Rythmes scolaires : aller à l`école le mercredi ou le samedi matin

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Rythmes scolaires : aller à l`école le mercredi ou le samedi matin
Rythmes scolaires : aller à l'école le mercredi ou le samedi matin
Par François Testu
prof. psychologie
Cette réforme a l’avantage de mieux équilibrer le travail des enfants sur la semaine. Mais
quel emploi du temps privilégier ? Comment répartir les neuf demi-journées de classe ?
Réponse de François Testu, chronobiologiste.
La rentrée 2013-2014 est celle de la mise en application des nouveaux rythmes scolaires : 25% des
écoliers auront une semaine de quatre jours et demi. En tant que chronobiologiste, je ne peux que
rappeler qu’il est préférable de répartir sur neuf demi-journées (et non plus huit) l’enseignement
hebdomadaire. Parce que cela étale et répartit de façon plus harmonieuse le temps consacré aux
apprentissages scolaires.
La réforme permet à l’enfant de souffler un peu plutôt que de concentrer son énergie sur quatre
jours, ce qui était une source de stress, pour les élèves comme pour les enseignants. Reste à savoir
comment, concrètement, organiser la semaine, entre les heures d’enseignements, les activités
pédagogiques complémentaires et celles périscolaires.
Activités le mercredi, école le samedi
Première question : quel jour pour la neuvième demi-journée ? le mercredi ou le samedi matin ?
J’aurais tendance à dire qu’il est préférable que les enfants aillent à l’école le samedi. Tout en
sachant que la suppression de la coupure du milieu de semaine peut, chez certains enfants,
désynchroniser la rythmicité mise en place les lundi et mardi. Pour rester dans le rythme jusqu’à la fin
de semaine, il est en effet important que l’enfant se réveille à la même heure le mercredi matin.
Mais, jusqu’à maintenant, le mercredi est mieux organisé que le samedi pour les enfants. Lorsque
les parents ne sont pas disponibles le mercredi, des activités sont souvent proposées aux jeunes,
dans des clubs ou au centre de loisirs… Cela permet de prolonger l’encadrement de l’école. Ainsi, il
n’y a pas de rupture fondamentale entre le temps scolaire et le temps extra-scolaire.
En revanche, si les enfants ne vont pas en classe le samedi, il leur arrive d’être livrés à eux-mêmes
du vendredi soir jusqu’au dimanche soir. Ce phénomène est lié au milieu dans lequel ils vivent.
Lorsque peu d’activités sont organisées pour les jeunes le week-end, plus celui-ci est prolongé, plus
c’est pénalisant pour les enfants de milieu défavorisé.
Aux arguments matériels qui vont à l’encontre du samedi (contraintes pour les parents séparés ou
divorcés, problème de la garde du mercredi…), on peut objecter qu’il y a plus de parents qui peuvent
venir chercher leurs enfants à l’école le samedi matin que le mercredi. Autant qu’ils en profitent pour
Rythmes scolaires_mercredi ou samedi François TESTU
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rencontrer l’enseignant. Ce n’est pas le chemin adopté par la plupart des écoles, qui se tournent vers
le mercredi. Je n’en ferai pas une affaire d’État : c’est déjà bien qu’il y ait neuf demi-journées !
Tenir compte de la taille des locaux
Encore faut-il organiser ces demi-journées en mettant toujours l’enfant au centre. Dans le sondage
Harris Interactive du 27 août, les Français qui pensent que la réforme est une bonne chose rappellent
que les enfants pratiqueront davantage d’activités périscolaires. En effet, des activités pédagogiques
complémentaires (APC) et un temps d’activités périscolaires (TAP) viennent s’ajouter aux 24 heures
d’enseignement. Comment répartir ces heures-là ?
Une possibilité : rallonger la pause méridienne d’une demi-heure et proposer ces activités
complémentaires, ateliers voire un moment de sieste pour les plus jeunes de 13h30 à 14 heures. Je
n’y suis pas hostile. Un panel d’activités permettrait de passer ce moment d’après le repas, qui est le
plus difficile en termes chronobiologiques et chronopsychologiques.
Attention ! Il faut être pragmatique. Cet allongement de la pause déjeuner sera bénéfique à condition
que l’école ait les locaux et le personnel en nombre suffisant. Si l’on concentre beaucoup d’enfants
dans un espace réduit, ils risquent de s’énerver. Dans ce cas-là, autant raccourcir la pause.
Deux pics d’attention par jour pour les CM2
Pour trancher, on peut tenir compte de l’âge de l’enfant. Pour les plus petits, en CP, l’évolution de
l’attention est simple : elle progresse dans la matinée, jusqu’à atteindre un pic de performance vers
11 heures, puis redescend. C’est l’heure du déjeuner. Ensuite, la reprise d’activité est quasi
inexistante.
En revanche, pour les CM1 et CM2, le pic d’attention, en fin de matinée, est suivi d’un creux, puis
d’une nouvelle progression à partir de 15 heures. Pour ces élèves un peu plus âgés, mieux vaut
placer les activités périscolaires après la pause méridienne et consacrer la dernière heure à de
l’enseignement.
L’important, c’est de se mettre dans la peau de l’enfant. L’objectif de cette réforme est de dédensifier
la journée de travail, de lui offrir d’autres activités qui ne sont plus l’école, ce qui aura un effet
relaxant, de détente. Mais il ne faudrait pas non plus oublier d’alterner, dans le temps purement
scolaire, les apprentissages sollicitant des activités d’entretien, des rappels de ce que l’on a
emmagasiné dans la journée.
septembre 2013.
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