONT
Une route au Canada
ROUTES numéro 12
ÉDITORIAL
L’ambition de Colas
Notre métier, c’est la route.
Notre rang, c’est le premier.
Notre territoire, c’est le monde.
nos parts de marché sur les socles
déjà performants que sont l’Europe
et l’Amérique du Nord.
Si notre cœur de métier est depuis
toujours la route, celle-ci s’entend
aujourd’hui dans son acception
élargie à la réalisation et l’entretien
de toutes les infrastructures
de transport de personnes et de
marchandises (air, terre, mer, fer),
d’aménagement urbain ou de loisirs.
Ainsi, l’ambition de Colas est celle
d’une entreprise globale.
Notre rang, celui de leader mondial,
nous appelle à une extrême vigilance
vis-à-vis des concurrents dont
la rapidité et la compétitivité ne
doivent jamais être sous-estimées.
Notre rang nous appelle aussi
à des devoirs. Il nous invite
à jouer un rôle moteur, en
particulier en termes d’éthique.
Quant à notre territoire,
nous devons l’accroître à partir
du socle français, notre socle
de référence, conquérir de nouvelles
régions et augmenter sans cesse
Cette ambition s’inscrit dans
un contexte économique, social,
politique et mental, lui aussi global.
Rapidité des progrès technologiques
et expansion d’Internet, nécessité
absolue pour les entreprises
de réaliser un profit optimum (1),
exigences croissantes de la société
civile dans les domaines de l’éthique,
de la sécurité, de la protection
sociale, de l’environnement
et du développement durable…
La mondialisation et le cortège
de bouleversements qui l’accompagne
représentent pour le Groupe un défi
qu’il doit à la fois intégrer et anticiper.
Un défi… mais surtout, une chance.
(1) Objectif de 3% de marge pour le Groupe.
ROUTES numéro 12
3
Sommaire
4
6 à 15
SOUS TOUTES LES LATITUDES
16 à 35
REPORTAGES
Des Etats-Unis au Mali, en passant par le Maroc
et la Belgique…, un rapide tour du monde
des projets, chantiers et réalisations. En images.
36 à 59
PILOTAGE
Tendances
• Management, organisation, structures,
opérations… Six mois de la vie du Groupe.
Avant/après
• Colas comble une brèche à Madagascar.
Dossier
• La stratégie de Colas en Amérique du Nord.
16
Etats-Unis
Le Pier 400,
un chantier
titanesque
sur le port
de Los Angeles
ROUTES
numéro 12
Le Golden Gate,
San Francisco,
États-Unis.
60 à 67
TRAJECTOIRES
Dans l’ombre ou sous les projecteurs,
elles font l’actualité de Colas.
Rencontres avec des femmes du Groupe.
68 à 70
RENCONTRES
• Robert Del Picchia : pour des relations fondées
sur la confiance.
• Masayuki Kaï : des routes sur d’autres planètes.
ROUTES numéro 12
Les bassins de la ferme aquacole, Madagascar.
SOMMAIRE
Le Pier 400, port de Los Angeles, Etats-Unis.
24
France
Sur le circuit Paul Ricard
30
Madagascar
Une nouvelle
ferme d’élevage
de crevettes
à Madagascar
La nouvelle piste du circuit Paul Ricard, plateau du Castellet, France.
ROUTES numéro 12
5
SOUS TOUTES LES LATITUDES
6
Des Etats-Unis au Mali,
en passant par le Maroc
et la Belgique…,
un rapide tour du monde
des projets, chantiers
et réalisations du Groupe.
En images.
ETATS-UNIS
Houston s’équipe en panneaux
lumineux à messages variables
P
as moins de cinquante panneaux
lumineux à messages variables
(PMV) sont arrivés sur le sol américain entre juillet et novembre 2001.
Tout a commencé en janvier 2001 : MIA,
société autoroutière américaine du Texas, passait une commande de cinquante PMV à FDS,
la filiale américaine de SES, avec pour objectif
de réduire le nombre d’accidents de la route à
Houston, l’une des trois villes les plus meurtrières du pays. Particularité de ce contrat : SES
ne disposait que de deux cents jours pour
concevoir, fabriquer, livrer et mettre en service
ces produits. Les premiers conteneurs sont
arrivés aux Etats-Unis par bateau, en juillet.
ROUTES numéro 12
Au total, treize livraisons se sont succédé. Au
fur et à mesure de la réception des colis, six
collaborateurs de FDS mettaient en place les
panneaux sur toutes les autoroutes qui desservent Houston (pose du matériel et lancement
des logiciels de commande).
Ce contrat représentait un véritable challenge. Défi que SES et FDS ont relevé
ensemble. Au-delà des pénalités qui auraient
pu découler du moindre retard sur la commande, l’enjeu pour SES et FDS consistait
surtout à ne pas décevoir le client. En effet,
SES bénéficie d’une forte notoriété aux EtatsUnis et souhaite la conserver en effectuant un
parcours sans faute.
SOUS TOUTES LES LATITUDES
FRANCE
Drainage sur autoroute
E
n 2001, quatre entreprises du
Groupe ont travaillé ensemble sur
un chantier autoroutier. Sacer Sud-
Est, Screg Sud-Est, Colas Rhône-Alpes
et Somaro ont en effet collaboré au renforcement d’un tronçon de 9 km sur l’A 7, entre
Valence et Loriol, dans la région Rhône-Alpes.
Après le rabotage des quatre voies, y compris la bande d’arrêt d’urgence, une couche de
Néoclean a été mise en œuvre. Elle a ensuite
été recouverte d’un béton bitumineux ayant
des propriétés drainantes. Deux produits ont
été utilisés à cet effet : le Drainolastic dans un
sens de circulation et le Sacerflex dans l’autre
sens. L’enrobé drainant est composé de 90%
de gravillons, et sa forte teneur en vides (20%
de vides) permet l’absorption de l’eau sous
l’enrobé. Les projections d’eau sur les véhicules et l’effet brouillard sont ainsi fortement limités par temps de pluie : un grand
progrès pour la sécurité des automobilistes.
Screg Sud-Est, mandataire du chantier, a fait
appel à Somaro pour la fourniture des glissières de sécurité. Réalisé au printemps et à
l’automne 2001, ce chantier s’est déroulé de
nuit, à raison de cinq heures et demie de travail quotidien.
Le trafic est en effet très dense dans cette
zone proche de grandes agglomérations. Cette
collaboration entre différentes sociétés du
Groupe ayant été menée avec succès, les
équipes sont prêtes à renouveler l’opération.
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8
FRANCE
Compostyrène et Scintiflex
s’installent en centre-ville
L
a place Georges-Pompidou est l’un
des organes vitaux de la commune
de Montigny-le-Bretonneux, située
en région parisienne. Donnant accès
au parking souterrain d’un centre commercial
ainsi qu’à un parking réservé aux riverains, bordée d’un théâtre, d’hôtels et de bureaux, cette
place ovale est devenue un lieu de circulation
très important. Le réaménagement complet de
ROUTES numéro 12
la place Pompidou s’imposait donc, pour sécuriser et canaliser le trafic.
Le projet comprenait la création d’un espace
vert, l’amélioration du circuit des véhicules
ainsi que l’installation de bornes de sécurité.
C’est le choix de deux procédés originaux associés, Compostyrène et Scintiflex, qui a permis à
Screg de remporter ce chantier. L’équipe de
Screg Ile-de-France - Normandie a ainsi travaillé
pendant six mois sur cette place, de juillet à
décembre 2001. Après le rabotage de l’ancienne
chaussée, des remblais en Compostyrène ont
été posés. La présence de parkings situés sous la
place rendait nécessaire l’utilisation de ce matériau très léger. Un enrobé Scintiflex a ensuite
été mis en œuvre. Ce procédé, composé à 25%
de miroirs concassés, reflète la lumière et permet de différencier les voies de circulation,
améliorant ainsi sensiblement la sécurité des
passants et des automobilistes. Le chantier luimême a été mené dans le plus grand respect des
normes de sécurité, en veillant notamment à la
protection des piétons et en fermant la circulation le moins longtemps possible.
SOUS TOUTES LES LATITUDES
GRANDE-BRETAGNE
Le Humber Bridge fait peau neuve
A
u nord-est de la Grande-Bretagne,
le Humber Bridge enjambe l’estuaire du Humber. Construit il y a
vingt ans, c’est l’un des plus longs
ponts métalliques suspendus au monde. Ce
type de pont est conçu pour être flexible afin de
résister à la force du vent, aux variations de
température ou encore à l’intensité du trafic
routier. L’amplitude du Humber Bridge peut
ainsi atteindre quatre mètres. Cette flexibilité
nécessite donc une grande souplesse des matériaux utilisés. Après vingt ans d’existence, le
revêtement du tablier requérait une réfection.
La solution retenue : de l’epoxy asphalt, enrobé à
chaud avec liant époxy. L’ancien revêtement est
enlevé au marteau-piqueur et l’acier nettoyé à
cœur, opération très délicate. Après la pose de
la couche d’étanchéité et de l’epoxy asphalt, une
couche antidérapante de Spraygrip est appliquée. Les 38 500 m2 de revêtement sont traités
par étapes, avec un trafic réduit pour les
besoins du chantier à une voie dans chaque
sens au lieu des quatre voies habituelles. Si
cette déviation ne perturbe pas la circulation,
elle provoque en revanche une torsion de
l’ouvrage par le poids des véhicules. Une particularité dont les responsables du chantier
doivent tenir compte.
Malgré des conditions atmosphériques difficiles qui ont ralenti les travaux, la première voie
a été livrée en octobre 2001. La totalité des travaux doit être terminée à l’automne 2002.
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MADAGASCAR
Colas fait le siège
de la Banque mondiale
2 millions de dollars et moins
d’un an de travaux ont été
nécessaires pour faire sortir de terre
le siège régional de la Banque
mondiale à Tananarive, capitale
de Madagascar. Dans ce projet,
Colas pilotait une réalisation tous
corps d’état de haute technicité :
charpente en lamellés-collés,
couverture, menuiseries bois
et aluminium, cloisons, mais
aussi revêtements durs et souples,
aménagements extérieurs et VRD.
Excepté les lots techniques
tels que l’électricité, la plomberie,
la climatisation…, toutes les
prestations ont été réalisées par les
équipes Colas, et les plans de détail
mis au point par le bureau d’études
interne. Lors de la phase finale des
travaux, pas moins de 200 ouvriers
spécialisés du bâtiment s’activaient
sur le chantier. Au total, 1 800 m3
de béton et 2 800 m2 de plancher
sur trois niveaux, pour des
prestations haut de gamme et des
finitions parfaites, conformément
aux exigences du client. La plupart
des matériaux et équipements
de second œuvre ont été
importés d’Europe, des Etats-Unis,
du Canada ou encore d’Afrique
du Sud. Terminé avec deux mois
d’avance en avril 2001, le nouveau
siège régional de la Banque
mondiale a été inauguré en
septembre, en présence du Premier
ministre malgache et du directeur
de la Banque mondiale d’Afrique.
ROUTES numéro 12
MAROC
Une piste
d’atterrissage pour
les navettes spatiales
La piste d’envol de la base
militaire marocaine de Ben
Guérir, située à 70 km au
nord de Marrakech, a refait
peau neuve l’été dernier.
La NASA, gestionnaire de
l’ouvrage, peut être amenée
à utiliser cette base comme
piste de secours, en cas
d’atterrissage forcé de la
navette spatiale américaine.
Plusieurs aéroports
militaires, répartis sur toute
la planète, sont ainsi
à la disposition de la NASA.
En cas d’avarie, la navette
largue ses réservoirs et se
dirige vers la piste la plus
proche. A Ben Guérir,
La Route Marocaine et BRS
ont procédé au rabotage
du revêtement existant
qui s’était fissuré. Puis
un nouvel enrobé a été mis
en œuvre sur une longueur
de 4 266 mètres. Les travaux
ont duré un mois, pendant
l’été 2001, faisant suite
à plus de six mois de négociations et de préparation.
Deux filiales du Groupe
ont également apporté
leur collaboration
à ce chantier : Erco,
pour le rabotage, et Vialis,
pour la signalisation.
Une nouvelle preuve que la
force de Colas réside dans
la richesse de son réseau.
SOUS TOUTES LES LATITUDES
FRANCE
Une adhérence à toute épreuve
R
éduire le nombre d’accidents en
augmentant l’adhérence du revêtement : telle était l’exigence du
client pour sécuriser une portion de
l’autoroute A 6 située à l’entrée de Lyon avant
le raccordement au périphérique nord. Le trafic routier y est très dense : jusqu’à 50 000 véhicules par jour dont une quantité non négligeable de poids lourds circulent sur cette
autoroute et 100 accidents sont enregistrés en
moyenne chaque année.
L’objectif pour l’agence lyonnaise de Sacer
Sud-Est, adjudicataire de ce chantier, était
l’application d’un enrobé dont la capacité
d’adhérence ne diminue pas avec l’usure et
les conditions climatiques. Le Microgrip S,
mis au point par le LEM de Sacer, a donc été
choisi pour ses hautes performances. Il avait
déjà fait ses preuves à plusieurs reprises, en
particulier sur des tronçons d’autoroute réputés dangereux.
27 000 m2 de Microgrip S ont ainsi été appliqués en trois nuits au mois de septembre 2001.
Des moyens importants ont été mis en place
pour satisfaire les contraintes draconiennes
liées à la mise à disposition du tronçon six
heures par nuit seulement : l’atelier comprenait jusqu’à 5 finisseurs de front.
Le site fera par ailleurs l’objet d’un suivi à un
an, trois ans et cinq ans pour s’assurer de la
pérennité des performances du Microgrip S.
Mais le client exprime déjà sa satisfaction car,
quatre mois après la pose de ce nouveau revêtement, aucun accident n’a encore été enregistré.
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BELGIQUE
Une piste d’essais flambant neuve
C
omme cela se fait de plus en plus
souvent aujourd’hui dans le monde
automobile, Screg Belgium a été
contactée par Ford International via
son site Internet. Il s’agissait de réaliser l’extension du centre d’essais de Ford à Lommel, en
Belgique. 400 personnes, dont 40 pilotes d’essai,
travaillent tous les jours de l’année sur ce site.
Seul le jour de Noël est férié.
Les pilotes exigeaient pour cette nouvelle piste
une adhérence et un uni parfaits.
Après les terrassements de 150 000 m3 et la pose
des fondations des zones à aménager, les deux
sous-couches d’enrobé ont été mises en œuvre,
avec 40% de matériaux recyclés. La couche de
surface de 17 000 tonnes, d’une épaisseur de
4 cm, a été réalisée avec des matériaux neufs
ayant une très fine granulométrie afin d’obtenir l’adhérence attendue par Ford. Au total,
55 000 tonnes d’enrobé ont été nécessaires.
ROUTES numéro 12
Associée sur ce chantier avec Strabag, Screg
Belgium a su relever un défi : exécuter les travaux
en soixante jours, sans aucune interruption du
programme d’essais. Les pilotes de Ford peuvent
maintenant rouler tranquilles…
SOUS TOUTES LES LATITUDES
FRANCE
MALI
Les aéroports
se refont une beauté
pour la Coupe
africaine des nations
A 650 km de Bamako, aux
portes du désert saharien,
l’aéroport de Mopti
accusait son quart de
siècle. La piste, de 2500 m
de longueur sur 30 m de
largeur, a été récemment
réhabilitée, de même que
celle de l’aéroport de
Nioro du Sahel, distant de
600 km. Les deux projets,
d’un montant total proche
de 8 millions d’euros,
étaient nécessaires pour
désengorger Bamako
et son important trafic
touristique. Ces aéroports
ont également été dotés
d’un bâtiment technique
et d’une nouvelle tour
de contrôle permettant
de recevoir des vols
internationaux. La double
opération constituait un
gros défi en termes de
délai puisque les travaux
devaient durer moins
d’un an.
A Mopti, un gisement
de grès a permis de
se fournir sur place.
Pour l’aéroport de Nioro,
le bitume a dû être
acheminé en vrac depuis
la ville d’Abidjan, distante
de 1300 km. La logistique
avait mobilisé pour
l’occasion 30 engins
et un poste d’enrobage
destiné à traiter les
20000 tonnes nécessaires
au revêtement de 7 cm
d’épaisseur. L’aéroport
de Mopti a été terminé
à la mi-janvier, juste
à temps pour accueillir
un événement sportif
d’importance pour
les amateurs de football,
la Coupe africaine des
nations. A Nioro, l’ensemble sera livré fin mai.
Grenoble baisse d’un ton
Deux années de suite, l’agence
grenobloise de Sacer Sud-Est
a décroché le marché lancé par
la communauté d’agglomérations
de Grenoble pour la réfection
du revêtement de sa rocade. C’est
ainsi que 200 000 m2 d’enrobé
phonique Miniphone S ont
été appliqués en août 2000,
puis en juillet 2001, sur l’A 480.
Il s’agit de voies à fort trafic, situées
en milieu urbain, qui reçoivent
plus de 100 000 véhicules par jour.
Un revêtement phonique s’imposait
donc pour améliorer le confort
des riverains. D’où le choix du
Miniphone S qui, de plus, présente
une très bonne adhérence, sécurité
routière oblige. Les travaux, réalisés
de nuit pour ne pas gêner
la circulation, se sont déroulés
en trois phases : préparation du
support avec le rabotage de l’enrobé
existant, application d’un enrobé
coulé à froid servant également
de couche d’accrochage, mise
en œuvre de l’enrobé Miniphone
à l’aide de plusieurs finisseurs
travaillant en parallèle sur
les voies afin de soigner les joints
longitudinaux.
Résultat : une diminution du bruit
estimée à 10 décibels. Les riverains
avouent eux-mêmes être surpris
par la qualité phonique de l’enrobé
et se réjouissent de pouvoir enfin
ouvrir leurs fenêtres…
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ÎLE DE RODRIGUES
Augmenter le trafic aérien pour
mieux desservir l’île de Rodrigues
L
’île de Rodrigues est située à
600 kilomètres à l’est de la
République mauricienne dont elle
dépend tout en jouissant, depuis
peu, d’une semi-autonomie. Avec ses 36 000
habitants et ses 104 km2, ce petit paradis corallien tente de développer une activité touristique
encore embryonnaire. L’aéroport de PlaineCorail ne pouvait jusqu’ici recevoir que des
petits porteurs de 42 places, et la piste en dalles
de béton était vieille de vingt ans. En rénovant
et en étendant cette piste jusqu’à une longueur
de 1 300 mètres, ce sont désormais des ATR 72
de 66 places qui pourront y atterrir.
500 000 m3 de déblais, et autant de remblais,
composés à 90% de roches coralliennes, permettent respectivement la mise aux normes des
accotements et le comblement d’un devers de
15 mètres de hauteur. 12 000 tonnes d’enrobés
recouvriront la piste existante et son extension.
ROUTES numéro 12
Un nouveau taxiway a été créé ainsi qu’un parking avions de 6000 m2. Le chantier a été mené à
bien par une joint-venture entre AJMC, une filiale
locale de Colas, à hauteur de 80%, et Allied
Builders, en charge essentiellement des bétons du
parking, pour les 20% restants.
Ce chantier a nécessité une logistique particulière en raison du très faible nombre de
liaisons bateau – deux ou trois par mois – et
des capacités limitées de transport et de manutention. Il a ainsi fallu quatre voyages pour
acheminer sur le site deux bulldozers, quatre
excavatrices, trois compacteurs, un poste d’enrobé, des camions et un finisseur qui, de plus,
ont dû être démontés, puis remontés.
Dès le mois de septembre 2002, les touristes pourront, en plus grand nombre et dans
de meilleures conditions, atterrir sur l’île de
Rodrigues pour y goûter les plaisirs du lagon
bleu turquoise…
SOUS TOUTES LES LATITUDES
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
Sur la route du barrage…
L
e barrage d’Orlik, en Bohême du
Sud (République tchèque), a été
construit au début des années 60.
La route qui passe sur la crête
avait été mise en service en 1962.
L’ouvrage a été entièrement modernisé l’année dernière. Sangreen a été choisie pour
ces travaux de rénovation ainsi que pour le
remplacement du revêtement de la voie de
circulation.
Les automobilistes et les piétons qui
empruntent cette voie n’auront probablement vu qu’un revêtement rénové, un éclairage modernisé et des chemins paysagers.
Mais à l’intérieur, tout a changé.
Certains éléments techniques du barrage ont
dû être modifiés ou remplacés. La structure
entière du barrage a été renforcée par de
nouveaux blocs d’enrochement de béton
armé. L’espace séparant les piliers et la structure porteuse de base a été comblé de béton.
L’édifice était également fragilisé à l’in térieur, dans les salles de contrôle, par des
infiltrations d’eau venant de la route.
L’étanchéité de celle-ci a été réalisée par une
projection de polyuréthane. 32 vannes de
dilatation ont été installées sur 400 mètres,
ainsi qu’un nouveau système de drainage des
eaux pluviales.
Au total, une section de route de 500 mètres
de longueur a été remise en état, à l’aide
de 2 000 m3 de béton et 4 000 m2 de bitume,
et quelque trente compagnons ont travaillé
d’arrache-pied depuis le début des travaux,
en mai 2001.
La route a été remise en service le 31 octobre,
et le chantier a été définitivement achevé fin
novembre. Le plus gros ouvrage du pays a ainsi
retrouvé une nouvelle jeunesse.
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REPORTAGES
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REPORTAGES
ÉTATS-UNIS
Le Pier 400,
un chantier
titanesque
États-Unis, Californie
C’est le plus grand projet
de Colas en Amérique du
Nord. Pour répondre aux
besoins du marché mondial
de demain, le port de
Los Angeles, en Californie,
développe son complexe
de stockage high-tech.
Un contrat de 78 millions
de dollars remporté par SullyMiller, la filiale californienne
du Groupe. Un défi de taille,
au vu du délai accordé
pour la livraison du chantier :
quinze mois seulement.
Le Pier 400, port de Los Angeles.
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n ce matin d’hiver, du haut du pont
Vincent-Thomas, la vision est surréaliste. Baignant dans la lumière
du soleil de Californie s’étendent
à perte de vue les infrastructures du plus
grand port d’Amérique. A 20 miles au sud
de la ville, le port de Los Angeles, passage
obligé pour les échanges avec l’Asie et
l’Amérique latine, s’étire sur 56 km de front
de mer. Un accord commercial signé avec la
Chine le confirme : le port doit se préparer
à la montée en puissance du commerce
mondial. On s’empresse donc d’achever la
construction du nouveau terminal, le Pier
400. Destiné à accueillir le terminal sudcalifornien de Maersk Sealand, l’une des
plus grosses compagnies maritimes au
E
ROUTES numéro 12
Une partie
des enrobés
nécessaires
au chantier
ont été
fournis par
la centrale
de Blue
Diamond à
South Gate.
monde, le Pier 400 sera construit en deux
phases. Une première tranche prévoit 139
hectares d’aménagements, dont un espace de
stockage de 88 hectares, 16 hectares destinés
à accueillir quatre unités d’équipements
intermodaux, des voies ferrées et un accès
autoroutier.
Il est prévu trois quais d’une longueur
totale de 1 220 m, pouvant accueillir des
navires post-Panamax (de capacité supérieure
à la norme du canal de Panama). Le Pier 400
sera le terminus sud du couloir d’Alameda,
comprenant une route express et une voie
ferrée de 32 km destinées à relier la zone
portuaire aux installations ferroviaires du
centre-ville. Ce projet gigantesque est financé par le Port de Los Angeles, service de l’ad-
REPORTAGES
ministration municipale, dont les recettes
proviennent des redevances acquittées par
les compagnies maritimes.
Une concurrence acharnée
Parmi les cinq sociétés en compétition,
Sully-Miller a proposé le devis le plus intéressant. Son offre était inférieure de 0,54% à
celle du concurrent le plus proche ! Il s’agissait de coordonner dix-neuf sous-traitants,
sans aucun droit à l’erreur. Une douzaine de
collaborateurs a travaillé deux mois pour
mettre au point la proposition retenue. «Il est
difficile de trouver une assurance couvrant un
engagement de 80 millions de dollars, souligne
Mahmoud K. Irsheid, le directeur de projet
du Port de Los Angeles, mais Colas fournissait
toutes les garanties financières. La notoriété du
Groupe a aussi joué. De plus, Sully-Miller offrait
la garantie de pouvoir fournir les matériaux
alors que la plupart des concurrents n’étaient pas
en mesure de livrer de telles quantités : il faut
imaginer près de 930 000 m2 d’enrobés !»
Avant même de lancer l’appel d’offres,
les autorités portuaires ont sévèrement
sélectionné les candidats selon leurs capacités réelles à réaliser un projet d’une telle
envergure. «C’est le savoir-faire et la compétence
des professionnels de Sully-Miller qui ont fait
pencher la balance en faveur de l’entreprise PORTRAIT
Frank Gray,
conducteur général des travaux
riginaire de Californie,
Frank Gray est
un homme de terrain
dont le bon sens se joue
de tous les obstacles. Après
dix années passées dans
une entreprise du bâtiment,
il entre chez Sully-Miller il y
a vingt-trois ans. «J’y ai forgé
mon expérience, explique-t-il,
j’ai passé tellement de temps
sur les chantiers que je pourrais presque prédire tout ce
qui va se passer sur un projet!
Celui-là est passionnant
parce qu’il est gigantesque.
Mais ce qui me faisait peur
au début, c’était les délais
très serrés.» Toujours
à portée de voix sur le site,
Frank est perpétuellement sur
la brèche. Il supervise les
équipes, s’assure que chacun
est à sa place et respecte
O
le planning. «Les hommes
m’appellent "la masse", parce
que je leur tombe dessus,
ajoute-t-il. Ils n’aiment pas
ça, mais c’est mon travail.
Parallèlement, deux des
contremaîtres sont venus me
voir pour me remercier de les
avoir "poussés". Ils n’auraient
jamais imaginé pouvoir
abattre ce volume de travail
en un temps si court.
Le secret de la réussite, c’est
la communication. Si on est
sur la même longueur d’onde,
il n’y a rien d’impossible.»
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Le Pier 400, d’une surface totale de 139 hectares, est destiné
à accueillir des navires du monde entier. L’extension du port de
Los Angeles permettra de développer le commerce avec l’Asie.
INTERNET
Innovation : un e-chantier
a réalisation
du Pier 400 du port
de Los Angeles a été
l’occasion d’expérimenter
un nouveau système
de communication avec
une connexion entre
les différents intervenants.
Grâce au système Internet
baptisé «Bidcom», mis
au point spécialement
pour ce chantier, le port
L
ROUTES numéro 12
de Los Angeles,
la compagnie maritime
Maersk Sealand, le maître
d’œuvre et les soustraitants ont pu communiquer en temps réel et
«sans papier» sur l’avancement des opérations
et en contrôler les étapes.
Cette innovation
indispensable s’est révélée
très concluante.
et ont permis finalement de remporter ce
contrat, le plus important jamais signé ici»,
explique Louis R. Gabanna, vice-président
des opérations ouest en Amérique du Nord.
Des défis à tous les niveaux
La construction du Pier 400 représente
une conjugaison de défis, aussi bien en
termes de délais qu’en termes techniques
ou sur le plan financier.
Sully-Miller est responsable de la réalisation de tous les réseaux du Pier 400, y
compris les canalisations d’eau, de gaz
naturel, électriques, sanitaires, ainsi que
les écoulements d’eaux pluviales. L’île qui
se trouvait à l’emplacement du Pier 400
REPORTAGES
était en effet totalement dépourvue d’infrastructures. Le projet inclut, en outre, le
décapage des sols, la mise en œuvre des
couches de base, le revêtement, la mise en
place de la signalétique et de l’éclairage. A
lui seul, le lot électricité représente un
contrat d’un montant de 17 millions de
dollars. Sully-Miller doit donc coordonner
l’ensemble des interventions des soustraitants.
Autre défi : l’application de 500 000
tonnes d’enrobés bitumineux. Les équipes
PORTRAIT
Herbert S. Lozano,
ingénieur projet
erbert S. Lozano,
né à El Salvador, a
grandi au Mexique
et au Canada. En 1995,
il décroche son diplôme
d’ingénieur civil et, trois
ans plus tard, décide de
se fixer en Californie. En
juin 2000, il entre chez
Sully-Miller. «Je suis fier
H
de Sully-Miller se sont relayées, parfois
24 heures sur 24, durant sept mois, sur une
centrale mobile, pour arriver à produire en
moyenne 10 000 tonnes d’enrobés par
jour. 60% des granulats ont été convoyés
par bateau en provenance du Canada à
quelques 2000 km de là. Au total, 2 millions de tonnes de granulats auront été
nécessaires à ce chantier. La centrale d’enrobés de Blue Diamond à South Gate,
récemment rénovée, a fourni les approvision nements additionnels. De nou- de travailler sur le Pier
400, affirme-t-il, le
rythme est intensif et
les défis sont nombreux.
Le mien est de coordonner la livraison des
matériaux en provenance
du Canada en liaison avec
la production de la centrale à béton mobile. En
raison des événements
du 11 septembre, notre
bateau a pris un retard de
trois jours. Voilà le type
de situation que je dois
gérer : envisager toutes
les solutions pour ajuster
l’approvisionnement. Au
départ, je devais m’assurer des quantités à commander et superviser la
production, mais Alex m’a
chargé de la coordination,
ce qui implique aussi
les enrobés, le béton et le
décapage. Il vous pousse
à en faire toujours plus,
et, si vous parvenez
à relever le défi, il vous
offre aussi plus de pers-
Certaines
équipes se
sont relayées
24 heures
sur 24 sur
une centrale
mobile.
pectives. J’ai surtout
appris à anticiper :
sur un chantier pareil,
si l’on réagit lorsque
le problème se pose,
il est déjà trop tard.»
ROUTES numéro 12
21
22
CHIFFRES CLÉS
SURFACE TOTALE
139
hectares
ENROBÉS
930 000
m2
DÉLAIS
15
mois
ÉQUIPES
30
velles autorisations ont permis d’augmenter la production de 30 000 à 89 000
tonnes par mois.
La construction de l’ensemble du réseau
d’assainissement s’est révelée une étape
particulièrement difficile d’un point de vue
technique et logistique. Pour opérer le raccordement de l’égout au système principal,
une méthode de haute technologie, à forage horizontal, a été mise en œuvre. Le dispositif a consisté à installer une machine
du côté opposé du chenal pour forer le
passage d’une canalisation, coulée à
43 mètres de profondeur, en suivant une
courbe de 1 100 mètres partant du terminal pour rejoindre le Pier 400. Une première technologique réussie pour les autorités portuaires comme pour Sully-Miller.
collaborateurs
60
Sully-Miller a assuré la réalisation ou la
coordination des différents ateliers sur le Pier 400 :
pose des canalisations, du réseau électrique,
signalisation, éclairage et revêtement.
sous-traitants
PORTRAIT
Alex Saplala,
responsable
de projet
lex Saplala est
l’homme des
défis. Cet ingénieur BTP est expert
pour Barrett Paving dans
le Michigan, sa région
natale, lorsque la société
rejoint le Groupe Colas,
en 1990. Après un
poste de responsable
de projet dans l’Ohio,
il se rend à New York
pour y gérer le département construction et
A
ROUTES numéro 12
transforme ce service
déficitaire en une activité
rentable. «J’y ai beaucoup appris en matière
de management,
affirme-t-il. Pour obtenir
de bons résultats,
il faut savoir rester
La course contre la montre
L’administration du port s’étant engagée auprès de Maersk Sealand à livrer les
installations le 15 mai 2002, des dates
intermédiaires de rendu de chantier ont été
établies à chaque étape pour s’assurer que
tout serait terminé à temps ; chaque jour de
retard entraîne une pénalisation de
61 718 dollars, à la charge de l’entreprise. Le
raisonnable, avoir un
sérieux sens de l’éthique,
des qualités managériales et aller jusqu’au
bout de ses engagements. Cela signifie
que lorsque je prends
une décision les autres
doivent me suivre et
que s’ils rencontrent
un problème, c’est aussi
le mien. J’ai appris également ce que signifie
l’urgence : ce que l’on ne
maîtrise pas aujourd’hui
deviendra un problème
demain.» A 38 ans,
Alex rejoint la Californie
et se retrouve le plus
jeune responsable projet
du Groupe avec
ce chantier, le premier
qu’il gère pour SullyMiller. «Au départ,
on n’a aucune idée
de la manière dont
on va s’y prendre, mais
on sent qu’on va y
arriver, et l’imagination
fait le reste…»
Pour Alex, tout repose
sur la notion d’équipe.
«Nous sommes plus
forts ensemble. Nous
avons franchi la plupart
des obstacles, mais
il ne faut pas relâcher
notre attention. Notre
pari n’est pas encore
tout à fait gagné.»
REPORTAGES
chrono a été déclenché le 5 mars 2001.
C’était parti pour 437 jours d’un marathon dont l’objectif était de franchir la
ligne d’arrivée avant la date limite du
15 mai 2002, où 99% des travaux doivent
avoir été achevés. La date ultime de remise
du chantier a été fixée au 26 août 2002.
«Mon plus gros souci est de planifier et d’organiser les interventions des sous-traitants et des
différentes agences, explique Alex Saplala,
responsable du projet. Un seul grain de sable
dans l’engrenage et tout est retardé.» Trois
semaines de brainstorming ont été nécessaires pour mettre au point une procédure
de coordination qui doit prendre en compte 700 éléments différents : les innombrables opérations souterraines, à terminer
aussi rapidement que la sécurité le permet,
la présence de nombreuses entreprises travaillant sur différents lots, les problèmes
soulevés par les axes sans oublier les zones
de croisement… Tout devait être prévu et
toutes les connexions devaient être soigneusement coordonnées.
Pari réussi, promesse tenue…
Parmi les principaux obstacles : la législation sur l’environnement, qui a imposé
des contraintes très lourdes sur le chantier.
Sans compter les lois de protection de l’habitat naturel des sternes qui ont conduit à
préserver une zone de nichage pour les
oiseaux sur la jetée.
Autre difficulté : la construction des
bâtiments, la réalisation de la voie de transport des conteneurs et le décapage du quai
n’ont pu commencer tant que les autres
entreprises engagées sur le chantier
n’avaient pas terminé leurs interventions. A
J - 60, les équipes s’en sortent très bien.
Sully-Miller s’enorgueillit d’un mois
d’avance sur le planning. «Ce pari n’était pas
joué d’avance, reconnaît Alex Saplala. Mener
à bien un projet de 80 millions de dollars en
quinze mois paraît tellement impossible.»
Cet été, la deuxième phase de construction
du Pier 400 fera l’objet d’un nouvel appel
d’offres. «Sully-Miller a fait un travail remarquable. J’espère qu’ils remporteront le marché,
parce que nous avons vraiment formé une très
bonne équipe !» conclut Mahmoud Irsheid. ■
Les voies de chemin de fer et les routes construites sur le Pier 400
permettront aux marchandises de transiter rapidement.
SYNERGIES
Un partenariat exemplaire
our un projet si
complexe et d’une
telle envergure, le
choix de l’équipe constitue
la clé de voûte du succès
de l’opération. «Notre
objectif était de réunir
une équipe de jeunes chefs
de chantier et de leur offrir
les moyens d’exprimer
pleinement leurs capacités.
Parallèlement, nous avons
mis en place un réseau
de managers expérimentés», explique Bruce Rieser,
président de Sully-Miller.
L’équipe compte par
ailleurs trois ingénieurs, et
trois équipes de géomètres
passent le chantier en
revue chaque jour. Au total,
90 personnes, dont 30 collaborateurs de Sully-Miller,
travaillent sur le site.
Maître d’ouvrage et maître
d’œuvre ont souvent
des intérêts antagonistes
P
mais, ici, ils avancent
main dans la main.
Chacun supervise le travail
de l’autre de manière
équitable. Des réunions
sont organisées entre
les équipes, sous l’égide
d’un médiateur.
«Nous ne sommes pas
là pour fixer le montant
des pénalités. Notre
objectif est de prévoir tous
les problèmes qui peuvent
se présenter et de trouver
à l’avance une solution. Il
est de notre intérêt d’aider
l’entrepreneur à éviter
les retards»,
fait remarquer Mahmoud
Irsheid, qui travaille
en étroite collaboration
avec Alex Saplala.
«L’union fait la force :
ensemble, nous pourrions
relever n’importe
quel défi. Nous sommes
de véritables partenaires.»
ROUTES numéro 12
23
24
ROUTES numéro 11
REPORTAGES
FRANCE
Le circuit
Paul Ricard High Tech
Test Track
Le nec plus ultra de la technologie
au service de la compétition et
de la sécurité : le circuit Paul Ricard,
sur le plateau du Castellet, fait peau neuve
pour devenir un circuit d’essai unique au
monde. Petit tour de circuit…
V
oilà plus de dix ans que
la montagne de la SainteBaume n’avait connu
pareille agitation à ses
pieds. Le circuit Paul
Ricard s’était quelque peu endormi au
milieu des forêts de pins et de la garrigue du Castellet. Depuis mars 2001,
le site de 400 hectares est le théâtre
d’un vaste chantier, avec la réfection
du circuit, celle de l’aéroport attenant
et la construction d’un ensemble hôtelier. Aujourd’hui propriétaire du circuit, la société Excelis «a décidé de faire
du Paul Ricard un circuit d’essai hightech», indique Philippe Gurdjian, son
P-dg. «High Tech Test Track», peut-on
lire à l’entrée : voilà qui annonce la
couleur. «Colas avait participé à la
Le circuit Paul Ricard, plateau du Castellet
construction du circuit en 1971 et dispose
d’une grande expérience en la matière,
reprend Philippe Gurdjian. On ne
change pas une équipe qui gagne.»
DES INFRASTRUCTURES
RÉNOVÉES EN TOTALITÉ
Colas s’occupe de toute la partie
extérieure. Le projet n’a cessé d’évoluer
depuis un an. «Le chiffre d’affaires initial a été multiplié par trois», témoigne
Marc Péronnet, directeur des travaux.
A l’entrée, un hôtel de grand luxe, avec
deux piscines et un golf, est sorti de
terre. Juste de l’autre côté de la nationale 8, l’aéroport est entièrement
réhabilité, avec quatre hangars et un
parking de 50 000 m2. Il peut
accueillir des avions d’une capa- ROUTES numéro 12
25
26
CONSTRUCTEURS AUTOMOBILES
Un bel outil de communication
e circuit Paul Ricard
High Tech Test Track
constitue également un
bel outil de communication
pour les constructeurs.
Un hall d’exposition leur
permet en effet de présenter
les Formules 1, prototypes
et autres véhicules aux
L
journalistes, qui peuvent
arriver directement en avion
à l’aéroport attenant et,
après avoir essayé les voitures
sur le circuit, rédiger,
réaliser et transmettre leurs
reportages, dans une
salle de presse spécialement
conçue à leur intention.
cité de 50 places. Colas a aussi créé un
taxiway supplémentaire, les voies d’accès à
l’hôtel et à l’aéroport, de même que les voies
de sécurité contournant le circuit.
COURBES ET UNIS DE LA PISTE,
UN TRAVAIL DE PRÉCISION
Le circuit accueille Formules 1, prototypes,
voitures grand tourisme et motos. La piste
principale, d’une longueur maximale de
5,8 km, peut être configurée sous quarante
formes différentes. «J’ai rectifié les imperfections
du tracé de base en modifiant certaines courbes»,
note Philippe Gurdjian. Mais qu’est-ce qu’une
bonne courbe pour un pilote ? «C’est une courbe technique qui fait appel à tout l’art du pilote,
avec un double enchaînement de virages, freinages
PORTRAIT
Michel Imbert,
conducteur de travaux
our Michel Imbert,
c’est un retour
aux sources.
Entré en 1969 chez Colas,
il a participé en 1971
à la naissance du circuit
Paul Ricard, comme
chef d’application. Trente
ans plus tard, il revient
pour sa rénovation, comme
conducteur de travaux.
Entre-temps, cet homme
P
ROUTES numéro 12
n’a connu que des grands
chantiers. En France, avec
les autoroutes A 7 et A 9 :
«490 000 tonnes
d’enrobés en neuf mois !»,
souligne-t-il. Il a aussi
travaillé en Afrique, où
il est resté douze ans, entre
1975 et 1987, puis en
Roumanie, en Martinique
et en Guadeloupe.
«Sur les chantiers, on
et accélérations. Cela ne se conçoit pas par ordinateur, cela se construit, tout simplement.»
De fait, «les virages ont été dessinés de façon très
empirique, indique Marc Péronnet. Nous tracions
sur la piste des courbes matérialisées par des cônes.
Philippe Gurdjian testait avec une voiture et nous
déplacions les cônes jusqu’à ce qu’il soit satisfait».
UN CIRCUIT HAUTE SÉCURITÉ
Très marqué par la mort du pilote italien
Elio de Angelis en 1986 au cours d’une séance
d’essai, Philippe Gurdjian attache une attention toute particulière à la sécurité. «Je suis frappé par le contraste entre la haute technologie des
voitures et les méthodes ancestrales pour assurer la
sécurité sur les circuits, avec les bacs à gravier et les
barrières de pneus usagés, remarque-t-il. Ici, nous
a plus de liberté que dans
les centres, explique-t-il.
C’est ce qui fait le charme
de ce métier, qui m’a
permis de découvrir
des pays de l’intérieur,
en travaillant avec leurs
habitants.» Michel a
la réputation de ne pas
être facile ; il est vrai
que sa carrure imposante
impressionne. «Mais
je suis impartial, précise-til. L’important, c’est
que l’équipe ait confiance
en celui qui la dirige.»
A 58 ans, Michel a choisi
de poser ses valises.
Finis les déplacements à
travers le monde. Ce qu’il
souhaiterait aujourd’hui :
«Arriver à transmettre
le savoir-faire que les
générations précédentes
m’ont confié.»
REPORTAGES
27
Sur le circuit, tous les éléments assurant la sécurité ont été revus : suppression des bacs à gravier, zones de dégagement pour le
freinage, revêtement adhérent. Ces innovations pourraient devenir une référence en matière de sécurité dans le monde automobile.
avons décidé d’innover.» La solution retenue part
du principe que les freins d’une voiture de
course ne lâchent presque jamais. Si de l’espace
est donné au pilote, ce qui est possible car il n’y
a pas la contrainte du public, il peut réagir. Exit
donc les bacs à gravier sur lesquels les Formules
1 glissaient. A leur place, de vastes zones de
dégagement. Celle du virage de Signes, au bout
de la ligne droite du Mistral, est la plus impressionnante. Elle s’étend sur 55450 m2 – de quoi
loger cinq terrains de football – et offre jusqu’à
200 mètres de distance de freinage. Ces zones
de dégagement présentent un second avantage :
elles permettent aux pilotes de repartir immédiatement, alors que les bacs à gravier nécessitaient quatre à cinq heures de nettoyage des
voitures. A quelques milliers d’euros la journée
d’essai, l’heure passée au stand coûte cher!
DES MATÉRIAUX DE POINTE
A ce dispositif s’ajoute la qualité de l’enrobé,
qui doit répondre à deux exigences essentielles :
une bonne adhérence et une grande stabilité
dans le temps pour résister aux arrachements.
La piste, large de 12 mètres, est donc revêtue
d’un enrobé à base de Colflex et les stands
d’un enrobé antikérosène. Cinq kilomètres de
vibreurs en béton sous forme de «negative
curbs» indiquent au pilote les limites de la
piste. Dans les zones de dégagement, on Les pilotes
de Formule 1
étant assis
à quelques
centimètres
du sol, l’uni
de la piste
est essentiel.
ÉCURIES
Toyota à demeure
égulièrement,
au cours du chantier,
les équipes Colas ont
vu tourner les voitures de
Toyota, le dernier arrivé dans
le monde de la Formule 1.
Le constructeur est en
effet installé sur le circuit,
où il dispose d’une base
avec bureaux et ateliers,
reliée par liaison satellite
R
directe avec son usine de
Cologne, en Allemagne.
Les autres écuries s’intéressent de près au circuit Paul
Ricard. Les plus grandes ont
ainsi fait le voyage jusqu’au
Castellet. Par ailleurs,
deux autres projets sont
à l’étude : une piste de
karting et, peut-être, une
piste d’école de pilotage.
ROUTES numéro 12
28
PORTRAIT
Jean-Michel Thomas,
chef de chantier
26 ans,
Jean-Michel
Thomas
a déjà effectué
un parcours aussi
sinueux qu’un circuit
automobile. Après
avoir été mécanicien,
il suit une formation
de deux ans dans
une école toulousaine
de conducteurs
de travaux. En
2000, il entre
chez Colas comme
chef de chantier.
«A l’époque, Marc
Péronnet m’avait
contacté pour une
affaire atypique,
explique Jean-Michel.
L’un de ses soustraitants lui avait
fait faux bond pour
construire un mur
de soutènement
en centre-ville. J’ai
accepté.» C’est donc
tout naturellement
que Marc Péronnet
fait de nouveau appel
à lui en avril 2001
sur le circuit Paul
Ricard. «Au début,
SOIGNER LES DÉTAILS
CHIFFRES
CLÉS
50000 t
d’enrobés
PISTE
A
ROUTES numéro 12
Formule 1. Parmi ces détails : la peinture. A
300 km/h, les bandes classiques sont invisibles
pour le pilote assis près du sol. Le bord de piste
est délimité par une bande bleue continue large
de 20 cm et les vibreurs sont blanc et rouge.
85000 m2
d’enrobés
ZONES DE
DÉGAGEMENT
190000 m2
d’enrobés, dont
2
30000 m
revêtus de Colgrip
2
100000 m
de bicouche
220000 t
de tout-venant
120000 m3
de terrassement
3,5 km
de caniveaux
grillagés pour
le drainage des
plates-formes
on faisait de tout…
Puis, le chantier a
pris de l’ampleur,
de nouvelles équipes
sont arrivées. Comme
je connaissais bien
le site, j’ai fini par
les encadrer.» JeanMichel a ainsi supervisé la construction
des fameuses zones
de dégagement.
«Travailler sur un
circuit automobile,
c’est un rêve de
gosse, s’enthousiasme-t-il. Et comme
je suis de nature
curieuse, j’ai beaucoup appris. J’ai
surtout pris
goût aux grands
chantiers. J’aimerais
donc m’orienter
vers une carrière
internationale.»
A bon entendeur…
Les zones de dégagement sont revêtues de
bandes bleues d’une largeur de 2 m tandis que le
Colgrip est coloré de rouge. Au total, 100000 m2
d’une peinture conçue pour ne pas perdre en
adhérence. Colas a également réalisé tous les
réseaux (eau potable, électricité, éclairage, eaux
usées et pluviales) et une station de pompage
pour le réseau d’incendie et d’arrosage. Par
ailleurs, autour de la piste, 7 km de canalisations
pour la fibre optique relient les 34 caméras, les
équipements de chronométrage et les feux. Les
informations collectées sont ainsi retransmises à
chaque écurie, dans les douze stands. «Plus de
cent personnes de Colas ont travaillé sur le chantier,
explique Marc Péronnet. Et nous avons joué le rôle
de maître d’œuvre en coordonnant les différents
intervenants.» Le tout en moins d’un an, avec des
évolutions constantes auxquelles il a fallu
répondre… au quart de tour. ■
trouve un enrobé plus abrasif que celui de
la piste et, à certains endroits, du Colgrip, fabriqué et mis en œuvre par Colas UK. «Ce revêtement à base de résine et de bauxite calcinée est
abrasif et très résistant, indique Marc Péronnet. Il
divise la distance de freinage par deux, par temps de
pluie.» Dernier élément de sécurité : 7 km de
glissières installées par Somaro, filiale de Colas.
«Un chantier de ce type nécessite de soigner les
détails», note Jean Vidal, responsable de Colas
pour le Var. Exactement comme le réglage d’une
Sécurité oblige, le bord de la piste est matérialisé
au sol par des bandes bleues.
REPORTAGES
PARCOURS
Philippe Gurdjian : la vie à 300 km/h
a silhouette est
bien connue
dans les paddocks.
Depuis plus de vingt-cinq
ans, Philippe Gurdjian
hante les circuits,
notamment comme
organisateur. Une passion
parmi tant d’autres…
Banquier, publicitaire,
organisateur de Grands
Prix de Formule 1 et
même pilote de course !
Le moins que l’on puisse
dire de Philippe Gurdjian,
c’est qu’à 57 ans sa vie
est bien remplie. Il le dit
lui-même : «Mon problème, c’est d’avoir trop de
passions.» Les vingt-quatre
heures de la journée lui
paraissent bien courtes…
Philippe Gurdjian
n’est pas homme à se
contenter du ronronnement
d’une carrière toute tracée.
Entré en 1963 à la
Banque Rothschild, où il
étudie les sociétés cotées
en Bourse, il demande
un jour comment il est
possible de progresser
dans le milieu bancaire.
Réponse : à l’ancienneté,
bien sûr. «Le lendemain,
je quittais la banque
et j’entrais dans une
agence de publicité.»
C’est dans ce milieu qu’il
va croiser la route de l’automobile. Chef de publicité
chez Gemap en 1967,
il est chargé notamment
du lancement de la Matra
530, avant de participer à
la création de la Bagheera.
Devenu directeur général
de l’agence en 1973,
S
avant d’en assurer la
présidence en 1978, il
bâtit l’image de marque de
BMW dans toute l’Europe.
De là à s’installer dans
le baquet d’une voiture
de sport, il n’y a qu’un
pas. «On a l’impression
qu’au volant d’une
telle voiture on conduit
mieux que les autres, et
surtout plus vite ; alors
j’ai eu envie de vérifier
si c’était vrai, explique-t-il.
Je m’étais fixé un pari
un peu fou : si je devais
courir une seule épreuve,
ce serait les 24 Heures
du Mans.» Pari gagné en
1975 : ce sportif de haut
niveau, qui pratique aussi
le ski, le tennis et le golf,
termine 13e de l’épreuve
mancelle. «Avant,
je n’étais jamais monté à
350 km/h», reconnaît-il.
Il participera sept fois aux
24 Heures. Son meilleur
classement : 7e en 1979,
en compagnie de
Bob Wolleck, au volant
d’une Porsche 935.
La passion est née,
elle ne quittera plus
Philippe Gurdjian.
Avec Jean-Pierre Beltoise,
il crée Noscar en 1979,
une société qui organise
des courses auxquelles
participeront tous
les grands champions,
de Pescarolo à Jabouille,
en passant par un certain
Alain Prost.
Puis Philippe Gurdjian
délaisse quelque peu
le volant. Il devient l’organisateur du Grand Prix
de France de F1 à partir
de 1985… sur le circuit
Paul Ricard. Il enchaîne
six Grands Prix dans
le Var, avant de s’occuper
du circuit de Magny-Cours,
pour lequel il décroche
en 1991 et 1992
le trophée Foca de la
meilleure organisation.
En 1999, nouvel horizon.
Cette fois, ce sera l’Asie,
plus précisément la
Malaisie, où il est chargé
de concevoir le circuit
de Sepang et d’y
organiser le Grand Prix.
La même année,
on le retrouve sur les flots,
en tant que promoteur-
organisateur de la Solitaire
du Figaro.
Surtout, il devient P-dg
d’Excelis, la société créée
par Bernie Ecclestone,
le grand «manitou»
de la F1, et se lance
dans l’aventure
du circuit Paul Ricard.
Voilà plus de cinq ans
que Philippe Gurdjian
n’a pas participé lui-même
à une course. N’est-il
pas tenté de monter
dans un bolide pour faire
quelques tours de piste
au Castellet? «Je connais
déjà le circuit par cœur,
répond-il. Et surtout,
je n’en ai pas le temps !»
ROUTES numéro 12
29
30
36
SÉCURITÉ
Colas Suisse : dites-le avec des dessins
C
alendriers, affichettes, croquis
explicatifs… Chez Colas Suisse,
l’information pour améliorer la
sécurité passe par l’illustration.
Et ça marche ! Un petit dessin vaut parfois
mieux qu’un long discours… Voilà pourquoi
Jean-Marie Hermès, responsable hygiène,
sécurité et environnement au siège de
Colas Suisse, et son équipe ont décidé,
depuis peu, d’éditer chaque trimestre un
calendrier traitant un aspect particulier de
la sécurité, à l’aide de dessins réalisés par
un professionnel.
Le premier, paru au début
de l’hiver dernier, rappelle,
entre autres consignes,
l’importance de dégager
les voies d’accès et de circulation pour éviter glissades et chutes et de ne
pas oublier le port des
protections individuelles.
Les précautions les plus
simples sont en effet les
meilleures garantes de la
sécurité des collaborateurs.
Ce calendrier se présente
sous de multiples formes :
recto verso et plié en tri-
angle, il se pose sur un bureau; en format
A4, on peut l’afficher; en format plus petit,
on peut le glisser aisément dans un carnet
ou un portefeuille.
Bien mieux qu’un long
discours…
Cette dernière initiative vient compléter
une panoplie déjà importante de supports d’information sur la sécurité,
comme les affichettes publiées sous le
thème générique «Observer, réfléchir et
agir» qui invitent, toujours par le dessin,
à réfléchir sur des problèmes ou des
accidents qui ont eu lieu afin d’éviter
qu’ils se reproduisent. Parmi les sujets
traités : les vols sur les chantiers, l’arrachage de conduites, les maladies de la
peau, HSE trois mots-clés, etc. Dans le
même esprit, sont imprimés et diffusés
dans chaque société des «flashs»,
simples feuilles de format A4 qui racontent, par le menu, croquis à l’appui,
les accidents survenus ainsi que les
moyens de les prévenir. «Toutes ces
initiatives sont appréciées du personnel
de Colas Suisse, qui se sent réellement interpellé par ce moyen d’expression»,constate
Jean-Marie Hermès.
Les prix sécurité 2001
L
a Fédération nationale des travaux
publics a remis, le 19 décembre
2001, ses prix sécurité. Colas s’est
distingué à trois reprises en catégorie B (agences de 1 à 149 salariés) : le
1er prix a été attribué à l’agence Colas de
Châtellerault, le 2e au centre de Rodez et
un prix d’encouragement a été décerné
au centre Screg d’Epernay. En catégorie D
(agences ou filiales de plus de 500 salariés), Colas Nord-Picardie a été classé
ROUTES numéro 12
hors concours car déjà lauréat du grand
prix en 2000.
Pour 2001, trois prix sur douze ont été
attribués au Groupe. Depuis 1994, nos
établissements ont reçu 43 récompenses.
Rendez-vous cette année pour le prochain
concours. 2003 est également très attendu
car des prix régionaux seront attribués. Ce
sera l’occasion pour les filiales de mettre en
avant, dans leur région, leur savoir-faire en
matière de sécurité.
PILOTAGE
Tendances
Sous forme d’affiches,
de calendriers à poser
ou en format poche,
un seul objectif :
observer, réfléchir et agir…
TÉLEX PRIX SÉCURITÉ
Challenge HSE International
Deux filiales nord-américaines, HRI Inc. (Pennsylvanie, USA) et Works Alberta,
(Alberta, Canada), remportent ex-æequo le Pivert Cristal du Challenge HSE International.
HSE France
Colas Nord-Picardie remporte le challenge HSE 2001 qui récompense la filiale française ayant obtenu le meilleur indice de sécurité.
Le deuxième prix est accordé à Sacer Sud-Est pour la progression la plus importante
de ce même indice.
ROUTES numéro 12
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38
Les Compagnons de la Route,
des exemples à suivre
e 22 novembre 2001, 88 collaborateurs sont devenus Compagnons
de la Route. 20 ans pour le plus
jeune, 59 ans pour le plus âgé.
Présentation de cette distinction…
Créé en 1993, l’ordre des Compagnons
de la Route fédère les «Losange d’Or» de
Colas et Somaro, les «Ruban Vert» de
Screg, les «Top Niveau» de Sacer, les
«Compagnons de l’Arche» de Smac, les
L
ROUTES numéro 12
«Compagnons de l’Arc» de Spac et, depuis cette année, les «Compagnons du
Rail» de Seco-Rail. A ce jour, le Groupe
compte 707 Compagnons de la Route.
L’objectif de l’ordre des Compagnons de
la Route est de distinguer les meilleurs
ouvriers du Groupe.
Ces derniers sont sélectionnés sur la
base de leur savoir-faire professionnel,
de leurs capacités d’initiative et d’adap-
PILOTAGE
Tendances
tation, de leur sens des responsabilités
et de leur implication dans le domaine
de la sécurité, sans oublier l’esprit
d’équipe, l’accueil des nouveaux, la
volonté de se former sans cesse et la
qualité du service rendu au client.
Les Compagnons sont
choisis pour leur savoir-faire
et leurs qualités
«Les chefs d’établissement transmettent
leurs propositions à la direction générale de
leur filiale, explique Marie-Noëlle Macé,
secrétaire de l’ordre des Compagnons
de la Route. Les dossiers retenus sont
ensuite adressés à la direction des ressources humaines du Groupe, laquelle organise, en novembre de chaque année, la
cérémonie d’intronisation des nouveaux
Compagnons.»
En présence d’Alain Dupont, chacun
d’entre eux se voit alors remettre, par le
président de sa société, un trophée en
Colas
Centre-Ouest
Colas Est
Colas
IDF-Normandie
Colas
Méditerranée
Colas
Nord-Picardie
Colas
Rhône-Alpes
Colas Sud-Ouest
Résipoly
Sacer Atlantique
Sacer ParisNord-Est
Sacer Sud-Est
Screg Est
Albino Castro - Patrick Chevance
Bruno Gauthier - Pascal Piveteau
Alvares Ralin
Hervé Baes - Albert Gay
Daniel Lecaque
Jean-Claude Loth - Bruno Pinet
Etienne Probst - Mathieu Reinholt
Dany Bréant - Thierry Cartet
Manuel Bernardo De Almeida
Michel Defarbus - Joaquim Ribeiro
Mohamed Bourass
Alain Olivero - Henri Papon
Octavio De Sousa Dantas
Philippe Flamand - Gérard Kaivers
Silvino Soares Cardoso
Fernand Damoizet
Silvio Manuel Guimaraes-Alves
Patrick Rodriguez - James Tornicelli
Joseph Boyer - Lionel Lachérade
José Martins
Philippe Leffray - Franck Marcon
Michel Lacour - Daniel Tanguy
Daniel Denizot
Marcel Gourguechon
Carlos Perreira
Philippe Garcia - Georges Mahy
Thierry Cordier - Patrick Martin
Alvaro Ribeiro - Denis Thomas
argent symbolisant l’appartenance à son
ordre. La cérémonie est suivie d’un dîner
sur la Seine avec les membres de la
direction, puis d’une visite d’exception
le lendemain : le Stade de France cette
année, le musée des Arts et Métiers en
2000 et le château de Versailles l’année
précédente.
Par la suite, il est proposé aux
Compagnons de participer à un cycle de
formation mis en place à leur intention
et qui leur permettra d’élargir leurs
connaissances sur le fonctionnement
économique de l’entreprise, de développer leur savoir-faire en termes d’accueil
et d’intégration des nouveaux embauchés et de se mobiliser davantage dans
les domaines de la sécurité et de la prévention des risques. Par leur amour
du travail bien fait, les Compagnons
de la Route contribuent activement à la
vie de leur agence ainsi qu’à celle du
Groupe.
Screg
IDF-Normandie
Raimundo Agueda Dias Abilio Barrosso Campos Serge Da Silva - Jean-Louis Hugueniot
Serge Meunier - Duarte Teixeira
Luciano Paulos Guedes
Screg
Bruno Chochois - Patrick Dessaint
Nord-Picardie
Julien Dufresse
Screg Ouest
Denis Le Queau - Daniel Raymond
Yannick Richard - Louis-Paul Vissault
Screg Sud-Est
Gilles Buttet - Jean-Luc Chautemps
Eric Dupin - Christophe Poncet
Ali Saadi - Philippe Sanchez
Jean-Marc Vernet
Screg Sud-Ouest Nicolas Lange
Christian Lasnaveres
José Martinez
Seco-Rail
Joao Da Silva - Frédéric Gaillard
Djaman Mamadou G’Bakale
José Ribeiro Vieira
Madjid Rouami - Gérard Valadon
Jacqui Dehner - Jean Lebranchu
Smac
Hervé Thommeret
Somaro
Kamel Bououdene
Manuel Goncalvez - Patrick Réault
Corinne Recchia - Ramon Santos
Spac
Daniel Chabenat - Christian DavidBerthaud - Thierry Lafont - Marcel
Lefevre - Gérard Poiret - Léon Susanj
ROUTES numéro 12
39
40
Une femme dans
un monde d’hommes
Corinne Recchia,
chef d’équipe
’était il y a vingt-trois
ans. Corinne Recchia
arrivait dans l’usine
de Chaudun, chez Adem,
filiale de Somaro, dans
l’Aisne, pour intégrer
l’atelier Email. Treize ans
plus tard, elle est nommée
C
chef d’équipe dans
le secteur aluminium.
Corinne a aujourd’hui
la responsabilité de sept
personnes. Elle organise
les commandes et vérifie
le planning de fabrication
pour être sûre que
tout sera réalisé à temps.
Un peu gênée d’avoir
été élue Compagnon de
la Route, elle partagerait
volontiers ce titre avec
son équipe. «Ce n’est pas
facile de se retrouver seule
à être nominée alors que
tout le monde participe au
bon déroulement des tâches.
La plupart de mes collègues
m’ont sincèrement félicitée.
Les hommes m’ont chahutée
gentiment, surtout que je suis
la seule femme Compagnon
de cette promotion et la
seconde depuis la création
de l’ordre! Le jour
de la remise du trophée,
ma position de femme m’a
valu d’être chouchoutée…
C’était un moment très fort.
Maintenant que je suis
revenue à la réalité,
je pense que cette distinction
va me permettre, grâce
aux formations, de découvrir
de nouveaux domaines
et, surtout, de rencontrer
des gens passionnants.»
«Etre Compagnon de la Route,
c’est une vraie reconnaissance»
Julien Dufresse,
Compagnon VRD
ulien Dufresse intègre
l’ordre des Compagnons
de la Route en 2001.
A 20 ans, c’est le plus
jeune Compagnon.
Après être entré chez
Screg Nord-Picardie
comme intérimaire, il est
J
ROUTES numéro 12
embauché définitivement
en mars 2000, en tant
qu’ouvrier VRD. Il découvre ce métier où l’on
doit être très polyvalent.
En 2000, il participe aux
Olympiades des métiers
et arrive premier de sa
région, à Lille. «Au début,
je me suis trompé sur
le plan qu’on nous a donné,
explique Julien. Alors,
j’ai tout recommencé de zéro,
mais j’ai pu terminer
aussi vite que les autres.»
Et apparemment mieux,
d’après le jury. Julien a
décidé de ne pas perdre
de temps dans la vie.
Il est d’autant plus heureux
lorsqu’il apprend qu’il est
nommé «Compagnon
du Ruban Vert» dans
l’ordre des Compagnons
de la Route. «Pour moi, c’est
une vraie reconnaissance
de mon travail. Mon père,
qui travaille à la DDE,
en est presque aussi fier que
moi.» Mais cette distinction
ne lui tourne pas la tête :
il sait que seul son travail
sera la clé du succès.
«J’espère que le fait d’être
Compagnon me permettra
de progresser. Et si j’en suis
capable, j’aimerais devenir
conducteur de travaux.
Pourquoi pas plus…»
Alors, bonne route, Julien!
PILOTAGE
Tendances
1
2
Les Trophées
des Compagnons
de la Route
3
4
1
Le Losange d’Or
de Colas et Somaro
2
L’Arc de Spac
3
Le Ruban Vert de Screg
4
L’Arche de Smac
5
Le Top Niveau de Sacer
6
Le Rail de Seco-Rail
5
6
ROUTES numéro 12
41
42
ALTERRA
S’adapter au changement économique
est un véritable savoir-faire…
verture de l’ancien bloc communiste
dont faisait partie la Hongrie ont complètement changé les règles du jeu pour
les entreprises du pays. «Du jour au
lendemain, nous avons eu à résoudre deux
problèmes cruciaux : le manque de capital
et le défi posé par l’ouverture du marché
à la concurrence, rappelle Szabolcs Sido.
Nous avons donc cherché des investisseurs
étrangers.» C’était au début des années
90. De nombreux investisseurs autrichiens sillonnaient alors le pays, mais
c’est vers Colas que la société se tourne.
«Alterra n’est pas un spécialiste de la route,
mais notre savoir-faire dans le domaine de
la construction se révèle parfaitement complémentaire de l’expertise de Colas.»
Les activités d’Alterra se concentrent, en
effet, autour de la pose de canalisations
pour les eaux pluviales et usées, l’eau
et le gaz ainsi que la construction de
stations d’épuration et de structures
en béton, y compris les fondations
profondes.
Alterra se prépare déjà
pour l’euro
Réfection
des égouts
de Budapest
effectuée
courant 2001
L
histoire d’Alterra s’étend sur plus
de cinquante ans. Notre société
a suivi tous les changements
politiques, économiques et
sociaux de la Hongrie», explique son
directeur général, Szabolcs Sido, depuis
son bureau de Budapest. Comme la plupart des entreprises de construction du
pays, Alterra faisait partie d’un conglomérat de sociétés étatiques. A l’époque,
l’accent était mis davantage sur la quantité que sur la qualité. L’Etat constituait
le seul client et la concurrence n’existait
pas. La chute du mur de Berlin et l’ou-
ROUTES numéro 12
’
L’entrée dans le groupe Colas en 1992 at-elle provoqué des changements pour
Alterra et ses mille employés ? «Je dois
dire que nous sommes tous très heureux de
nos relations avec Colas, reprend Szabolcs
Sido. Nous sommes libres de nos choix
stratégiques ainsi que de notre gestion quotidienne tout en respectant les règles et
principes du Groupe. Cela est très important
pour nous. Et quand nous avons besoin d’aide ou d’un soutien technique, Colas est là.
On ne pouvait rêver meilleure relation.
Notre prochain objectif après ce cinquantième anniversaire, c’est l’Europe et l’entrée
de la Hongrie dans la zone euro d’ici à
quelques années. Cela me fait un peu
peur… mais quel défi !»
PILOTAGE
Tendances
BARRETT
Le piège des enchères sur Internet
D
epuis le développement
d’Internet, certaines grandes
sociétés privées attribuent
désormais les marchés via
le Net, au cours d’enchères où les
entreprises soumissionnaires concurrentes font chacune leur proposition de
prix. Le contrat est alors remporté par
le «moins-disant», à savoir celui dont
l’offre est la plus basse. C’est dans ces
conditions qu’en juillet 2001 Barrett a
perdu l’appel d’offres lancé par
General Motors, qui s’est alors luimême retrouvé piégé.
Au mois de juillet dernier, Barrett
Midwest Central, filiale de Colas
implantée aux Etats-Unis, répond à
l’appel d’offres lancé par le géant
américain General Motors selon la
procédure traditionnelle. L’enjeu : le
revêtement du site de l’usine mère de
General Motors à Dayton, dans l’Ohio.
Autrement dit, un énorme contrat
portant sur plus de 80 000 tonnes
d’enrobés. Barrett, qui a déjà réalisé
dans le passé trois chantiers de ce
genre pour GM et qui entretient avec
cette société de très bonnes relations,
prépare minutieusement son offre et
espère remporter le contrat.
«Mais, juste avant l’annonce de la décision de General Motors, on nous fait
savoir que le chantier va finalement être
mis aux enchères sur Internet. Cela
signifie que les différents concurrents
vont devoir annoncer leur prix en
direct», explique James Weeks, viceprésident des opérations chez Barrett.
des soumissionnaires «casse les prix».
Barrett doit alors se retirer.
«Ce genre de procédé est non seulement injuste pour les sociétés en compétition,
ajoute James Weeks, mais en outre, il est
trompeur, car la meilleure offre n’est pas
forcément la plus basse, surtout pour ce
type de chantier.»
En effet, habituellement, plusieurs critères autres que le prix contribuent également au choix d’un prestataire. En ce
qui concerne General Motors, client
exigeant en termes de qualité, de
savoir-faire et de délais, le principe des
enchères semble être allé à l’encontre
de ses intérêts puisque l’entreprise qui
a remporté le marché ne lui a pas
donné satisfaction.
James Weeks reste cependant confiant
pour l’avenir : «C’est la première fois
qu’une telle chose se produit. Si cette pratique devait se développer, elle se limiterait
sûrement aux marchés privés et commerciaux. Les contrats publics devraient être
épargnés.»
Le moins-disant remporte
l’appel d’offres
Les dirigeants de Barrett revoient donc
leur proposition à la baisse et font une
offre inférieure à celle de leurs concurrents. Mais, à la dernière minute du
temps imparti pour les enchères, l’un
ROUTES numéro 12
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44
COMMUNICATION
Boscher et la signalétique personnalisable
L’idée nouvelle, dans le monde
de la signalétique, c’est le produit
standard. Dans un métier de
sur-mesure qui nécessite de tout
réinventer pour chaque client,
Boscher innove avec des gammes
de produits personnalisables :
les Systems. Cette nouvelle offre
signalétique permet au client
– entreprise, collectivité locale
ou territoriale – d’apporter lui-même les
modifications voulues à partir d’un simple
ordinateur. Il devient ainsi très facile
de personnaliser ou d’actualiser les produits
existants. Ce nouveau procédé ouvre
donc des possibilités infinies pour les clients
et constitue un avantage concurrentiel
important pour Boscher. Prochainement,
les Systems intégreront des produits
à affichage lumineux ou, à terme, variable.
Un CD-Rom en Afrique du Sud
Après le manuel technique, le CD-Rom.
Depuis juin 2001, Colas South Africa présente
sa gamme de produits bitumeux et ses
services sur un CD-Rom. Cet outil est désormais la référence locale pour les acteurs
de la construction et de la maintenance
de chaussées bitumineuses. Très «terrain»,
le CD présente les produits, avec leurs spécifications et leurs fiches sécurité, mais aussi
des explications théoriques. Le nec plus
ultra : des fichiers Excel qui effectuent des
mises en situation permettant des comparaisons entre plusieurs solutions proposées.
Ce produit convivial, avec une partie son
et des animations vidéo, met en valeur les
industries du BTP de Colas Afrique du Sud.
Très souple, il suivra l’évolution des standards
et des spécifications avec des mises à jour sur
le site de Colas. L’originalité de sa diffusion
par commande sur le site www.colas.co.za
contribue à mieux faire connaître le Groupe
et à valoriser son image auprès des clients.
Colas recrute toujours
Symboles des activités prestigieuses de Colas,
l’aéroport de Strasbourg et le circuit de
Magny-Cours ont servi de décor pour les
visuels de la campagne de recrutement 2001,
agrémentés de deux visages qui rappelaient
la campagne de grande envergure lancée
en 2000. Diffusée dans la presse nationale,
cette campagne avait permis d’attirer un
large public, notamment les jeunes diplômés, tout en rompant avec l’image traditionnelle des métiers des TP. En 2001, il s’agissait
ROUTES numéro 12
de poursuivre la promotion de l’image du
Groupe tout en la recentrant sur son cœur
de métier. Objectif atteint, puisque la fréquentation du site Internet de Colas progresse.
A noter : en 2001, le recrutement aura suivi
les mêmes tendances que l’an 2000.
PILOTAGE
Tendances
REMISE DE PRIX
IA Construction Corporation
reçoit le Prix de l’Innovation
L
’Association du revêtement routier
du Maryland a attribué à IA
Construction le Prix de l’Innovation
(New Construction Award).
La remise du prix a eu lieu le 26 février
dernier. IA Construction Corporation,
filiale du Groupe, dont le siège se situe
en Pennsylvanie, aux Etats-Unis, a ainsi
été récompensée pour une réalisation de
haute qualité, le Canal Parkway, construit
durant l’année 2001. Les critères principaux pour l’attribution de ce prix étaient
le confort de roulement, l’esthétique du
marquage au sol, la qualité des joints et
l’intégration de l’ouvrage dans le paysage.
Or, cette route de l’Etat du Maryland,
destinée à réduire le trafic sur la voie
principale en direction de la Virginie,
traverse un parc national. Elle devait donc
se faire très discrète. L’esthétique des
abords du Canal Parkway a été préservée
à l’aide de murs en pierres apparentes
et par des glissières de sécurité en bois.
ROUTES numéro 12
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45
46
A Cotonou, en janvier dernier, les conducteurs de travaux ont reçu un apport
théorique et technique pour la conduite des chantiers sur le terrain.
FORMATION
Former à l’international
pour mieux fédérer en local
Depuis une dizaine d’années, les Universités Colas forment
les collaborateurs du Groupe qui travaillent en métropole.
En 2001, ces formations se sont ouvertes à l’international,
en Amérique du Nord et en Afrique de l’Ouest.
la suite des opérations successives de croissance externe réalisées hors du territoire national,
Colas compte aujourd’hui parmi
ses troupes de nombreux collaborateurs
étrangers, dont plus de 7 000 pour les
seules filiales américaines et canadiennes. Partant de ce constat, comment
A
développer un sentiment d’appartenance à
ROUTES numéro 12
un même groupe, comment favoriser les
synergies et créer de véritables réseaux
d’échanges entre les différentes entités ? «La
question s’est posée de manière cruciale dès
lors que Colas a commencé à pérenniser son
développement hors de ses frontières, rappelle
Philippe Tournier, DRH international pour
les directions internationales Est et Ouest.
Nous avons alors imaginé d’exporter dans nos
PILOTAGE
Tendances
filiales étrangères nos formations hexagonales,
en les adaptant aux contextes locaux en fonction
de leurs besoins : l’annonce de la mise en place
de ces formations internationales qui s’inspirent
des Universités Colas a été officiellement faite
lors des Rencontres Colas du printemps 2000.»
Premières zones et premiers publics visés :
les «project managers» (encadrement travaux) et les «District» ou «regional managers» (chefs d’établissement) d’Amérique
du Nord, ainsi que les conducteurs de travaux d’Afrique de l’Ouest.
Diffuser la culture Colas
en Amérique du Nord
Aux Etats-Unis, la première session a réuni
30 participants en octobre 2001, à Savannah
(Géorgie). «L’objectif premier était de rapprocher les filiales nord-américaines afin de créer
un “réseau” entre les participants, d’apporter à
ces collaborateurs une meilleure connaissance du
Groupe en les sensibilisant sur ses valeurs, mais
aussi son organisation, sa structure et sa vision
stratégique, explique Philippe Tournier. La
culture Colas occupe une place de choix dans
cette formation, notamment le principe de
décentralisation en matière de gestion, concept
parfois nouveau dans ces contrées.»
Les participants ont visiblement apprécié la
démarche du Groupe, et la prochaine session, programmée pour le mois de mars
2002, devrait s’enrichir de nouveaux
modules portant sur les techniques du
Groupe et les questions juridiques.
En Amérique du Nord, créer un réseau
est un objectif majeur de ces formations.
La décentralisation en matière de gestion
est nouvelle pour beaucoup de collaborateurs.
Transfert de savoir-faire en
Afrique de l’Ouest
Dans cette zone historiquement imprégnée
de la culture du Groupe, la priorité a été donnée au transfert de savoir-faire. «Nous avons
constaté qu’il manquait parfois un apport théorique aux conducteurs de travaux, mais surtout
qu’il devenait important de transférer les techniques ou “tours de main” entre les générations,
reprend Philippe Tournier. Il a donc fallu créer
des formations spécifiques à cette région, pour
venir en aide à l’encadrement, souvent amené à
piloter seul de gros chantiers très isolés.»
Concrètement, la session a permis de faire le
point sur l’optimisation de l’utilisation du
matériel, la préparation et l’organisation des
chantiers, les techniques de terrassement,
sans oublier la sécurité des collaborateurs, la
qualité et les ressources humaines…
Pour plus d’efficacité, tout le programme de
la première session, qui s’est tenue à
Cotonou du 21 au 26 janvier 2002, a été
gravé sur CD-Rom afin d’être utilisé directement sur le terrain par les intervenants. Ils
pourront ainsi faire partager plus largement
ce savoir-faire en Côte d’Ivoire, au Gabon, au
Bénin, au Burkina Faso, au Mali ou dans
d’autres implantations du Groupe.
Fort des succès engrangés par ces premières
sessions à l’international, le Groupe a d’ores
et déjà entamé la même démarche dans
d’autres pays ou zones géographiques. Le
Maroc devrait être prêt pour début 2003, et
d’autres sont en projet. Affaire à suivre…
ROUTES numéro 12
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48
CONVENTION DES CHEFS DE CARRIÈRE
Nouvelles technologies
et souci de l’environnement
es 4 et 5 octobre derniers,
s’est déroulée, à bord du
navire de croisière Sapphire
entre Marseille et Ajaccio, la
Convention des chefs de carrière.
Quelque 250 collaborateurs – pour la
majorité des chefs de carrière exerçant
leurs fonctions en France mais aussi en
Europe, en Amérique du Nord, en
Afrique et en Asie – ont participé à cette
manifestation, en présence du président
Alain Dupont, des directeurs généraux
du Groupe et de présidents de filiales.
Cette rencontre avait pour objectif de
faire le point sur les nouvelles technologies et réglementations en vigueur dans
ce secteur d’activité et de permettre aux
participants de se connaître et de discuter de leur métier.
L
La norme Iso 14001 est
l’objectif à atteindre pour
les industries du Groupe.
Approches réglementaires et techniques
en matière de concassage, chargement et
transport, automatisation, entretien des
ROUTES numéro 12
Georges Aussedat, chargé de mission à l’Union
nationale des producteurs de granulats
pistes, rentabilité de l’exploitation :
autant de sujets présentés et commentés
par des collaborateurs du Groupe ainsi
que par des représentants de fabricants
d’équipements.
La question de l’abattage et du choix des
explosifs en carrière a posé naturellement celle de l’environnement. Ainsi,
l’élimination et le recyclage des déchets
propres à la profession, de même que la
protection de l’environnement, ont été
au cœur des débats. Présente dans tous
les esprits : la norme Iso 14001, certification de qualité environnementale dont
pourront se prévaloir à l’avenir toutes les
industries du Groupe, selon Jacques
Chardon, directeur du matériel. «Cette
Convention a été l’occasion de confirmer
que toutes nos industries ont le souci de la
protection de l’environnement, soulignet-il. Dans ce domaine, il y a beaucoup à faire
et il vaut mieux être meneur que suiveur.»
PILOTAGE
Tendances
HOCKEY SUR GLACE
Une première sportive
dans l’Ouest canadien
Tous fondus de hockey sur glace, ils se
sont retrouvés les 10 et 11 janvier derniers
à Alberta pour la première Western
Canada Colas Cup, organisée par Everall
Construction. Quatre équipes ont été
constituées avec les collaborateurs de
14 sociétés Colas implantées dans l’Ouest
canadien. Le hockey sur glace est un
sport national dans ce pays, et tous les
Canadiens soutiennent leur équipe
locale. L’ambiance survoltée de ces rencontres sportives y est sûrement pour
quelque chose. Ce n’est donc pas surprenant si, pour le seul plaisir du jeu,
certains joueurs de Colas étaient partants
pour affronter les autres équipes à
1 500 kilomètres de chez eux.
Le premier jour de la rencontre s’est
soldé par un dîner où chacun racontait
ses exploits de la journée et ses faits
d’armes passés. Le lendemain, chaque
équipe était manifestement déterminée à
démontrer sa supériorité. Après une
compétition acharnée, c’est l’équipe
Wapiti-ACP-Terus qui a remporté la
victoire, et la Western Canada Colas Cup
lui a été remise avec tous les honneurs.
Toutes les équipes sont prêtes pour une
nouvelle rencontre l’année prochaine et
espèrent bien avoir écrit le premier
chapitre d’une très longue histoire…
Classement de la première
Western Canada Colas Cup
1re place : Wapiti Gravel Suppliers ACP Testing - Terus Construction
• 2e place : Everall Construction Ruel Bros. Contracting - Works Alberta D.G.O.C.
• 3e place : Standard General Alberta Highway Services
• 4e place : DGS Astro Paving Adventure Paving - Pittman Asphalt L.B. Paving - Kentron Construction
•
ROUTES numéro 12
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50
INTERNET
Bienvenue chez Colas Est
C
omme au cinéma, une route de
campagne, sur fond sonore…
Le jour se lève et vous entrez
chez Colas Est, sur www.colasest.com. Des photos défilent et illustrent
le slogan «Une route plus belle, plus
sûre…», avec des effets de zoom sur les
mots. La carte de France se dessine et
délimite la région Est. Des photos de
chantiers viennent s’ajouter à ce très bel
ensemble. La navigation s’opère en cliquant simplement sur «Colas».
Une barre de sommaire donne accès à
des rubriques conviviales et très fournies. Interactive, précise, la carte géographique présente la région et les activités de la filiale. Dans la rubrique
«Actualité», l’expertise de Colas Est est
très bien mise en scène, sur des écrans
qui s’estompent. La gamme de produits
high-tech se décline en images, avec présentation technique et références.
Pratiques, des e-mails «prêts à l’emploi»
ponctuent les rubriques consacrées aux
ressources humaines.
Rien n’est figé, les photos se succèdent.
Beaucoup de dynamisme se dégage de
l’ensemble, ainsi qu’une volonté affichée
d’informer et de communiquer.
Visite panoramique des Carrières Roy
S
ur www.carrieresroy.com, une
présentation claire et détaillée
permet à tout visiteur de mieux
connaître les sites, les hommes et
les produits des Carrières Roy. Avec six
entrées possibles (carrières, process,
produits et services…), on peut tout
savoir, ou presque, sur la société et ses
activités. La grande originalité du site est
l’animation Flash qui permet de visionner les carrières de la Noubleau et de la
Gouraudière à 360 ° : une visite guidée
comme si vous y étiez. Le process d’exploitation et ses différentes étapes sont
ainsi illustrés. Même un néophyte peut
comprendre le déroulement des opérations d’extraction et la destination
ROUTES numéro 12
PILOTAGE
Tendances
Sacer surfe sur Internet
S
ur un fond en deux teintes pastel,
Sacer invite l’internaute à «aller
plus loin» sur www.sacer.fr.
Avions, tramways, camions et
engins de chantier stylisés défilent sur
la page d’accueil. Le sommaire décline
ses rubriques : «D’hier à aujourd’hui»,
«Produits» et «Sacer recrute».
Les photos des réalisations régionales et
du laboratoire d’essais des matériaux
apportent un plus sur le plan esthétique.
Chacune d’elles ouvre l’accès aux différentes activités de Sacer, toujours illustrées par un exemple de réalisation. Le
cheminement est simple et permet une
navigation aisée d’une rubrique à
l’autre. Une série de cartes de France permet de visualiser les implantations des
agences par région.
La gamme développée des produits
Sacer, avec description, domaine d’utilisation et photos de chantiers, constitue la
finale des produits. Il prend conscience
du souci environnemental qui anime en
permanence les exploitants.
Dans la rubrique «Qui sommes-nous ?»,
les Carrières Roy affichent la transparence : évolution des chiffres d’affaires
des cinq dernières années, effectifs et
organigramme. Cette entrée donne la
possibilité d’une relation directe avec les
différents dirigeants de l’entreprise par
courrier électronique. Après consultation de «Références», qui présente un
large éventail des savoir-faire de l’entreprise – du ballast aux hippodromes, en
passant par les autoroutes – il suffit
d’un simple clic pour contacter le responsable commercial de la région.
vitrine du savoir-faire de la société. Une
animation à base de portraits affirme
haut et clair la priorité de la sécurité et
l’importance de la place des hommes
dans l’entreprise.
Le poste d’enrobage, le front de taille, l’installation
microgranite et le stock ballast… La visite à 360 °
des carrières permet de comprendre le déroulement
des opérations d’extraction.
ROUTES numéro 12
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52
Des conteneurs comblent
une brèche à Madagascar
AVANT
Des pluies ravageuses emportent
un axe routier stratégique
La RN 7 est en effet l’unique
route qui relie la capitale à
la ville de Tuléar, au sud de
l’île, à 900 km de distance.
C’est également par cette voie
que circule toute la production d’Antsirabé, la principale
ville industrielle de province,
vers Antananarivo.
Il faut donc réaliser très
rapidement une déviation
pour permettre aux camions
de circuler en attendant
la réouverture de la route
principale.
L’économie du
pays se trouve
paralysée
Janvier 2001. Une
partie de la route
s’effondre sur la
nationale 7, à 120 km
d’Antananarivo, la capitale de Madagascar. Résultat :
une brèche de 30 mètres de
longueur et de 30 mètres
de profondeur. Un effondrement dû aux fortes pluies
qui ont grossi le ruisseau
qui file sous la route par
un dalot vieux de cinquante
ans. Ce dernier, emporté par
la masse d’eau, a entraîné
avec lui la chaussée, qui
ROUTES numéro 12
servait aussi de digue.
Pour l’économie de ce pays,
déjà durement touché
par la pauvreté, il s’agit
d’une véritable catastrophe.
Devant la gravité de la situation, un représentant technique de la Communauté
européenne propose une
aide d’urgence et envoie
un rapport à Bruxelles
sur les incidences de
la coupure de la route.
Le budget est débloqué
en moins d’une journée.
Colas propose alors
une solution technique
d’urgence originale et une
mobilisation immédiate
pour résoudre le problème
en moins d’une semaine.
53
PILOTAGE 45
avant/après
APRÈS
Une route Nord-Sud réhabilitée
Le lieu choisi pour la déviation se situe juste à côté
de la brèche. A cet endroit,
le cours d’eau est plus étroit.
Du fait de la pénurie de
ponts provisoires sur l’île,
les équipes Colas ont dû
innover. L’astuce : deux
conteneurs. Renforcés de
l’intérieur par des profilés
en acier et les portes supprimées, ils vont faire office
de dalots préfabriqués.
Colas a été
très disponible
Malgré la pluie, une trentaine
d’ouvriers travaille jour
et nuit, avec bulls, pelles
et chargeurs, pour réaliser
les 6 000 m3 de déblais
nécessaires au positionnement des conteneurs au fond
de la rivière et pour achever
les 9 000 m3 de remblais.
Au sixième jour, l’enduit
bicouche est mis en place
sur la couche de base.
Une fois terminée et inaugurée par le président de
la République malgache, la
déviation a permis la reprise
du trafic entre le nord et
le sud du pays, avec le départ
des 2 000 véhicules bloqués
de part et d’autre de la
brèche. Adjudicataires
de la réparation définitive
de l’ouvrage, les équipes
de Colas Madagascar se sont
ensuite attachées à la reconstruction de la nationale.
Les travaux ont commencé
en novembre 2001 et ont
duré trois mois. Leur première tâche a consisté à aménager la digue. Un ouvrage
hydraulique en béton armé
remplace le vieux dalot. Là
encore, les équipes de Colas
ont dû mettre de gros moyens
en œuvre pour terminer les
phases critiques du chantier
avant la saison des pluies
qui débute en décembre.
Des urgences
semblables
sont à prévoir
A n’en pas douter, des routes
seront encore coupées sur
l’île aux prochaines saisons
des pluies. La déforestation
de Madagascar a pour effet
de détruire la végétation qui
ralentit d’ordinaire le ruissellement des eaux de pluie. En
cas de fortes précipitations,
la montée des eaux est instantanée. Or, les ouvrages
existants n’ont pas été
dimensionnés pour y faire
face. Le pays s’est doté récemment de ponts provisoires,
mais il est fort probable
que la «solution conteneurs»
permettra de résoudre encore
d’autres situations d’urgence,
dans certaines régions
reculées de Madagascar.
ROUTES numéro 12
54
Colas parmi les leaders
nord-américains
Début avril, une convention a rassemblé en Floride tous
les managers de Colas Amérique du Nord. Une occasion pour
Routes de rappeler la stratégie nord-américaine du Groupe.
Enquête sur Colas version USA.
ROUTES numéro 12
PILOTAGE
Dossier
C
olas a commencé à
prendre pied
en Amérique
du Nord dans
les années 60. Au fil des ans,
les acquisitions se sont
multipliées. Aujourd’hui, le
Groupe réalise 23% de son
activité dans cette zone géographique, soit plus de la
moitié de son activité internationale. Au total, en 2001,
les treize filiales ont généré
un chiffre d’affaires de
1,5 milliard de dollars.
«La réussite de Colas en
Amérique du Nord – assez
exceptionnelle pour une société
française – est sans doute due
à deux facteurs, observe
Dominique Léveillé, senior
vice-président et CFO de
Colas Inc. Tout d’abord,
prudents, nous avons pris
le temps de comprendre
le marché. Par ailleurs, nous
avons toujours respecté l’identité
et la personnalité des sociétés
que nous rachetions, dont
certaines ont aujourd’hui
plus de cent ans d’existence.»
Consolider et développer
une présence forte
Depuis 1989, l’expansion
s’est accélérée, avec le rachat,
chaque année, de plusieurs
sociétés. Résultat de cette
stratégie : Colas est aujourd’hui implanté dans 23 Etats
américains et dans 7 provinces
ou territoires canadiens.
«Nous avons construit notre
développement selon deux
axes, explique Michel
Roullet, président de Colas
Inc. D’abord en cherchant
à consolider des sociétés
existantes, comme nous l’avons
Pose de canalisations en centre-ville, à Montmagny, au Canada.
fait récemment en Virginie en
rachetant Branscome. Ensuite,
en créant, tous les deux ou
trois ans, un nouveau pôle
opérationnel dans des zones
où nous n’étions pas encore
présents, comme en Alaska,
avec Colaska.»
Cependant, malgré cette
présence forte, le losange
jaune de Colas reste discret.
Les sociétés rachetées
conservent leur identité et
ne répondent par conséquent
jamais aux appels d’offres
sous le nom du Groupe.
En bref, le développement
nord-américain de Colas
repose sur un juste équilibre
entre décentralisation des
responsabilités et diffusion
des valeurs Colas.
«En intégrant le Groupe,
les différentes sociétés adoptent
l’organisation Colas classique,
avec un président et trois
adjoints, administratif et
financier, personnel, matériel»,
explique Dominique
Léveillé.
Un marché atomisé
et très concurrentiel
Ce dispositif est sans
aucun doute le plus efficace
pour attaquer un marché ➤
ROUTES numéro 12
55
56
Le rendez-vous d’Orlando
La deuxième Convention
Colas Amérique du Nord,
intitulée «World-class
expertise, North American
know-how», a eu lieu
en Floride, à Orlando,
les 4, 5 et 6 avril. Elle
a réuni les managers
des 13 filiales nordaméricaines du Groupe,
soit une trentaine de
collaborateurs par société,
autour d’un thème
principal, celui du cadre
de travail et de vie des
équipes Colas dispersées
sur le continent. «Entre
l’Alaska, le Wyoming ou
ROUTES numéro 12
la côte Est, les conditions
de vie et de travail sont très
différentes, explique Daniel
Ducroix, P-dg de Sintra, qui
était en charge de l’organisation de la Convention.
Nous avons voulu montrer
que l’histoire, la culture
et la façon de travailler
varient énormément selon
les régions où Colas est
implanté. C’était une façon
de mieux se connaître.» Cette
Convention a été aussi
l’occasion de partager les
valeurs de Colas et de faire
souffler un vent d’unité
en Amérique du Nord.
Rénovation
de King Street,
à Sherbrooke,
au Québec.
Ce chantier
a été mis
en œuvre
par Sintra.
très atomisé. «Malgré des
consolidations récentes,
le marché reste très peu
concentré, observe Michel
Roullet. Les trois plus grands
acteurs de la route, dont nous
faisons partie, ne détiennent
que 20% du marché et aucune
entreprise sur place ne peut
se prévaloir d’une couverture
totale du territoire.»
Sur ce marché, le premier
du monde, la compétition
est féroce et c’est presque
systématiquement le moinsdisant qui remporte l’appel
d’offres. Le prix est donc
un critère décisif.
La plupart des clients sont
des autorités publiques
représentant les différents
PILOTAGE
Dossier
Quelques faits et chiffres
Production annuelle
(chiffres 2001) :
21 MT d’enrobés produits
dans 216 postes d’enrobage,
25 MT d’agrégats
(1 milliard de tonnes
de réserves), 460 000 m3
de béton prêt à l’emploi
produits dans 30 centrales.
Matériel :
Plus de 14 000 engins,
dont 300 finisseurs,
650 chargeurs et
1 200 compacteurs.
niveaux de l’administration,
Etat fédéral, Etats, comtés,
municipalités, mais ce sont
aussi des acteurs privés issus
de l’industrie ou de la
grande distribution.
«Avec le retard pris ces
dernières années, les routes
sont aujourd’hui un secteur
relativement favorisé par les
budgets publics, surtout aux
Etats-Unis, se réjouit Michel
Roullet. Depuis cinq ou six
ans, on a vu se développer une
politique fédérale forte pour
aider les Etats à rénover et à
étendre leur réseau routier.»
De ce fait, la conjoncture
est plutôt favorable.
Ce qui n’empêche pas
Sécurité :
L’Amérique du Nord
a remporté, trois années
de suite, le trophée
Colas Woodpecker.
Le Pivert a en effet été
remis à Terus en 1998,
à Sloan en 1999 et
à Sully-Miller en 2000.
En 2001, trois sociétés
n’ont pas connu
d’accident avec arrêt de
travail. Il s’agit de Terus,
HRI et Works Alberta.
les différentes sociétés du
Groupe d’être confrontées,
comme ailleurs dans
le monde, à quelques
difficultés de recrutement.
«Depuis une dizaine d’années,
le phénomène s’accentue»,
note Michel Roullet. L’un
des thèmes abordés lors
de la Convention d’avril ➤
En haut :
Beaver
Stadium, en
Pennsylvanie,
construit
par HRI.
Ci-contre :
construction
de l’autoroute
441, en
Géorgie.
ROUTES numéro 12
57
58
Branscome : bienvenue chez Colas
Dernière société à avoir
rejoint le giron de Colas,
en février 2001, Henry
S. Branscome Inc. est une
société familiale créée
en 1956. Cette entreprise
opère dans un rayon
d’une centaine de miles
autour de Williamsburg,
dans le sud-est de la
Virginie. Branscome
a une double activité
de construction de routes
et de production de
sable, gravier et béton
prêt à l’emploi. Les 400
collaborateurs ont réalisé
un chiffre d’affaires de
ROUTES numéro 12
70 millions de dollars
en 2001. «L’approche
de Colas nous a intéressés
parce que le Groupe laisse
une grande marge de
manœuvre à ses sociétés
lors des acquisitions,
explique Roy Turman,
le président de la filiale.
Bien sûr, l’intégration
nous a demandé des
adaptations sur le plan
comptable, mais elle
n’a modifié ni notre façon
de travailler ni notre
approche commerciale sur
le terrain et encore moins
notre personnalité !»
Construction de
l’Interstate75,
à Tifton,
en Géorgie,
par les équipes
de Reeves.
➤
a donc été celui des ressources humaines, devenu
un véritable enjeu pour consolider l’avenir. «Nous avons
voulu, lors de cette convention,
faire prendre conscience à
chaque responsable local que
le recrutement fait aussi partie
de ses priorités quotidiennes»,
explique Philippe Tournier,
directeur du personnel pour
l’international. Sur ce terrain,
Colas, avec son Université
et sa politique de promotion
interne, est plutôt bien placée
par rapport à ses concurrents.
Il ne reste plus qu’à le faire
savoir aux jeunes Américains
et Canadiens qui entreront
demain sur le marché
du travail… ■
PILOTAGE
Dossier
19
23
21
22
5
20
4
13
3
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10
6
2
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8
18
1
7
15
14
9
16
Les sociétés du Groupe en Amérique du Nord
Aux Etats-Unis :
1
2
3
4
5
6
New Jersey
Barrett Paving Materials
9
Arkansas
Delta Companies Inc.
Ohio
Barrett Paving Materials
10 Illinois
Michigan
Midwest Michigan
11 Wyoming
New York
Midwest Michigan
12 Nebraska
Maine
Midwest Michigan
13 Dakota du Sud
Pennsylvanie
Pennsylvania
Construction Group Inc.
IA Construction Corporation
HRI Inc.
14 Caroline du Sud
7
Maryland
IA Construction Corporation
8
Missouri
Delta Companies Inc.
Delta Companies Inc.
Simon Contractors
Simon Contractors
Simon Contractors
Sloan Construction
Company Inc.
15 Caroline du Nord
Nello L. Teer Company
Reeves Construction Company
16 Géorgie
Sloan Construction
Company Inc.
17 Virginie
Nello L. Teer Company
Branscome Inc.
18 Californie
Sully-Miller Contracting Company
19 Alaska
Colaska
20 Washington
Colaska
Au Canada :
21 Québec
Sintra Inc.
22 Alberta
DGOC Ltd.
Terus Construction
Works Alberta
23 Colombie britannique
Terus Construction
ROUTES numéro 12
59
TRAJECTOIRES
60
Elle est chauffeur
de camion,
elle est adjointe
au chef de service
carrières, elle est
sérigraphe, elles
sont commerciales,
elle est assistante
de direction, elle
est conductrice
de travaux…
Toutes réinventent
chaque jour leur
métier et emmènent
Colas au bout de
ses projets. Portraits
de femmes.
ROUTES numéro 5
TRAJECTOIRES
Une femme au volant !
Nathalie Delpechin,
chauffeur de camion,
France
ne jeune femme
blonde au volant
d’un semiremorque… Nathalie
Delpechin roule sur son
Kerax pour Cosson,
depuis quatre ans.
«Un 38 tonnes», dit-elle
en riant. «Les camions,
pour moi, c’est une passion.
Ici, je réalise un rêve.
C’est d’ailleurs une histoire
de famille : toute petite
déjà, j’allais sur les camions
avec mon père, qui a
travaillé vingt-huit ans chez
Cosson.» Voilà pourquoi
Nathalie connaît bien
tout le monde. Elle est
la seule femme à exercer
ce métier chez Cosson
et elle assume : «Je ne
supporterais pas l’idée
de faire moins bien que
les hommes.» Une vraie
professionnelle,
qui inspire beaucoup
de respect à ses collègues
masculins.
Arrivée à 5 h 45 au dépôt
de Roissy, café pour tous
pendant que les camions
chauffent. A 6 heures,
Nathalie prend son
carton de journée et c’est
parti ! Assise à 1,50 mètre
U
France
«Ici, je réalise un rêve. Mais je ne
supporterais pas l’idée de faire moins
bien que mes collègues masculins.»
de hauteur, elle effectue
tranquillement ses
rotations au volant
de son 12 mètres. Quand
la journée est finie, elle
prend avec satisfaction
la mesure du travail
accompli sur le chantier.
«Les hommes ont un bon
esprit ici, je crois qu’ils
m’apprécient, mais ils me
laissent me débrouiller»,
affirme-t-elle d’une voix
décidée. Elle accepte
quand même de temps
à autre un coup de main
pour nettoyer la benne.
Nathalie aime son
camion, elle en prend
soin et l’agrémente de
photos de famille. Il est
connu d’ailleurs. A Noël,
on le voit de loin, décoré
d’un sapin scintillant
avec des lumières rouges
et vertes. Le must pour
Nathalie serait un jour
de conduire un Scania…
ROUTES numéro 12
61
62
Une vraie passion pour les pierres
Marie-Agnès Lebeau,
adjointe au chef
de service carrières,
France
asser autant de
temps sur le terrain
qu’au bureau était
important pour MarieAgnès Lebeau, lorsqu’elle
a dû faire un choix
professionnel : titulaire
P
France
ROUTES numéro 12
d’un DESS génie géologique,
elle est aujourd’hui
adjointe au chef de service
carrières chez Screg SudEst, où elle avait réalisé
son stage de fin d’études.
«Je conseille les agences
en matière de carrières,
aussi bien sur le plan
de la technique que sur
les aspects législatifs et
réglementaires, explique
Marie-Agnès. Ainsi, une
grande part de ma mission
réside dans le montage et
le suivi de dossiers, pour
les demandes d’autorisation
d’extraction de matériaux et
l’utilisation des installations
de concassage.» MarieAgnès est également
chargée d’analyser
les sites proposés par
les agences pour établir
de futurs centres de tri
et d’enfouissement
techniques qui
accueilleront très bientôt
les déchets inertes du BTP
en vue du recyclage. Les
demandes d’autorisation
réclament d’épais dossiers
qu’elle constitue en
se rendant sur le terrain,
puis qu’elle défend
devant les Drire, la Diren
ou les collectivités locales.
Voilà qui réclame de
solides connaissances
d’exploitant et de juriste,
un esprit de synthèse,
ainsi qu’une bonne dose
de diplomatie.
Autre facette du métier
de Marie-Agnès : elle
participe à l’évaluation
des gisements de carrières
visés par Screg Sud-Est.
«J’analyse leur situation
administrative ainsi que
leur potentiel par rapport
aux besoins du marché»,
explique-t-elle.
De Nice à Perpignan,
en passant par les Alpes
et l’Auvergne, MarieAgnès parcourt tout
le sud-est de la France
au gré des demandes.
«A 25 ans, je vis mon rêve
d’enfant pour le monde
minéral…»
Et le week-end, elle
restaure une ferme
du XVIIIe siècle, dans
la région lyonnaise, dont
la façade est réhabilitée
en… pierres apparentes !
TRAJECTOIRES
Suivre sa voie en traçant
celles des autres
Anne-Marie Lorillou,
sérigraphe, France
voir le coup de
main et le coup
d’œil, être attentif,
soigneux… Voici
quelques-unes des
qualités indispensables
pour exercer le métier
d’Anne-Marie Lorillou :
la sérigraphie lettre
à lettre des panneaux
directionnels. Après
avoir été vendeuse en
pharmacie, Anne-Marie
change radicalement
de voie en 1978 quand
elle entre chez SES,
à l’usine de Chambourgsur-Indre (37) :
elle découvre, à 30 ans,
un autre monde,
celui de la route et de
l’équipement. Un univers
qu’elle connaît très peu.
Pendant dix ans, elle va
explorer les différentes
facettes du métier de
la signalisation, avant
de rejoindre en 1988 les
équipes de la sérigraphie,
où elle se distingue très
A
«Je n’hésite
jamais à vérifier
un mot dans
le dictionnaire.»
France
vite. Ses collègues
la désignent en effet
«ambassadrice des
meilleurs compagnonsouvriers», pour
représenter SES parmi
les Compagnons
Top Niveau Sacer.
Aujourd’hui, AnneMarie avoue toujours
une passion pour la
sérigraphie : «Malgré
l’expérience, il faut rester
vigilant et placer la bonne
lettre au bon endroit,
et surtout ne pas hésiter
à jeter un coup d’œil dans
le dictionnaire en cas de
doute sur l’orthographe
d’un mot, explique-t-elle.
Avec le temps, on reconnaît
les cotes sans avoir
à les mesurer, on sait tout
de suite si la hauteur d’un
panneau n’est pas correcte.»
Hier très basiques,
aujourd’hui en couleurs
et avec un graphisme
complexe, les panneaux
routiers, touristiques
ou de chantier restent
d’indispensables balises
de l’univers de la route…
et de celui d’Anne-Marie.
ROUTES numéro 12
63
64
Agir au cœur même des marchés
Béatrice Delaire,
responsable
commerciale, France
réer des liens entre
les clients et les
agences de Colas
Sud-Ouest, identifier
et anticiper les besoins,
savoir se projeter dans
l’avenir en tissant un
réseau relationnel : pour
Béatrice Delaire, le sens
du contact humain
est un véritable moteur,
une seconde nature
qui a rythmé tout son
parcours professionnel.
Après une formation
d’ingénieur travaux
publics à l’ESIP et des
débuts chez Screg, elle
C
France
ROUTES numéro 12
«Il faut souvent
faire preuve
d’humilité et
de psychologie
pour cerner
les clients.»
s’investit cinq ans dans
une PME du PoitouCharentes spécialiste des
carrières, avant de revenir
en 1995 au sein de Colas.
D’abord commerciale
Emulsions pour quatre
départements, en liaison
avec l’usine de SaintAstier en Dordogne,
elle étend en janvier 2000
son champ d’activité
à l’ensemble des grands
comptes du Sud-Ouest.
«Pour le parapublic et les
gros clients privés (bureaux
d’études, enseignes de
la grande distribution…),
il n’existe pas de parution
officielle des appels d’offres,
explique Béatrice. Nous
devons donc nous tenir au
courant des affaires à venir.
Aussi, il est essentiel
d’établir un contact de
qualité avec leurs services
techniques et immobiliers.
Nous sommes ainsi
consultés sur chaque
nouveau marché et nous
relayons les informations
auprès de l’agence chargée
de la négociation.»
Un travail de fond qui
s’effectue en harmonie
avec la direction
commerciale au niveau
national et conduit
Béatrice de La Rochelle
aux Pyrénées-Atlantiques,
en passant par le Puyde-Dôme et Nevers.
Un vaste territoire où
elle exerce sans répit son
sens aigu des relations
humaines. «En matière
commerciale, il faut faire
preuve de psychologie
pour bien cerner le client ;
mais aussi d’humilité,
car un dossier gagné ne
l’est vraiment que lorsque
l’affaire est signée.» Basée
à Mérignac, Béatrice
ne cesse d’accroître
son périmètre d’activité
puisqu’on lui a confié
en mai dernier la gestion
commerciale de deux
carrières situées en
Charente-Maritime.
Une nouvelle aventure,
nourrie de nombreux
contacts, un art que
maîtrise avec efficacité
Béatrice, sans pour autant
négliger son rôle de mère
de famille ni sa passion
pour le sport.
TRAJECTOIRES
Aller au-devant de son destin…
Farida Lakhlef,
commerciale, France
tre à l’écoute, savoir
se remettre en
question, s’adapter
et trouver des solutions…
A 32 ans, Farida Lakhlef
est une jeune femme
en quête de mouvement
et d’amélioration
permanente, qui aime
provoquer le destin.
Entrée dans le groupe
Somaro en 1991 en tant
qu’assistante de direction
à Boulogne-Billancourt,
elle travaille ensuite
à l’agence de l’Ile-SaintDenis, ce qui lui donne
le goût de l’exploitation
opérationnelle. Devenue
technico-commerciale
en décembre 2000 pour
les peintures routières et
les revêtements colorés
d’Indasco, elle sillonne
le grand Est de la France,
la Normandie, le Nord
et le Centre-Ouest.
Architectes, communes,
PME de travaux publics,
filiales du groupe Colas,
parcs de l’Equipement,
conseils généraux…, les
clients sont nombreux,
les besoins en conseil
et en assistance technique
aussi. Ce qui va bien audelà de l’aspect purement
commercial de son métier.
«Il est important de bien
E
France
«Je fais souvent des démonstrations : les
clients aiment connaître la méthodologie
de mise en œuvre de nos produits.»
connaître la fabrication
qui est effectuée en usine.
Je n’hésite jamais à faire
une démonstration lors
de la mise en œuvre chez
le client, en mettant baudrier
et cotte. Le client souhaite
toujours maîtriser la méthodologie de l’application
de chacun de nos produits.»
Peintures à l’eau ou
solvantées, revêtements
colorés ou spéciaux,
nombreux sont les besoins
exprimés par les clients et
auxquels Farida porte une
attention toute particulière.
Essais du laboratoire de
l’usine de Rouen à l’appui,
ses propositions sont
multiples et varient selon
les conditions climatiques
à respecter, les exigences
écologiques, la spécificité
du matériel utilisé…
«Pour satisfaire un client,
il faut maîtriser tous
les paramètres et lui offrir
la solution optimale.»
Pour Farida, Indasco est un
fabricant et un fournisseur,
mais aussi un partenaire
technique qui accompagne
ses clients de l’avantprojet à la réalisation finale
des travaux.
ROUTES numéro 12
65
66
Spécialiste des chantiers lilliputiens
Valérie Donnedevie,
conductrice de travaux,
France
rmée d’un BTS
en travaux publics,
Valérie Donnedevie
entre chez Surbeco
en 1990 comme aide
conductrice de travaux.
«Non seulement nous
étions très peu de femmes
dans cette formation,
A
France
ROUTES numéro 12
se souvient-elle, mais
la plupart ont rejoint des
bureaux d’études. J’ai pour
ma part choisi le terrain.»
Aujourd’hui, cette jeune
conductrice de travaux
œuvre principalement
pour EDF et Gaz de
France dans tout le nord
de Paris. Dix équipes,
soit une quarantaine
de personnes, travaillent
sous sa direction
pour des opérations de
terrassement en milieu
urbain.
«Nous assurons la pose
des câbles et canalisations,
ainsi que la plomberie
quand il s’agit de raccorder
un particulier au réseau.
En ville, nous travaillons
“à la petite cuillère” :
ce sont des chantiers lilliputiens ; il faut donc des
petits engins, spécialement
adaptés à un sous-sol
encombré par les conduites
déjà existantes.»
Une partie des
interventions de l’agence
canalisations de Surbeco
concerne les «petits
trous». Les équipes sont
mobilisées 24 heures
sur 24 et 365 jours par an
pour réaliser des travaux
de terrassement en cas
de fuites ou de pannes.
Le sous-sol de l’Ilede-France réserve parfois
des surprises : il n’est
pas rare que les équipes
tombent sur un os,
au sens propre du terme !
Mais Valérie n’oublie
pas pour autant son rôle
commercial :
«Je suis environ soixante
clients. Nous opérons
sur des marchés qui
peuvent durer deux ans.
Il faut tout planifier,
tenir compte des exigences
particulières de la voirie,
mais aussi de la police.»
Valérie semble
particulièrement à l’aise
dans ce milieu
très masculin, mais elle
pense aussi à l’avenir.
«Travailler dans les travaux
publics, c’est souvent épique!
affirme-t-elle. Je pense,
un jour, devenir enseignante
dans les TP et, pourquoi
pas, en province. Car je crois
qu’il est important de
transmettre son savoir-faire.»
TRAJECTOIRES
Entre communication et action
Martine Reymonet,
assistante
de direction, France
’est en 1973 que
Martine Reymonet
fait son entrée
chez Colas en qualité de
comptable à la direction
régionale d’Annecy, puis
à l’agence de Bonneville.
Une occasion lui permet
de rejoindre l’équipe
de la formation au siège
Colas. Martine n’en a pas
oublié pour autant sa
connaissance du terrain.
Cette Bretonne d’origine
(de Fouesnant, pour les
connaisseurs) et de cœur
a toujours su voir venir
les changements de cap.
Elle vit ainsi à 100%
la modernisation
et l’informatisation
de Colas lorsqu’elle
met en place le contrôle
de gestion. Ce métier
lui a permis de mieux
comprendre l’entreprise
et de développer rigueur
et sens de l’organisation.
Souhaitant évoluer
encore, elle devient
en 1982 secrétaire du
directeur des ressources
humaines du Groupe,
puis, deux ans après,
assistante de direction
de Colas Ile-de-FranceNormandie.
C
Elle a travaillé avec trois
P-dg très différents :
«C’était un nouveau poste
à chaque fois. J’ai dû
m’adapter aux personnalités de chacun, à leurs
méthodes de travail
et à leur façon de gérer
leurs équipes.»
Un poste discret qui
requiert une organisation
impeccable associée
à une souplesse
de contorsionniste !
Une discrétion de tous
les instants, mais aussi
un grand sens
de la communication
et une grande capacité
d’écoute… «Ce rôle
de plaque tournante
et la variété des tâches
et des contacts sont
passionnants, souligne
Martine. Il faut
s’intéresser à la vie
de l’entreprise, et surtout
savoir garder son dynamisme dans les périodes
stressantes pour aller
à l’essentiel. Quand
le binôme fonctionne bien
– et c’est toujours le cas ! –
je vais travailler avec
plaisir, car chaque journée
est une nouveauté.»
«Chaque directeur a une personnalité
et une méthode de travail différentes
de celles de son prédécesseur.
C’est un nouveau poste à chaque fois.»
France
ROUTES numéro 12
67
68
INTERVIEW
Robert Del Picchia : revenir à des
relations fondées sur la confiance
Elu en 1998 sénateur RPR représentant les Français
expatriés, Robert Del Picchia est membre de la
Commission des affaires étrangères, de la défense
et des forces armées. A l’initiative du président
Poncelet, les sénateurs effectuent des journées en
entreprise pour mieux connaître leur fonctionnement.
V
otre stage chez Colas les 29 et
30 novembre derniers était-il votre
premier stage en entreprise ?
Non, j’ai effectué en 2000 un stage dans la société
Amazon, nouvellement implantée en France.
J’étais intéressé de voir comment fonctionnait
cette nouvelle société de vente sur Internet qui a
un grand impact aux Etats-Unis.
Connaissiez-vous le Groupe avant cela ?
Je connaissais bien sûr Colas avant cette date mais
pas dans les détails. C’est un nom célèbre sur les
ROUTES numéro 12
routes de France… Mais je connaissais aussi Colas
pour avoir rencontré des cadres de la société lors
d’entretiens avec les responsables économiques
français, lors de mes nombreux voyages à l’étranger à la rencontre des Français expatriés.
Le métier de constructeur de routes
a-t-il été pour vous une découverte ?
Oui, il s’agissait pour moi d’une vraie découverte.
Je savais que cette spécialité était différente de la
construction traditionnelle, mais je ne m’imaginais pas tout ce que cela comportait.
RENCONTRES
Quelle impression avez-vous retirée
de votre visite au laboratoire central
de Magny-les-Hameaux, premier centre
de recherche au monde dans le domaine
de la route et des TP ?
J’ai été très impressionné. D’abord, j’étais loin de
penser que la construction de routes nécessitait
des études aussi poussées des matériaux et des
méthodes. J’ai vu un centre moderne, très perfectionné, étonnant dans sa diversité d’innovation.
J’ai senti une forte volonté de création, dans un
souci constant d’améliorer la qualité du revêtement, les techniques de construction et la sécurité.
Imaginiez-vous que le métier de constructeur de routes était aussi technologique ?
Absolument pas. Pour moi, la construction d’une
route consistait tout simplement à étaler du bitume. J’ai découvert un autre monde, très technique, et supposant des calculs poussés. Les tests
au centre de recherche relèvent de la haute technologie, chimique et physique. J’ai été réellement
surpris par la capacité de la société en termes de
recherche, et même d’«invention» d’instruments
ou de machines destinés à améliorer la qualité de
la fabrication et la sécurité des produits. Rien
d’étonnant à ce que ce centre soit «champion du
monde» dans sa spécialité…
Vous avez également visité une installation
de recyclage de matériaux en région parisienne…
J’ai en effet découvert sur ce site comment les
déchets industriels étaient recyclés, après les
opérations de concassage et de tri ; et j’ai été
bluffé de voir qu’un amas de béton, de poutres,
de barres métalliques venant de la démolition
pouvait être transformé en matériau très fin, réutilisable dans la construction de routes ou sur
d’autres chantiers. C’est vraiment un procédé
d’avenir, preuve qu’il existe bien en France une
industrie écologique… Ce recyclage est bon
pour l’environnement, mais en plus, il favorise
l’approvisionnement en matériau dans des régions où celui-ci fait naturellement défaut et
où il faut le faire venir de carrières ou gravières
éloignées, avec les problèmes de transport que
cela comporte. En fait, sans jeu de mots, on fait
d’une pierre deux coups…
Avez-vous pu rencontrer, lors de votre
stage, des collaborateurs du Groupe ?
Oui, de tous niveaux hiérarchiques. Et ceux que
j’ai rencontrés m’ont séduit par leur engagement
pour l’entreprise et pour leur métier. Ils ont tous à
cœur de «faire avancer les choses» pour les améliorer. Ce sont des qualités exemplaires pour le
bon fonctionnement d’une entreprise. J’ai été intéressé aussi par l’organisation de Colas, tant en
France qu’à travers le monde. Je trouve astucieux
de conserver la marque d’origine après acquisition. Et très sage de laisser à chaque cadre supérieur ses propres responsabilités. Je me suis aperçu que, chez Colas, l’organigramme est très large
à la base, et la pyramide relativement basse.
Quelle est votre impression globale sur ces
deux journées en entreprise ?
Ces deux jours ont été très profitables pour ma
connaissance de l’entreprise. Ils m’ont permis de la
connaître de l’intérieur, et d’avoir ainsi une vision
différente d’une entreprise française qui fait la renommée de notre pays et participe à sa force économique. De plus, bien que je sois un Européen
convaincu, je suis fier de voir une belle route portant l’étendard du losange jaune de Colas. Je le suis
encore plus quand je le vois à l’étranger.
Quelles «leçons» pouvez-vous en tirer ?
Ce stage devrait permettre de mieux appréhender
les préoccupations des entreprises. Pour ma part,
j’ai compris certaines préoccupations de Colas,
mais aussi, de façon plus générale, des entreprises.
Un exemple : de nombreuses sociétés Colas sont
pénalisées par les retards dus aux transports, en
particulier sur le réseau SNCF car les chantiers
sont retardés. La situation est paradoxale : on se
donne pour objectif de déplacer le trafic routier
vers le rail. D’accord sur le principe, mais à
condition que le rail fonctionne! Ce schéma est
d’ailleurs valable pour beaucoup d’entreprises.
Autre exemple : il me paraît nécessaire d’améliorer
la relation entre sociétés et élus. On peut déplorer
le climat de suspicion qui plane sur les procédures
d’appels d’offres, pour lesquelles une simple
rencontre entre un élu et le représentant d’une
société suffit à instaurer un climat de méfiance.
Chacun a peur d’être soupçonné d’avoir une
certaine influence ou d’en rechercher une. Je
pense qu’il faut bannir cela et retrouver des
relations saines, dénuées de suspicion.
Enfin, il faudrait demander au directeur général
de Colas qui est venu faire son «retour» de stage
au Sénat s’il a pu retirer des éléments positifs
des entretiens qui y ont été organisés. En tout
cas, je l’espère !
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FONDATION
Masayuki Kaï :
«Colas construira peut-être des routes
sur d’autres planètes !»
que la terre chère à Cézanne révèle ses secrets à
travers mes œuvres. Depuis lors, je n’ai plus
travaillé qu’avec des matières naturelles qui ont
donné lieu à différentes séries : Pluie, Cerf-volant,
Solarisation, dans lesquelles mes toiles ont subi
l’action des éléments. L’eau, l’air, le feu et la terre,
les quatre éléments fondamentaux, sont pour
moi d’éternelles sources d’inspiration.
Dans le cadre de la Fondation, vous avez
été sélectionné pour réaliser un tableau
sur le thème de la route. Que vous a inspiré
ce thème ?
Colas façonne le sol pour bâtir des routes et
relier les hommes. Mon travail s’en est inspiré :
j’ai creusé la terre pour composer une œuvre que
je souhaiterais universelle, la planète Colas.
Vous vivez en France depuis vingt-six ans.
Comment le public français apprécie-t-il
votre peinture ?
Venu en France pour faire mes études aux
Beaux-Arts de Marseille, j’ai reçu le Grand Prix
du Festival international de Cagnes-sur-Mer, ce
qui a largement contribué à élargir ma notoriété
dans ce pays. Le public français me semble être
très ouvert au travail d’artiste étranger, bien sûr
également à mes expériences. Mon œuvre joue
sur la juxtaposition de matériaux propres à
évoquer la nature, un thème universel qui
rassemble les hommes.
Vos œuvres Enterrer résultent d’une
technique très particulière : l’enterrement
d’un tissu jusqu’à sa décomposition, puis
la création d’une œuvre avec les morceaux
de tissu restants. Comment avez-vous eu
l’idée de cette technique ?
J’ai enterré pour la première fois, en 1981, un
morceau de tissu à Aix-en-Provence, souhaitant
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Votre technique relève-t-elle d’une
démarche environnementale ou de la
volonté de vous rapprocher de la culture
japonaise dans laquelle la nature est
omniprésente ?
J’ai toujours pensé que je faisais partie de la
nature et que la nature faisait partie de moi. A
travers mes œuvres, je cherche à illustrer les
préoccupations du monde contemporain et les
relations entre l’homme et la nature. Ma palette
est largement constituée de matières naturelles
comme la terre, la pluie, le soleil ou le temps…
Bien sûr, la culture japonaise influence également mon travail. J’ai d’ailleurs réalisé plusieurs
œuvres en utilisant une algue comestible japonaise que l’on appelle nori.
Quelle dimension symbolique dégagezvous de l’œuvre réalisée pour la Fondation
Colas ?
Pour la commande de Colas, j’ai naturellement
voulu donner une dimension symbolique à
mon œuvre. J’ai donc choisi, pour enterrer mon
morceau de tissu, le site du laboratoire de
recherche où sont élaborés les produits routiers
Colas de demain. La série sur laquelle je
travaille actuellement est résolument tournée
vers l’avenir et la possibilité d’appréhender
d’autres planètes… Qui sait, peut-être Colas y
construira-t-elle les premières routes !
Les Fondations d’entreprise s’engagent
dans diverses formes de mécénat culturel.
Que pensez-vous de la démarche de Colas,
qui a souhaité, grâce à sa Fondation,
promouvoir la peinture contemporaine ?
Cet engagement est remarquable, car le
mécénat en faveur de jeunes artistes peintres
demeure trop rare. De plus, l’originalité du
principe de la commande permet aux artistes
de s’exprimer tout à fait librement malgré le
thème imposé.
Remerciements
PHILIPPE BOYER, SOPHIE BIENFAIT,
ALAIN BOURDOIS, ALBERT LEFRET,
FRÉDÉRIC ROUSSEL, BERNARD GAILLARD,
FLORENCE LANNES, YOUSSEF BOUSSAÏD,
BRUNO BLANC, JAN SKOREPA,
LOUIS GABANNA, BRUCE RIESER,
JEAN VIDAL, MARC PÉRONNET, DENIS PAGOT,
JAMES WEEKS, MARIE-NOËLLE MACÉ,
PHILIPPE TOURNIER, JACQUES CHARDON,
SÉGOLENE CALAIS, ANDRÉE DE RIDDER,
FRANÇOIS CHAIGNON,
MARIE-PAULE GEOFFROY, BÉRENGÈRE GENOUX,
MÉLISA RUHLMANN, AURÉLIE GERMANY,
FRANÇOISE COUEGNAS, TRACEY HOFHEINZ.
ROUTES Magazine du groupe Colas, 7, place René-Clair, 92653 Boulogne. Tél. : 01 47 61 75 00.
www.colas.com. ISSN : 0988-6907. Directeur de la publication : Alain Dupont. Directeur de la rédaction :
Hervé Garnier. Rédacteur en chef : Pascale Dubois. Rédaction : Colas, Angie. Crédits photos : Colas,
G. Mauduit Lecomte, J.F. Galeron, P. Lesage, W. Choroszewski, M. Hamdan, C. Ceccaldi, P. Quennehen,
J. Bertrand, Cosmos/J. Elk, D.R. Traduction : Nouvel Angle. Conception et réalisation :
0155344600.
Masayuki Kaï
PLANÈTE COLAS
A Hiroshima est née la tragédie
contemporaine : un éclair aveuglant,
de la pluie noire, une terre brûlée,
le chaos du temps et de l’espace…
Mais la création ne se limite pas aux
contingences humaines et terrestres :
pourquoi ne pas imaginer des objets
qui appartiendraient à des êtres
vivant sur Mars ?
Masayuki Kaï
a exposé dans
les galeries suivantes :
2002 :
Maison de la Culture
du Japon, Paris
2001 :
City Museum of
Contemporary Art,
Hiroshima
2000 :
Art Space Kan, Kyoto
1999 :
Espace RDV,
Auvers-sur-Oise
1998 :
Christie’s, Londres
fondationcolas.com