La Guerre des mondes d`Herbert George Wells (Fiche de

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La Guerre des mondes d`Herbert George Wells (Fiche de
2. ÉTUDE DES PERSONNAGES
Le narrateur
Le narrateur et héros de l’histoire est un journaliste habitant Woking, dans la campagne au sud de Londres, en compagnie
de sa femme. Le lecteur dispose de très peu d’informations sur lui. Il incarne un témoin anonyme représentatif de
l’humanité pendant l’invasion. Plus précisément, il symbolise l’homme cultivé et raisonnable qui n’échappe pas pour
autant au délire devant la destruction de son monde, ni aux actes extrêmes qui en découlent. Ainsi, le protagoniste est
volontairement nuancé : pour assurer sa survie, il n’hésite pas à tuer le vicaire, mais il est également prêt à prendre des
risques pour retrouver sa femme.
Wells n’a nullement voulu ériger ce narrateur en personnage héroïque, mais plutôt en proposer une vision réaliste de
manière à rendre le récit vraisemblable. Ainsi, le choix de ce type de narrateur permet au lecteur de s’immerger dans les
évènements et de s’identifier à ce conteur.
L’artilleur
L’artilleur, également anonyme, représente le corps de l’armée. Lorsque le narrateur le rencontre, c’est un personnage
stéréotypé, entièrement tourné vers son devoir : il désire rejoindre ses camarades afin de reprendre la bataille contre
l’envahisseur. Il représente l’efficacité et la résistance de l’humanité, et agit en conformité avec sa fonction dans la
société.
La seconde rencontre apporte pourtant des nuances au personnage : lorsque le narrateur retrouve l’artilleur à Putney,
il n’a plus rien d’un soldat combattant et courageux. Armé et méfiant, il protège jalousement son territoire. Mais il se
montre rapidement heureux d’avoir un interlocuteur à qui professer ses théories douteuses, bien qu’il soit incapable
d’actes concrets. Confronté à la défaite de son monde, sa réaction est de se réfugier dans les chimères.
En perdant son statut de soldat, il semble avoir perdu également sa capacité à raisonner et sa place dans la société. Ainsi,
le personnage symbolise la désorganisation sociale et la perte des valeurs qui accompagnent toute catastrophe.
Le vicaire
Le vicaire, autre personnage anonyme, incarne l’ordre religieux, mais également la faiblesse de l’être humain : « […]
c’était une de ces faibles créatures […] qui n’osent regarder en face ni Dieu ni homme, pas même s’affronter soi-même,
âmes dépourvues de fierté, timorées, anémiques, haïssables. » (p. 217) Son comportement est à l’opposé de ses croyances
et de ce que la société attend de lui : face à l’épreuve, il est censé aider les autres et se résoudre au sacrifice. Or ce
représentant de Dieu se conduit en lâche et égoïste, privilégiant sa personne plutôt que le genre humain : il s’approprie
les vivres et se lamente sur sa situation au lieu de prier. Il représente par ailleurs la catégorie d’hommes qui se révèlent
faibles dès lors qu’une difficulté survient, révélant ainsi leur véritable personnalité.
Avec ce personnage, Wells offre une satire virulente de la religion et de son hypocrisie. En choisissant un vicaire pour
incarner l’indispensable maillon faible de l’humanité, et en lui attribuant les pires défauts, il désacralise les représentants
de Dieu.
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Les Martiens
Dans le roman, les Martiens sont perçus à travers les yeux du narrateur et de son frère. On trouve plusieurs descriptions
très précises de ces extraterrestres, nourrissant l’imaginaire du lecteur : « Ils étaient formés d’un grand corps rond, ou
plutôt d’une grande tête ronde […]. Cette face n’avait pas de narines […] mais possédait deux grands yeux sombres, audessous desquels se trouvait immédiatement une sorte de bec cartilagineux. […] En groupe autour de la bouche, seize
tentacules minces… » (p. 203-204)
Ce sont des créatures suprêmement intelligentes et organisées, beaucoup plus avancés dans l’évolution que l’être
humain. Leurs avancées scientifiques leur permettent de créer des cylindres capables de voyager dans l’espace et
d’imaginer des machines de guerre invincibles. Cette surpuissance contraste avec leur apparente maladresse : la gravité
terrestre ne leur permet pas de se déplacer facilement et les fait paraitre inoffensifs dans un premier temps. Pourtant,
les Martiens sont arrivés à un stade élevé dans l’évolution : ils sont composés d’un gigantesque cerveau et utilisent des
machines sophistiquées comme « corps », optimisant leur anatomie. Sur Terre, ils ont cependant besoin de sang humain
pour se nourrir. Ils communiquent entre eux par de longs hurlements.
S’ils paraissent cruels et sans âme, on s’aperçoit qu’ils sont capables de sentiments vis-à-vis de leurs semblables : lorsque
l’un d’entre eux est abattu à Shepperton, les autres entreprennent de se venger et emportent le cadavre. Les Martiens
s’apparentent ainsi aux yeux de Wells aux colons venus décimer des populations autochtones : ils s’emparent des terres
convoitées et de leur richesse, sans aucune considération pour les populations locales.
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